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25 mai 2024 6 25 /05 /mai /2024 10:26
Nikola Tesla : « La mort n’existe pas… »
La vérité immortelle ! Nikola Tesla : « La mort n’existe pas, et avec cette même connaissance, sa peur disparaît. »
L’interview de Nikola Tesla, cachée pendant 116 ans, vous époustouflera…
L’héritage immortel de Nikola Tesla : la mort défiée, la lumière incarnée

Dans un monde plongé dans les ténèbres, un homme a osé éclairer le chemin vers la lumière éternelle. Nikola Tesla, un nom gravé dans les annales de l’histoire, transcende les frontières de la mortalité avec une révélation qui remet en question l’essence même de notre existence. La mort, telle que nous la connaissons, n’est qu’une illusion. Rejoignez-moi dans un voyage à travers les couloirs énigmatiques de l’esprit de Tesla alors que nous perçons les secrets de l’immortalité et embrassons la vérité radieuse selon laquelle la mort n’existe pas.

Nikola Tesla est un phare de défi contre les ténèbres. Sa profonde perspicacité, voilée sous couvert d’enquête scientifique, dévoile une vérité qui touche au cœur même de la peur humaine : la mort n’existe pas. C’est un concept fabriqué par des esprits mortels entravés par les limites de la perception. Mais Tesla, avec son génie visionnaire, a brisé ces chaînes, révélant une réalité où la vie transcende les limites du temps et de l’espace.

La proclamation de Tesla selon laquelle « aucun homme n’est jamais mort » résonne dans les couloirs de l’éternité, remettant en question les fondements de notre compréhension. Dans son paradigme, la mort n’est qu’une transition, une métamorphose de la conscience en pure lumière. Tel un phénix renaissant de ses cendres, les individus se débarrassent de leurs enveloppes mortelles et émergent comme des êtres lumineux, gravés à jamais dans la tapisserie de l’existence.

La clé de cette transcendance réside dans la conservation de l’énergie humaine – un principe que Tesla a consacré sa vie à démêler. Alors que le monde était émerveillé par ses innovations technologiques, la véritable quête de Tesla se situait dans les domaines de la spiritualité et de la moralité. Il a vu au-delà des pièges matériels de l’existence, fouillant dans l’essence de ce que signifie être humain.

« Je ne cherche pas pour moi mais pour le bien de tous », a déclaré Tesla, incarnant un altruisme rarement vu dans les annales de l’histoire. Ses découvertes, nées non pas d’un gain personnel mais d’un profond désir de soulager la souffrance humaine, détiennent le pouvoir de transformer des vies et d’éclairer le chemin vers une conscience supérieure.

Au cœur de la philosophie de Tesla se trouve le concept de lumière – à la fois littéral et métaphorique. À ses yeux, la lumière symbolise non seulement le point culminant de la compréhension scientifique, mais aussi l’essence de l’illumination spirituelle. Les particules de lumière, postule-t-il, ne sont pas liées par les contraintes de la mortalité mais retournent à leur état d’origine, fusionnant avec les énergies célestes qui imprègnent le cosmos.

C’est cette lumière divine que Tesla a vue à l’intérieur de chaque individu – une étincelle de la flamme éternelle qui nous relie à l’univers lui-même. À travers ses recherches, il a cherché à exploiter cette énergie, non pas pour un gain personnel, mais pour permettre à l’humanité d’atteindre de nouveaux sommets de réalisation spirituelle.

mortMais Tesla n’était pas seul dans sa quête d’immortalité. Il parle du Christ et de quelques privilégiés qui ont saisi le secret de la vie éternelle, transcendant les limites du domaine physique. Ce fut un voyage d’illumination, guidé par la vérité radieuse selon laquelle la mort n’est qu’une porte vers un plan d’existence supérieur.

À notre époque moderne, les enseignements de Tesla résonnent plus profondément que jamais. Dans un monde en proie à la peur existentielle et au malaise spirituel, son message offre une lueur d’espoir – une promesse que la mort n’est pas la fin, mais plutôt un début. En accueillant la lumière en nous, nous pouvons transcender l’illusion de la mortalité et nous éveiller aux possibilités illimitées qui se trouvent au-delà.

Mais l’héritage de Tesla n’est pas simplement une question de spéculation philosophique ; c’est un appel à l’action. Ses découvertes, depuis les principes du courant alternatif jusqu’à la transmission sans fil de l’énergie, ont révolutionné notre façon de vivre et d’interagir avec le monde qui nous entoure. Pourtant, au milieu des merveilles de la technologie moderne, nous ne devons pas perdre de vue les vérités plus profondes que Tesla a cherché à transmettre.

En 1899, Nikola Tesla a réalisé une interview avec un journaliste nommé John Smith, et les idées exprimées par Tesla dans cette interview étaient si révolutionnaires que le contenu de celle-ci a été dissimulé et caché pendant plus de 100 ans.

mortAu cours de l’interview, le scientifique et inventeur a expliqué que « tout est lumière » et que les rayons du soleil peuvent démêler ses visions de l’avenir de l’humanité.

On pensait généralement que Tesla avait inventé des moyens de fournir au monde entier une source d’énergie gratuite et illimitée, mais ses inventions ont été dissimulées par les entreprises en raison de la cupidité et des profits tirés de la combustion de combustibles fossiles pour produire de l’électricité.

Rapports d’UTGL : Une partie de cette interview est consacrée aux critiques de Tesla sur la théorie de la relativité d’Einstein qui rejette l’éther comme énergie. J’ai prouvé dans la nouvelle Théorie de la Loi Universelle pourquoi la théorie de la relativité d’Einstein est entièrement fausse et pourquoi il n’y a pas de vide et que tout est énergie.

 
REMARQUE : Avant de vous plonger dans l’interview captivante de Nikola Tesla, n’oubliez pas de jouer la musique de la vidéo ci-dessous : « Nikola Tesla 369 Code Music with 432 Hz Tuning, Ancient Frequency Healing Music » – Nikola Tesla : Code ce musique 369, avec réglage 432 Hz, musique de guérison des fréquences anciennes. – pour définir l’ambiance émotionnelle idéale. Profitez de cette interview perspicace. Merci.
NIKOLA TESLA : CODES DE MUSIQUE 369
Interview de Nikola Tesla par John Smith
Je confirme ainsi les idées de Tesla exprimées dans cette interview :

Journaliste : M. Tesla, vous avez acquis la gloire de l’homme qui s’est impliqué dans les processus cosmiques. Qui êtes-vous, M. Tesla ?
Tesla : C’est une bonne question, M. Smith, et je vais essayer de vous y donner la bonne réponse.

Journaliste : Certains disent que vous venez du pays de Croatie, de la région appelée Lika, où avec les gens poussent des arbres, des rochers et un ciel étoilé. On dit que votre village natal doit son nom aux fleurs des montagnes et que la maison où vous êtes né se trouve à côté de la forêt et de l’église.
Tesla : Vraiment, tout cela est vrai. Je suis fier de mon origine serbe et de ma patrie , la Croatie.

Journaliste : Les futuristes disent que le XXe et le XXIe siècle sont nés sous la direction de Nikola Tesla. Ils célèbrent à l’inverse le champ magnétique et chantent des hymnes au moteur à induction. Leur créateur s’appelait le chasseur qui captait la lumière dans son filet depuis les profondeurs de la terre, et le guerrier qui capturait le feu du ciel. Le père du courant alternatif fera que la physique et la chimie domineront la moitié du monde. L’industrie le proclamera saint suprême, banquier des plus grands bienfaiteurs. Dans le laboratoire de Nikola Tesla, pour la première fois, un atome est brisé.

Une arme est créée qui provoque les vibrations sismiques. On y découvre des rayons cosmiques noirs. Cinq races le prieront dans le Temple du futur car elles avaient enseigné un grand secret selon lequel les éléments d’Empédocle peuvent être arrosés avec les forces vitales des éthers.
Tesla : Oui, ce sont quelques-unes de mes découvertes les plus importantes. Je suis un homme vaincu. Je n’ai pas accompli la meilleure chose que je pouvais.

Journaliste : Qu’y a-t-il, M. Tesla ?
Tesla : Je voulais éclairer la terre entière. Il y a suffisamment d’électricité pour devenir un deuxième soleil. La lumière apparaîtrait autour de l’équateur, comme un anneau autour de Saturne.

L’humanité n’est pas prête pour le grand et le bien. À Colorado Springs, j’ai inondé la terre d’électricité. Aussi, on peut arroser les autres énergies, comme l’énergie mentale positive. On les trouve dans la musique de Bach ou de Mozart, ou dans les vers de grands poètes. À l’intérieur de la Terre se trouve l’énergie de la Joie, de la Paix et de l’Amour. Leurs expressions sont une fleur qui pousse de la Terre, la nourriture que nous en tirons et tout ce qui fait la patrie de l’homme. J’ai passé des années à chercher comment cette énergie pourrait influencer les gens. La beauté et le parfum des roses peuvent être utilisés comme médicament et les rayons du soleil comme aliment.

La vie a un nombre infini de formes et le devoir des scientifiques est de les trouver dans chaque forme de matière. Trois choses sont essentielles à cet égard. Tout ce que je fais, c’est les rechercher. Je sais que je ne les trouverai pas, mais je ne les abandonnerai pas.

zoroastre
Zoroastre

Journaliste : Quelles sont ces choses ?
Tesla : L’un des problèmes est la nourriture. Quelle énergie stellaire ou terrestre pour nourrir les affamés sur Terre ?

Avec quel vin abreuver tous ceux qui ont soif pour qu’ils puissent se réjouir dans leur cœur et comprendre qu’ils sont des Dieux ?

Une autre chose est de détruire la puissance du mal et de la souffrance dans laquelle passe la vie de l’homme ! Elles surviennent parfois sous forme d’épidémie dans les profondeurs de l’espace. Au cours de ce siècle, la maladie s’est propagée de la Terre à l’Univers.

La troisième chose est : y a-t-il un excès de Lumière dans l’Univers ? J’ai découvert une étoile qui par toutes les lois astronomiques et mathématiques pourrait disparaître et dont rien ne semble modifié. Cette étoile est dans cette galaxie. Sa lumière peut apparaître avec une telle densité qu’elle s’insère dans une sphère plus petite qu’une pomme, plus lourde que notre système solaire. Les religions et les philosophies enseignent que l’homme peut devenir le Christ, le Bouddha et Zoroastre. Ce que j’essaie de prouver est plus sauvage et presque inaccessible. C’est ce qu’il faut faire dans l’Univers pour que chaque être naisse sous la forme du Christ, de Bouddha ou de Zoroastre.

Je sais que la gravité est sujette à tout ce dont vous avez besoin pour voler et mon intention n’est pas de fabriquer des appareils volants (avions ou missiles), mais d’apprendre à un individu à reprendre conscience sur ses propres ailes… Plus loin ; J’essaie de réveiller l’énergie contenue dans l’air. Il y a les principales sources d’énergie. Ce qui est considéré comme un espace vide n’est qu’une manifestation de la matière qui n’est pas éveillée.

Il n’y a pas d’espace vide sur cette planète, ni dans l’Univers. Dans les trous noirs, dont parlent les astronomes, se trouvent les sources d’énergie et de vie les plus puissantes.

Journaliste : Sur la fenêtre de votre chambre de l’hôtel « Valdorf-Astoria », au trente-troisième étage, chaque matin, les oiseaux arrivent.
Tesla : Un homme doit être sentimental envers les oiseaux. C’est à cause de leurs ailes. L’humain les avait autrefois, les réelles et visibles !

Journaliste : Vous n’avez pas arrêté de voler depuis ces jours lointains à Smiljan !
Tesla : Je voulais voler du toit et je suis tombé : les calculs des enfants pourraient être erronés. N’oubliez pas que les ailes jeunesse ont tout dans la vie !

Journaliste : Êtes-vous déjà marié ? On ne sait pas si vous avez de l’affection pour l’amour ou pour une femme. Les photos de jeunesse montrent que vous étiez un bel homme.
Tesla : Oui. Je n’ai pas. Il y a deux points de vue : beaucoup d’affection ou pas du tout. Le centre sert à rajeunir la race humaine. Les femmes pour certaines personnes nourrissent et renforcent leur vitalité et leur esprit. Être célibataire fait la même chose avec les autres. J’ai choisi cette deuxième voie.

Journaliste : Vos admirateurs se plaignent que vous attaquiez la relativité. Ce qui est étrange, c’est votre affirmation selon laquelle la matière n’a pas d’énergie. Tout est imprégné d’énergie, où est-il ?
Tesla : Il y avait d’abord l’énergie, puis la matière.

Journaliste : M. Tesla, c’est comme lorsque vous disiez que vous étiez né de votre père, et non de vous.
Tesla : Exactement ! Qu’en est-il de la naissance de l’Univers ? La matière est créée à partir de l’énergie originelle et éternelle que nous appelons Lumière.
Il a brillé, et sont apparues les étoiles, les planètes, l’homme et tout sur la Terre et dans l’Univers. La matière est une expression de formes infinies de Lumière car l’énergie est plus ancienne qu’elle. Il existe quatre lois de la Création.
La première loi est la source de toutes les intrigues déroutantes et sombres que l’esprit ne peut pas concevoir, ni mesurer par les mathématiques. Dans cette intrigue rentre l’Univers tout entier.
La deuxième loi propage les ténèbres, qui sont la vraie nature de la Lumière, de l’inexplicable et se transforment en Lumière.
La troisième loi est la nécessité pour la Lumière de devenir une question de Lumière.
La quatrième loi est : pas de début ni de fin ; les trois lois antérieures ont toujours lieu et la Création est éternelle.

Journaliste : Dans votre hostilité envers la théorie de la relativité, vous allez jusqu’à donner des conférences contre son Créateur lors de vos fêtes d’anniversaire.
Tesla : Rappelez-vous, ce n’est pas l’espace courbe, mais l’esprit humain qui ne peut pas comprendre l’infini et l’éternité ! Si la relativité a été clairement comprise par son Créateur, il obtiendrait l’immortalité, même physiquement, s’il le voulait.

Je fais partie d’une lumière, et c’est la musique. La Lumière remplit mes cinq sens : je la vois, j’entends, je sens, je touche et je pense. Y penser fait appel à mon sixième sens. Les particules de lumière sont des notes écrites. Un éclair peut être une sonate entière. Mille boules de foudre, c’est un concert… Pour ce concert, j’ai créé une Boule de Foudre, que l’on peut entendre sur les sommets glacés de l’Himalaya. Concernant Pythagore et les mathématiques, un scientifique ne peut et ne doit pas enfreindre ces deux principes. Les nombres et les équations sont des signes qui marquent la musique des sphères. Si Einstein avait entendu ces sons, il n’aurait pas créé de théories sur la relativité. Ces sons transmettent à l’esprit des messages indiquant que la vie a un sens, que l’Univers existe en parfaite harmonie et que sa beauté est la cause et l’effet de la Création. Cette musique est le cycle éternel des cieux stellaires.

La plus petite étoile a terminé la composition et fait également partie de la symphonie céleste. Les battements du cœur de l’homme font partie de la symphonie sur Terre. Newton a appris que le secret réside dans la disposition géométrique et le mouvement des corps célestes. Il a reconnu que la loi suprême de l’harmonie existe dans l’Univers. L’espace courbe est le chaos, le chaos n’est pas la musique. Einstein est le messager du temps du bruit et de la fureur.

Journaliste : M. Tesla, entendez-vous cette musique ?
Tesla : Je l’entends tout le temps. Mon oreille spirituelle est aussi grande que le ciel que nous voyons au-dessus de nous. Mon oreille naturelle j’ai augmenté par le radar. Selon la théorie de la relativité, deux droites parallèles se rencontrent à l’infini. Ainsi, la courbe d’Einstein se redressera. Une fois créé, le son dure pour toujours. Pour un homme, elle peut disparaître mais continue d’exister dans le silence qui est sa plus grande puissance.
Non, je n’ai rien contre M. Einstein. C’est une personne gentille et il a fait beaucoup de bonnes choses, dont certaines feront partie de la musique. Je vais lui écrire et essayer de lui expliquer que l’éther existe et que ses particules sont ce qui maintient l’Univers en harmonie et la vie dans l’éternité.

Journaliste : Dites-moi, s’il vous plaît, dans quelles conditions Angel adopte-t-il la Terre ?
Tesla : J’en ai dix. Gardez de bons dossiers avec vigilance.

Journaliste : Je documenterai tous vos propos, cher M. Tesla.
Tesla : La première exigence d’ajustement consiste en une grande conscience de sa mission et du travail à accomplir. Il doit exister, ne serait-ce que vaguement, dans les premiers jours. Ne soyons pas faussement modestes ; un chêne sait que c’est un chêne, un buisson à côté de lui étant un buisson. Quand j’avais douze ans, j’étais sûr d’arriver à Niagara Falls. Pour la plupart de mes découvertes, je savais dès mon enfance que j’allais les réaliser, même si ce n’est pas tout à fait apparent…
La deuxième condition pour s’adapter est la détermination. Tout ce que je pouvais, je l’ai terminé.

Journaliste : Quelle est la troisième condition d’ajustement, M. Tesla ?
Tesla : Conseils pour toutes les énergies vitales et spirituelles du travail. Donc purification des nombreux effets et besoins de l’homme. Je n’ai donc rien perdu, mais juste gagné.

J’ai donc apprécié chaque jour et chaque nuit. Notez : Nikola Tesla était un homme heureux…
La quatrième exigence d’ajustement concerne l’assemblage physique avec une œuvre.

