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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 09:39
Jésus enfant d’Israël…

Au début du 2ème siècle de notre ère, un certain Marcion avait décidé que les Ecrits du Premier testament n’avaient plus rien à faire dans la vie des chrétiens.

Pour cet hérésiarque amnésique et antisémite, tout commençait de zéro avec Jésus Christ et il jetait la Bible hébraïque aux oubliettes. La réaction de l’Eglise catholique fut immédiate et radicale : Marcion fut excommunié et sa communauté, pourtant importante au départ, disparut peu à peu. Mais l’esprit marcionite continua de travailler les consciences croyantes au cours des siècles et aujourd’hui encore, certains esprits, non sans illogisme, s’évertuent toujours à affirmer que le judaïsme n’a rien à faire dans les questions de la foi des chrétiens, en particulier dans certains milieux traditionalistes.

Or, sans même évoquer le courant philosémite minoritaire mais toujours présent dans l’Eglise au cours des siècles, l’après-guerre a vu apparaître des initiatives telles que la rencontre de Seelisberg, où protestants, catholiques et juifs firent le point sur les errances idéologiques ayant préparé le terrain à la Shoah. Le christianisme retrouvait sa matrice originelle et ouvrait de nouveaux horizons de compréhension de la foi. Ainsi, après de trop longues périodes d’antijudaïsme et de déviances doctrinales, un nouvel avenir des relations judéo-chrétiennes se dessinait sur les bases retrouvées d’un héritage spirituel commun. L’intervention de Jules Isaac auprès de Jean XXIII posait même les bases du Concile Vatican II, avec la promulgation de Nostra Aetate, suivie par des déclarations analogues de la part des Eglises réformées.

Côté catholique, de nombreux textes officiels abordant les relations judéo-chrétiennes furent publiés durant les 28 années de pontificat du pape Jean Paul II. Ainsi en 1985, le document romain « Pour une présentation correcte des Juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse » apportait des éclairages déterminants sur le sujet. Le St Siège estimait que les prêtres et les catéchistes ne mettaient pas suffisamment en valeur la judéité de Jésus et la fraternité en alliance des chrétiens avec les juifs. 

C’est pourquoi le document affirme avec force : « Les juifs et le judaïsme doivent occuper une place centrale et non marginale ou occasionnelle dans la catéchèse et la prédication ». 

La question qui se pose est de savoir dans quelles proportions ce rappel explicite a été pris au sérieux dans les paroisses. En a-t-on tenu compte dans la formation des prêtres au séminaire ?

Ce fut une ligne de pensée qui allait faire son chemin puisque en 2001, la commission biblique pontificale publiait sous la signature du cardinal Joseph Ratzinger « Le peuple juif et les saintes Ecritures dans la Bible chrétienne ». Texte où il est entre autres recommandé aux catholiques d’entrer dans la démarche de compréhension juive des textes du Premier Testament afin d’enrichir leur rapport à la Parole de Dieu. 

Quoi qu’il en soit, le document catholique le plus insistant et le plus clair sur les mentalités complices du marcionisme se trouve dans le rapport du Colloque sur l’antijudaïsme en milieu chrétien organisé à Rome en 1997 par le prêtre genevois Georges Cottier à la demande du pape Jean Paul II. Il vaut la peine d’en citer quelques extraits :

« Cela concerne l’interprétation théologique correcte des rapports de l’Eglise du Christ avec le peuple juif dont la déclaration conciliaire Nostra Aetate a posé les bases.

Des interprétations erronées et injustes du Nouveau Testament relatives au peuple juif ont trop souvent circulé, engendrant des sentiments d’hostilité à l’égard de ce peuple. Ils ont contribué à assoupir bien des consciences, de sorte que, quand a déferlé sur l’Europe la vague des persécutions inspirées par un antisémitisme païen qui, dans son essence, était également un antichristianisme, à côté de chrétiens qui ont tout fait pour sauver les persécutés jusqu’au péril de leur vie, la résistance spirituelle de beaucoup n’a pas été celle que l’humanité était en droit d’attendre de la part de disciples du Christ. …/…

A l’origine de ce petit peuple situé entre de grands empires de religion païenne qui l’emportent sur lui par l’éclat de leur culture, il y a le fait de l’élection divine. Ce peuple est convoqué et conduit par Dieu, créateur du ciel et de la terre. Son existence n’est donc pas un pur fait de nature nid de culture, au sens où par la culture l’homme déploie les ressources de sa propre nature. Elle est un fait surnaturel. Ce peuple persévère envers et contre tous du fait qu’il est le peuple de l’alliance et que, malgré les infidélités humaines, le Seigneur est fidèle à son Alliance. Ignorer cette donnée première, c’est s’engager sur la voie d’un marcionisme contre lequel l’Eglise avait réagi aussitôt avec vigueur, dans la conscience de son lien vital avec l’Ancien Testament, sans lequel le Nouveau Testament lui-même est vidé de son sens. Les Ecritures sont inséparables du peuple et de son histoire, laquelle conduit au Christ. …/…

Ceux qui considèrent le fait que Jésus fut juif et que son milieu était le monde juif comme de simples faits culturels contingents, auxquels il serait possible de substituer une autre tradition religieuse dont la personne du Seigneur pourrait être détachée sans qu’elle perde son identité, non seulement méconnaissent le sens de l’histoire du salut, mais plus radicalement s’en prennent à la vérité elle-même de l’incarnation ».

A cela on pourrait ajouter la phrase célèbre de Jean Paul II qui résume bien la problématique :

« Qui rencontre Jésus Christ rencontre le judaïsme ».

Ces rappels devraient permettre aux nostalgiques d’une théologie de la substitution de ne pas passer à côté de la réalité historique et théologique de la foi judéo-chrétienne. Car comme M. Jourdain qui faisait de la prose, sans le savoir, on peut être inconsciemment marcionite et participer d’une vision tronquée de la Révélation totalement injustifiée envers les « frères aînés ». C’est aussi ce qu’a précisément mis en lumière le document magistériel « les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » publié fin 2015 par le cardinal Kurt Koch, en présence du Rabbin David Rosen, afin d’avancer – chrétiens et juifs- dans la réciprocité active des questionnements autour du patrimoine commun de la Révélation biblique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 07:37
Chemin d’éveil

O Christ, alors qu’il t’avait combattu à travers tes disciples, Paul le pharisien t’a rencontré sur son chemin. Il a fait l’expérience lumineuse de ta présence, signe de ta résurrection.

Aussitôt, le voile de son regard est tombé et il a été délivré de tout ce qui l’empêchait de voir la réalité à venir. Ayant découvert qui tu es,  il s’est mis à parcourir le monde pour l’annoncer.

Seigneur, tu es le visage de l’amour du Père parmi nous. Tu rayonnes la bienveillance créatrice de Celui qui a dit : que la lumière soit ! Tu nous fais passer des ténèbres à la clarté du jour à venir, tu es la lumière de ton peuple et par lui tu la propages aux nations sous le joug des idoles.

Comme pour Moïse à la montagne sainte, que brûle devant nos yeux la flamme chaleureuse de la présence divine, et que, grâce à ton « Je suis ! », notre intelligence de la vie soit transformée jour après jour.

Avec ton peuple en marche vers ton royaume sans déclin, que l’Esprit qui te relie au Père nous guérisse de nos aveuglements, fais-nous reconnaître les reflets de ton visage chez ceux qui font le bien.

Laisse-nous percevoir les échos de Ta Parole au cœur même des événements que nous traversons et rends ainsi notre cœur accueillant à Tes appels. Que l’horizon souvent assombri ne nous détourne jamais du monde à venir, et que les blessures du mal ne nous fassent pas perdre de vue l’espérance que tu animes en nous. Fortifie-nous par la puissance de la Parole et par celle du Pain partagé en action de grâces. Toi, le Dieu vivant pour les siècles, Amen.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 05:35
La Vierge Marie chez Luther et Calvin
Les protestants voient dans la dévotion à Marie de l’idolâtrie, mais l’approche protestante de la Vierge Marie est diversifiée. Pour Martin Luther, il est évident que Marie est auprès de Dieu, dans la communion des saints, écrit l’abbé Alain René Arbez dans cet article.

L’approche protestante de la Vierge Marie est diversifiée, issue des positions des Réformateurs. Étonnamment, elles ne correspondent pas toujours à ce que l’on imagine !

Ainsi, Martin Luther qui avait pris position à juste titre contre des déviances piétistes envers la Vierge Marie, écrit tout de même, après qu’il ait maintenu trois célébrations mariales, « que les pasteurs ne créent pas de querelles à cause des fêtes. Qu’on laisse à chacun la liberté de fêter celles que souhaitent ses paroissiens. Qu’ils respectent avant tout les dimanches, la fête de l’Annonciation, de la Visitation, de la purification, la fête de St Jean Baptiste, la Saint Michel, celle des apôtres et de Marie-Madeleine » (WA 26.22.)

80 prédictions sur la Vierge Marie

Martin Luther a prononcé 80 prédications sur la Vierge Marie.

 Il la cite souvent dans ses écrits, même si son souci réformateur l’amène à prendre des distances avec certaines pratiques catholiques.

Visiblement Luther a repensé le rôle de Marie en fonction de la christologie. En effet, Marie n’a pas de fonction salvatrice en elle-même, elle est associée à l’action rédemptrice de son Fils.

Virginité perpétuelle

Luther défend la virginité perpétuelle de Marie, en ce sens qu’elle est signe de l’incarnation du Verbe divin. En elle transparaît le mystère des deux natures du Christ. Mais elle n’est la Vierge Marie qu’en fonction du salut réalisé par le Christ.

Le thème de la maternité de Marie est significatif pour Luther. Grâce à elle, le Christ est né vraiment homme, mais sans péché.

