Au soir du grand incendie qui bouleversa le monde, Emmanuel Macron, d’une voix blanchie par l’émotion, disait aux caméras du monde entier : « Nous ferons appel aux plus grands talents et nous rebâtirons, nous rebâtirons Notre-Dame ! » C’est fait, Notre-Dame est rebâtie. Dans les temps voulus. Cinq années se sont écoulées et plus de 500 ouvriers aux mains d’or ont rendu à ce grand vaisseau sa gloire d’antan. À cent jours de l’ouverture au public, le 8 décembre prochain, il ne reste plus que les travaux de finissage à effectuer.
« On voit qu’on est près du but et ça nourrit notre confiance dans le fait qu’on va tenir l’objectif », confie au Parisien Philippe Jost, le président de l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame. C’est qu’une ultime grande étape a été franchie, cet été : le retrait des derniers échafaudages qui encadraient la flèche, une promesse tenue pour offrir aux spectateurs des JO « cette vision de la silhouette retrouvée de la cathédrale ».
La flèche en majesté dans le ciel de Paris
Depuis le printemps, des étapes essentielles ont été franchies, dit-il, « telles que l’achèvement des charpentes en chêne massif au-dessus de la nef et du chœur. Puis, dans la foulée, la mise en place des couvertures en plomb avec leurs crêtes de faîtage et leurs ornements ». L’acmé de ce chantier hors normes, « l’un des plus grands accomplissements », au mois de mai dernier, fut l’achèvement de la croisée du transept, « un point crucial dans l’avancement des travaux, dit Philippe Jost, car c’est elle qui a permis de redonner à la cathédrale l’intégralité de ses voûtes et, par ricochet, de procéder à la dépose de l’échafaudage monumental nécessaire à sa reconstruction et d’entrer, après des années de gros œuvre, dans la période des finitions intérieures ».
À côté de ces ouvrages titanesques, ce qui reste à accomplir paraît léger. Et pourtant, il faut encore réaliser des travaux sur les sols, effectuer le raccordement des réseaux électriques, installer le nouveau mobilier liturgique… et trancher la question des vitraux.
L’ambiance médiévale plus une touche de Viollet-le-Duc
Interrogé par BFM TV, Édouard de Lamaze, président de l’Observatoire du patrimoine religieux, nous annonce qu’une « surprise » nous attend : « La surprise, c’est la lumière de l’intérieur, nous dit-il, puisqu’un lait de chaux ocre clair est posé, comme à l’époque, sur les pierres et donne une lumière toute nouvelle, que nous n’avons jamais vue ». Et pour faire ressortir encore ce ton retrouvé de la pierre, « le liseré rouge dessiné par Viollet-le-Duc ». Si bien qu’on a « l’ambiance médiévale avec le point d’originalité de Viollet-le-Duc, et cela, on ne l’avait jamais vu ».
Reste donc à trancher la question des vitraux. Si Édouard de Lamaze convient que « mettre des vitraux contemporains n’est pas une mauvaise idée », le problème est la charte de Venise : « Est-ce qu’il faut démonter les vitraux Viollet-le-Duc pour mettre des vitraux contemporains ? » Non, a répondu la Commission. D’accord, donc, pour les vitraux modernes « là où il y a des verres blancs. Ça peut cohabiter, simplement il ne faut pas chasser l’un pour faire venir l’autre. »
On rappellera ici que les fonds pour la reconstruction de Notre-Dame ont afflué du monde entier, chrétiens et païens confondus, catholiques ou agnostiques, juifs et musulmans sans doute, tous attachés à cette nef hors du temps en ce qu’elle témoigne de l’histoire et du génie des hommes. Pour ce faire, 340.000 donateurs ont offert leur obole, comme ils auraient pu le faire pour la restauration des bouddhas de Bâmiyân si la folie des talibans ne les avait irrémédiablement effacés. En cela, cette restauration marque la victoire de l’Occident.
Notre-Dame est rebâtie : la victoire de l'Occident et de ses compagnons ! - Boulevard Voltaire
Le 8 décembre 2024 ne sera pas un jour comme les autres pour la cathédrale de Paris.
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