Journaliste : Que voulez-vous dire, M. Tesla ?
Tesla : Tout d’abord, la maintenance de l’assemblage. Le corps de l’homme est une machine parfaite. Je connais mon circuit et ce qui est bon pour lui. La nourriture que presque tout le monde mange est pour moi nocive et dangereuse. Parfois, je visualise que les chefs du monde entier conspirent tous contre moi… Touche ma main.

Journaliste : Il faisait froid.
Tesla : Oui. La circulation sanguine peut être contrôlée, ainsi que de nombreux processus en nous et autour de nous. Pourquoi as-tu peur, jeune homme ?

Journaliste : C’est une histoire que Mark Twain a écrite sur un mystérieux étranger, ce merveilleux livre de Satan, inspiré par vous.
Tesla : Le mot « Lucifer » est plus charmant. M. Twain aime plaisanter. Quand j’étais enfant, j’ai été guéri une fois en lisant ses livres. Lorsque nous nous sommes rencontrés ici et que nous lui en avons parlé, il a été tellement touché qu’il a pleuré. Nous sommes devenus amis et il venait souvent dans mon laboratoire. Une fois, il m’a demandé de lui montrer une machine qui, par vibration, provoque un sentiment de bonheur. C’était une de ces inventions pour le divertissement, ce que j’aime parfois faire.

J’ai prévenu M. Twain de ne pas rester sous ces vibrations. Il n’a pas écouté et est resté plus longtemps. Il a fini par être, comme une fusée, tenant un pantalon, s’est précipité dans une certaine pièce. C’était diaboliquement drôle, mais j’ai gardé le sérieux.

Mais, pour ajuster le circuit physique, en plus de l’alimentation, le rêve est très important. D’un travail long et épuisant, qui exigeait un effort surhumain, après une heure de sommeil, j’étais complètement rétabli. J’ai acquis la capacité de gérer mon sommeil, de m’endormir et de me réveiller à l’heure que j’ai désignée. Si je fais quelque chose que je ne comprends pas, je m’oblige à y penser dans mon rêve, et ainsi trouver une solution.

La cinquième condition d’ajustement est la mémoire. Peut-être que chez la plupart des gens, le cerveau est le gardien des connaissances sur le monde et des connaissances acquises au cours de la vie. Mon cerveau est engagé dans des choses plus importantes que la mémorisation, il sélectionne ce qui est nécessaire à un moment donné. C’est tout autour de nous. Il ne faut que le consommer. Tout ce que nous avons vu, entendu, lu et appris nous accompagne sous forme de particules lumineuses. Pour moi, ces particules sont obéissantes et fidèles.

Le Faust de Goethe, mon livre préféré, je l’ai appris par cœur en allemand quand j’étais étudiant, et maintenant je sais tout le réciter. J’ai gardé mes inventions pendant des années « dans ma tête », et c’est seulement ensuite que je les ai réalisées.

Journaliste :  Vous avez souvent évoqué le pouvoir de la visualisation.
Tesla : Je devrai peut-être remercier la visualisation – sixième condition d’ajustement – qui est pour tout ce que j’ai inventé. Les événements de ma vie et mes inventions sont réels sous mes yeux, visibles comme chaque événement ou objet. Dans ma jeunesse, j’avais peur de ne pas savoir ce que c’était, mais plus tard, j’ai appris à utiliser ce pouvoir comme un talent et un don exceptionnels. Je l’ai nourri et jalousement gardé. J’ai également fait des corrections par visualisation sur la plupart de mes inventions, et les termine ainsi, par visualisation je résous mentalement des équations mathématiques complexes. Pour ce don que j’ai, je recevrai le rang de Grand Lama au Tibet !

Ma vue et mon ouïe sont parfaites et, oserais-je le dire, plus fortes que les autres. J’entends le tonnerre à cent cinquante milles de distance et je vois dans le ciel des couleurs que les autres ne peuvent pas voir. Cet élargissement de la vision et de l’audition, je l’ai eu quand j’étais enfant. Plus tard, je me suis développé consciemment.

Journaliste : Dans votre jeunesse, vous avez été plusieurs fois gravement malade. Est-ce une maladie et une nécessité d’adaptation ?
Tesla : Oui. C’est souvent le résultat d’un manque d’épuisement ou de force vitale, mais souvent de la purification de l’esprit et du corps des toxines accumulées. Il faut qu’un homme souffre de temps en temps. La source de la plupart des maladies se trouve dans l’esprit. C’est pourquoi l’esprit peut guérir la plupart des maladies. Quand j’étais étudiant, j’ai été malade du choléra qui sévissait dans la région de Lika. J’ai été guéri parce que mon père m’a finalement permis d’étudier la technologie, ce qui était ma vie. Pour moi, l’illusion n’était pas une maladie, mais la capacité de l’esprit à pénétrer au-delà des trois dimensions de la terre.
Je les ai eus toute ma vie et je les ai reçus comme tous les autres phénomènes qui nous entourent. Un jour, quand j’étais enfant, je marchais le long de la rivière avec mon oncle et je disais : « De l’eau sortira la truite, je jetterai une pierre et elle sera coupée. » C’est ce qui est arrivé. Effrayé et étonné, son oncle s’écria : « Vade retro Satan’s ! » C’était un homme instruit et il parlait latin… J’étais à Paris lorsque j’ai vu la mort de ma mère. Dans le ciel, plein de lumière et de musique, flottent de merveilleuses créatures. L’une d’elles avait le caractère d’une mère, qui me regardait avec un amour infini. Lorsque la vision a disparu, j’ai su que ma mère était morte.

Journaliste :  Quel est le septième ajustement, M. Tesla ?
Tesla : La connaissance de la façon dont l’énergie mentale et vitale se transforme en ce que nous voulons et parvient à contrôler tous les sentiments. Les hindous l’appellent Kundalini Yoga. Ces connaissances peuvent être apprises pendant de nombreuses années ou acquises à la naissance. La plupart d’entre elles, je les ai acquises à la naissance. Elles sont en relation la plus étroite avec une énergie sexuelle qui est après la plus répandue dans l’Univers. La femme est la plus grande voleuse de cette énergie, et donc du pouvoir spirituel.

Je l’ai toujours su et j’ai été alerté. De moi-même, j’ai créé ce que je voulais : une machine réfléchie et spirituelle.

Journaliste : Un neuvième ajustement, M. Tesla ?
Tesla : Faites tout ce que vous voulez, n’importe quel jour, à tout moment, si possible, pour ne pas oublier qui nous sommes et pourquoi nous sommes sur Terre. Des gens extraordinaires qui luttent contre la maladie, les privations ou la société qui les blesse avec sa stupidité, ses incompréhensions, ses persécutions et d’autres problèmes que le pays est plein d’un marécage d’insectes, laisse derrière lui sans réclamation jusqu’à la fin du travail. Il existe de nombreux anges déchus sur Terre.

Journaliste : Quelle est la dixième adaptation ?
Tesla :  C’est le plus important. Écrivez que M. Tesla a joué. Il a joué toute sa vie et il a apprécié.

Journaliste : M. Tesla ! Que cela concerne vos découvertes et votre travail ? Est-ce un jeu ?
Tesla : Oui, mon cher garçon. J’ai tellement aimé jouer avec l’électricité ! Je grince toujours des dents quand j’entends parler de celui aussi du Grec qui a volé le feu. Une terrible histoire d’étalon et d’aigles qui lui picorent le foie. Zeus n’a-t-il pas eu assez d’éclairs et de tonnerre et a-t-il été endommagé pour une ferveur ? Il y a un malentendu… La foudre est le plus beau jouet que l’on puisse trouver. N’oubliez pas que dans votre texte ressortez : Nikola Tesla a été le premier homme à découvrir la foudre.

Journaliste : Monsieur Tesla, vous parlez simplement des anges et de leur adaptation à la Terre.
Tesla : Le suis-je ? C’est la même chose. On pourrait écrire ceci : il a osé prendre sur lui les prérogatives d’Indri, de Zeus et de Péron. Imaginez l’un de ces dieux vêtu d’un costume de soirée noir, avec un chapeau melon et portant des gants de coton blanc, préparant les éclairs, les incendies et les tremblements de terre à l’élite de New York !

Journaliste : Les lecteurs adorent l’humour de notre journal. Mais vous me confondez en affirmant que vos découvertes, qui présentent d’immenses avantages pour les gens, représentent le jeu. Beaucoup le désapprouveront.
Tesla :  Cher M. Smith, le problème est que les gens sont trop sérieux. S’ils ne l’étaient pas, ils seraient plus heureux et auraient vécu beaucoup plus longtemps. Un proverbe chinois dit que « le sérieux réduit la vie« . En visitant l’auberge, Tai Pe a deviné qu’il visitait le palais impérial. Mais pour que les lecteurs du journal ne froncent pas les sourcils, revenons aux choses qu’ils considèrent comme importantes.

Journaliste : Ils adoreraient connaître votre philosophie.
Tesla : La vie est un rythme qui doit être compris. Je ressens le rythme, je dirige dessus et je me dorlote. Cela m’a été très reconnaissant et m’a donné les connaissances que j’ai. Tout ce qui vit est lié à une relation profonde et merveilleuse : l’homme et les étoiles, les amibes et le soleil, le cœur et la circulation d’une infinité de mondes. Ces liens sont incassables, mais ils peuvent être apprivoisés, apaisés et commencer à créer des relations nouvelles et différentes dans le monde, sans pour autant violer les anciennes.

La connaissance vient de l’espace ; notre vision est son ensemble le plus parfait. Nous avons deux yeux : le terrestre et le spirituel. Il est recommandé qu’il devienne un œil. L’univers est vivant dans toutes ses manifestations, comme un animal pensant.

La pierre est un être pensant et sensible, comme une plante, une bête et un homme. Une étoile qui brille demande à être regardée, et si nous ne sommes pas assez égocentriques, nous comprendrons son langage et son message. Sa respiration, ses yeux et ses oreilles de l’homme doivent se conformer à la respiration, aux yeux et aux oreilles de l’Univers.

Journaliste : Pendant que vous dites cela, il me semble que j’entends des textes bouddhistes, des mots ou des Parazulzusa taoïstes.
Tesla : C’est vrai ! Cela signifie qu’il existe une connaissance générale et une vérité que l’homme a toujours possédées. D’après mon ressenti et mon expérience, l’Univers n’a qu’une seule substance et une seule énergie suprême avec un nombre infini de manifestations de vie. Le mieux est que la découverte d’une nature secrète révèle l’autre.

On ne peut pas se cacher, il y en a autour de nous, mais nous leur sommes aveugles et sourds. Si nous nous lions émotionnellement à eux, ils viennent eux-mêmes à nous. Il y a beaucoup de pommes, mais un Newton. Il n’a demandé qu’une seule pomme qui est tombée devant lui.

Journaliste : Une question qui pourrait être posée au début de cette conversation. Qu’est-ce que l’électricité pour vous, cher M. Tesla ?
Tesla : Tout est électricité. La première était la source de lumière, sans fin, à partir de laquelle on pointe la matière et on la distribue sous toutes les formes qui représentent l’Univers et la Terre avec tous ses aspects de la vie. Le noir est le vrai visage de la Lumière, mais nous ne le voyons pas. C’est une grâce remarquable envers l’homme et les autres créatures. L’une de ses particules possède une énergie lumineuse, thermique, nucléaire, radiologique, chimique, mécanique et non identifiée.
Il a le pouvoir de faire tourner la Terre sur son orbite. C’est un véritable levier d’Archimède.

Journaliste : M. Tesla, vous êtes trop favorable à l’électricité.
Tesla : Électricité, je le suis. Ou, si vous préférez, je suis l’électricité sous forme humaine. Vous êtes aussi l’électricité, M. Smith, mais vous ne vous en rendez pas compte.

Journaliste : Est-ce donc votre capacité à permettre des coupures électriques d’un million de volts à travers votre corps ?
Tesla : Imaginez un jardinier attaqué par des herbes. Ce serait en effet fou. Le corps et le cerveau de l’homme sont constitués d’une grande quantité d’énergie ; chez moi, il y a la majorité de l’électricité. L’énergie qui est différente chez chacun est ce qui constitue le « je » ou « l’âme » humaine. Pour les autres créatures, l’« âme » de la plante est, par essence, l’« âme » des minéraux et des animaux.

Le fonctionnement cérébral et la mort se manifestent dans la lumière. Mes yeux dans ma jeunesse étaient noirs, maintenant bleus, et à mesure que le temps passe et que le cerveau se renforce, ils se rapprochent du blanc. Le blanc est la couleur du ciel. Un matin, par ma fenêtre, une colombe blanche a atterri et je l’ai nourrie. Elle voulait m’annoncer qu’elle était mourante. De ses yeux sortaient des jets de lumière. Jamais dans les yeux d’aucune créature je n’avais vu autant de lumière que dans celui de ce pigeon.

Journaliste : Le personnel de votre laboratoire parle d’éclairs de lumière, de flammes et d’éclairs qui se produisent si vous êtes en colère ou si vous prenez des risques.
Tesla : C’est la décharge psychique ou un avertissement pour être vigilant. La lumière était toujours de mon côté. Savez-vous comment j’ai découvert le champ magnétique tournant et le moteur à induction, qui m’ont rendu célèbre à vingt-six ans ? Un soir d’été à Budapest, j’ai regardé le coucher du soleil avec mon ami Sigetijem.

Des milliers de feux tournaient dans des milliers de couleurs flamboyantes. Je me suis souvenu de Faust et j’ai récité ses vers et puis, comme dans un brouillard, j’ai vu un champ magnétique en rotation et un moteur à induction. Je les ai vus au soleil !

Journaliste : Le service de l’hôtel raconte qu’au moment de la foudre, vous vous isolez dans la chambre et vous parlez entre vous.
Tesla : Je parle avec les éclairs et le tonnerre.

Journaliste : Avec eux ? Quelle langue, M. Tesla ?
Tesla : Principalement ma langue maternelle. Il a les mots et les sons, surtout en poésie, qui lui conviennent.

Journaliste : Les lecteurs de notre magazine seraient très reconnaissants si vous pouviez interpréter cela.
Tesla : Le son n’existe pas seulement dans le tonnerre et les éclairs, mais dans une transformation en luminosité et en couleur. Une couleur peut être entendue. Le langage est fait de mots, ce qui veut dire qu’il est fait de sons et de couleurs. Chaque tonnerre et chaque éclair sont différents et portent leur nom. J’appelle certains d’entre eux par les noms de ceux qui ont été proches de ma vie, ou par ceux que j’admire.

Dans la clarté du ciel et le tonnerre vivent ma mère, ma sœur, mon frère Daniel, le poète Jovan Jovanovic Zmaj et d’autres personnages de l’histoire serbe. Des noms comme Isaïe, Ezéchiel, Léonard, Beethoven, Goya, Faraday, Pouchkine et tous les feux ardents marquent des bancs et des enchevêtrements d’éclairs et de tonnerre, qui n’arrêtent pas toute la nuit d’apporter sur la Terre une pluie précieuse et de brûler des arbres ou des villages.

Il y a des éclairs et du tonnerre, et ce sont les plus brillants et les plus puissants qui ne disparaîtront pas. Ils reviennent et je les reconnais parmi des milliers.

Journaliste :  Pour vous, science ou poésie, c’est la même chose ?
Tesla : Ce sont les deux yeux d’une seule personne. William Blake a appris que l’Univers est né de l’imagination, qu’il subsiste et qu’il existera aussi longtemps qu’il y aura un dernier homme sur Terre. Il s’agissait d’une roue sur laquelle les astronomes pouvaient rassembler les étoiles de toutes les galaxies. C’est l’énergie créatrice identique à l’énergie lumineuse.

Journaliste : Pour vous, l’imagination est plus réelle que la vie elle-même ?
Tesla : Cela donne naissance à la vie. J’ai nourri mon enseignant; J’ai appris à contrôler mes émotions, mes rêves et mes visions. Je l’ai toujours chéri, tout comme j’ai nourri mon enthousiasme. J’ai passé toute ma longue vie en extase. C’était la source de mon bonheur. Cela m’a aidée pendant toutes ces années à supporter le travail, ce qui a suffi pour cinq vies. Le mieux est de travailler la nuit, à cause de la lumière stellaire et des liens étroits.

Journaliste : Vous avez dit que je suis, comme tout être, la Lumière. Cela me flatte, mais j’avoue que je ne comprends pas bien.
Tesla : Pourquoi auriez-vous besoin de comprendre, M. Smith ? Il suffit d’y croire. Tout est léger. Dans l’un, son rayon est le destin des nations, chaque nation a son propre rayon dans la grande source de lumière que nous voyons comme le soleil. Et rappelez-vous : personne qui était là n’est mort. Ils se sont transformés en lumière et, en tant que tels, existent toujours. Le secret réside dans le fait que les particules lumineuses retrouvent leur état d’origine.

Journaliste : C’est la résurrection !
Tesla : Je préfère l’appeler : retour à une énergie antérieure. Christ et plusieurs autres connaissaient le secret. Je cherche comment préserver l’énergie humaine. Ce sont des formes de Lumière, parfois droites comme une lumière céleste. Je ne l’ai pas recherché pour moi-même, mais pour le bien de tous. Je crois que mes découvertes rendent la vie des gens plus facile et plus supportable, et les orientent vers la spiritualité et la moralité.