Il estime que la Vierge est l’instrument du Saint Esprit, son temple. Il considère qu’il y a similitude entre la destinée de Marie et celle de l’Eglise.

La dignité de Marie se manifeste essentiellement dans son humilité.

Marie est mère de l’Eglise dont elle est le membre le plus éminent, et également mère de chaque membre de l’Eglise.

Louange à Marie

Pour Luther, il est évident que Marie est auprès de Dieu, dans la communion des saints. Selon le Réformateur, Marie est reine en raison de sa condition d’humble servante.

Luther considère toute louange de Marie mène à la louange de Dieu, et il ne condamne pas l’invocation des saints, car ils sont l’exemple toujours vivant de la miséricorde de Dieu.

Cette approche mariale de Luther sera confirmée par le protestant Philippe Melanchton dans son apologie de la confession d’Augsbourg.  Melanchton  rappelle la nécessaire orientation christologique de la piété mariale. Luther rappelle que « la Vierge Marie n’a pas chanté son magnificat seulement pour elle-même, mais aussi pour nous tous, afin de nous entraîner à le chanter à sa suite ».

Ainsi la position luthérienne affirme qu’un protestant exprime avec joie dans sa foi la place que le credo attribue à Marie. Il loue Dieu pour ce qu’il a donné à Marie d’être et de faire.

De plus, il ne méprise pas celui qui associe le nom de Marie à celui du Seigneur dans son action de grâces.  Pour cela il se sert des paroles mêmes de l’ange lors de l’annonciation, de la bénédiction de sa cousine lors de la Visitation, et encore de celle du vieux Syméon lors de la présentation au temple.

La prière du « Je vous salue Marie » est précisément composée des paroles bibliques de l’ange de l’annonciation et de la bénédiction d’Elisabeth lors de la visitation. 

Critiques récentes

Le pasteur Albert Greiner souligne que les attitudes critiques des milieux protestants, à l’égard des pratiques catholiques et orthodoxes concernant Marie, sont relativement récentes.

 Les premières remontent seulement au 18ème siècle. Elles se développent au 19ème en réponse aux positions mariologiques de l’Eglise catholique. Selon Calvin ajoute-t-il, la Vierge Marie est « trésorière de grâce ». Pour le réformateur genevois, « il nous faut regarder à Marie, non pour nous y arrêter, ni pour en faire une idole, mais pour que, par son moyen, nous soyons conduits à Notre seigneur Jésus Christ, car c’est celle là qu’elle nous renvoie ! »

Vatican II et la Vierge Marie

L’Eglise catholique a depuis Vatican II redéfini le sens des dévotions par rapport à l’essentiel qui est le Christ, seul pasteur de son Eglise.

De manière assez claire, le pape Paul VI déclarait en 1974 : « La volonté de l’Eglise catholique – sans renier le caractère propre de la vénération mariale – est d’éviter avec rigueur toute exagération susceptible d’induire en erreur les autres frères chrétiens sur sa doctrine authentique ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 10:08
La figure de Marie dès les premiers temps de l’Eglise
Certains théologiens réformés, méfiants envers la vénération catholique et orthodoxe de la Vierge Marie, ont parfois affirmé que le culte marial était apparu à Ephèse, haut lieu de la déesse Artémis lors du concile de 431.

En réalité, cette prise de position conciliaire n’avait pas pour but de considérer Marie mère de Jésus pour elle-même, dans le but de la « diviniser », mais de renforcer les critères christologiques définis par les deux conciles précédents obligés de faire face aux hérésies périlleuses autour de la nature du Christ.

Ephèse présente Marie comme la Theotokos, la « mère de Dieu ». On retrouve à Rome l’expression latine « deiparae Virginis Mariae » issue de « deipara » celle qui a enfanté Dieu. C’est donc l’incarnation du Verbe en ce monde qui est ici mise en évidence. 

Ce qui répond à la polémique autour du titre marial puisque s’opposaient les tenants de la theotokos (mère de Dieu) et ceux de l’anthropotokos (mère de l’Homme). Cyrille d’0Alexandrie a alors insisté pour dire que le véritable enjeu n’est pas de donner un statut spécial à la Vierge Marie, mais de souligner la vérité de l’incarnation. L’objectif est bien christologique avant tout. 

Argument historique qui invalide l’idée de l’influence de la déesse Artémis à Ephèse, c’est que 100 ans après la mort du Christ à Jérusalem on voit déjà apparaître des figures mariales comme représentations de piété éminemment christiques avant d’^tre mariales. Dans les catacombes de Priscilla à Rome, une fresque montre une Madone à l’Enfant. A la même période primitive, Justin et Irénée de Lyon présentent la Vierge Marie comme une Eve nouvelle qui fait revivre l’humanité. Les pères de l’Eglise vont abondamment écrire sur le sens de cette maternité, parmi lesquels St Ambroise à Milan et St Jean Damascène en Orient.

Au VIème s. est célébrée à Jérusalem la fête de la Dormition de la Vierge Marie, dénommée Assomption en Occident.

Au Moyen Age, les bâtisseurs de cathédrales donneront partout le nom de Notre Dame aux sanctuaires qui s’élèveront au milieu des villes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 08:07
Victoire Rasoamanarivo, témoin majeur de la foi à Madagascar
Victoire Rasoamanarivo est née en 1848 à Antananarivo (Madagascar) au sein d’une famille aristocrate influente qui tient une place de premier rang dans l’histoire du pays. Lorsque se consolide l’unification du royaume merina s’étendant à toutes les régions de la grande île, le roi Andrainapionimerina a parmi ses conseillers un certain Andriatsilavo, ancêtre de la famille de Victoire.

Dans cette période, Madagascar est l’objet de convoitises concurrentes de la part des Anglais et des Français. Les Anglais reconnaissent Radama I comme roi de Madagascar. Ce qui amène rapidement des missionnaires protestants à s’implanter dans l’Ile. En 1838, à leur initiative, la Bible est traduite en langue malgache, idiome d’origine indonésienne. Cet épisode est déterminant dans l’histoire de la culture malgache. En 1820, déjà, le pasteur David Jones s’était procuré des documents, un dictionnaire français-malgache, et il a avait fondé la première mission. La bible est traduite « ho teny gasy », en langue malgache en deux étapes : 1830, le nouveau testament, 1835, la bible complète. Cette traduction en langue gasy a exercé une grande influence sur la constitution d’un vocabulaire malgache national, même si quelques décennies plus tard le colonisateur impose le français comme langue officielle.

Lorsque l’une des nombreuses femmes de Radama, dénommée Ranavalona, prend le contrôle du pouvoir en 1828, son règne s’inaugure par la terreur et la persécution des chrétiens, faisant des centaines de martyrs. Victoire enfant a dû être témoin des supplices horribles infligés aux chrétiens que l’on précipitait dans le vide du haut d’une falaise. Cette cruelle souveraine meurt en 1861 et c’est son fils Radama II qui lui succède. Il proclame quant à lui la liberté de religion, et fait revenir les missionnaires. Ainsi, des pasteurs protestants reprennent leurs activités d’évangélisation dans plusieurs provinces malgaches, des jésuites et des sœurs de St Joseph de Cluny s’attachent à transmettre la foi catholique aux habitants merinas des hauts plateaux.

Victoire reçoit le baptême en 1863 à l’âge de 15 ans. Lorsque le roi Radama est assassiné dans son palais à Antananarivo, c’est la reine Rasoherina qui lui succède pour un temps très court. Cette souveraine signe des accords avec la France et avec l’Angleterre. Elle est suivie de la reine Ranavalona II qui est baptisée dans le protestantisme et s’active pour attirer dans cette confession les nouveaux adeptes catholiques. La famille de Victoire est devenue majoritairement protestante et fait pression sur elle pour qu’elle aussi adopte la foi réformée. Victoire résiste et persiste dans ses convictions. Un mariage arrangé l’amène à épouser Radriaka, un noble débauché et tyrannique, mais commandant d’une partie de l’armée malgache. La bénédiction est donnée à l’église d’Andohalo selon la volonté de Victoire. Le couple n’a pas d’enfant. Dans cette situation compliquée, Victoire supporte ses conditions de vie déplorables avec constance durant 24 ans. Mais lorsque son mari est près de mourir, Victoire qui a prié pour lui avec patience, malgré les déconvenues successives, l’entend lui demander le baptême. Et en l’absence des missionnaires expulsés de l’île en 1883, c’est elle qui le baptise dans la foi catholique au seuil de la mort.

Lorsque les missionnaires catholiques sont arrivés à Antananarivo en 1861, accompagnés des sœurs de St Joseph de Cluny, la première école catholique pour jeunes filles avait été ouverte, et Victoire fut une de leurs premières élèves. C’est là qu’elle reçut une formation spirituelle qui la prépara à son baptême à l’église d’Andohalo en 1863.

Victoire fait construire un immeuble près du palais de la reine. Elle concilie ses obligations familiales avec ses devoirs de dame de la cour auprès de la souveraine. Mais elle consacre quotidiennement du temps à la prière, à laquelle elle associe son personnel de maison. Son comportement de bienveillance envers chacun, son témoignage de foi courageux, toute son attitude force l’admiration. Son ascendant moral est indiscutable dans l’entourage royal où prédomine l’influence protestante.

En 1876, le RP Caussèque est nommé curé de la paroisse d’Andohalo et la mission catholique connaît une grande vitalité. Victoire est présidente de la congrégation laïque de la Vierge Marie, et ne se contentant pas de simple dévotion mariale, elle encourage l’engagement concret de tous ses membres envers les pauvres et les lépreux de la capitale Antananarivo.

Lorsque survient le conflit franco-malgache en 1883, les missionnaires français sont expulsés. Avant de quitter la ville, le prêtre d’Andohalo confie à Victoire la mission de soutenir les fidèles grâce à son autorité morale largement reconnue, et il demande aux membres de l’union catholique de veiller au sort des églises et des écoles durant l’absence des prêtres sur l’Ile.

Les églises catholiques sont fermées par les militaires sur ordre du pouvoir en place. Victoire intervient au Palais pour les faire rouvrir et elle y rassemble les fidèles pour les encourager à continuer de vivre leur foi malgré les pressions multiples. Victoire n’hésite pas à visiter les communautés en apportant de la solennité à l’assemblée réunie sans prêtre. Elle commente elle-même les évangiles et anime la prière commune privée d’eucharistie. Pour catéchiser, elle a le secours du frère des écoles chrétiennes Raphaël Rafiringa élu par la communauté. Ainsi, des catholiques victimes de persécutions sont sauvés grâce aux interventions courageuses de Victoire qui interpelle les magistrats en soulignant le côté illégal des interdictions : des enseignants catholiques étaient injustement traduits devant des tribunaux par des protestants pour avoir réuni des fidèles et prié avec eux.

En 1886, après 3 ans d’absence, les missionnaires peuvent revenir à Antananarivo. C’est un nouveau départ pour l’Eglise, car un évêque, Mgr Cazet, est nommé pour administrer Madagascar. Victoire lui est alors présentée par l’union catholique comme étant de fait le véritable chef intérimaire de l’Eglise, qui a su  protéger les fidèles des persécutions et poursuivre leur édification spirituelle malgré les violentes oppositions.

 

Victoire reprend alors simplement sa place dans la paroisse où elle se dévoue sans compter auprès des malades, des pauvres et des lépreux d’Antananarivo. En 1890, sa santé s’altère subitement, et son état s’aggrave. Elle meurt le 21 août 1894, son chapelet à la main. Une année après sa mort, la France conquiert Madagascar en prétextant un protectorat qui la conduit à annexer l’Ile en 1896, non sans avoir pris en otage la reine exilée à La Réunion. En reconnaissance de ses grandes vertus personnelles de foi et de courage au service de la communauté catholique, en 1931, Mgr Fourcadier annonce le processus de béatification de Victoire. La cérémonie de béatification a lieu en 1989, solennisée par le pape Jean Paul II devant 400000 personnes à la cathédrale d’Andohalo. Le pontife la définit comme « une vraie missionnaire », un « modèle pour les laïcs d’aujourd’hui ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 05:41
Connaissance et amour se complètent

Connaissance et amour sont apparemment incompatibles : c’est un des problèmes les plus graves de la condition humaine. L’amour, l’affect, le ressenti, la poésie semblent si différents de la connaissance, de la pensée, de la logique ! Cette dernière rend lucide au prix d’un assèchement du cœur ; la première l’assouplit, mais au prix d’un terrible aveuglement.

Toutefois, est-ce si vrai ?

Utpaladeva nous assure qu’il n’en est rien :

yady athāsthitapadārthadarśanaṃ yuṣmadarcanamahotsavaś ca yaḥ /
 yugmam etad itaretarāśrayaṃ bhaktiśāliṣu sadā vijṛmbhate //
 
« La vision des choses telles qu’elles sont
et l’immense fête de ton adoration
forment un couple
qui se porte l’un l’autre,
un couple qui grandit
sans cesse pour tes amoureux. » 
Utpaladeva, Hymnes à Shiva, XIII, 7
(N.B. : suite à une erreur de manipulation que je ne remarque que maintenant, ce verset figure bien dans l’introduction, p. 10 du livre paru aux édition Arfuyen, mais pas dans la traduction elle-même… je prie mes lectrices et lecteurs de bien vouloir m’excuser)
 
Plus qu’une compatibilité, ce verset évoque bien une complémentarité : connaissance et amour se portent mutuellement.
 
Kshema Râja, dans son Explication de ces hymnes, justifie brièvement cette  complémentarité par le fait que connaissance et amour, ou philosophie et mystique sont toutes les deux manifestées par la Conscience universelle.
 
Or, Ânanda Vardhana, le grand poéticien du Cachemire et sans doute le plus profond de l’Inde, avait déjà composé un verset similaire dans son La Splendeur de la résonance (Dhvanyâloka) qui fut ensuite commenté par Abhinava Gupta. Voici ce verset :
 
yā vyāpāravatī rasān rasayituṃ kācit kavīnāṃ navā
dṛṣṭir yā pariniṣṭhitārtha-viṣayonmeṣā ca vaipaścitī /
te dve apy avalambya viśvam aniśaṃ nirvarṇayanto vayaṃ
śrāntā naiva ca labdham abdhi-śayana ! tvad-bhakti-tulyaṃ sukham //
 
« Cette puissance nouvelle des poètes
de savourer les saveurs (rasa)
et cette vision savante 
qui s’éveille à la vérité certaine des choses :
nous nous sommes appuyés sur ces deux (approches)
pour décrire inlassablement toutes choses… 
Ainsi épuisés, nous n’avons (pourtant) pas atteint
un bonheur comparable à l’amour pour toi,
ô toi qui couche sur l’océan ! »
Ânanda Vardhana, Dhvanyâloka, II, 43
 
Ce verset est cependant différent. Ânanda renvoie les poètes et les philosophes dos à dos et distingue les amoureux du divin (bhakta). Tandis qu’Utpaladeva, qui vînt une génération après Ânanda, laisse entrevoir une réconciliation pleine et entière de la philosophie et de l’amour (bhakti), dans lequel il range implicitement la poésie. Ainsi l’art, avec ce qu’il comporte d’artifice, complète la connaissance de l’art divin, la philosophie. Laquelle, au reste, est aussi une expression du même amour, comme son appellation occidentale l’indique assez. Amour de la vérité, amour du beau convergent et se nourrissent mutuellement. Certes, à première vue, la connaissance rend lucide, alors que l’amour aveugle. Mais n’est pas vrai quand l’objet des deux est l’absolu. Car alors, on tend vers le même objet, puisque l’absolu est un. Ici encore, amour et connaissance sont deux phases d’une même respiration et vivent l’un par l’autre, comme un couple parfait.
 
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4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 04:38
L’art de se fier à sa sagesse intérieure

En cette ère de l’information, nous sommes bombardés de contenu en tout genre exprimant des opinions diverses. Cette abondance de vues différentes se manifeste en spiritualité comme ailleurs. Au milieu de ce torrent d’information, il est important de développer une solidité intérieure. C’est un art d’apprendre à se fier à sa propre sagesse intérieure.

Bien percevoir et définir sa sagesse intérieure

Pour pouvoir se fier à notre sagesse intérieure, une première étape est de savoir bien l’entendre et la percevoir. Des temps de calme et de silence, au moins quelques fois par semaine, sont nécessaires. Que ce soit en méditation, ou en marche dans la forêt, la connexion avec votre essence profonde se fait mieux dans le calme. Ainsi, vous développez la faculté d’identifier les ressentis intérieurs et physiques qui viennent avec la connexion à votre sagesse intérieure.

Puis, il s’agit de définir, pour vous même, en utilisant le mental comme outil, des repères claires et solides de ce qui constitue l’essentiel de votre sagesse intérieure. Vous pouvez expérimenter avec plusieurs valeurs avant de trouver ce qui résonne vraiment dans votre Centre. Trouvez votre vérité, ici et maintenant, ce qui est indiscutablement central pour vous. Pour moi, après avoir fouillé et expérimenté à bien des endroits ( religions, spiritualité, livres, techniques énergétiques, … ), il m’est apparu clairement que l’évolution spirituelle réelle est reliée aux hautes vertus du cœur, et que le reste n’est qu’accessoire. Avec le temps, mon mental a cristallisé ce qui est ma vérité essentielle en trois repère clairs : la bienveillance, la compassion et la gratitude . Je résonne avec confiance et certitude à cette vérité. C’est cette confiance qui permet de se fier à sa sagesse intérieure.

À vous, donc, d’établir clairement ce qui est vrai et immuable pour vous. Trouver vos repères, au travers de ce qui résonne toujours en vous comme vrai.  Trouvez les mots qui évoquent pour vous un bien qui reste beau et vrai, et souhaitable pour tous et pour vous, en toute circonstance. Ma propre vision du monde me porte à croire que vous trouverez cette solide fondation d’éternité dans les hautes valeurs Coeur, mais à vous d’explorer et de trouver.

Raffiner et purifier sa vérité intérieure

Prenez votre temps pour établir clairement votre vision et l’expression de votre vérité sacrée, et apprendre à la manifestez de plus en plus dans le quotidien, dans des objectifs clairs. Testez-là consciencieusement, ajustez-là au besoin.

Certains outils sont utiles pour le faire. Par exemple, demandez-vous simplement si la vie humaine sur terre serait mieux pour tous, si tout le monde adoptaient et appliquaient les mêmes valeurs fondamentales que vous.

Un autre outil pour épurer votre claire vision est d’observer vos réactions émotives. Ce qui vous heurtent, chagrine, ou vous mets en colère, est-ce vraiment relié à vos valeurs profondes? Vos émotions vous permettent de constater ce qui compte vraiment pour vous. Cette clarté apporte la simplicité, et même votre ombre s’illumine.

Solidité et sérénité dans l’ouverture

Avoir établi clairement ce qui est vrai et divin, pour vous, vous donne une bonne solidité. Cette référence intérieure vous donne de l’indépendance par rapport aux vérités que l’on voudrait vous enseigner de l’extérieur. Si votre clarté spirituelle et votre pouvoir vous ont été donné de l’extérieur, il y a toujours danger de contrôle et de manipulation. On peut vous enlever ce que l’on vous a donné. Mais on ne peut vous enlever ce que vous êtes, dans votre essence même.