Journaliste : Pensez-vous que le temps puisse être aboli ?
Tesla : Pas tout à fait, car la première caractéristique de l’énergie est qu’elle se transforme. Il est en perpétuelle transformation, comme des nuées de taoïstes. Mais il est possible de tirer parti du fait qu’un homme conserve sa conscience après la vie terrestre. Dans tous les coins de l’univers existe l’énergie de la vie ; l’un d’eux est l’immortalité, dont l’origine est extérieure à l’homme et qui l’attend.

L’univers est spirituel ; nous n’en sommes qu’à la moitié. L’Univers est plus moral que nous car nous ne connaissons pas sa nature et comment harmoniser nos vies avec elle. Je ne suis pas un scientifique, la science est peut-être le moyen le plus pratique de trouver la réponse à la question qui me hante toujours et que mes jours et mes nuits ont transformé en feu.

Journaliste : Qu’est-ce qu’il y a ?
Tesla : Comment vos yeux s’éclairent-ils !… Ce que je voulais savoir, c’est : qu’arrive-t-il à une étoile filante lorsque le soleil s’éteint ? Les étoiles tombent comme de la poussière ou des graines dans ce monde ou dans d’autres mondes, et le soleil se disperse dans nos esprits, dans la vie de nombreux êtres, ce qui renaîtra comme une nouvelle lumière, ou vent cosmique dispersé dans l’infini.

Je comprends que cela est nécessaire et inclus dans la structure de l’Univers. Le problème, c’est qu’une de ces étoiles et un de ces soleils, même le plus petit, préservent.

Journaliste : Mais, Monsieur Tesla, vous réalisez que cela est nécessaire et inscrit dans la constitution du monde !
Tesla : Quand un homme souffre d’une commotion cérébrale ; que son objectif le plus élevé doit être de courir vers une étoile filante et d’essayer de la capturer ; comprendra que sa vie lui a été donnée à cause de cela et sera sauvé. Les étoiles finiront par pouvoir attraper !

Journaliste : Et que va-t-il se passer alors ?
Tesla : Le créateur rira et dira : « Il suffit que vous la poursuiviez et que vous l’attrapiez. »

Journaliste : Tout cela n’est-il pas contraire à la douleur cosmique dont vous parlez si souvent dans vos écrits ? Et qu’est-ce que c’est une douleur cosmique ?

Nikola Tesla
Mémorial de Nikola Tesla à Smiljan en Croatie

 

Tesla : Non, parce que nous sommes sur Terre… C’est une maladie dont la grande majorité des gens ignorent l’existence. D’où bien d’autres maladies, souffrances, mal, misère, guerres et tout ce qui fait de la vie humaine une condition absurde et horrible. Cette maladie ne peut pas être complètement guérie, mais la sensibilisation doit la rendre moins compliquée et moins dangereuse. Chaque fois qu’un de mes proches était blessé, je ressentais une douleur physique. C’est parce que nos corps sont constitués d’un matériau similaire et liés à notre âme avec des brins incassables. Une tristesse incompréhensible qui nous envahissait parfois fait que quelque part, de l’autre côté de cette planète, un enfant ou un homme généreux est mort.

L’Univers tout entier est à certaines périodes malade de lui-même et de nous. La disparition d’une étoile et l’apparition de comètes nous affectent plus que nous ne pouvons l’imaginer. Les relations entre les créatures sur Terre sont encore plus fortes, car à cause de nos sentiments et de nos pensées, la fleur parfumera encore plus belle ou tombera dans le silence.

Ces vérités, nous devons les apprendre pour être guéris. Le remède est dans nos cœurs et également dans le cœur des animaux que nous appelons l’Univers.

En fin de compte, l’héritage de Tesla transcende les limites du temps et de l’espace, résonnant dans les couloirs de l’éternité comme un témoignage de l’esprit indomptable de l’âme humaine. La mort, telle que nous la connaissons, n’est qu’une illusion passagère, une ombre projetée par l’éclat de notre propre lumière divine. Et en embrassant cette vérité, nous nous embarquons dans un voyage vers l’immortalité, guidés par la sagesse de l’une des plus grandes sommités de l’histoire.

Medea Greere
Journaliste indépendant
Pour : amg-news.com
 
Vous pouvez reproduire librement cet article et le retransmettre, si vous ne le modifiez pas et citez la source : www.energie-sante.net

 

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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 11:22

 

Les idées de Nikola Tesla sur l'Énergie Libre et la communication avec les Extraterrestres ont été exploitées par ses ennemis !

 


En 2020, l'Américain d'origine serbe Nikola Tesla n'a jamais été aussi célèbre et apprécié, mais en son temps il a été ridiculisé en tant que scientifique fou. 
Pourquoi ?
Comme tous ceux qui ont déjà exploré l'idée de la vie extraterrestre le savent, elle peut être un sujet tabou et méprisé par la société dominante.
La situation évolue rapidement, puisque le gouvernement américain a finalement admis que l'étude des phénomènes aériens non identifiés est en cours et qu'elle a évolué vers des changements officiels dans les procédures de signalement. 

Nikola Tesla

Nikola Tesla

Cependant, avec Tesla, (1856-1943), nous pouvons voir qu'il semble avoir été des années-lumière en avance sur son temps, utilisant sa pensée radicale pour inventer invention après invention.
Un exemple omniprésent est le système électrique à courant alternatif (CA) que nous utilisons quotidiennement. 

D'autres sont la technologie radio et les systèmes d'alimentation sans fil que nous considérons comme allant de soi aujourd'hui.
Tesla n'hésitait pas à discuter de ses réflexions sur la vie extraterrestre, ni même du fait qu'il pouvait établir un contact et apprendre de l'intelligence supérieure dans l'univers.
En 1899, la Croix-Rouge a demandé à Tesla de "prédire la plus grande réalisation possible de l'homme au cours du siècle prochain". Tesla a répondu qu'il l'avait déjà fait en recevant un signal d'un autre monde.
"À la Croix-Rouge américaine, à New York.
La rétrospective est glorieuse, la perspective est inspirante : On pourrait dire beaucoup des deux. Mais une idée domine mon esprit. Ceci - mon meilleur, mon plus cher - est pour votre noble cause.
J'ai observé des actions électriques, qui sont apparues inexplicables.
Aussi faibles et incertaines qu'elles aient été, elles m'ont donné la conviction et la prescience que, bientôt, tous les êtres humains de ce globe, ensemble, tourneront leurs yeux vers le firmament d'en haut, avec des sentiments d'amour et de révérence, ravis par la joyeuse nouvelle : "Frères ! Nous avons un message d'un autre monde, inconnu et lointain. Il se lit comme suit : un... deux... trois..."
Noël 1900″

En 1910, Tesla a déclaré au New York Times qu'il croyait que les signaux venaient de Mars et que "tout doute à cet égard sera bientôt dissipé".
Aussi brillant et prolifique qu'il ait été, Tesla était animé par des idées, et non par le succès commercial des entreprises.
Il s'est concentré sur la fourniture d'énergie gratuite et de communications mondiales sans fil à chaque personne.
Cette quête, ainsi que sa croyance ouverte dans les extraterrestres, semblent avoir été ses plus grandes faiblesses.
L'énergie libre et les conversations sur les extraterrestres étaient des sujets que ses ennemis pouvaient facilement exploiter contre lui, et c'est encore vrai aujourd'hui.
Tesla a reçu le traitement de scientifique fou, et ses idées sur les extraterrestres et l'énergie libre étaient considérées comme des paroles de fous, bien que certainement divertissantes.
Les investisseurs ont commencé à s'inquiéter de travailler avec Tesla. 

Après tout, comment l'énergie libre pouvait-elle être monétisée de toute façon ? 
 


 
D'après Biography.com :
"Avec le financement d'un groupe d'investisseurs dont faisait partie le géant financier J. P. Morgan, Tesla a commencé en 1901 à travailler sérieusement sur le projet d'énergie libre, en concevant et en construisant un laboratoire avec une centrale électrique et une énorme tour de transmission sur un site de Long Island, New York, qui est devenu connu sous le nom de Wardenclyffe.
Cependant, des doutes sont apparus parmi ses investisseurs quant à la plausibilité du système de Tesla.
Comme son rival, Guglielmo Marconi - avec le soutien financier d'Andrew Carnegie et de Thomas Edison - continuait à faire de grandes avancées avec ses propres technologies radio, Tesla n'a eu d'autre choix que d'abandonner le projet".
Tesla s'est brouillé avec les investisseurs et avec des géants de la société comme Thomas Edison et le financier et banquier J.P. Morgan.
Plus tard, lorsque ses idées sur Mars sont devenues publiques, il semble avoir scellé son destin.
Les rumeurs selon lesquelles Tesla recevrait un prix Nobel se sont évanouies en fumée, tout comme la preuve de la gratuité de la technologie énergétique.
Aujourd'hui, les concepts d'énergie libre et d'extraterrestres ne sont plus aussi marginaux, avec la montée de Tesla Motors en 2003 et la recherche permanente d'une intelligence extraterrestre (SETI) dans l'univers.
Tesla est passé du statut de figure culte à celui de héros populaire, et nous espérons qu'un jour, ses rêves se réaliseront au profit de toute vie sur Terre.
Pour en savoir plus sur Tesla et ses prétentions à un contact avec une intelligence supérieure provenant de Mars ou de l'espace, regardez ce clip de la chaîne Histoire :

 

 



Par  Janice Friedman sur :
https://humansarefree.com/2020/05/nikola-teslas-free-energy-communication-with-aliens.html

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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 09:32

Les Dessins retrouvés de Nikola Tesla révèlent une Carte Mathématique Géniale pour les Multiplications !



Certains documents importants ont été découverts par Abe Zucca, un artiste de l'Arizona. 
Les documents découverts comprennent une carte Nikola Tesla originale de la multiplication qui contiendrait des réponses aux questions que les mathématiciens tentent de résoudre depuis des années. 
Parmi les documents, il y a aussi des dessins de dispositifs technologiques portables et des manuscrits détaillant les systèmes à énergie libre. 

Découverte de la carte vers la multiplication

Découverte de la carte vers la multiplication

Joey Grether, un professeur de lycée, a examiné les documents et a dit de la carte de multiplication, qu'elle "offre une compréhension visuelle complète de la façon dont tous les nombres sont auto-organisés en 12 positions de compostabilité". 
Il a continué à dire : "Ce la percée est phénoménale. 
Si nous pouvions amener les élèves du monde entier à utiliser cette technique, à jouer avec elle et à comprendre comment l'utiliser, nous pourrions surmonter notre aversion culturelle pour les mathématiques. 
Au lieu de mémoriser la table de multiplication, nous pourrions apprendre la position des nombres et mieux comprendre leur fonctionnement."
Tous les nombres fonctionnent ensemble sur la base d'un modèle de douze nombres également appelé 12x ou multiples de douze. 

Il y a douze mois dans l'année, douze heures sur l'horloge (et vingt-quatre dans une journée) et douze pouces dans un pied. 
Douze est considéré comme le système composite le plus reconnu, tous ses multiples étant divisibles par 2, 3, 4 et 6. 
Avec une probabilité que quatre nombres sur douze soient premiers, c'est une autre raison clé pour que douze soit un nombre important.
Les chiffres, selon ce diagramme, s'organisent selon le modèle de 3, 6, 9 et 12 répétant la séquence, et une citation de Tesla qui disait : "Si vous ne connaissiez que la magnificence des 3, 6 et 9, alors vous avoir la clé de l'univers", suggère que cela est vital pour résoudre de nombreux problèmes que les mathématiciens tentent depuis longtemps de découvrir.

Le scientifique Marko Rodin a découvert que dans le modèle appelé Vortex Math, il existe un motif répétitif: 1, 2, 4, 8, 7, 5, 1, 2, 4, 8, 7, 5, 1, 2, 4, et ainsi à l'infini. 

Dans ce document, les nombres 3, 6 et 9 n'existent pas et, selon Rodin, c'est parce que ces nombres représentent un vecteur de la troisième à la quatrième dimension, appelé "champ d'écoulement". 
Ce champ est une énergie de dimension supérieure, influençant le circuit énergétique des six autres nombres. 
Allant encore plus loin, Randy Powell, un étudiant de Marko Rodin, affirme que c'est la clé secrète de l'énergie libre, que Tesla a recherchée jusqu'aux derniers jours de sa vie.


Carte mathématique Tesla

Toujours dans ce contexte, Tesla est crédité de la création d'une carte mathématique appelée la spirale tesla, qui aurait été trouvée dans un magasin d'antiquités à Phoenix, aux États-Unis.
Cette spirale numérique est un moyen d'organiser spatialement la série numérique naturelle en groupes de douze. 

Dans le modèle Tesla, les polygones utilisés (triangle, carré, hexagone) marquent les multiples (2, 3), tandis que les étoiles intérieures, les groupes premiers (qui n'apparaissent que dans les groupes numériques de 1, 3, 7 et 9).
À ce jour, il n'existe aucune formule mathématique qui prédit l'émergence de nombres premiers dans la série naturelle. 

La vérité est qu'en chevauchant les multiples, ils diminuent en quantité à mesure que la série progresse. 
Ce serait une grande découverte, la raison secrète des nombres premiers, et c'est sûrement ce que Tesla a principalement cherché à développer cette spirale numérique duodénale.
Tesla a attribué les qualités surnaturelles des numéros 3, 6 et 9, en particulier 3, auxquelles il a attribué un culte spécial.
Il est supposé que Tesla était bien versé dans les sciences hermétiques et les a probablement utilisées comme source d'inspiration, qui aurait connaissance de ces secrets numérologiques, de la géométrie planospatiale qui façonne le tissu de la réalité, comment les fréquences des vibrations énergétiques peuvent façonner la réalité elle-même, à partir d'hypothèses simples que "tout ce qui existe est de l'énergie et est en vibration constante".
Il n'est pas possible de dire à quel point ses idées étaient avancées dans ces domaines, mais les gens ont tendance à utiliser cela comme une base pour affirmer que Tesla, travaillant avec l'électromagnétisme, l'une des forces fondamentales de l'univers, pourrait être sur la voie de réalisations fantastiques telles que l'expérience. 

Philadelphie et que dans ses expériences, il causait des effets d'échelle quantique, même si à l'époque ce terme n'était pas encore habituel.


Source :

http://www.mundofreak.com.br/2019/10/05/a-conspiracao-tesla/
Posté par Rusty James :
http://rustyjames.canalblog.com/archives/2019/12/31/37903809.html


Autre sujet : Entrevue avec Nikola TeslaI pour la revue "Immortality 

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 07:53
Interview de NIKOLA TESLA pour la revue "Immortality" en 1899

Tout est Lumière. Dans l’un de ses rayons se trouve le destin des nations. Chaque nation a son propre rayon dans cette grande fontaine de lumière que nous percevons comme le soleil. Et rappelez-vous qu’il n’y a aucun homme qui ait existé et qui ne soit mort !
JOURNALISTE : M. Tesla, vous avez remporté la gloire de l’homme qui s’est intéressé aux processus cosmiques. Qui êtes-vous, monsieur Tesla ?
TESLA : La question est juste, M. Smith, et je vais essayer de vous donner la réponse juste.
JOURNALISTE : On dit que vous venez de la Croatie, de la zone appelée Lika, où les arbres, les roches et le ciel étoilé grandissent à côté des gens. On dit que votre village natal porte le nom des fleurs de la montagne, et que la maison dans laquelle vous êtes né se trouve à côté de la forêt et de l’église.
TESLA : Tout ce que vous dites est vrai. Je suis fier de mon origine serbe et de ma patrie croate.
JOURNALISTE : Les futuristes disent que le XXème et le XXIème siècles sont nés dans la tête de Nikola Tesla. Ils célèbrent le champ magnétique rotatif et chantent des hymnes au moteur à induction. 

Son créateur fut appelé "le chasseur qui attrapa la lumière dans ses filets depuis les profondeurs de la terre", et "le guerrier qui captura le feu du ciel".
On dit qu’il est le père du courant alternatif et que vous ferez que la Physique et la Chimie dominent la moitié du monde. L’industrie le proclamera comme son saint suprême, un banquier pour les plus grands bienfaiteurs. Dans le laboratoire de Nikola Tesla, on a brisé un atome pour la première fois. On a créé une arme qui produit des vibrations sismiques. Là, on découvrit des rayons cosmiques noirs.
Cinq races lui adresseront des prières dans le temple du futur, parce qu’il leur a enseigné un grand secret : on peut arroser les éléments d’Empédocle avec les forces de vie des éthers.

TESLA : Oui, voilà quelques-unes de mes découvertes les plus importantes. Malgré cela, je suis un homme vaincu. Je n’ai pas atteint le plus grand de mes objectifs. 

JOURNALISTE : Quel est-il, M. Tesla ?
TESLA : Je voulais illuminer toute la Terre. Il y a suffisamment d’électricité pour créer un deuxième soleil.
La Lumière apparaîtrait autour de l’Équateur, comme un anneau autour de Saturne. L’humanité n’est pas prête pour la grandeur et le bien.
À Colorado Springs, j’ai imprégné la terre d’électricité. Nous pouvons aussi arroser les autres énergies, comme l’énergie mentale positive. Elles sont dans la musique de Bach ou de Mozart, ou dans les vers de grands poètes. À l’intérieur de la Terre se trouvent les énergies de la Joie, de la Paix et de l’Amour, qui s’expriment par exemple au travers d’une fleur qui pousse sur la Terre, de la nourriture que nous lui soutirons et tout ce qui fait de la Terre le foyer de l’homme.
J’ai passé des années à chercher le moyen d’influencer les gens avec cette énergie. La beauté et le parfum des roses peuvent être utilisés comme médicament et les rayons du soleil comme nourriture. La vie a un nombre infini de formes et la tâche des scientifiques consiste à les trouver dans toutes les formes de la matière.
Trois choses sont essentielles là-dessus. Je ne fais que les chercher. Je sais que je ne les trouverai pas, mais je ne perdrai pas espoir. 