Et n’oubliez pas que vos doutes sont parfois plus prêts de votre vérité intérieure que les certitudes des autres 😉

Aussi, votre clarté intérieure ne veut pas dire de se fermer aux autres. Il s’agit plutôt de développer en vous un espace intérieur de transition, pour évaluer, pour discerner. Ce que l’autre, les autres, vous proposent, examinez-le, dans cet espace, à la lumière de vos repères fondamentaux. Modulez et intégrez ce qui s’harmonise, laissez aller ce qui ne convient pas, sans répulsion ni agitation. Rester serein alors même que l’on tente de vous faire douter de votre vérité, c’est un bel aspect de l’art de se fier à sa sagesse intérieure.

Re-trouvez la confiance en votre lumière, chers amis, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez faire à ce monde-ci !

 

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3 septembre 2024 2 03 /09 /septembre /2024 23:30
Atteindre l’œil du Cyclone

En premier lieu, il est important de comprendre que vous ne vous connaissez pas ! Vous ne savez pas qui vous êtes vraiment pourtant vous connaissez bien votre histoire, mais cette histoire est cela même qui vous empêche de découvrir qui vous êtes vraiment. Mais alors, qu’est-ce que cette histoire ?

Il existe tant d’histoires qui vous gouvernent, vous orientent et vous alimentent mais elles ne sont que des histoires, juste des informations qui vous racontent quelque chose que vous prenez pour réel. Mais alors qu’est-ce que le réel ?

Tout ce qui vous apparaît comme réel est ce que vous acceptez de croire comme vrai. Mais alors qu’est qui est vrai ?

Tout ce qui vous apparaît comme vrai est tout ce qui vous permet de valider votre manière d’entrevoir le monde. Mais alors qu’est-ce que votre manière de voir le monde ?

Votre manière de voir le monde est l’histoire même que vous vous racontez sans cesse dans votre tête. Elle vous donne l’impression de pouvoir décoder votre monde en vous y apportant du sens, de la cohérence et ainsi une base de compréhension afin de pouvoir exister en elle. Elle vous donne une place, des repères et permet la possibilité de pouvoir vous mouvoir à travers elle.

Toute cette histoire et donc tout votre monde au départ existe seulement de manière extérieure !  Car votre existence ne peut être qu’en rapport direct avec le monde du dehors. Pourtant toute cette construction provient de votre champ intérieur par le biais des réactions et confrontations vécues à travers le monde et les autres.

Ainsi, toute cette histoire crée une solide impression que seul existe le monde du dehors alors que pourtant tout se passe dans le monde du dedans ! Car l’habitude, dans cette mise au monde, fut exclusivement cette focalisation extérieure et cette focalisation du monde du dehors à travers toutes les histoires qui viennent jusqu’à vous, vous empêchent de découvrir qui vous êtes vraiment !

Car toutes ces histoires sont le support et la base qui alimentent votre histoire personnelle et vous détourne ainsi de tout ce qui pourrait vous montrer une toute autre manière de voir le monde… Pour que vous puissiez vous ouvrir à cette autre manière de voir, il est important de comprendre que tout le processus et donc tous les rouages viennent seulement de ce qui se passe en vous, de l’intérieur !

Et tant que vous resterez focalisé sur le monde du dehors vous ne pourrez rien changer à votre vie ! Tout ce chaos qui vous afflige de tant de souffrances restera pour vous lettre morte ! C’est pour cela que l’unique moyen de déchiffrer votre vie est de pouvoir apprendre à lire les lignes et les mots qui structurent les histoires qui vous gouvernent !

Tout est à l’intérieur et l’arme la plus terrible est votre conscience. Alors comment peut-elle se retourner contre vous ? Encore une question que vous devrez apprendre à résoudre par vous-même !

Un des moyens pour comprendre le royaume de votre conscience est l’ouverture par de nouvelles voies et manières d’interpréter votre monde… car en fin de compte, tout ce qui vous bloque est cela même qui vous aidera à le dépasser ! Tout est dans votre interprétation, dans votre regard puisque ce que vous voyez à l’extérieur n’est que le reflet de ce qui se cache en vous !

Vous ne vous connaissez pas !

Vous ignorez tout de vous car ce que vous croyez connaître est seulement l’arbre qui vous cache la forêt ou si vous préférez le haut de toute la structure qui vous enferme telle de multiples poupées gigognes.

Tous les sens de ces mots s’utilisent comme des histoires à réveiller des morts. Vous pouvez les prendre comme vous voulez. Ceci vous appartient mais ceci dit, à vous de voir, tout est dans le voir ou dans comment on le voit et surtout dans comment on l’entend.

Quelle est la cause de votre ignorance alors que vous vous persuadez de tout le contraire ? Ceci est la première question importante à vous poser ! La question reste de savoir comment bien s’interroger quand pourtant tout vous apporte déjà les réponses ! Peut-on se questionner réellement quand le monde est rempli de réponses ? Et si les réponses ne servaient qu’à induire leurs propres questions ? Est-ce vous qui vous poserez toutes ces questions ? Serait-il alors nécessaire de se poser d’autres questions si vous avez déjà toutes les réponses ? Existe-il d’autres questions dont les réponses ne se donnent pas ? Peut-être qu’elles font partie de celles que l’on trouve tout seul ? Ici, beaucoup de questions sans réponses, peut-être parce que vous êtes déjà la réponse ! Et comme vous vous êtes habitué à ce que l’on réponde à votre place et que l’on vous pose toutes sortes de questions, vous n’avez pas eu encore la possibilité de vous poser ce genre de questions…

Mais alors, vous seriez passés à côté de cela sans découvrir que vous étiez déjà la réponse à toutes vos questions !  Comment pouvez-vous vous posez cette question : vous ne vous connaissez pas ? Si vous n’êtes pas déjà conscient que ce soit le cas, alors comment en être conscient ? En commençant peut-être par vous poser de nouvelles questions en comprenant quelle différence il y a entre la conscience et l’inconscience !

Êtes-vous inconscient ? Qu’est-ce que l’inconscience ? Êtes-vous souvent absent de vous-même ? Mais alors où êtes-vous ? Et si vous n’êtes pas là, qui est là ? Est-ce que vous êtes hors de vous ? Mais alors dans quel monde vivez-vous ? Où se trouve ce que vous êtes ? Est-ce un lieu inconnu ? Mais inconnu à qui ? A quoi ?

Toutes ces questions se posent là maintenant. Elles n’ont de sens qu’à vous donner l’opportunité de vous ouvrir à autre chose, de créer des voies d’accès à ce lieu inconnu en vous pour l’instant ! Ce lieu inconnu où vous pourrez vous trouver dans votre totalité, en toute conscience, en toute présence, en toute reliance !

Mais avant de vous trouver, vous allez être comme obligé de vous perdre dans tout ce que vous n’êtes pas, dans tout ce qui ne vous correspond pas comme si vous aviez besoin de connaître tout ce qui n’est pas vous pour savoir enfin qui vous êtes ! Dans ce jeu de miroir, où l’inconscience règne et où peu à peu tout vous ramène à la conscience, beaucoup si perdent et oublient même de continuer leur chemin perdu temporairement dans tout ce qu’ils ne seront jamais

Qu’est-ce que cette histoire ? Est-ce que se sont toutes ces histoires qui vous perdent ? Le monde dans lequel vous vivez est rempli d’histoires à dormir debout ! Pourquoi ? Pourquoi toutes ces histoires vous endorment-elles ? Êtes-vous en train de dormir ? De rêver ? De cauchemarder ? Qu’elles sont ces histoires qui vous constituent et qui vous alimentent ?

Tant d’histoires vous gouvernent

Il y a tant d’histoires qui vous gouvernent, vous orientent et vous alimentent sans que vous en ayez conscience ! Toutes ces histoires sont pourtant le cadre dans lequel vous êtes comme enfermés ! Toutes ces histoires qui vous sont racontées comme toute cette histoire que vous passez en boucle dans votre tête sont la base et la structure de votre propre réalité. Est-ce réel ? Est-ce imaginaire ? Quelle en est la différence ? Vos croyances ? Votre vision du monde ? Votre façon de l’interpréter ? Ou bien leurs croyances, leurs visions du monde, leurs façons de l’interpréter ?

Vous avez besoin d’un cadre, d’une trame dans laquelle vous pouvez vous couler afin de vivre avec les autres. Quel est votre rapport à autrui ? Jusqu’à quel point êtes-vous prêt à aller pour ressembler aux autres, vous perdre, vous oublier ? Quel en est le prix ? Et surtout avez-vous le choix ? Prenez-vous ce choix ? Ce choix d’où provient-il ? De vous ? De qui ? Est-il basé sur votre propre réalité ? Sur la réalité de tous ?

Qu’est-ce que ce réel ? Votre réel ? leur réalité ? Quelle en est la différence ? Cette réalité vous fait-elle réagir ? Vous pousse-t-elle à agir ? A faire des choses comme penser, réfléchir voire même rêver ? Posez-vous un instant… Posez-vous toutes ces questions… Vous dérangent-elles ? Qu’est-ce qui peut vous déranger tellement pour avoir envie que d’une seule chose : arrêter d’y réfléchir ! Mais de réfléchir quoi ?

D’un coup, votre propre fonctionnement qui est de ne pas réfléchir, de ne pas vous poser tant de questions, s’en trouve être complètement bouleversé par tout ce bombardement d’interrogations qui telles des bombes viennent vous attaquer et vous mettent dans tous vos retranchements ! Comprenez bien cela est nécessaire pour qu’enfin vous puissiez prendre conscience de toute l’ampleur du phénomène dans lequel vous vous trouvez enlisé, bloqué, cloîtré.

Posez-vous toutes ces autres questions : 

  • qui gouverne ma vie ? Moi ou bien toutes ces histoires qui en moi tournent en boucle ?

  • qui choisit l’orientation de ma vie ? Moi ou bien toutes ces histoires qui en moi tournent en boucle ?