 


JOURNALISTE : Quelles sont ces choses ?
TESLA : La nourriture est un problème. Quelle énergie, stellaire ou terrestre, peut alimenter les affamés de la Terre ? Avec quel vin peut-on arroser toute la soif pour que les personnes puissent animer leur cœur et comprendre qu’ils sont des dieux ?
L’autre chose est de détruire la puissance du mal et la souffrance par laquelle passe la vie de l’homme ! Parfois, il y a comme une épidémie dans les profondeurs de l’espace. Dans ce siècle, la maladie s’est étendue de la Terre jusqu’à l’Univers.
La troisième chose est : y a-t-il un excès de lumière dans l’Univers ? J’ai découvert une étoile qui pourrait disparaître, selon les lois astronomiques et mathématiques, et malgré cela, rien ne changerait. Cette étoile est dans cette galaxie. Sa lumière peut se diffuser à une telle densité, qu’elle tiendrait dans une sphère plus petite qu’une pomme et serait en même temps plus lourde que notre Système Solaire.
Les religions et les philosophies enseignent que l’homme peut arriver à être le Christ, Bouddha, et Zarathoustra. Ce que j’essaie de démontrer est révolutionnaire et presque inaccessible. C’est ce qu’il faut faire dans l’univers pour que chaque être naisse comme Christ, Bouddha ou Zarathoustra.
Je sais que la gravité est contraire à tout ce qui doit voler et mon intention n’est pas de faire des dispositifs de vol (avions ou missiles), mais d’enseigner à l’individu à récupérer la conscience de ses propres ailes…
En plus, je suis en train d’essayer d’éveiller l’énergie contenue dans l’air. Il y a des sources d’énergie principales. Ce que l’on considère comme étant de l’espace vide n’est qu’une manifestation de la matière qui n’est pas éveillée.
Il n’y a pas d’espace vide sur cette planète, ni dans l’Univers…Les trous noirs, dont parlent les astronomes, sont les plus puissantes sources d’énergie et de vie.
JOURNALISTE : À la fenêtre de votre chambre de l’hôtel Waldorf-Astoria au trente-troisième étage, chaque matin viennent les oiseaux.
TESLA : Un homme doit être sensible aux oiseaux. C’est à cause de leurs ailes. L’être humain en avait autrefois, réelles et visibles.
JOURNALISTE : Vous n’avez pas cessé de voler depuis ces jours lointains à Smiljan !
TESLA : Je voulais voler depuis le toit et je suis tombé. Les calculs des enfants peuvent être faux. Rappelez-vous que les ailes de la jeunesse veulent tout avoir dans la vie !
JOURNALISTE : Avez-vous déjà été marié ? On ne sait pas si vous avez de l’affection pour l’amour ou pour une femme. Les photos de votre jeunesse montrent que vous étiez un homme attractif.
TESLA : Non, jamais. Il y a deux points de vue : ou bien on a beaucoup d’affection ou pas du tout. La voie du milieu sert pour rajeunir la race humaine. Pour certains hommes, les femmes nourrissent et fortifient leur vitalité et leur esprit. Chez d’autres personnes, être seul produit le même effet. J’ai choisi ce deuxième chemin. 



JOURNALISTE : Vos admirateurs se plaignent du fait que vous attaquez la relativité. Votre affirmation selon laquelle la matière n’a pas d’énergie est étrange. Tout est imbibé d’énergie, où est-elle ?
TESLA : Il y eut d’abord l’énergie et ensuite la matière.
JOURNALISTE : M. Tesla, c’est comme quand vous avez dit que vous êtes né de votre père et non de vous.
TESLA : Exactement ! Que se passe-t-il avec la naissance de l’Univers ? La matière est créée à partir de l’énergie originelle et éternelle que nous connaissons comme la lumière. Elle brillait et les étoiles, les planètes, l’homme et tout ce qu’il y a sur la Terre et dans l’Univers apparurent peu à peu.
La matière est une expression des formes infinies de la lumière, parce que l’énergie est plus vieille qu’elle.
Il y a quatre lois de la Création.
La première est que le mental ne peut pas concevoir ou mesurer mathématiquement la source de tout le plan déconcertant et obscur. Dans ce plan s’intègre tout l’Univers.
La deuxième loi réside dans l’obscurité expansive, qui est la véritable nature de la lumière, depuis l’inexplicable et qui est transformée en lumière.
La troisième loi est la nécessité de la lumière de devenir une matière de la lumière.
La quatrième loi est : il n’y a ni début ni fin ; les trois lois précédentes ont toujours lieu et la Création est éternelle.

JOURNALISTE : Dans l’hostilité à la Théorie de la Relativité, vous en arrivez même à donner des conférences contre son créateur les jours de ses anniversaires…
TESLA : Rappelez-vous : ce n’est pas l’espace qui se courbe, mais le mental humain qui ne peut pas comprendre l’infini et l’éternité !
Si la relativité était bien comprise par son créateur, il gagnerait l’immortalité, même encore physiquement, si cela était son désir.
Je fais partie d’une lumière qui est la musique. La lumière remplit mes six sens : je la vois, l’entends, la palpe, la sens, la touche et la pense. Penser à elle est mon sixième sens. Les particules de lumière sont des notes écrites. Un rayon peut être une sonate entière. Mille boules d’éclairs sont un concert. Pour ce concert, j’ai créé une boule d’éclairs qu’on peut entendre sur les pics gelés de l’Himalaya.
À propos de Pythagore et les mathématiques, un scientifique ne peut et ne doit pas les enfreindre. Les nombres et les équations sont des signes qui marquent la musique des sphères. Si Einstein avait écouté ces sons, il n’aurait pas créé la Théorie de la Relativité. Ces sons sont des messages dirigés au mental sur le fait que la vie a un sens, que l’Univers existe en parfaite harmonie et sa beauté est la cause et l’effet de la Création. Cette musique est le cycle éternel des cieux stellaires. L’étoile la plus petite a complété la composition et fait aussi partie de la symphonie céleste. Les battements du cœur de l’homme font partie de la symphonie de la Terre.
Newton apprit que le secret se trouve dans la disposition géométrique et le mouvement des corps célestes. Il reconnut que la loi suprême de l’harmonie existe dans l’Univers. L’espace courbe est le chaos, le chaos n’est pas la musique. Einstein est le messager de l’époque du bruit et de la furie.

JOURNALISTE : M. Tesla : Entendez-vous cette musique ?
TESLA : Je l’entends tout le temps. Mon ouïe spirituelle est aussi grande que le ciel que nous voyons au-dessus de nous. J’ai augmenté mon ouïe naturelle avec le radar.
Selon la Théorie de la Relativité, deux lignes parallèles se donneront rendez-vous dans l’infini. C’est pour cela que la courbure de l’espace d’Einstein se redressera.
Une fois créé, le son dure pour toujours. Il peut disparaître pour un homme, mais il continue à exister dans le silence qui est le plus grand pouvoir de l’homme. Non, je n’ai rien contre M. Einstein. C’est une personne très aimable et il a fait beaucoup de bonnes choses, certaines d’entre elles feront partie de la musique. Je vais lui écrire et essayer de lui expliquer que l’éther existe et que ses particules sont celles qui maintiennent l’Univers en harmonie et la vie dans l’éternité.

JOURNALISTE : Dites-moi, s’il-vous plaît, quelles conditions un Ange réunit-t-il sur la Terre ?
TESLA : J’en dénombre dix. Maintenez un bon enregistrement, et attentif.
JOURNALISTE : Je vais documenter toutes vos paroles, cher M. Tesla.
TESLA : Le premier prérequis est une haute conscience de sa mission et du travail à faire. Il doit, même si ce n’est que vaguement, exister dans les premiers jours.
Ne soyons pas faussement modestes : le chêne sait qu’il est un chêne ; un arbuste, à son côté, sait qu’il est un arbuste. Quand j’avais douze ans, j’étais sûr que j’arriverais aux chutes du Niagara. Je savais dès mon enfance que j’atteindrais la plupart de mes découvertes, même si ce n’était pas bien clair…La deuxième condition à réunir est la détermination. Tout ce que j’ai pu, je l’ai terminé.

JOURNALISTE : Quelle est la troisième condition de l’ajustement, M. Tesla ?  

TESLA : L’orientation de toutes les énergies vitales et spirituelles en œuvre. Par conséquent, la purifiation des nombreux effets et nécessités que l’homme a. Je n’ai donc rien perdu, j’ai seulement gagné. Je profite ainsi de chaque jour et de chaque nuit.
Prenez note : Nikola Tesla fut un homme heureux…Le quatrième prérequis est d’ajuster l’assemblage physique avec un travail.

JOURNALISTE : Que voulez-vous dire, M. Tesla ?
TESLA : Premièrement, le maintien de l’assemblage. Le corps de l’homme est une machine parfaite. Je connais mon circuit et ce qui est bon pour lui. Des aliments que presque tout le monde mange sont pour moi nocifs et dangereux. Parfois, je visualise les cuisiniers du monde tous en train de conspirer contre moi… Touchez ma main.
JOURNALISTE : Elle est froide.
TESLA : Oui. Le torrent sanguin peut être contrôlé, et beaucoup de processus à l’intérieur et autour de nous. Pourquoi avez-vous peur, jeune homme ?
JOURNALISTE : Mark Twain a écrit L’étranger mystérieux, un livre merveilleux sur Satan, inspiré par vous.
TESLA : Le mot "Lucifer" est plus enchanteur. Mark Twain aime blaguer. Quand j’étais enfant, j’ai une fois été guéri en lisant ses livres. Quand nous nous sommes rencontrés ici et je le lui ai dit, il était si ému qu’il a pleuré. On est devenus amis et il venait souvent à mon laboratoire. Une fois, il m’a demandé de lui montrer une machine qui, par sa vibration, provoque un sentiment de joie. C’était l’une de ces inventions pour se divertir, ce que j’aime faire parfois. J’ai prévenu M. Twain de ne pas rester sous ces vibrations. Il ne m’a pas écouté et il demeura plus longtemps. Il se transforma en une fusée agrippant ses pantalons et il entra dans une salle. C’était diaboliquement amusant, mais je suis resté sérieux.
Mais, pour ajuster le circuit physique, en plus des aliments, le sommeil est très important. Après un travail long et épuisant, qui requiert un effort surhumain, je serais complètement rétabli après une heure de sommeil. J’ai acquis l’habileté d’administrer le sommeil, m’endormir et me réveiller au moment désigné.
Si je fais quelque chose que je ne comprends pas, je m’oblige à penser dans mon rêve pour trouver une solution.
La cinquième condition d’ajustement est la mémoire. Peut-être que chez la plupart des gens, le cerveau est le gardien des connaissances sur le monde et la connaissance acquise au travers de la vie. Mon cerveau est occupé à des choses plus importantes que remémorer. Il rassemble ce qui est requis à un moment donné, c’est-à-dire, tout ce qui nous entoure. Il suffit de l’intérioriser.
Tout ce que nous avons vu, écouté, lu et appris, nous accompagne sous la forme de particules de lumière. Pour moi, ces particules sont obéissantes et fidèles. Quand j’étais étudiant, j’ai appris par cœur Faust de Goethe, mon livre préféré, en allemand, et je peux le réciter au complet maintenant. J’ai retenu mes inventions durant des années "dans ma tête" avant de les réaliser.

JOURNALISTE : Vous mentionnez souvent le pouvoir de la visualisation.
TESLA : Je vais devoir remercier la visualisation pour tout ce que j’ai inventé. Les événements de ma vie et mes inventions sont réels à mes yeux, comme n’importe quelle chose ou article.
Dans ma jeunesse, j’avais peur parce que je ne savais pas ce que c’était, mais plus tard, j’ai appris à utiliser ce pouvoir comme un talent exceptionnel et un cadeau. Je le nourrissais et le protégeais jalousement. Aussi, j’ai fait les corrections dans mes inventions au moyen de la visualisation et je les finissais de cette façon. Au travers de la visualisation, je résous mentalement des équations mathématiques complexes. Grâce à ce don que j’ai, je vais recevoir la distinction de Haut Lama du Tibet. Ma vue et mon ouïe sont parfaites, et j’ose dire qu’elles sont plus aiguës que chez les autres. J’entends le tonnerre à 150 kilomètres de distance et je vois des couleurs dans le ciel que d’autres personnes ne peuvent pas voir. J’ai cette amplification de la vue et de l’ouïe depuis que je suis enfant. Plus tard, je l’ai développée consciemment.

JOURNALISTE : Dans votre jeunesse, vous avez été plusieurs fois gravement malade. La maladie est-elle un prérequis pour s’adapter ?
TESLA : Oui. Souvent, c’est le résultat de l’excès d’épuisement ou de la force vitale, mais souvent c’est la purification du mental et du corps des toxines qui se sont accumulées. Il est nécessaire qu’un homme souffre de temps en temps. La source de la plupart des maladies est dans l’esprit. Par conséquent, l’esprit peut guérir presque toutes les maladies.
Quand j’étais étudiant, j’ai attrapé le choléra qui a ravagé la région de Lika. Je me suis rétabli parce que mon père m’a finalement permis d’étudier la technologie, qui était ma vie. L’illusion pour moi n’a pas été une maladie, mais la capacité du mental à pénétrer au-delà des trois dimensions de la Terre. J’ai eu des illusions toute ma vie, et je les ai reçues comme tous les autres phénomènes qui nous entourent.
Une fois, dans mon enfance, je marchais le long de la rivière avec mon oncle et je lui ai dit : "Une truite va sortir de l’eau, je vais jeter une pierre et la couper". Et c’est ce qui se passa. Apeuré et surpris, mon oncle s’exclama : "Vade retro, Satana !". C’était une personne éduquée et elle parlait en latin… J’étais à Paris quand je vis la mort de ma mère. Dans le ciel, rempli de lumière et de musique, des nuages flottaient ; c’étaient des créatures merveilleuses. L’une d’elles avait le caractère de la mère qui me regardait avec un amour infini. À mesure que la vision disparaissait, je sus que ma mère était morte.

JOURNALISTE : Quel est le septième ajustement, M. Tesla ?
TESLA : Savoir comment transformer l’énergie mentale et vitale en ce que nous voulons, et arriver au contrôle de tous les sentiments.
Les hindous l’appellent Kundalini-Yoga. Cette connaissance peut être apprise, ce qui requiert beaucoup d’années, ou on peut aussi l’acquérir de naissance. Pour la plupart, je l’ai acquis de naissance. C’est en étroite relation avec l’énergie sexuelle, qui est l’une des plus étendues dans l’Univers.
La femme est le plus grand voleur de cette énergie, et par conséquent du pouvoir spirituel. Je l’ai toujours su. C’est pour cela que j’ai été vigilant. J’ai créé de moi-même ce que je voulais : une machine réflexive et spirituelle.