  • qui alimente ma vie ? Moi ou bien toutes ces histoires qui en moi tournent en boucle ?

A ce point de bascule, vous commencez à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond et que peut-être, si tout est fait pour ne pas réfléchir par vous-même, si tout est fait pour que vous ne puissiez pas vous poser vos propres questions, c’est que tout est fait pour que vous ne puissiez découvrir par vous-même ce qui se passe en vous !

Et ici, je pèse mes mots car ce qui se passe en vous est d’une telle importance que vous ne pouvez même pas l’imaginer pour l’instant ! Toutes les histoires de votre monde sont là pour focaliser votre attention à l’extérieur afin de ne jamais aller voir ce qui se passe en vous car tout est là, en vous, à vous attendre…

Ce lieu, cet espace est la clé qui vous permettra d’ouvrir toutes les portes, de comprendre toutes les interrogations que vous pourriez avoir, de vous apporter toutes les réponses que vous aurez besoin afin d’avancer sur votre propre chemin… Mais pour l’instant ce chemin que vous vivez n’est pas votre, il est seulement celui de la majorité ! Et tout cela est en train de changer…

Qu’est ce qui est vrai ?

Qu’est ce qui est vrai ? Quand toutes les histoires de ce monde sont fondées sur des strates de mensonges et de manipulations, quelle est la place de la vérité ? Quand tout est fait pour que le mensonge devienne la norme, que devient la vérité ? Quelle est la mesure de ce monde ? Le mensonge ou la vérité ? Qu’est ce qui ne tourne pas rond pour engendrer un chaos si violent, si flagrant et si terrorisant ? Qu’est ce qui ne va pas dans ce monde ?

Dans ce monde où tout est maintenant inversé, où le mensonge a pris le masque de la vérité, il ne peut en fait qu’exprimer sans cesse seulement tous ses faux-semblants ! Tout ce qui vient jusqu’à vous, les images comme toutes les histoires qui vous abreuvent, sont détournées, manipulées et donc utilisées sciemment contre vous ! En êtes-vous conscient ? Pourquoi tout le monde marche sur la tête ? Pourquoi tout est inversé ? Peut-être tout simplement parce que le mensonge a pris le masque de la vérité et que le monde entier le perçoit comme la seule et éclatante vérité !

Pourtant l’essence même de la vérité fut éradiquée peu à peu de tout ce système qui a été mis en place ! Tout ce qui peut se montrer et arriver jusqu’à vous n’a qu’un sens :  celui de vous détourner de cette vérité, de votre vérité ! Hélas, le monde ne le sait pas encore, l’ignore et ferme les yeux sur ce qui est impensable ! Ce mot, impensable, symbolise totalement tout ce processus… impossibilité de penser par soi-même, impossibilité d’être authentique, original et pire, impossibilité de voir autrement tout ce qui est montré !

Il n’y a qu’un flux, celui du système, celui où la majorité s’abreuve, celui où toutes les mêmes histoires sont matraquées à chaque instant pour que cela rentre, pour que cela reste, pour que cela soit l’unique et seule vérité ! Voilà ce qu’est la vérité de ce monde, de ce système ! Si jamais vous cherchez autre chose que cette vérité, comment pourriez-vous la trouver quand le monde entier hurle cette même vérité ! Qu’est ce qui vrai ? Je vous le demande ?

Votre réalité est-elle basée sur cette vérité ? Est-ce réel ? Est-ce imaginaire ? Est-ce vrai ? Ici vous entrez dans tout le nœud du problème ! Vous voyez bien que cela ne sonne pas juste ! Vous sentez bien dans vos tripes que tout ça ne fonctionne pas ou fonctionne mal ! Que pouvez-vous faire quand vous prenez conscience que tout est inversé, que tout est sens dessus dessous !

Et bien déjà, vous vous réveillez, vous apprenez à ouvrir peu à peu les yeux et à voir les choses telles qu’elles sont et non plus telles que l’on vous les montre ! Cela fait toute la différence car doucement, en voyant clairement ce qui se passe devant, vous reprenez la main sur tout ce qui se faisait sans vous ! Le monde, le système veut tout faire sans vous, sans votre avis, sans votre réflexion, sans votre consentement…

Comment est-ce possible, comment font-ils ? Ils vous enferment dans une histoire, une croyance, un système si bien huilé que vous êtes certain que ce qui se passe est pour le bien de tous, pour votre bien, et pire, vous devenez même un rouage de tout ce système car tant que vous ne vous réveillez pas de cette emprise vous faite partie de cette entreprise collective.

Qui valide votre manière d’entrevoir le monde ?

Qui valide votre manière d’entrevoir le monde ? Est-ce vous ou bien le monde, le système ? Quel est le sens de toutes ces histoires qui vous abreuvent à chaque instant ? Ne sont-elles pas là pour valider une manière bien particulière de voir ce monde, le rendre réel ? N’entretiennent-elles pas son masque de vérité et deviennent ainsi l’étendard de tous ceux qui protègent ce système afin d’illuminer tous les êtres de la très sainte science comme seul garante de sa véracité !

C’est un subterfuge immense car c’est dans le processus même de cette impression univoque et extérieure que tout prend forme ! Ainsi, cette forme devient la norme et donc la référence de tout ce qui est vrai ! Seulement, cette vérité extérieure cache tout autant tous ses processus intérieurs qui la sous-tendent.

Pourtant, tout est là et tout se fait à votre insu, qui plus est, de manière totalement inconsciente pour l’instant ! Tout le but de votre réveil est de bien voir que ce champ inconnu en vous est le siège de votre puissance, de votre intelligence, de votre essence et de tout ce qui vous est nécessaire pour être vous-même et non plus une pâle copie moulée sur le tapis roulant de ce système qui ne s’est trop créé à la chaîne !

Tant que le monde, le système valide à votre place, votre propre manière de voir, vous ne pourrez pas voir autrement, ni même entrevoir ce qu’il y a derrière. Ainsi, votre réalité est calquée sur les plans du système en place vous montrant ce qu’il veut bien vous montrer, utilisant sa vérité comme le ciment de sa solidité ! Tant que vos seules références restent les histoires de ce système, vous êtes fils et filles du système vous battant pour son bien-fondé ! En somme, vous ne connaissez que cette seule réalité ! Seule cette vérité et donc seule cette manière d’entrevoir le monde vous permet de vous croire en sécurité !

Voilà tout le processus, toute la mécanique qui enferme un monde entier dans un système de croyance, un système de valeur, un système de jugement, un système qui empêche l’être d’être ce qu’il est tout en lui faisant croire tout et son contraire ! Tant qu’il est encore endormi dans ce rêve collectif et qu’il ne voit pas, qu’en fait, c’est le pire des cauchemars qui s’y passe, il ne pourra se réveiller.

Et tout reste la conséquence de toutes ces histoires que l’on vous raconte depuis votre plus tendre enfance. Vous êtes tellement enfermés dans vos propres histoires personnelles que vous ne pouvez vous ouvrir à une autre narration, une autre représentation !  Toute la solidité des structures de vos croyances est tellement ancrée en vous que vous ne pouvez même pas douter de tout cela ! Et pourtant, tout cela reste seulement des croyances qui peuvent être balayées tout aussi vite que de la poussière sur votre chemin !

La base du stratagème

La base du stratagème est dans l’histoire même que vous vous racontez sans cesse dans votre tête ! Tout est là, à l’intérieur de cette trame, avec un début, un milieu et une fin, soit un cadre temporel bien défini puis des événements marquants qui ont tissé toute la texture de votre personnage, de vos souvenirs puis de vos rêves, de vos aspirations, de vos désirs, de vos batailles et ainsi de tout ce qui vous a fait ! Tout est résumé là ! Mais pensez-vous n’être que cela ? Croyez-vous vraiment n’être que cela ?

Ces questions sont très importantes car si vous croyez que vous n’êtes que ça, alors pourquoi vouloir aller découvrir autre chose ? Pourquoi continuer à lire et à chercher un sens à tout ça ? Avez-vous trouvé un quelconque sens dans votre façon de voir le monde ? Est-ce que tout vous paraît insensé, sans le moindre début de cohérence ? Tout n’est-il pas incohérent ?

Vous avez cru que vous arriveriez à trouver du sens et de la cohérence grâce à toute la science et la raison que le monde vous a transmis. En fait, cela vous a amené droit dans le mur, tout droit dans un cul de sac comme si d’un coup tout se refermait autour de vous, sans vous prévenir, sans vous y attendre. C’est comme si le monde entier s’effondrait et vous emportez avec, dans des abîmes incompréhensibles et terribles. Comprenez bien, le seul sens en cette tempête qui vous foudroie est de vous réveiller de tout ce cauchemar. C’est son seul but, vous réveiller enfin !

Ce n’est pas le monde qui s’effondre, mais seulement votre propre représentation, votre façon d’entrevoir et de comprendre ce monde.  C’est pour cela que vous n’arrivez plus à le lire car il continu de s’écrire seulement avec des fausses notes, des mots tronqués et vidés de tous leurs sens… Ainsi, vous ne pouvez plus vous raconter d’histoire car toute la fausseté qui fut cachée à l’intérieur maintenant vous saute aux yeux et vous gifle de toute sa monstruosité !

Ainsi, la lumière a laissé place aux ténèbres, la clarté a laissé place à l’opacité, la vérité a laissé place au mensonge, la réalité a laissé place à l’irréalité… leur représentation ne peut laisser place maintenant qu’à votre propre représentation, à votre toute nouvelle narration, à votre unique et véritable histoire, celle qui s’écrit avec vos propres mots, avec vos propres désirs, avec vos propres rêves… et là est toute la différence !

Comprenez-bien que la destruction de cette représentation funeste est l’aurore d’une vie à la mesure de votre propre vérité ! Cette vérité vous appartient mais il va falloir aller la chercher dans cet endroit méconnu car c’est de là d’où vous provenez et c’est pour cela qu’en ce lieu vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin pour afin redécouvrir qui vous êtes !

Votre monde tout extérieur

Tout votre monde au départ ne peut être qu’extérieur, tournant sans cesse sur la superficie de vos vies. C’est ici que l’œuvre spirale prend tout son sens ! Peu importe où vous vous trouvez car sur n’importe quelle spire ou cercle de cette spirale, à partir du moment où vous vous réveillez de ce cauchemar, tout s’inverse ! Ainsi, d’un mouvement extérieur qui sans cesse vous éloignait de votre centre, tout se neutralise engendrant un mouvement opposé qui va peu à peu vous ramener au cœur de votre être.

Seulement, avant l’enclenchement de ce mouvement contraire grâce à cette neutralisation, tout vous pousse vers l’extérieur ! Tout vous focalise vers le dehors car tout se passe à l’extérieur et ainsi vous ne connaissez pas encore d’autres repères que cette manière de fonctionner. Comme tout est fait automatiquement et donc inconsciemment vous ne savez pas qu’il existe d’autres manières d’œuvrer. C’est ici, en cet état de fait que vous êtes immobilisés, tel un rouage dans toute la mécanique de ce monde et de ce système ! Permettant ainsi au système de fonctionner grâce à vos pensées et donc à vos croyances car toute cette énergie en est l’essence même…

Mais ça, vous ne le savez pas, vous le découvrez enfin et cette prise de conscience vous apporte peu à peu une distanciation nécessaire pour entrevoir et comprendre autrement ce qui se passe en vous grâce à une nouvelle lecture de ce qui se trame dans ce monde. Alors, une nouvelle narration vous conte toute autre chose ; différente de celle qui vous a été racontée avant !

Et là, il est tout à fait important de bien comprendre l’utilité de toutes ces histoires qui vous sont transmises sans cesse ! Elles sont l’essence même qui permet la solidification de toutes les structures de ce monde, de ce système ! Et si de nouvelles histoires venaient remplacer les anciennes, toutes les fondations de ce système serait alors ébranlé, jusqu’à s’écrouler sur lui-même !

C’est la raison pour laquelle le monde se trouve entraîné dans cette tempête infernale afin que les êtres enfermés dans cette représentation funeste et paradoxale puissent se réveiller.  Une minorité s’est ouverte à d’autres histoires, d’autres représentations qui déstabilisent ainsi le consensus de la réalité collective ! C’est toute la réalité de ce monde qui s’effondre mais elle n’est qu’un point de vue, une interprétation de ce qu’est la réalité ultime.

C’est pour cela que ce lieu inconnu en vous est d’autant plus important car une fois que vous vous rebranchez dessus, toute la fausseté du monde s’estompe peu à peu et commence à vous retransmettre ce que vous aviez oublié afin de vous réapprendre le langage de la vie ! Sachez que vous ne pouvez pas vous brancher sur deux flux en même temps : soit vous êtes ouverts totalement au monde du dehors et alors l’illusion vous informe par sa forme inversée, soit vous vous ouvrez à votre royaume intérieur et alors tout s’inverse pour vous ramener peu à peu au centre de votre être.

Tout se passe dedans !

Tout se passe dans le monde du dedans et pourtant toute votre vie appartient au monde du dehors ! Vous y avez grandi, appris tous ses codes, son langage et ses repères… Ce monde vous a laissé pourtant un héritage si pesant qui vous plombe, d’une telle lourdeur que vos pas sont comme ancrés à la terre de cette planète. On vous a appris à regarder et à écouter à l’extérieur, à sentir l’extérieur, tous vos sens sont encore exclusivement ouverts à celui-ci !

Comment vous débrancher de l’emprise du monde du dehors alors que vous ne connaissez que cela ! Votre seule expérience du monde appartient complètement à cet univers extérieur ! Comprenez bien qu’il vous a été complètement utile pour le début de votre vie ici-bas mais pour la suite, dans cet inachèvement inconscient, il vous reste tout un pan de votre propre réalité que vous ignorez totalement.

Cet extérieur est devenu si important, si prépondérant que vous pouvez avoir l’impression que tout est fait pour ne surtout pas vous retourner ! Quoiqu’il arrive, ce monde intérieur fait intrinsèquement partie de vous même si vous ne vous en souvenez plus ! Il est la partie essentielle, vitale qui telle une graine, par toutes ses racines même infimes, vous apporte tous les éléments nutritionnels qui vous serons utile afin de grandir dans votre monde ! Que ce monde soit tout extérieur ou même tout intérieur, il reste votre monde car il est votre champ d’expérience qui vous permettra de renaître à vous-même…

A la différence du monde extérieur, votre monde intérieur vous apportera la possibilité de décrypter toutes les histoires qui vous ont bercé pendant tellement de temps et il vous donnera en plus les clefs pour ouvrir toutes les portes et systèmes qui vous enferment encore ! Vous demeurez enfermés dans ce monde du dehors ! Comprenez-vous ?

Vous êtes tellement enfermés, illusionnés que vous n’en avez même pas conscience ! Le monde du dehors vous enchaîne non par ses murs ou par ses prisons mais par sa représentation même qui siège à l’intérieur de vous ! Comprenez-vous pourquoi vous devez vous tournez à l’intérieur et chercher à comprendre tous ces processus qui vous rendent totalement esclave !

Esclaves des temps modernes, réveillez-vous ! Les chaînes ne sont plus matérielles, ce sont toutes les images et les histoires qui alimentent en vous une représentation du monde ambigu, paradoxal, délétère !  Vous ne voyez rien car tout se passe de manière inconsciente, utilisant des signes et des symboles qui parlent un autre langage à des parties de vous dont vous ignoriez tout, jusqu’à leur existence même. Tout se passe à votre insu, et devinez où ? A l’intérieur de votre être ! Là où se trouve la puissance et la richesse, la grandeur et la sagesse et surtout l’intelligence qui vous apportera la clarté nécessaire afin d’entrevoir qui vous êtes vraiment.

Mais pour le découvrir, vous devrez vous ouvrir à ce champ intérieur ! Voici une autre question : comment pouvez-vous aller quelque part quand vous ne savez même pas que cette ville, que ce lieu existe ? Il n’y a pas de panneau indicateur dans le monde du dehors ! Pourtant, tout ce qui se passe à l’extérieur, comme toutes les histoires dont on vous abreuve sont les matériaux qui ont construit le maillage et les structures de votre propre histoire personnelle…

Le prisme qui décode le monde

Quelle est votre histoire personnelle ? A quoi sert-elle ? Toute cette histoire vous la connaissez très bien car elle est la mémoire vive de tout votre système ! Vous ne fonctionnez qu’à travers elle puisqu’elle est le prisme par lequel vous pouvez décoder le monde. Vous l’avez construite en réaction à tous les événements que vous avez rencontré le long de votre existence. Elle est colorée de toutes les émotions que vous avez ressenties à travers toutes vos réactions au monde mais également à travers vos rencontres avec autrui. Riche de toute cette complexité, vous vous êtes créé une certaine narration qui vous a permis de vous inclure dans ce monde, dans cette réalité.

C’est cette histoire qui vous permet de communiquer avec les autres comme avec vous-même, elle vous donne un cadre temporel, contextuel, existentiel qui donne du sens, qui permet de vous projeter vers autre chose  ! Sans votre histoire personnelle, vous seriez totalement perdus car vous avez besoin de cette trame mémorielle pour créer un cadre de référence qui vous donne les moyens d’interagir avec autrui et de vous orienter à travers elle. Cette orientation reste dépendante de ce que vous avez découvert car tout le reste vous n’y avait pas encore accès puisqu’elle ne fait pas partie de votre cadre de référence, de votre plan interne !

Comprenez-bien qu’au-delà de tout ce que vous connaissez, existent d’innombrables plans qui telles des spires s’enroulent vers le centre de tout ce qui est ! Pour l’instant, vous n’avez même pas accès à la totalité du plan dans lequel vous vous trouvez car vous ne pouvez accéder qu’à ce que vous connaissez à travers les connexions de votre propre histoire personnelle. Donc, votre histoire personnelle est ce qui vous a aidé un temps à prendre votre envol dans ce monde extérieur mais en même temps elle est ce qui vous ferme l’accès à toute votre intériorité ! C’est pour cela que vous devez passer de l’histoire du monde à votre propre histoire ou si vous préférez de l’extérieur à l’intérieur.

Ainsi, vous comprenez que tous les rouages de ce qui vous arrive viennent seulement de ce qui se passe en vous, à l’intérieur de votre propre représentation mentale qui est votre structure interne. Vous avez besoin d’aller l’explorer pour savoir ce qu’elle vous raconte vraiment ! C’est à travers votre histoire que la lumière de votre conscience projette son ombre sur le monde et vous montre ainsi tout ce dont vous avez besoin de voir afin d’avancer dans votre auto-découverte.

Quand vous constaterez que votre histoire personnelle est un processus de connaissance de soi et non plus une fin en soi, tout un nouveau pan de votre réalité viendra jusqu’à vous. Non qu’il en fût absent mais c’est plutôt vous qui en étiez totalement détournés et qui ne pouvez ainsi la recevoir. Votre histoire personnelle, qui pour l’instant vous enferme dans une certaine idée de sécurité contre tout ce qui vous est inconnu, bloque par cette croyance même tout ce champ inconnu qui est pourtant essentiel à votre futur fonctionnement.