JOURNALISTE : Neuvième ajustement, M. Tesla ?
TESLA : Faire tout notre possible, quelque soit le jour, quelque soit le moment, pour ne pas oublier qui nous sommes et pourquoi nous sommes sur la Terre. Il y a des personnes extraordinaires qui sont en train de lutter contre la maladie, la privation, ou la société qui les blesse avec sa stupidité, l’incompréhension, la persécution et d’autres problèmes dont le pays est rempli. Il y a beaucoup d’anges chutés sur la Terre.
JOURNALISTE : Quelle est la dixième adaptation ?
TESLA : C’est la plus importante. Écrivez dans la revue que M. Tesla a joué. Et toute sa vie, il a joué et il en a profité.
JOURNALISTE : M. Tesla ! Que ce soit en relation avec vos conclusions ou avec votre travail, ceci est un jeu ?
TESLA : Oui, cher jeune homme. Combien j’ai voulu jouer avec l’électricité ! Je frissonne toujours quand j’entends l’histoire du grec qui vola le feu. Une histoire terrible avec des clous et des aigles qui dévorent son foie. Zeus n’avait-il plus de foudres et de tonnerres et il fut blessé par la ferveur ? Il y a un malentendu…
Les foudres sont les jouets les plus beaux qu’on puisse trouver. N’oubliez pas de souligner dans votre texte que Nikola Tesla fut le premier homme qui découvrit la foudre.
JOURNALISTE : M. Tesla, vous êtes en train de parler des anges et de leur adaptation sur la Terre.
TESLA : En réalité, c’est la même chose. Vous pouvez écrire ce qui suit : il osa prendre sur lui les prérogatives d’Indri, de Zeus, et de Pérun.
Imaginez-vous l’un de ces Dieux avec un costume de soirée noir, avec le chapeau melon et avec des gants blancs en coton, en train de préparer des éclairs, des feux et des tremblements de terre pour l’élite de New-York !
JOURNALISTE : Les lecteurs adorent l’humour de notre journal. Vous me confondez quand vous dites que vos découvertes apportent d’énormes bénéfices pour les personnes et qu’en même temps, elles représentent un jeu. Beaucoup verront cela en fronçant les sourcils.
TESLA : Cher M. Smith, le problème est que les gens prennent tout trop sérieusement. S’ils ne prenaient pas tout trop sérieusement, ils seraient plus heureux et vivraient beaucoup plus longtemps. Un proverbe chinois dit que le sérieux réduit la vie. Mais pour que les lecteurs du journal ne froncent pas les sourcils, retournons aux choses que vous considérez importantes.
JOURNALISTE : Ils seraient ravis de connaître votre philosophie.
TESLA : La vie est un rythme qui doit être compris. Je sens le rythme, je le dirige et je me fais plaisir en lui. C’était très agréable et cela me donna la connaissance que j’ai. Tout ce qui vit est profondément et merveilleusement lié : l’homme et les étoiles, les amibes et le soleil, le cœur et la circulation d’un nombre infini de mondes. Ces liens sont incassables mais on peut les dompter, pour rendre possible et commencer à créer des relations nouvelles et différentes dans le monde, et qu’elles ne violent pas les vieilles.
La connaissance vient de l’espace. Notre vision est l’ensemble le plus parfait. Nous avons deux yeux : le terrestre et le spirituel. On recommande qu’ils deviennent un seul œil. L’Univers est vivant dans toutes ses manifestations, comme un animal pensant. La pierre est un être pensant et sensible, tout comme les plantes, les bêtes et l’homme. Une étoile qui brille demande à être vue et si nous n’étions pas si égocentriques, nous comprendrions son langage et son message. La respiration, les yeux et les oreilles de l’homme doivent être en accord avec la respiration, les yeux et les oreilles de l’Univers.
JOURNALISTE : Quand vous dites cela, il me semble entendre les textes bouddhistes, des paroles ou "Parazulzusa" taoïstes.
TESLA : C’est ainsi ! Ceci signifie qu’il existe une connaissance générale, et que la Vérité que l’homme a toujours possédée existe. Selon mon sentiment et mon expérience, l’Univers a une seule substance et une énergie suprême avec un nombre infini de manifestations de la vie. Le mieux est que la découverte d’une nature secrète révèle l’autre. On ne peut pas les cacher. Elles existent autour de nous mais nous sommes aveugles et sourds pour elles. Si nous nous attachons émotionnellement à elles, elles viennent à nous d’elles-mêmes. Il y a un tas de pommes, mais seulement un Newton. Il n’eut besoin que d’une pomme qui tomba face à lui.
JOURNALISTE : Je vous pose une question que j’aurais pu vous poser au début de cette entrevue : que fut l’électricité pour vous, cher M. Tesla ?
TESLA : Tout est électricité.
D’abord, il y eut la lumière, source sans fin d’où provient le matériel et qui est distribuée vers toutes les formes que représentent l’Univers et la Terre avec tous leurs aspects de la vie.
Le noir est le véritable visage de la Lumière, c’est juste que nous ne le voyons pas. C’est une grâce remarquable pour l’homme et les autres créatures.
Chacune de ses particules possède de la lumière, des radiations, de l’énergie thermique, nucléaire, chimique, mécanique et une énergie qui n’est pas encore identifiée. Elle a le pouvoir de conduire la Terre sur son orbite.
Elle est l’authentique levier d’Archimède.
JOURNALISTE : M. Tesla, vous êtes trop biaisé vis-à-vis de l’électricité.
TESLA : Je suis l’électricité. Ou si vous préférez, je suis l’électricité sous forme humaine. Vous êtes l’électricité aussi, M. Smith, mais vous ne vous en rendez pas compte.
JOURNALISTE : Est-ce pour cela que vous avez la capacité de supporter des décharges d’un million de Volts à travers votre corps ?
TESLA : Imaginez un jardinier attaqué par les herbes. En fait, ceci serait une folie.
Le corps de l’homme et le cerveau sont faits d’une grande quantité d’énergie. En moi existe la plupart de l’électricité.
L’énergie, qui est différente chez chacun, est ce qui fait de l’humain le "moi" ou "l’âme". Pour d’autres créatures, dans leur essence, l’âme de la plante est l’âme des minéraux et des animaux.
La fonction cérébrale et la mort se manifestent dans la lumière.
Quand j’étais jeune, mes yeux étaient noirs, maintenant ils sont bleus et avec le temps, comme la tension du cerveau s’accroit, ils s’approcheront du blanc. Le blanc est la couleur du ciel. À travers ma fenêtre, un matin, une colombe blanche arriva. Je lui donnai à manger. Elle voulait me dire qu’elle était en train de mourir. Des jets de lumière sortaient de ses yeux. Je n’avais jamais vu autant de lumière dans les yeux d’aucune créature comme j’en vis chez cette colombe.
JOURNALISTE : Le personnel de votre laboratoire parle d’éclairs de lumière, de feu et de tonnerres qui se produisent si vous êtes en colère ou en danger.
TESLA : C’est la décharge psychique ou un avertissement pour être vigilant. La lumière a toujours été de mon côté.
Savez-vous comment j’ai découvert le champ magnétique rotatif et le moteur à induction, qui me rendit célèbre quand j’avais 26 ans ? Un soir d’été, à Budapest, je regardais avec mon ami le coucher de soleil. Des milliers de feux faisaient des tours dans des milliers de couleurs flamboyantes. Je me suis souvenu de Faust et j’ai récité ses vers et ensuite, comme dans un brouillard, j’ai vu le champ magnétique tourner et le moteur à induction. Je les ai vus dans le soleil !
JOURNALISTE : Le service de l’hôtel dit que lorsqu’il y a des éclairs, vous avez l’habitude de vous isoler dans votre chambre et de parler tout seul.
TESLA : Je parle avec l’éclair et le tonnerre.
JOURNALISTE : Avec eux ? Dans quelle langue, M. Tesla ?
TESLA : Surtout dans ma langue maternelle. Elle a les mots et les sons, surtout en poésie, raison pour laquelle elle est appropriée.
JOURNALISTE : Les lecteurs de notre revue seraient très reconnaissants si vous expliquiez cela.
TESLA : Le son n’existe pas seulement dans le tonnerre et l’éclair, mais aussi dans sa transformation vers l’éclat et la couleur.
On peut écouter une couleur. La langue appartient aux mots, ce qui signifie qu’elle provient des sons et des couleurs.
Tous les tonnerres et les éclairs sont différents et ont leurs noms. J’appelle certains d’entre eux par les noms de ceux qui étaient proches de moi dans ma vie, ou bien de ceux que j’admire. Dans l’éclat du ciel et le tonnerre vivent ma mère, ma sœur, mon frère Daniel, un poète : Jovan Jovanovic Zmaj et d’autres personnes de l’histoire serbe. Des noms tels que Asisaiah, Ézechiel, Léonard, Beethoven, Goya, Faraday, Pouchkine et tous les bancs de feux ardents et enchevêtrements d’éclairs et de tonnerres, qui ne cessent pas de toute la nuit, apportant la pluie précieuse à la Terre, brûlant des arbres ou des villages. Il y a des éclairs et des tonnerres, et ils sont les plus brillants et les plus puissants, ils ne s’évanouiront pas. Ils reviennent et je les reconnais parmi des milliers.
JOURNALISTE : Pour vous, la science et la poésie sont une même chose ?
TESLA : Ce sont les deux yeux d’une personne.
On enseigna à William Blake que l’Univers naquit de l’imagination, qu’il se maintient et existera tant qu’il y aura un dernier homme sur la Terre. C’était la roue avec laquelle les astronomes ont pu rassembler les étoiles de toutes les galaxies. C’est l’énergie créatrice, identique à l’énergie de la lumière.
JOURNALISTE : Pour vous, l’imagination est plus réelle que la vie elle-même ?
TESLA : Elle donne de la lumière à la vie.
Je me suis nourri avec ma pensée, j’ai appris à contrôler les émotions, les rêves et les visions. J’ai toujours apprécié la façon dont j’ai nourri mon enthousiasme. Durant toute ma vie, j’ai passé beaucoup de temps en extase. Voilà la source de ma joie. Elle m’a aidé durant toutes ces années à travailler, ce qui fut suffisant pour cinq vies.
Le mieux est de travailler la nuit, à cause de la lumière stellaire et du lien étroit.

JOURNALISTE : Vous avez dit que je suis, comme tout être, la Lumière. Ceci me complimente, mais j’avoue ne pas très bien comprendre.
TESLA : Pourquoi est-il nécessaire de comprendre, M. Smith ? Il suffit de croire.
Tout est lumière. Dans l’un de ses rayons se trouve le destin des nations. Chaque nation a son propre rayon dans cette grande fontaine de lumière que nous percevons comme le soleil. Et rappelez-vous qu’il n’y a aucun homme qui ait existé et qui ne soit mort ! Il s’est transformé en lumière et il existe toujours en tant que tel. Le secret réside dans le fait que les particules de lumière rétablissent son état originel.

JOURNALISTE : C’est la résurrection !
TESLA : Je préfère l’appeler retourner à une énergie antérieure.
Le Christ et beaucoup d’autres connaissaient le secret. Je suis en train de chercher la manière de conserver l’énergie humaine. Il s’agit des formes de la lumière, parfois directement comme lumière céleste. Je ne l’ai pas cherchée pour mon bénéfice propre, mais pour le bien de tous. Je crois que mes découvertes rendent la vie des gens plus facile et plus supportable, et elles conduisent les gens vers la spiritualité et la moralité.

JOURNALISTE : Pensez-vous que le temps puisse être aboli ?
TESLA : Pas totalement, dû au fait que la première caractéristique de l’énergie est qu’elle se transforme. Elle est en constante transformation, comme les nuages des taoïstes.
Néanmoins, on peut tirer profit du fait que l’homme conserve la conscience après la vie terrestre.
Dans tous les recoins de l’Univers, l’énergie de la vie existe ; l’une d’entre elles est l’immortalité, dont l’origine est hors de l’homme et l’attend.
L’Univers est spirituel, comme notre moitié. L’Univers est plus moral que nous, parce que nous ne connaissons pas sa nature et la façon d’harmoniser notre vie avec lui.
Je suis un scientifique, la science est peut-être la façon la plus appropriée de trouver la réponse à la question qui me poursuit toujours et qui fait que mes journées et mes nuits se transforment en feu.

JOURNALISTE : Quelle est cette question ?
TESLA : Comme vos yeux brillent ! Je voulais savoir ce qu’il se passe pour une étoile fugace quand le soleil s’éteint… Les étoiles tombent comme de la poussière ou des semences dans ce monde ou dans d’autres, et le soleil se disperse dans nos esprits, dans les vies de beaucoup d’êtres, ce qui renaîtra comme une nouvelle lumière ou comme le vent cosmique dispersés dans l’infini.
Je comprends qu’il est nécessaire d’inclure cela dans la structure de l’Univers. Par contre, le problème est que l’une de ces étoiles et l’un de ces soleils, même le plus petit, se conserve.

JOURNALISTE : Mais M. Tesla, vous rendez-vous compte que ceci est nécessaire et est inclus dans la constitution du monde ?
TESLA : Quand un homme devient conscient, son objectif le plus élevé doit être de courir vers une étoile fugace et d’essayer de l’attraper. Il devra comprendre que sa vie lui a été donnée pour cela et il sera sauvé. Un jour, il sera possible d’attraper des étoiles !
JOURNALISTE : Et qu’arrivera-t-il alors ?
TESLA : Le Créateur rira en disant : "Elles tombent uniquement pour que tu les poursuives et que tu prennes possession d’elles".
JOURNALISTE : Tout cela n’est-il pas contraire à la douleur cosmique que vous mentionnez si souvent dans vos écrits ?
Et la douleur cosmique, qu’est-ce c’est ?

TESLA : Non, parce que nous sommes sur la Terre… C’est une maladie dont la plupart des gens ne sont pas conscients et qui est à l’origine de beaucoup d’autres maladies, la souffrance, la misère, le mal, les guerres et tout le reste, ce qui rend la vie de l’être humain absurde et horrible.
On ne peut pas guérir cette maladie complètement, mais la conscience la rend moins compliquée et dangereuse.
À chaque fois que l’un de mes proches a été blessé, j’ai senti de la douleur physique. Ceci est dû au fait que nos corps sont faits de matériel similaire, et notre âme est reliée avec les filaments incassables.
La tristesse incompréhensible qui nous abat parfois signifie que quelque part, de l’autre côté de la planète, un enfant ou un homme généreux est mort.
Parfois, l’Univers tout entier est malade de lui-même et de nous.
La disparition d’une étoile et l’apparition des comètes nous affectent plus que ce que nous pouvons nous imaginer.
Les relations entre les créatures de la Terre sont encore plus fortes, à cause de nos sentiments et de nos pensées. La fleur sentira encore plus ou bien elle tombera en silence. Nous devons apprendre ces vérités pour être guéris. Le remède est dans nos cœurs et aussi dans le cœur des animaux que nous appelons Univers. 



 

8 phrases célèbres de Nikola Tesla :


Peut-être vaudrait-il mieux, dans notre monde présent, qu’une idée révolutionnaire ou une invention, au lieu d’être aidée et applaudie, soit entravée et maltraitée dans son adolescence.

Nos vertus et nos défauts sont inséparables, comme la force et la matière. Quand on les sépare, l’homme cesse d’exister.

Le développement de l’homme dépend fondamentalement de l’invention. C’est le produit le plus important de son cerveau créatif

La compréhension mutuelle serait beaucoup plus facile si on utilisait une langue universelle.

J’ai investi tout mon argent dans des expériences pour faire de nouvelles découvertes qui permettront à l’humanité de mener une vie un peu plus facile.

Il n’y a pas d’émotion plus intense pour un inventeur que de voir l’une de ses inventions fonctionner.

Le scientifique ne cherche pas un résultat immédiat. Il n’espère pas que ses idées avancées soient acceptées facilement. Son devoir est d’asseoir les bases pour que ceux qui viennent montrent le chemin.

Un instrument bon marché, pas plus grand qu’une montre, permettra à son propriétaire d’écouter n’importe où, sur la mer ou sur la terre, des musiques ou des chansons, ou un discours d’un dirigeant politique, donné dans n’importe quel autre endroit lointain. De la même façon, n’importe quel dessin ou impression pourra être transférée d’un endroit à un autre.

 


Sources : http://www.vopus.org/fr/ & http://www.elishean.fr/

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 07:54
Nikola Tesla : Mes inventions (Fin)

                                                MES INVENTIONS

Chapitre VI
La Science des « Téléautomates »
(ou, de ce que nous appelons aujourd’hui, la robotique)



Aucun problème sur lequel je me sois jamais penché ne m’a demandé autant de concentration mentale et les nerfs les plus ténus de mon cerveau n’ont jamais été mis si dangereusement sous tension qu’avec ce système, fondé sur le Transmetteur Amplificateur. J’ai mis toute la force et la vigueur de la jeunesse dans mes travaux de recherches sur le champ en rotation, mais ces premiers travaux étaient d’un caractère différent. Bien qu’ils fussent fatigants à l’extrême, ils ne demandaient pas un discernement aussi pointu et épuisant que celui que je dus mettre en oeuvre en attaquant les nombreux problèmes énigmatiques de la transmission sans fil.

Malgré mon endurance physique exceptionnelle, à cette époque, mes nerfs abusés ont fini par se rebeller et je tombai dans une profonde dépression, alors que la fin de mes travaux longs et difficiles était presque en vue. Il ne fait aucun doute que j’aurais certainement dû payer une plus grosse rançon plus tard, et que très probablement ma carrière se serait terminée prématurément, si la providence ne m’avait pas équipée d’une soupape de sécurité qui, apparemment, s’est renforcée avec l’âge, et qui se met immanquablement en route lorsque je suis à bout de forces. Aussi longtemps qu’elle fonctionne, je ne cours aucun risque, même en cas de surmenage, ce qui n’est pas le cas d’autres inventeurs et, soit dit en passant, je n’ai pas besoin de prendre les vacances qui sont indispensables à la plupart des gens. Lorsque je suis sur le point de l’épuisement, je fais tout simplement comme les Noirs qui, « tout naturellement s’endorment pendant que les Blancs se font du souci. » En ce qui me concerne, j’avancerai la théorie suivante : mon corps accumule probablement petit à petit une quantité définie d’un agent toxique et je sombre alors dans un état quasi léthargique qui dure exactement une demi-heure et pas une minute de plus. À mon réveil, il me semble que les événements qui eurent lieu juste avant, datent d’il y a très longtemps, et si j’essaie de reprendre le fil de mes pensées, je ressens une véritable nausée mentale. Je me tourne alors inconsciemment vers d’autres travaux et je suis surpris de ma fraîcheur d’esprit et de la facilité avec laquelle je surmonte les obstacles qui m’avaient déconcerté auparavant. Après quelques semaines, voire quelques mois, ma passion pour le travail que j’avais temporairement délaissé revient et je trouve alors toujours les réponses aux questions épineuses, sans faire beaucoup d’efforts. À ce propos, laissez-moi vous raconter une expérience extraordinaire qui pourrait intéresser les étudiants en psychologie.

J’avais obtenu un effet renversant avec mon transmetteur relié à la terre, et j’essayais de trouver la véritable portée des courants transmis à travers la Terre. L’entreprise semblait désespérante, et j’y ai travaillé pendant plus d’un an sans jamais m’arrêter, mais en vain. Ces études approfondies m’ont tellement absorbé que j’en oubliais tout le reste, même ma santé minée. Finalement, lorsque je fus sur le point de m’écrouler, la nature déclencha le mécanisme de survie en m’entraînant dans un sommeil léthargique. Lorsque je repris mes esprits, je réalisai avec consternation que j’étais incapable de visualiser des scènes de ma vie, sauf celles de mon enfance, soit les toutes premières qui s’étaient inscrites dans ma conscience. Assez curieusement, celles-ci se présentèrent à ma vue avec une netteté étonnante et me procurèrent un soulagement bienvenu. Soir après soir, quand je me retirais pour y penser, de plus en plus de scènes de ma prime jeunesse se révélèrent à moi. L’image de ma mère était toujours le personnage central dans ce film qui se déroulait lentement, et je fus graduellement envahi par un désir de plus en plus fort de la revoir. Ce sentiment devint tellement puissant que je décidai de laisser tomber tout mon travail pour satisfaire mes envies. J’eus toutefois trop de mal à quitter le laboratoire, et plusieurs mois passèrent, au cours desquels je réussis à revivre toutes les impressions de ma vie jusqu’au printemps 1892. Dans l’image suivante qui surgit hors du brouillard de l’oubli, je me vis moi-même à l’Hôtel de la Paix à Paris, alors que j’émergeai d’un de ces petits sommes singuliers, qui avait été provoqué par des efforts mentaux prolongés. Imaginez la douleur et la détresse que je ressentis, lorsque je me souvins de la scène où l’on me remettait un télégramme m’annonçant la triste nouvelle que ma mère était en train de mourir. Je me rappelai mon long voyage du retour, au cours duquel je ne pus prendre une heure de repos, et sa mort après des semaines d’agonie ! Il est tout de même étonnant que durant toute cette période d’amnésie partielle, j’aie été parfaitement conscient de tout ce qui avait affaire avec mes recherches. Je pouvais me rappeler les moindres détails et les observations les plus insignifiantes de mes expériences, et même réciter des pages entières d’un texte et des formules mathématiques complexes. Je crois fermement en la loi de la compensation. Les justes récompenses sont toujours proportionnelles au travail et aux sacrifices. C’est une des raisons pour lesquelles je suis persuadé que parmi toutes mes inventions, le Transmetteur Amplificateur sera reconnu comme une pièce maîtresse et qu’il sera très utile aux générations futures. Ce qui me pousse à énoncer cette prédiction n’est pas tant l’idée d’une révolution commerciale et industrielle qu’il ne manquera pas d’entraîner, mais ce sont les conséquences humanitaires de toutes les applications qu’il va permettre. L’évaluation de sa simple utilité pèse moins sur la balance que les bénéfices que l’humanité va en tirer. Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes que nous ne pourrons pas résoudre si nous ne nous occupons que, peu ou prou, de notre existence matérielle. Au contraire, les progrès dans cette direction sont parsemés de risques et de dangers qui ne sont pas moins menaçants que ceux issus du désir et de la souffrance. Si nous pouvions libérer l’énergie atomique ou trouver quelque autre moyen pour obtenir de l’énergie bon marché en quantité illimitée en tout point du globe, cet exploit, au lieu d’être une bénédiction, serait une catastrophe pour l’humanité, car il sèmera le désaccord et l’anarchie qui finalement conduira à l’intronisation de l’odieux régime totalitaire. Le plus grand bien viendra des progrès technologiques visant essentiellement l’unification et l’harmonie, comme mon transmetteur radio. Il permettra de reproduire, n’importe où, la voix et les images humaines et de fournir aux usines une électricité venant de chutes d’eau à des milliers de kilomètres ; les aéronefs pourront faire le tour du monde sans escale et l’énergie solaire pourra servir à créer des lacs et des rivières qui produiront de l’énergie motrice et transformeront des régions arides en terres fertiles. Son introduction dans la télégraphie et la téléphonie va automatiquement mettre un terme aux parasites et à toutes les autres interférences qui, aujourd’hui, limitent étroitement les applications de la technologie radio. Cela étant un sujet d’actualité, quelques mots supplémentaires s’imposent.

Durant cette dernière décennie, bon nombre de personnes ont prétendu avec arrogance avoir réussi à résoudre ce problème de parasites. J’ai soigneusement examiné tous les descriptifs et ai testé la plupart de leurs théories bien avant qu’elles ne fussent publiées, mais les résultats furent tous négatifs. Une déclaration officielle récente de la Marine US pourrait peut-être apprendre, à quelques journalistes dupés, comment estimer ces déclarations à leur juste valeur. En règle générale, ces théories reposent sur des arguments tellement fallacieux que je ne peux m’empêcher de sourire lorsqu’elles me tombent entre les mains. Une nouvelle découverte fut annoncée très récemment dans un vacarme de trompettes assourdissant, mais il s’avéra bientôt qu’une fois de plus, la montagne avait accouché d’une souris. Cela me fait penser à un incident déconcertant, qui a eu lieu au temps où je faisais mes expérimentations avec des courants de haute fréquence. Steve Brodie venait tout juste de sauter du pont de Brooklyn. Cet exploit a depuis été déprécié parce qu’il est devenu populaire, mais sa première annonce avait électrisé New York. J’étais très impressionnable à l’époque, et je parlais souvent de ce courageux imprimeur. Un après-midi, alors qu’il faisait très chaud, je ressentis le besoin de me rafraîchir, et je franchis le seuil de l’un de ces trente mille établissements populaires que comptait cette grande ville, où l’on servait une boisson à 12° délicieuse, qu’aujourd’hui l’on ne trouve plus que dans les pays pauvres et dévastés d’Europe. La clientèle était nombreuse et pas particulièrement distinguée ; on parlait d’un sujet qui me donna l’occasion fortuite de dire impromptu : « C’est exactement ce que je disais lorsque j’ai sauté du pont ». Dès que j’eus prononcé ces mots, je me sentis comme le compagnon de Timotheus dans le poème de Schiller. En un instant il y eut un désordre indescriptible et une douzaine de voix hurlèrent : « C’est Brodie ! » J’ai jeté une pièce de 25 cents sur le comptoir et me suis précipité vers la porte, mais j’avais la foule à mes trousses qui criait : « Arrêtez-vous, Steve ! » Il y a sûrement eu un malentendu, car beaucoup de personnes essayèrent de m’arrêter dans ma course folle pour trouver un refuge. J’ai tourné plusieurs coins de rues et j’ai heureusement réussi – grâce à un escalier de secours – à rejoindre mon laboratoire, où je jetai mon manteau, me camouflai en forgeron laborieux et allumai la forge. Cette mise en scène s’avéra toutefois inutile ; j’avais semé mes poursuivants. Toutefois, pendant plusieurs années, lorsque, couché sur mon lit la nuit, mon imagination transformait les menus incidents de la journée en spectres, je me demandais ce que je serais devenu si cette meute m’avait attrapé et découvert que je n’étais pas Steve Brodie !

L’ingénieur qui, dernièrement, a expliqué devant une assemblée de techniciens un nouveau moyen pour venir à bout des parasites, se basant sur « une loi de la nature jusqu’ici inconnue », semble avoir été aussi imprudent que moi-même, lorsqu’il prétendit que ces perturbations se propagent verticalement, alors que celles d’un transmetteur se déplacent sur la surface de la Terre. Ce qui voudrait dire qu’un condensateur comme l’est la Terre elle-même, avec son enveloppe gazeuse pourrait se charger et se décharger d’une manière plutôt contraire aux enseignements fondamentaux des livres de physique élémentaires. Du temps de Franklin déjà, une telle hypothèse aurait été jugée fausse, parce qu’il était alors connu que l’électricité atmosphérique et celle produite par les machines étaient identiques. Manifestement, les perturbations naturelles et artificielles se propagent à travers la terre et l’air exactement de la même manière, et les deux produisent des forces électromotrices, dans le sens vertical comme horizontal. Aucune des méthodes avancées ne pouvait venir à bout des interférences. À vrai dire, la tension dans l’air augmente à raison d’environ 150 volts par mètre d’altitude, et c’est pourquoi on obtient une différence de tension de 20 000 voire de 40 000 volts entre la base et le sommet de l’antenne. L’atmosphère chargée se trouve en perpétuel mouvement ; elle transmet de l’électricité au conducteur de manière intermittente, et non continue, ce qui produit des crissements dans un récepteur téléphonique sensible. Cet effet sera d’autant plus prononcé que l’antenne sera longue et que l’espace entouré par les fils sera grand ; toutefois, il faut bien comprendre que ce phénomène est seulement local et qu’il n’a rien à voir avec le véritable problème. En 1900, alors que je perfectionnai mon système radio, un de mes appareils comptait quatre antennes. Elles étaient parfaitement étalonnées sur la même fréquence et reliées en parallèle, dans le but d’amplifier les effets lors de la réception des signaux depuis toutes les directions. Pour déterminer l’origine des impulsions transmises, je mettais chaque paire diagonale en série avec une bobine primaire qui fournissait de l’énergie au circuit de détection. Dans le premier cas, le souffle dans le téléphone était important et dans le second il cessa, comme je m’y attendais, les deux antennes se neutralisant l’une l’autre ; cependant, les véritables parasites étaient bien présents dans les deux cas, et je dus prendre des mesures spéciales, associées à d’autres principes.

Comme je l’avais déjà proposé il y a longtemps, ces bruits dus à l’atmosphère chargée, qui sont très importants dans les dispositifs que l’on construit aujourd’hui, disparaissent totalement, lorsque l’on utilise des récepteurs reliés en deux points à la terre, et par ailleurs, les risques de toutes sortes d’interférences sont réduits de moitié à cause du caractère directionnel du circuit. Ce qui était évident en soi, arriva comme une révélation pour quelques sans-filistes simples d’esprit, qui expérimentaient avec des appareils susceptibles d’être perfectionnés sans faire dans la dentelle, et qui étaient construits selon des principes mal compris. S’il était vrai que les bruits de friture sont aussi capricieux, il serait simple de s’en débarrasser en se passant des antennes. Mais en fait, un fil enterré dans le sol, donc en théorie parfaitement immunisé, est plus sensible à certaines impulsions extérieures qu’un fil placé à la verticale. Il faut être honnête ; de légers progrès ont déjà été réalisés, non en vertu d’une technique ou d’un appareil en particulier, mais tout simplement en abandonnant les énormes structures qui étaient déjà mauvaises pour la transmission, et parfaitement inadaptées pour la réception, et en adoptant un type de récepteur plus adéquat. Comme je l’ai déjà dit dans un article précédent, il faut entreprendre des changements radicaux dans ce système, si l’on veut se débarrasser de ces problèmes une fois pour toutes, et le plus tôt sera le mieux.

Ce serait en effet catastrophique si le corps législatif prenait hâtivement des mesures accordant son monopole à l’État, en ce temps où la technique est encore balbutiante et où sa plus grande majorité, y compris les experts, n’ont aucune idée de ses possibilités finales. C’est néanmoins ce qu’a proposé précisément, il y quelques semaines, le secrétaire d’État Daniels, et il ne fait aucun doute que la demande de cet officiel distingué fut présentée au Sénat et à la Chambre des Représentants de manière tout à fait convaincante. Toutefois, il est universellement reconnu que les meilleurs résultats s’obtiennent toujours dans une compétition commerciale saine. Il existe cependant des raisons exceptionnelles qui pourraient justifier du développement libre de la technologie sans fil. Premièrement, elle offre des perspectives autrement plus importantes et plus vitales pour l’amélioration de la condition humaine que n’importe quelle autre invention ou découverte dans l’histoire de l’humanité. Deuxièmement, il faut avouer que cette technique superbe a été entièrement développée ici et peut être appelée de plein droit « américaine », à l’inverse du téléphone, de l’ampoule à incandescence ou de l’avion. Des agents de presse et des courtiers en bourse aventureux ont tellement bien semé la désinformation, que même un périodique aussi réputé que le Scientific American a attribué ses plus grands mérites à un pays étranger. Les Allemands, bien sûr, nous ont apporté les ondes hertziennes, et les experts russes, anglais, français et italiens n’ont pas lésiné à les utiliser pour leur transmission de signaux. Il n’est pas étonnant qu’ils aient appliqué cette nouveauté dans ce but, mais ils se sont servi de la vieille bobine à induction classique et désuète, qui ne vaut guère plus que l’héliographe. Le rayon de transmission était très limité, les résultats obtenus de peu de valeur, et pour transmettre les informations, les oscillations hertziennes auraient pu être remplacées à l’avantage par des ondes sonores, comme je le disais déjà en 1891. En outre, tous ces efforts ont été menés trois ans après que les principes de bases du système radio – utilisés partout dans le monde aujourd’hui – et ses potentiels furent clairement décrits et développés en Amérique. Aujourd’hui, il ne reste rien des dispositifs et méthodes hertziens. Nous avons travaillé dans la direction opposée et ce que nous avons obtenu est le fruit des cerveaux et des efforts de citoyens de ce pays. Les brevets fondamentaux sont tombés dans le domaine public et chacun peut en disposer librement. L’argument suprême du Secrétaire d’État est basé sur les interférences. D’après lui, comme le dit le New York Herald du 29 juillet, les signaux d’une station puissante peuvent être captés dans chaque village sur cette Terre. En vertu de quoi, et comme je l’avais déjà démontré avec mes expérimentations en 1900, cela ne servirait pas à grand chose d’imposer des restrictions à l’intérieur des États-Unis.

Pour éclaircir ce point je dirais que tout récemment, je fus abordé par un gentleman bizarre qui voulait faire appel à mes services pour la construction de transmetteurs mondiaux dans un lointain pays. « Nous n’avons pas d’argent », dit-il, « mais des cargaisons d’or dont nous vous offrirons une grande part ». Je lui répondis que je voulais d’abord voir ce qui adviendrait de mes inventions en Amérique, et cela mit fin à notre entretien. Je suis convaincu, toutefois, que certaines forces de l’ombre sont à l’oeuvre et, à mesure que le temps passe, il sera de plus en plus difficile d’avoir des communications ininterrompues. La seule chose qui puisse sauver la situation serait un système immunisé contre toute sorte d’interférences. Un tel système a déjà été perfectionné, il existe, il suffit de le rendre opérationnel.

Le terrible conflit (la première Guerre Mondiale, ndlt) plane toujours dans la plupart des esprits, et il se pourrait que l’on attache dorénavant la plus haute importance au Transmetteur Amplificateur en tant que système d’attaque ou de défense, et plus particulièrement en connexion avec les ‘Téléautomates’. Cette invention est un aboutissement logique des observations que j’ai faites durant mon enfance et perpétuées ma vie durant. Lorsque les premiers résultats furent publiés, l’Elerctrical Review dit dans un éditorial, qu’elle serait un « des plus importants facteurs de progrès et de civilisation de l’humanité ». Cette prédiction ne saurait tarder à devenir réalité. Elle fut proposée au gouvernement en 1898 et en 1900 ; il aurait pu l’adopter si j’avais été du genre à frapper à toutes les portes. À cette époque, je pensais vraiment qu’elle était capable de mettre fin à la guerre, parce qu’elle a un pouvoir destructif illimité et qu’elle peut se passer de la participation active de l’élément humain. Toutefois, bien que je n’aie pas perdu foi en ses potentiels, mon avis, lui, a changé depuis.

La guerre ne pourra pas être éradiquée tant que subsistera la cause physique de son déclenchement qui, en dernière analyse, est un vaste problème d’ordre planétaire. Ce n’est que par l’annulation des distances à tous égards, comme la diffusion des informations, les moyens de transports et d’approvisionnement, et la transmission de l’énergie, que l’on obtiendra un jour les conditions requises assurant des relations amicales et durables. Ce que nous désirons aujourd’hui le plus, ce sont des contacts plus étroits, une meilleure compréhension entre les individus et les communautés partout dans ce monde, et l’élimination de cet engouement fanatique pour des idéaux exaltés de l’égoïsme et de la fierté nationaux, qui ont toujours tendance à faire plonger le monde dans des querelles d’un barbarisme primitif. Aucun parti et aucune loi ne pourra jamais empêcher ce type de calamité. Ce ne sont que de nouveaux moyens pour mettre le plus faible à la merci du plus fort. J’ai dit ce que je pensais à ce sujet il y a quatorze ans, lorsque feu Andrew Carnegie en appela à une union de quelques États souverains, une sorte d’Alliance Sacrée, dont on peut dire qu’il en fut le père spirituel, et à laquelle il a donné plus de publicité et d’élan que quiconque, avant que le Président ne prenne les choses en main. Bien que l’on ne puisse pas nier qu’un tel pacte puisse apporter des avantages matériels aux peuples les plus défavorisés, il ne peut pas atteindre l’objectif principal recherché. La paix s’installera tout naturellement lorsque les races seront éclairées et qu’elles se mélangeront entre elles ; nous sommes cependant toujours très loin de cet avènement heureux. Lorsque je regarde le monde d’aujourd’hui, à la lumière des gigantesques combats auxquels nous venons d’assister, je suis convaincu que, dans l’intérêt de l’humanité, les États-Unis devraient rester fidèles à leurs traditions et se maintenir en dehors des « alliances compliquées ». Au vu de sa situation géographique, loin des scènes où se trament les conflits menaçants, sans aucune motivation à vouloir agrandir son territoire, avec des ressources inextinguibles et une population très élevée, complètement imprégnée de liberté et de droit, ce pays est dans une position unique et privilégiée. Il est donc libre d’employer, en toute liberté, sa puissance colossale et sa force morale pour le bien de tous, de manière plus judicieuse et plus efficace que s’il était membre d’une alliance quelconque.