Pourtant, cette partie inconnue a le potentiel même dont vous avez besoin pour dépasser toutes ces représentations antinomiques car elle vous apportera l’élan nécessaire pour créer un mouvement puissant qui vous aidera à sortir de votre enfermement. Vous êtes plus que votre propre histoire ! Le fait de le découvrir vous ouvrira les yeux sur tout ce qui est devant vous mais que vous ne voyez pas à cause de votre inconscience ou d’une certaine dissonance cognitive.

Déchiffrer votre vie

L’unique moyen de déchiffrer votre vie est de pouvoir apprendre à lire les lignes et les mots qui structurent les histoires qui vous gouvernent ! Les histoires extérieures comme votre propre histoire personnelle utilisent des lignes directrices, des structures identiques sur lesquelles elles sont toutes basées. Comprendre leur articulation ainsi que les interactions entre-elles emmène vers une ouverture d’esprit qui donne assez de hauteur pour voir tout le tableau d’ensemble. C’est exactement ce qui vous manque car tant que vous êtes enfermés dans la structure elle-même, vous ne pouvez vous donner les moyens d’en sortir.

Tous les moyens utiles sont en dehors de vos propres structures et pour pouvoir s’y ouvrir il vous faut vous donner la possibilité de décoder toutes ces lignes directrices, tous ces mots qui utilisent un langage que vous ne connaissez plus. Ainsi, vous avez besoin d’apprendre une nouvelle langue, le langage du vivant ! Comprenez bien qu’elle ne s’apprend pas à l’école ni dans aucune université du monde du dehors mais qu’elle se découvre à l’intérieur de vous, dans ce lieu inconnu ! 

Le monde entier cherche des solutions aux problématiques du système en place mais là où il les cherche il ne les trouvera jamais. Tout ce que vous avez besoin est de retrouver votre centre, votre axe, car là est le cœur du cœur de ce que vous êtes ! En ce lieu, tout est disponible, toutes les réponses, toutes les potentialités et par-dessus tout, votre propre vérité ! Le seul problème est que vous avez tout oublié !

Et c’est parce que vous avez tout oublié, que le monde, l’extérieur est devenu illisible, inaudible  et donc par conséquence insensé et incompréhensible. Vous n’avez plus les codes ni la grille de lecture pour pouvoir le décoder et comprendre tous les sens de ce qu’il peut vous apporter. C’est en cela que le monde est devenu un chaos car il vous est totalement insignifiant !

Tout le problème du monde du dehors est qu’il vous apporte sa propre signification vous orientant ainsi dans une seule direction. Mais cette direction est un non-sens flagrant car le monde ne sait pas qu’il existe un véritable sens en tout ça et donc une direction à rechercher ! Ce sens ne se donne pas puisqu’il peut seulement se trouver en vous même !

Voilà le paradoxe : tout vous est offert sur un plateau d’argent mais tout est empoisonné car cela vous dessert totalement ! Les significations que le système vous donne sont tronquées, biaisées, falsifiées et donc dirigées vers une seule direction qui restera à jamais un cul-de-sac ! Derrière toutes ces histoires, toutes ces images se cachent un seul maître mot dont son unique signification est que vous ayez besoin du monde, que vous ayez besoin du système pour survivre !

Ce que vous ne savez pas encore, et comme tout est inversé, c’est que le système lui-même a besoin de vous pour exister vraiment ! Sans vous, il n’est rien alors que vous, sans le système, vous serez toujours ! Comprenez-vous ce renversement total de toutes ces valeurs !

L’arme la plus terrible est votre conscience

Vous allez comprendre que vous n’avez pas besoin de vous battre contre le système ou contre quiconque car le seul combat à mener est celui contre toutes vos illusions et toutes ces histoires rapportées qui ont créé une représentation bancale, asservie au monde, au système et à toute l’extériorité ! L‘arme la plus terrible à venir est votre conscience car elle va vous redonner totalement tout votre pouvoir, toute votre intelligence afin de créer une nouvelle manière d’être au monde !

Vous êtes face à un nouvel abyme, mais il ne peut plus être terrifiant car il vous représente dans toutes vos profondeurs. Il est votre propre royaume qui vous est encore pour quelque temps inconnu, mais plus pour longtemps. Venez explorer qui vous êtes et vous y découvrirez les structures de votre personnage, puis une fois que vous aurez bien assimilé toute son étendue vous voudrez aller plus loin. Alors, vous verrez ce qu’il y a derrière et vous comprendrez que tout ce que vous avez cherché a toujours été là, en vous, derrière les masques, les habits et toutes les formes que vous avez pris dans ce monde.

Riche de toute cette compréhension, vous deviendrez des ponts, permettant à tous ceux qui se sont oubliés dans le monde du dehors de retrouver leur propre chemin grâce à leur propre lumière. Vous ferez avec eux ce que vous avez fait avec vous-même : apprendre à se nourrir soi-même, apprendre à se connaître soi-même et découvrir qu’à l’intérieur de soi existe la seule et unique boussole pour pouvoir s’orienter par-delà tous les univers possibles.

Voilà ce qu’est ce lieu inconnu ! Alors, comment la conscience peut-elle se retourner contre vous ? Ce n’est pas la conscience qui se retourne contre vous mais le monde, l’extérieur, car tant que vous le voyez contre-vous, il est contre-vous ! Le monde est à la mesure de l’œil de celui qui le regarde ! Le monde est devenu fou car vous avez oublié qui vous êtes mais en fait, il vous permet seulement de vous bousculer assez pour vous aider à reprendre la bonne direction qui est simplement de vous retrouver vous-même ! Tels que vous êtes ! Derrière tous les faux-semblants car c’est seulement là dans ce lieu que tous les déséquilibres s’harmonisent, que tous les mensonges éclatent et que toute la vérité sur votre authenticité vous éblouira !

Un nouveau monde vous attend !

Chaque instant des êtres de par le monde s’ouvrent à une nouvelle narration, créant par eux-mêmes et pour eux-mêmes leur propre histoire, leur propre mythologie, leur propre science, leur propre croyance afin de sortir des sentiers battus de l’ancien système. Il n’y a aucun jugement dans tout cela, juste une simple constatation qu’un nouveau monde est en train de naître !

Il n’y a plus rien à attendre de ce monde mourant, de tous ceux qui se battent encore à l’intérieur !Soyez serein, calme, conscient, présent et quand vous rencontrerez quelqu’un qui souhaite sortir de tout ce système finissant, soyez ce panneau indicateur comme j’ai pu l’être pour vous !

Montrez-leur que le chemin est en eux, que le monde est en eux, que la vie est en eux, que tout ce qu’ils cherchent, souhaitent, désirent est déjà en eux et n’attend qu’une chose… Qu’ils se retournent enfin pour voir que la source dont ils ont besoin n’est plus dans ce monde, qu’elle ne fut jamais dans ce monde, que c’était qu’une supercherie, une blague… Car en eux ils ont déjà tout pour se nourrir eux même, pour se comprendre eux même, pour grandir eux même et ainsi vivre à leur propre mesure et jamais plus à la mesure d’autres qu’eux.

Un nouveau monde vous attend et c’est vous tous qui allez le créer…

Source: https://oeuvre-spirale.com/atteindre-loeil-du-cyclone-2/

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11 août 2024 7 11 /08 /août /2024 08:39
Ce que les chrétiens doivent à leurs frères aînés
 

Après vingt siècles de christianisme, et de longues périodes d’antisémitisme, la plupart des chrétiens ont perdu de vue l’origine hébraïque de leur foi.

Les développements culturels de la foi issue d’Israël en terre païenne, les conséquences de l’antijudaïsme séculaire, tout a joué dans le sens d’une amnésie spirituelle tragique.

Pourtant, que cela plaise ou non, tout ce qui structure notre identité et notre pratique chrétiennes est issu du judaïsme : “chrétien” vient de “christ“, mot grec pour l’original biblique “messie“, (mashiah) terme qui n’aurait aucun sens en dehors de l’histoire d’Israël.

Nos Ecritures saintes elles-mêmes intègrent telle quelle la Bible hébraïque, à laquelle s’ajoutent les écrits du Nouveau Testament, midrash et conclusion définitive de l’étape précédente.

Pendant le premier siècle, la communauté des disciples de Jésus le Nazaréen était encore massivement juive; ce n’est qu’au cours du 2ème siècle que les païens arrivés en force dans l’Eglise ont changé, parfois brutalement, le profil initial de leur communauté de foi au Dieu d’Israël.

Le terme même d’Eglise, “ecclesia”, est une reprise du mot biblique “qehal”, l’assemblée des fidèles convoquée par Dieu. (Dans l’épître de Jacques, on trouve même le terme grec “synagogue” pour désigner le rassemblement des chrétiens.) Le terme “paroisse” lui-même, qui vient du grec “paroikia“, était déjà utilisé pour désigner les regroupements de Juifs en diaspora, c’est à dire en Perse, en Egypte ou à Rome!

Vers la moitié du premier siècle, Paul le Pharisien devenu familier du Christ ressuscité, écrit à la jeune communauté des Romains: “ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte!” (Rom 11.18). Quelques décennies plus tard, l’évangile de Jean résumera la démarche en une formule simple: “le salut vient des Juifs !” (Jn 4.22).

C’est un fait que les premiers disciples et apôtres, tous juifs, comme Jésus, ont poursuivi naturellement leur pratique spécifique : prière, offrande, liturgie, interprétation de l’Ecriture, recherche d’une éthique en prise avec la vie; c’est bien en tant que croyants juifs qu’ils se sont ouverts à l’universel, et que pour cette raison, quelques décennies après l’expérience de la résurrection, ils ont reçu à Antioche, avec d’autres sympathisants du monothéisme juif, le nom de christianoï, c’est à dire messianistes. Après s’être désignés eux-mêmes comme les « viatores », les disciples de la Voie, ils ont été progressivement reconnus commecroyants à “l’avènement des derniers temps”.