Dans un de ces récits autobiographiques, publiés dans l’Electrical Experimenter, je me suis arrêté sur les conditions de mon enfance et ai parlé d’une souffrance qui m’obligea à travailler sans relâche mon pouvoir d’imagination et mon auto-analyse. Cette activité mentale, qui fut à l’origine involontaire, mais induite par le stress de la maladie et des souffrances, devint graduellement ma seconde nature, et me fit finalement reconnaître que je n’étais rien de plus qu’un automate, dépourvu de son libre arbitre dans ses pensées comme dans ses actions, ne réagissant qu’aux impulsions de l’environnement. Nos corps physiques sont d’une nature tellement complexe, nos mouvements sont tellement divers et compliqués et nos impressions sensorielles si délicates et insaisissables, qu’il est très difficile au commun des mortels de comprendre cela. Pourtant, il n’y a rien de plus réaliste, aux yeux de l’observateur aguerri que la théorie mécaniste de la vie qui fut, dans une certaine mesure, comprise et exposée par Descartes, il y a trois siècles. De son temps, on ignorait tout du fonctionnement de notre organisme, et les philosophes ne savaient rien de la nature de la lumière, de l’anatomie de l’oeil et du mécanisme de la vision. Ces dernières années, les progrès de la recherche scientifique dans ces domaines ont été tels qu’il n’y a plus de mystère à ce sujet, sur lequel du reste de nombreux travaux ont été publiés. Un des protagonistes les plus capables et les plus éloquents est peut-être Félix Le Dantec, un ancien assistant de Pasteur. Le professeur Jacques Loeb a procédé à des expérimentations remarquables en héliotropisme, où il a décrit clairement que la lumière joue un rôle déterminant dans les formes d’organismes primaires ; son dernier livre Forced Mouvements (Mouvements réflexes) est très révélateur. Néanmoins, alors que les scientifiques accordent à cette théorie la même valeur qu’à toutes les autres qu’ils ont reconnues et admises, pour moi, elle est une vérité que j’expérimente à tout moment dans chacun de mes actes et chacune de mes pensées. Dans mon esprit, j’ai toujours conscience que ce sont les impressions extérieures qui me poussent à toutes sortes d’efforts, qu’ils soient physiques ou mentaux. Ce n’est que dans de très rares occasions, comme lorsque je fus en état de concentration exceptionnelle, que j’eus du mal à localiser les impulsions originelles. Les hommes, dans leur immense majorité, n’ont jamais conscience de ce qui se passe autour et en en eux, et ils sont des millions à succomber prématurément de maladies, justement à cause de cela. Les faits quotidiens les plus banaux leur semblent mystérieux et inexplicables. Quelqu’un peut subitement être envahi par une vague de tristesse ; il en cherchera une explication mentale, alors qu’il aurait pu remarquer qu’elle fut tout simplement déclenchée par un nuage obscurcissant momentanément le soleil. Il peut visualiser un ami qu’il affectionne dans une situation qu’il jugera bien singulière, alors qu’il vient de le croiser dans la rue ou de voir sa photo. S’il perd un bouton de manchette, il va s’énerver et jurer pendant une heure, étant incapable de se souvenir de ce qu’il vient de faire, et de retrouver l’objet perdu par déduction. Ne pas savoir observer n’est rien de plus qu’une autre forme de l’ignorance, responsable de nombreux concepts morbides et idées farfelues qui prédominent aujourd’hui. Il n’y a pas plus de dix pour cent des gens qui ne croient pas en la télépathie ou à d’autres manifestations psychiques, au spiritisme ou à la communication avec les morts, et qui refuseraient d’écouter des charlatans altruistes ou non. Ne serait-ce que pour illustrer combien cette tendance s’est bien enracinée, même parmi la population américaine la plus saine d’esprit, je vais citer une anecdote plutôt comique.

Peu de temps avant la guerre, alors que l’exposition de ma turbine entraînait de très nombreux commentaires dans les journaux scientifiques, je prédis que les fabricants se disputeraient la place pour obtenir mon invention ; je pensais tout particulièrement à un homme de Détroit, qui a le don surprenant de savoir accumuler les millions. J’étais tellement persuadé qu’il montrerait son nez un jour, que j’en parlai à ma secrétaire et aux assistants. Effectivement, un beau matin, un groupe d’ingénieurs de la Ford Motor Compagny se présenta, et voulut discuter avec moi d’un projet très important. « Ne l’avais-je pas dit ? », déclarai-je triomphalement à mes employés, dont l’un d’eux répondit : « Vous êtes étonnant, M. Tesla, tout se passe toujours comme vous le prédites. » Sitôt que ces hommes d’affaires réalistes se furent assis, je commençai à vanter les merveilleuses caractéristiques de ma turbine, lorsque leur porte-parole m’interrompit et dit : « Nous savons tout cela, mais nous sommes venus dans un but tout à fait particulier. Nous avons fondé une association de psychologues pour étudier les phénomènes psychiques et nous voudrions que vous y adhériez. » Je suppose que ces ingénieurs ne savaient pas, qu’avec de semblables propos, ils allaient se faire virer de mon bureau.

Depuis que certains des plus grands hommes de notre époque – des scientifiques de pointe dont les noms sont immortels – m’ont dit que j’avais un don exceptionnel, j’ai concentré toute mon énergie mentale sur la recherche de solutions aux grands problèmes, quels que soient les sacrifices que cela devait impliquer. J’ai cherché, pendant des années, à résoudre l’énigme de la mort, et ai été à l’affût du moindre signe spirituel. Toutefois, je n’ai eu qu’une seule expérience au cours de ma vie qui me fit penser momentanément qu’elle fut surnaturelle. Cela se passa à l’époque de la mort de ma mère. J’étais complètement épuisé par la souffrance et les longues nuits sans sommeil et, une nuit, on me transporta dans un immeuble à deux pas de chez nous. J’étais couché là, désarmé, et je pensai que si ma mère devait mourir alors que je n’étais pas à son chevet, elle me ferait certainement signe. Deux ou trois mois auparavant, j’étais à Londres avec feu mon ami Sir William Crookes ; nous parlions de spiritisme et mon esprit était complètement accaparé par ces pensées. Peut-être n’aurais-je pas écouté un autre homme, mais j’étais très sensible à ses arguments ; c’est son oeuvre, qui a fait époque, sur le rayonnement de la matière, que j’avais lue lorsque j’étais étudiant, qui m’avait décidé à embrasser la carrière d’ingénieur en électrotechnique. Je me dis que les conditions pour aller jeter un oeil dans l’au-delà étaient très favorables, car ma mère était une femme géniale et particulièrement douée d’une grande intuition. Durant toute la nuit, chaque fibre de mon cerveau était dans une vive expectative, mais il ne se passa rien jusqu’au petit matin où je m’endormis, ou peut-être tombai évanoui ; je vis alors un nuage transportant des figures angéliques d’une merveilleuse beauté, dont l’une me regarda avec tendresse et prit peu à peu les traits de ma mère. Cette vision flotta doucement à travers la pièce, puis disparut. Je fus réveillé par un doux chant à plusieurs voix, qu’il m’est impossible de décrire. À ce moment-là, je fus envahi par une certitude intuitive que ma mère venait de mourir. Et c’était vrai. J’étais incapable de supporter le poids énorme de cette prédiction douloureuse, et j’écrivis une lettre à Sir William Crookes alors que j’étais toujours dominé par ces émotions et en très mauvaise santé physique. Lorsque je fus rétabli, j’ai longtemps cherché une cause extérieure à cette manifestation étrange et, à mon grand soulagement, j’y suis arrivé au bout de quelques mois de vains efforts. J’avais vu une peinture d’un artiste célèbre représentant en allégorie une des quatre saisons sous la forme d’un nuage et d’un groupe d’anges, qui en fait semblait flotter dans les airs ; ce tableau m’avait fortement impressionné. C’est précisément lui que j’avais vu dans mon rêve, excepté la ressemblance avec ma mère. La musique venait de la chorale dans l’église toute proche où l’on célébrait la messe en ce matin de Pâques ; cela expliquait tout de manière très satisfaisante, appuyée par des faits scientifiques.

Cela s’est passé il y a très longtemps et, depuis, je n’ai jamais eu la moindre raison de changer d’avis en ce qui concerne les phénomènes psychiques ou spirituels pour lesquels il n’existe absolument aucun fondement. La croyance en ces choses découle tout naturellement du développement intellectuel. Lorsque les dogmes religieux perdent toute crédibilité orthodoxe, chaque homme ne demande qu’à croire à un quelconque pouvoir suprême. Nous avons tous besoin d’un idéal pour diriger notre vie et assurer notre sérénité, peu importe qu’il soit basé sur une religion, un art, une science ou toute autre chose, pourvu qu’elle remplisse les fonctions d’une force immatérielle. Il est capital de faire prévaloir une conception commune pour que l’humanité, en tant que tout, vive dans la paix.

Même si je n’ai réussi à obtenir aucune preuve venant corroborer les affirmations des psychologues et des spiritualistes, je fus pleinement satisfait de prouver l’automatisme de la vie, non seulement par l’observation continue des actes individuels, mais aussi et surtout grâce à certaines généralisations. Celles-ci ont conduit à une découverte que j’estime de la plus haute importance pour l’humanité, et sur laquelle je vais m’étendre un peu maintenant. Je soupçonnai pour la première fois cette vérité stupéfiante à la fin de mon adolescence. Toutefois, pendant bon nombre d’années, j’ai interprété mes sensations comme de pures coïncidences. Et notamment, lorsque moi-même ou une personne qui m’était chère, ou une cause que je défendais, se faisaient agresser par d’autres d’une manière que l’on pourrait dire profondément injuste, je ressentais une peine singulière et indéfinissable que j’ai qualifiée de « cosmique » à défaut d’un terme plus adéquat ; immanquablement, peu de temps après, les agresseurs furent accablés de malheurs. Après plusieurs de ces expériences, j’ai confié cela à quelques amis qui avaient la possibilité de vérifier la justesse de cette théorie que j’avais graduellement établie et que l’on peut formuler de la manière suivante.

Nos corps ont une structure commune et sont exposés aux mêmes influences extérieures. De ce fait, nous réagissons pareillement et nos activités générales, sur lesquelles sont basées notre système de règles sociales ou autres et nos lois, sont concordantes. Nous ne sommes rien de plus que des automates entièrement à la merci des forces de l’environnement, et nous sommes ballottés comme des bouchons à la surface de l’eau et confondons la résultante des impulsions extérieures avec le libre arbitre. Nos mouvements et autres actions ont toujours un caractère conservateur et bien qu’apparemment nous paraissions indépendants les uns des autres, nous sommes unis par des liens invisibles. Tant qu’un organisme est en équilibre parfait, il répond avec précision aux agents qui le commandent, mais dès lors que cet équilibre est tant soit peu rompu, son instinct de conservation est compromis. Tout le monde comprendra que la surdité, une vue affaiblie, ou un membre blessé, peuvent réduire les chances de vivre d’une manière autonome. Cela est encore plus manifeste dans le cas de dysfonctionnements cérébraux qui vont priver l’automate de cette qualité de vie et le conduire à sa perte. Un individu très sensible et très observateur, dont les mécanismes hautement évolués sont intacts et qui agit avec précision et en accord avec les conditions changeantes de l’environnement, dispose d’un sens transcendant lui permettant d’échapper à des risques difficilement prévisibles, que les sens ordinaires ne peuvent percevoir. Toutefois, lorsqu’il a affaire à d’autres, dont les organes de contrôle sont très défectueux, ce sens se manifeste avec force et il ressent la douleur « cosmique ». Cette vérité a été vécue des centaines de fois et j’invite d’autres étudiants en biologie à vouer une attention toute particulière à ce sujet, car je crois que par des efforts conjugués et soutenus, ils arriveront à des résultats d’une valeur inestimable pour l’humanité.

L’idée de construire un automate pour justifier de ma théorie se présenta à moi très tôt ; néanmoins, je n’ai pas commencé mes travaux avant 1893, date à laquelle je débutai mes recherches en technologie sans fil. Durant les deux ou trois années qui suivirent, je construisis de nombreux mécanismes automatiques que l’on pouvait télécommander, et les montrai à mes visiteurs dans mon laboratoire. Toutefois, en 1896, je conçus un appareil complet, capable d’exécuter un grand nombre d’opérations ; l’achèvement de mon travail fut toutefois remis à la fin de 1897. La représentation et la description de cette machine furent publiées dans mon article paru dans le magazine Century du mois de juin 1900, ainsi que dans d’autres périodiques de cette époque ; lorsqu’elle fut présentée au public pour la première fois en 1898, elle entraîna des réactions qu’aucune de mes autres inventions n’avait suscitées jusque là. En novembre 1898, j’obtins un premier brevet pour ce nouvel appareil, après que l’examinateur en chef se fut déplacé à New York pour se rendre compte de ses performances, car mes affirmations lui avaient paru incroyables. Je me souviens avoir téléphoné plus tard à un officiel à Washington pour lui expliquer mon invention, dans l’objectif de l’offrir au Gouvernement, et qu’il éclata de rire. À cette époque, personne ne pensait qu’il y avait la moindre chance de mettre au point un tel appareil. Malheureusement, dans ce brevet, et sur les conseils de mes avocats, j’ai dit qu’il était commandé par un seul circuit et un type de détecteur bien connu, car je n’avais pas encore assuré la protection des spécifications de mes méthodes et appareils. En fait, mes bateaux étaient commandés par une action conjointe de plusieurs circuits, et il n’y était pas question d’interférences. La plupart du temps, j’utilisai des circuits récepteurs en forme de boucles, en y incluant des condensateurs, car les décharges de mon transmetteur de haute tension ionisaient l’air dans la pièce au point que même une petite antenne pouvait puiser l’électricité dans l’air environnant pendant des heures. J’ai découvert, par exemple, qu’une ampoule à vide de 30 cm de diamètre, ayant une seule borne sur laquelle était fixé un fil très court, émettait jusqu’à un millier de flashes successifs, jusqu’à ce que tout l’air dans le laboratoire soit neutralisé. La forme en boucle du récepteur n’était pas sensible à cette perturbation, et il est très curieux qu’elle devienne populaire ces derniers temps. En réalité, le récepteur accumule beaucoup moins d’énergie que les antennes ou un long câble relié à la terre, et de ce fait il n’a pas les imperfections des appareils actuels sans fil. Lorsque je présentai mon invention devant un auditoire, les visiteurs pouvaient poser n’importe quelle question, même les plus compliquées, et l’automate leur répondait par des signes. En ce temps-là, c’était considéré comme de la magie, mais en fait, c’était très simple, puisque c’est moi-même qui répondais aux questions par l’intermédiaire de la machine.

À cette même époque je construisis par ailleurs un gros bateau télécommandé, dont on peut voir une photo dans ce numéro de l’Electrical Experimenter. Il était commandé par des circuits de plusieurs tours, placés dans la coque qui était fermée hermétiquement, et que l’on pouvait immerger. Les dispositifs étaient semblables à ceux utilisés dans le premier, avec cette différence que j’y ai introduit certaines caractéristiques spéciales, comme des lampes à incandescence qui apportaient la preuve visible du bon fonctionnement de la machine.


12. Un des bateaux télécommandés de Tesla, submersible et sans antennes externes.

Ces automates, commandés dans le champ de vision de l’opérateur, ne représentaient cependant que la première étape plutôt grossière dans l’évolution de la Science des ‘Téléautomates’, telle que je l’avais conçue. Il était logique que l’étape suivante fut leur application hors du champ de vision et très loin du centre de contrôle et, depuis lors, j’ai toujours prétendu qu’ils pouvaient servir comme arme de guerre et remplacer les armes à feu. Il semblerait qu’aujourd’hui on leur reconnaisse cette importance, à en juger les annonces occasionnelles dans la presse de certaines réalisations dites extraordinaires, mais qui en vérité n’apportent rien de neuf. Les installations radio actuelles permettent, quoique de manière imparfaite, d’envoyer un avion dans les airs, de lui faire suivre approximativement une certaine course et d’effectuer un nombre d’opérations à plusieurs centaines de kilomètres. Une machine de ce type peut en outre être commandée mécaniquement de plusieurs façons et je ne doute pas qu’elle puisse faire preuve d’une certaine utilité en temps de guerre. Toutefois, pour autant que je sache, il n’existe aujourd’hui aucun instrument ou dispositif qui permettrait de procéder avec précision. J’ai consacré des années entières de recherches à ce sujet, et j’ai développé des moyens permettant de réaliser facilement ce type de prouesse et d’autres. Comme je l’ai déjà dit antérieurement, lorsque je fus étudiant à l’université, j’ai conçu une machine volante quasi différente de celles qui existent actuellement. Le principe de base était juste, mais il était impossible de le mettre en pratique à défaut d’une force motrice de puissance suffisante. Ces dernières années, j’ai réussi à résoudre ce problème, et je projette de construire des aéronefs dépourvus d’ailerons, d’ailes, d’hélices ou autres accessoires externes, qui seront capables d’atteindre des vitesses énormes et susceptibles de fournir des arguments de poids en faveur de la paix dans un futur proche. Page (… 108 dans le texte original) vous verrez un appareil de ce type, dont le démarrage et le fonctionnement ne se font que par réaction ; il doit être commandé soit mécaniquement, soit avec des ondes hertziennes. En construisant les installations adéquates, il sera possible d’envoyer un missile de ce type dans les airs et de le faire tomber quasiment à l’endroit voulu, même à des milliers de kilomètres. Néanmoins, il faudra aller plus loin. On finira par inventer des »téléautomates » capables d’agir comme s’ils avaient une intelligence propre, et leur avènement créera une révolution. En 1898 déjà, je proposai à des représentants d’une grosse société industrielle de construire et d’exposer publiquement une voiture qui, de manière autonome, serait capable de réaliser une grande variété d’opérations, dont certaines nécessitent quelque chose comme la faculté de jugement. Cependant, ma proposition fut jugée chimérique, et elle resta lettre morte.