D’où le rite du miqvè, chez les Juifs comme chez les Chrétiens du 1er siècle, l’ablution d’eau accompagnant la circoncision, tous deux signes d’appartenance au peuple de Dieu; on appelle même “baptême des prosélytes” une purification spéciale pour les païens sympathisants du judaïsme mais non circoncis, désirant marquer leur attachement à cette foi.

Peu à peu, seul le baptême subsistera chez les Chrétiens, afin d’assouplir les conditions d’entrée des non-juifs dans la communauté. Après la destruction du Temple de Jérusalem en 70, Juifs et Chrétiens, qui auparavant y priaient ensemble, vont se réunir dans des lieux de prière de remplacement, conscients les uns et les autres d’être finalement eux-mêmes la “demeure vivante” de Dieu qui n’abandonne pas les siens; ils deviennent le “sanctuaire” communautaire et itinérant de la Présence divine, la Shekhina.

Pour les Chrétiens, le repas eucharistique institué par Jésus dans l’esprit de la Pâque juive en est le prolongement; pour les Juifs, ce sera le rassemblement à la synagogue autour de la Torah. (A signaler que les catholiques ont gardé le pain azyme du seder pascal, avec la coupe de vin, par fidélité au mémorial juif de la libération d’Egypte, le zikkaron.)

Lorsque le nombre des Chrétiens s’est développé, on a construit des basiliques pour donner de l’espace aux liturgies, avec comme archétype le Temple de Jérusalem: l’autel, évoquant à la fois les sacrifices des périodes antérieures et le sacrifice du Christ, enracine toute célébration dans l’histoire sainte du peuple d’Israël.

La structure même de la liturgie chrétienne, méditation de la Parole de Dieu, action de grâces, communion, reprend le rythme du cérémonial juif. Le calendrier des fêtes chrétiennes s’inspire principalement des fêtes juives, comme Pâques et Pentecôte. Les prières communautaires se basent quotidiennement sur la récitation des psaumes, qui sont souvent chantés selon les traditions synagogales, ce qui va donner naissance au chant grégorien, typiquement oriental.

Les lampes à huile des sanctuaires rappellent les chandeliers et le décor du Temple de Jérusalem, évocation de la lumière qui vient de Dieu pour éclairer nos existences; les processions et l’encens lui-même remémorent les liturgies auxquelles Jésus a participé lors de pèlerinages, et où une fumée d’agréable odeur représente le mystère de la présence transcendante du Dieu vivant, comme aux temps de la nuée de l’exode.

On a souvent insisté sur le fait que Jésus n’était pas prêtre; c’est vrai et c’est faux. Vrai au sens où il n’était pas lévite, officiant permanent du Temple pour assurer les cérémonies de sacrifices d’expiation. Faux, parce que, suite à l’évolution antérieure du judaïsme post-exilique, tout Juif pratiquant avait clairement conscience d’être membre d’une nation de prêtres, et d’offrir à Dieu un sacrifice spirituel par son engagement religieux et éthique au quotidien.

Pour rendre témoignage au Dieu d’amour de sa Tradition, Jésus est allé jusqu’au sacrifice de sa vie, dans le registre du Serviteur souffrant d’Isaïe, ce que l’auteur de l’épître aux Hébreux considère comme sa manière d’être le grand-prêtre devant Dieu, celui qui ouvre aux fidèles le véritable sanctuaire du salut, celui par qui le sang versé efface définitivement l’empreinte du mal qui aliénait les consciences humaines.

Les ornements de la liturgie chrétienne, comme la chasuble et l’étole du célébrant qui représente toute l’assemblée unie face à Dieu, sont directement inspirés du châle de prière juif, le tallit. Les différentes formes de kiddoush, bénédiction traditionnelle, ont également trouvé leur place dans nos célébrations, sans oublier les onctions d’huile parfumée, lors de moments importants (engagement envers la communauté, prière pour un malade, effusion d’Esprit, etc).

Même le signe de croix sur le front, chose étonnante, vient du judaïsme, tout simplement parce que la lettre hébraïque tav, (voir Ez. 9.4) était communément tracée sur le front de juifs pieux en signe d’attachement à la Torah; et la forme ancienne du tav était X ou +.

Peut-être est-ce ce que Jésus a voulu dire, avant sa crucifixion, lorsqu’il a affirmé à ses disciples : “que celui qui veut être mon disciple porte sa croix…”(Mc 8.34) = c’est à dire “porte son tav, en forme de X”, et donc: porte le “joug” de la Torah?…Jean le présente comme l’aleph et le tav, le commencement et la fin.

Celui qui est venu accomplir et non pas abolir l’enseignement de Moïse et des prophètes nous invite à retrouver la sève hébraïque de notre foi chrétienne.

Ce n’est pas une option facultative, si nous voulons prendre au sérieux l’humanité de Jésus, son enracinement, pour être ses disciples attentifs.

Etre fidèles au rabbi “vivant par delà sa mort”, c’est prendre en compte toute l’incarnation de la Sagesse des pères qui s’est manifestée en lui. Sinon, impossible de considérer qu’en lui la logique de l’alliance, par laquelle Dieu rencontre l’humain, est parvenue à son accomplissement.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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11 août 2024 7 11 /08 /août /2024 04:30
Zoroastre et le Feu éternel

Le zoroastrisme est la religion monothéiste révélée la plus ancienne et pourtant la plus méconnue. Les zoroastriens sont environ cent-mille dans le monde. Leur sagesse vise l’harmonie en trois mots : Humata, Hukhta, Huvarshta, « bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions ».

Il est toujours interdit aux non-zoroastriens de pénétrer dans un « Temple de Feu » et personne ne peut se convertir à leur religion. On naît zoroastrien – ou Parsi –, d’un père zoroastrien. Zoroastre, l’« enfant né en riant » environ 1400 ans avant la naissance du Christ – l’époque à laquelle il vécut est sujette à discussions –, enseignait que la seule conversion qui vaille est la conversion du cœur et de la conscience.

Le feu de la sagesse éternelle d’Ahura Mazda, le Dieu absolu, ne s’est ainsi jamais éteint. Il continue d’illuminer la vie quotidienne des Parsis qui vivent leur religion sans jamais renoncer au monde, mais en s’engageant dans l’action professionnelle et sociale avec de « bonnes pensées », sans prosélytisme, et en rejetant toute forme de violence, d’idolâtrie ou d’oppression. Zoroastre donnait des directions spirituelles, sans dogmatisme ni fatalisme.

La moitié des cent-mille zoroastriens vit aujourd’hui à Bombay. Chez ceux qu’il m’est donné de fréquenter dans la mégapole indienne depuis des années, la tradition occupe toujours une place centrale. Zoroastre orne les murs de chaque maison, comme s’il gardait un œil bienveillant sur les manifestations de ses propres enfants. Le « Feu originel », apporté de l’Iran, continue de brûler à Udvada, un petit village en bord de mer, de l’État du Gujarat, qui demeure le principal lieu de pèlerinage des fidèles.

« Soyez joyeux et riez »

L’enseignement de Zoroastre – qui inspira à Nietzsche son célèbre Ainsi parlait Zarathoustra en 1885 –, si ancien et moderne à la fois, insiste sur l’importance de la prière, de l’humilité, du don de soi et de la bonne humeur, clés essentielles d’une vie spirituelle, comme en témoignent encore les Parsis : « Ne ratez jamais une occasion de faire une bonne action. L’art de prier est de ne jamais prier pour soi-même mais toujours pour son prochain. Soyez joyeux, riez autant que possible. Le rire est le meilleur médicament ». L’humour, omniprésent dans la communauté, m’est toujours apparu comme une voie royale vers le rappel de cette humilité essentielle, impersonnelle, vide de sa propre personne.

J’ai demandé à Ervad Dr Ramiyar Karanjia, qui forme les jeunes prêtres zoroastriens, quel était le sens de la sagesse et de l’éveil dans cet enseignement : « La sagesse est la capacité permettant à l’esprit de prendre des décisions basées sur l’information accumulée et les expériences passées. Elle implique également la connaissance de soi, de ses origines et de sa vie. Nos décisions évoluent avec notre niveau d’information. Quand l’esprit a intégré et converti en sagesse suffisamment de connaissances, la sagesse intérieure commence à se dévoiler avec l’aide de l’Intelligence Universelle. Un moment arrive où tout paraît rentrer dans l’ordre et l’univers entier semble être un seul organisme. Tout ce qui n’est pas significatif se fondra automatiquement dans l’insignifiance. Cet état est appelé Éveil, Illumination. »

Les rites de passage ponctuent la vie du zoroastrien pour le rappeler sans cesse à son devoir. À sa mort, il sera conduit à la « Tour de Silence », et son corps donné en offrande aux oiseaux, le temps que l’âme puisse prendre son envol vers le grand soleil. Toute sa vie, l’enfant de Zoroastre s’est répété que « la vertu élève le Grand prêtre et le rend aussi puissant qu’un roi », car « heureux sont ceux qui ne travaillent pas pour eux mais pour Dieu, car ils atteindront la divinité ». Extraite de l’Avesta – le livre sacré des zoroastriens, composé 600 ans avant notre ère en iranien ancien –, cette prière résume bien la sagesse des Parsis. « Quiconque chante le Yathâ Ahû Vairyô, enseigna Ahura Mazda à Zoroastre, je le protègerai comme mille soldats protège un homme. Celui qui chante cette prière et vie sa vie selon sa signification, son âme sera portée au Paradis ».

À lire

« Au cœur de l’Inde éternelle » et « Sur les rives de Mère Ganga », Pierre Bonnasse (Le Journal du Yoga, 2010 & 2012).

Zoroastre : Le prophète de l’Iran suivi de Paroles de Zoroastre, Jean Varenne (Dervy, 2012).

Source: http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/zoroastre-et-le-feu-eternel-12-02-2016-5273_110.php

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