Aujourd’hui, beaucoup d’hommes doués d’intelligence pratique essaient d’imaginer des expédients susceptibles d’empêcher que ne se répète ce conflit atroce, qui est théoriquement terminé, et pour lequel j’avais prédit la durée et son dénouement dans un article paru dans le Sun, le 20 décembre 1914. L’Alliance proposée n’est pas une solution, bien au contraire ; elle risque d’avoir des résultats à l’inverse de ceux espérés, selon l’avis d’un bon nombre d’hommes compétents. Il est particulièrement regrettable que le traité de paix inclue une politique de répression, parce que dans quelques années, il sera possible aux pays de se battre sans armées, bateaux ou armes à feu, mais avec des armes bien plus terribles dont l’action et la portée destructrices sera pratiquement sans limites. L’ennemi pourra détruire une ville à n’importe quelle distance et aucune puissance de la terre ne pourra l’en empêcher. Si nous voulons conjurer une catastrophe menaçante et éviter une situation susceptible de transformer ce globe en enfer, nous devrions accélérer le développement de machines volantes et de la transmission hertzienne sans plus attendre, avec tous les moyens dont dispose ce pays.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 17:52
Nikola Tesla : Mes inventions (6)

 

MES INVENTIONS

Chapitre V
Le Transmetteur Amplificateur

En me remémorant les événements passés, je prends conscience que les influences qui déterminent notre destin sont bien subtiles. Cet incident survenu dans ma jeunesse pourra en justifier. Un jour d’hiver, j’ai escaladé une montagne très raide en compagnie d’autres garçons. Le manteau neigeux était plutôt épais et un doux vent du sud était propice à nos jeux. Nous nous amusions à lancer des boules de neige sur la pente, qui roulaient alors jusqu’à une certaine distance en amassant toujours plus de neige ; c’était à qui réussirait à faire la boule la plus grosse. Soudain, une boule alla plus loin que les autres, grossissant dans des proportions énormes jusqu’à atteindre la taille d’une maison ; elle plongea dans un bruit de tonnerre dans la vallée, avec une telle force que le sol en trembla. J’étais stupéfait et incapable de comprendre ce qui avait bien pu se passer.

L’image de cette avalanche devait me poursuivre pendant plusieurs semaines, et je me demandai comment une masse aussi petite pouvait se transformer en quelque chose d’aussi énorme. À partir de ce moment-là, je fus fasciné par l’amplification des actions de faible amplitude, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’entamai mes recherches expérimentales sur la résonance mécanique et électrique, quelques années plus tard. Il est probable que si je n’avais pas vécu cette première impression forte, je n’aurais pas poursuivi mes travaux après avoir obtenu la première petite étincelle avec ma bobine, et je n’aurais jamais développé ma meilleure invention, dont je vais maintenant et pour la première fois, raconter la véritable histoire.

Les « chasseurs de célébrités » m’ont toujours demandé quelle était, selon moi, ma meilleure invention. Cela dépend du point de vue. Un grand nombre de techniciens, des hommes très doués dans leur propre spécialité mais dominés par un esprit pédant et myopes, ont prétendu que mis à part le moteur à induction, je n’aurais rien apporté d’autre qui soit utile à ce monde. C’est une erreur grossière. Il faut se garder de juger une nouvelle idée à ses résultats immédiats. Mon système de transmission de courant alternatif arriva à point nommé et fut accueilli comme une solution longtemps recherchée dans les milieux industriels ; et bien qu’il fallût surmonter certaines résistances féroces et concilier des intérêts opposés, comme d’habitude, son introduction commerciale n’allait pas tarder. Maintenant, comparez cette situation avec celle dans laquelle je me trouvai avec ma turbine, par exemple. On pourrait penser qu’une invention aussi simple et belle, possédant beaucoup de caractéristiques d’un moteur idéal, serait acceptée sur-le-champ ; cela aurait été effectivement le cas si les conditions l’avaient permis. Toutefois, les applications futures du champ magnétique n’allaient pas discréditer les machines existantes, bien au contraire, elles n’en eurent que plus de valeur. Le système se prêtait tout aussi bien pour les nouvelles initiatives que pour améliorer les anciens appareils. Ma turbine est une avancée d’un caractère tout à fait différent. Elle représente un changement radical, en ce sens que son succès signifierait l’abandon des moteurs vieillis pour lesquels on a dépensé des milliards de dollars. Dans de telles circonstances, les progrès sont nécessairement lents, et peut-être que le plus gros frein est dans les préjugés qu’une force d’opposition organisée a ancrés dans la tête des experts. L’autre jour encore, j’eus une amère déconvenue quand je rencontrai mon ami et ancien assistant, Charles F. Scott, qui est aujourd’hui professeur en ingénierie électrique à l’Université de Yale. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu et j’étais heureux de pouvoir bavarder avec lui dans mon bureau. Au cours de notre conversation, nous allions évidemment aborder le sujet de ma turbine, et mon enthousiasme était délirant. Je m’exclamai en pensant à son glorieux futur, « Scott, ma turbine va envoyer tous les autres moteurs thermiques dans le monde à la casse ! » Scott se caressa le menton et détourna son regard, comme s’il était en train de faire un calcul mental. « Cela fera un sacré tas de ferraille », dit-il, et il partit sans ajouter un seul mot !

8. La turbine sans ailettes de Tesla. À l’intérieur du bâti central, en forme de crêpe, se trouvent plusieurs disques, ressemblant aux disques plats d’une charrue très peu espacés, qui sont fixés sur l’arbre moteur dont on voit les saillies sur les deux côtés. Lorsqu’on injecte de l’air, de la vapeur ou tout autre gaz sous pression entre les disques, l’adhérence en surface transfère régulièrement l’énergie cinétique du gaz aux disques, entraînant leur rotation. Lorsqu’on le fait marcher en sens inverse, l’appareil fonctionne comme un compresseur à gaz. (Musée Tesla / Institut Smithsonian)

Toutefois, ces inventions, comme d’autres, n’étaient rien de plus qu’un pas en avant dans certaines directions. En les développant, je ne faisais rien d’autre que de suivre mon instinct inné à améliorer les appareils existants, sans porter un intérêt particulier à nos problèmes plus urgents. Le « Transmetteur Amplificateur » est le fruit de travaux qui ont duré des années, et dont l’objectif principal était de trouver une solution à des problèmes qui sont bien plus importants pour l’humanité que ne l’est le seul développement industriel.

Si mes souvenirs sont exacts, c’est en novembre 1890 que je fis une expérimentation dans mon laboratoire, qui fut l’une des plus extraordinaires et spectaculaires jamais enregistrées dans les annales de la science. En faisant des recherches sur le comportement des courants de hautes fréquences, je fus convaincu que l’on pouvait produire, dans une pièce, un champ électrique d’une intensité suffisante pour allumer des tubes à vide sans électrodes. C’est pourquoi je construisis un transformateur pour tester ma théorie et les premiers essais furent un vrai succès. Il est difficile de se faire une idée de ce que ces phénomènes étranges représentaient à l’époque. On a des envies furieuses de sensations nouvelles, mais on a vite fait d’y devenir indifférent. Les miracles d’hier sont aujourd’hui des choses tout à fait banales. Lorsque j’ai montré mes tubes en public pour la première fois, les gens les regardaient avec un étonnement difficile à décrire. Des invitations pressantes me parvinrent de tous les coins du monde et on m’offrit de nombreuses distinctions honorifiques et autres flatteries que j’ai toutes déclinées.

Toutefois, en 1892 la pression devint tellement forte que je partis pour Londres, où je fis une conférence devant l’Institut des ingénieurs en électrotechnique. J’avais l’intention de repartir immédiatement pour Paris où j’avais des obligations similaires, mais Sir James Dewar insista pour que je me présente à l’Institut Royal. J’étais homme à tenir ses résolutions, mais je cédai facilement devant les arguments de poids de ce grand Écossais. Il me poussa dans un fauteuil et me versa un demi verre d’un joli liquide brun, qui pétillait de toutes sortes de couleurs chatoyantes et avait le goût d’un nectar. « Bien », dit-il, « vous êtes assis sur la chaise de Faraday et vous dégustez le whisky qu’il avait l’habitude de boire. » C’est pour ces deux raisons que ma situation était très enviable. Le lendemain soir, je fis une démonstration devant cette institution, à la fin de laquelle Lord Rayleigh s’adressa au public et ses mots bienveillants furent l’aiguillon pour mes travaux de recherches. Je m’enfuis de Londres et plus tard de Paris, pour échapper à tous les honneurs envahissants, et allai passer quelque temps dans ma patrie où j’allais subir une épreuve et une maladie des plus éprouvantes. Après mon rétablissement, je commençai à formuler des plans pour reprendre mes travaux en Amérique. Je n’avais jamais réalisé jusque là que je possédais des dons d’invention particuliers, mais Lord Rayleigh qui représentait pour moi l’idéal du scientifique, l’avait affirmé et si tel était le cas, je sentis que je devais me concentrer sur quelque chose de grand.

Un jour, alors que j’errai dans la montagne, je dus me mettre à la recherche d’un abri, car l’orage menaçait. Le ciel se couvrit de lourds nuages, toutefois la pluie ne tomba pas avant qu’un violent éclair ne déchirât le ciel ; quelques instants plus tard, ce fut le déluge. Ce spectacle me fit réfléchir. Il était manifeste que les deux phénomènes étaient intimement liés comme cause et effet, et j’en vins à conclure que l’énergie électrique impliquée dans la précipitation de l’eau était négligeable, l’éclair ayant une fonction ressemblant à celle d’un déclencheur sensible. Voilà un domaine qui offrait d’énormes possibilités de développement. Si on arrivait à produire des effets électriques de la qualité voulue, on pourrait transformer toute la planète et nos conditions de vie. Le soleil fait s’évaporer l’eau des océans et le vent l’emporte vers des régions lointaines, où elle reste dans un état d’équilibre précaire. Si nous avions le pouvoir de perturber cet équilibre où et quand bon nous semblera, nous pourrions manipuler à volonté cet énorme fleuve qui entretient la vie. Nous pourrions irriguer les déserts arides, créer des lacs et des rivières et obtenir une force motrice de puissance illimitée. Ce serait le moyen le plus efficace de mettre l’énergie solaire au service de l’humanité. La réalisation de tout ceci dépend de notre capacité à développer des forces électriques du même ordre que celles qui apparaissent dans la nature. L’entreprise semblait décourageante, mais je pris la résolution de la tenter ; dès mon retour aux États-Unis, en été 1892, je commençai mes travaux et cela avec d’autant plus de passion qu’il me fallait des moyens semblables si je voulais réussir à transmettre de l’énergie électrique sans fil.

J’obtins les premiers résultats satisfaisants au printemps de l’année suivante, lorsque je réussis à atteindre des tensions d’environ 1 000 000 volts avec ma bobine conique. Cela n’est pas beaucoup comparé aux performances actuelles, mais en ce temps-là, c’était un véritable exploit. Je n’ai cessé de faire des progrès jusqu’en 1895, à en juger par un article de T.C. Martin paru dans le magazine Century du mois d’avril ; cette année-là, mon laboratoire fut malheureusement détruit par un incendie. Cette catastrophe retarda mes travaux, et la majeure partie de l’année fut consacrée à sa réorganisation et à sa reconstruction. Toutefois, dès que les circonstances le permirent, je retournai à mon travail. Je savais que des forces électromotrices plus élevées pouvaient être obtenues avec un appareil plus gros, mais j’avais l’intuition que je pourrais arriver aux mêmes résultats à partir d’un transformateur relativement plus petit et plus compact, au design adéquat. Lors de mes tests avec un secondaire sous forme de spirale plate, comme le montrent les illustrations de mes brevets, je fus surpris de constater qu’il n’y avait pas de décharge sous forme de faisceau lumineux, et je ne tardai pas à découvrir que cela était dû à la position des spires et à leur action mutuelle. Fort de cette observation, je recourus à l’utilisation d’un conducteur de haute tension avec des spires d’un diamètre considérable, qui étaient suffisamment éloignées l’une de l’autre pour permettre de contrôler la capacité distribuée et, parallèlement, de prévenir une accumulation exagérée de la charge en tous points. La mise en pratique de ce principe me permit de produire des tensions de 4 000 000 de volts, ce qui était pratiquement l’extrême limite de ce que je pouvais obtenir dans mon nouveau laboratoire dans Houston Street, car les décharges s’étendaient jusqu’à près de 5 m. Une photo de ce transmetteur fut publiée au mois de novembre 1898 dans l’Electrical Review. Si je voulais faire d’autres progrès dans ce domaine, il fallait que je travaille en plein air, et c’est pourquoi, au printemps 1899, après avoir tout préparé pour la construction d’une centrale sans fil, je partis au Colorado où je devais rester pendant plus d’un an. J’y ai procédé à des améliorations et à des perfectionnements qui permirent de générer des courants de n’importe quel ampérage. Ceux que cela intéresse trouveront quelques informations sur ces expérimentations dans mon article intitulé « Le problème de l’intensification de l’énergie humaine » *, paru au mois de juin 1900 dans le magazine Century, auquel j’ai déjà fait allusion plus haut.

9. Illustration des décharges d’étincelles produites dans la centrale radio de Tesla à Colorado Springs en 1899. La boule a un diamètre de 80 cm et est reliée à la borne libre d’un circuit résonnant relié à la terre, de 17 m de diamètre. Tesla a estimé le potentiel d’éclatement de la boule à environ 3 millions de volts. (V =75.000 x rayon en cm ). La bobine gigantesque qui produisait ces décharges avait un primaire de 15,50 m de diamètre, et était capable de transmettre un courant de 1100 Ampères dans le secondaire à haute tension.

Electrical Experimenter m’a demandé d’être on ne peut plus explicite sur ce sujet, afin que mes jeunes amis parmi les lecteurs du magazine, puissent comprendre clairement la composition et le fonctionnement de mon « Transmetteur Amplificateur » et le but dans lequel je le construisis. Très bien. Donc, premièrement, c’est un transformateur résonant avec un secondaire dont les parties qui sont sous très haute tension, sont réparties sur une surface considérable et disposées le long d’enveloppes idéales dont le rayon d’incurvation est très grand, et espacées correctement l’une de l’autre, afin d’obtenir en tout point une densité de surface faible pour qu’il n’y ait aucune fuite, même si le conducteur est à nu. Il convient à toutes les fréquences depuis peu à plusieurs milliers de cycles par seconde (Hz), et peut servir à produire des courants d’ampérage énorme et de tension modérée, ou de plus faible ampérage et d’une force électromotrice immense. La tension électrique maximale est uniquement fonction de la courbure des surfaces sur lesquelles sont situés les éléments chargés et de la surface de ces derniers.

À en juger par mes expériences passées, il est parfaitement possible d’obtenir 100 000 000 volts. Par ailleurs, on peut arriver à obtenir des courants de plusieurs milliers d’ampères dans l’antenne. Pour des puissances de ce type, une centrale de dimensions modérées suffit. En théorie, un terminal de moins de 27 m de diamètre suffit pour développer une force électromotrice de cette amplitude, alors que pour des courants de 2 000 à 4000 ampères de fréquences courantes, il n’est pas besoin qu’il ait plus de 9 m de diamètre.

Dans un sens moins large, ce transmetteur sans fil a un rayonnement d’ondes hertziennes très négligeable par rapport à l’énergie globale et, de ce fait, le facteur d’atténuation est extrêmement faible et une charge énorme est emmagasinée dans le condensateur du haut. Un tel circuit peut alors être excité par des impulsions de toutes sortes, même de fréquences basses, et il produira des oscillations sinusoïdales en continu, comme celles d’un alternateur. Toutefois, dans son sens le plus strict, c’est un transformateur résonant qui, en plus de ces qualités, est parfaitement adapté aux constantes électriques et aux caractéristiques de la Terre, et c’est pourquoi il devient très efficace et d’un bon rendement pour la transmission d’énergie sans fil. Le facteur de l’éloignement n’entre alors plus du tout en jeu, car il n’y a aucune diminution dans l’intensité des impulsions transmises. Il est même possible d’amplifier l’action avec l’éloignement de la centrale, en vertu d’une loi mathématique exacte. Cette invention fut l’une de celles qui faisaient partie de mon « Système Mondial » de transmission radio, que j’entrepris de commercialiser lors de mon retour à New York en 1900. Quant aux objectifs immédiats de cette entreprise, ils sont clairement mentionnés dans une explication technique de ce temps-là, dont voici un extrait :

»Le »Système Mondial » est le fruit d’un amalgame de plusieurs découvertes originales, faites par l’inventeur au cours de ses recherches et expérimentations, menées avec persévérance. Il permet non seulement la transmission instantanée et précise sans fil de signaux, de messages et de caractères vers toutes les régions du globe, mais aussi l’interconnexion de tous les systèmes téléphoniques et télégraphiques, ainsi que des autres stations de données, sans qu’il soit nécessaire de modifier leur équipement existant. Il permet, par exemple, à un abonné au téléphone de communiquer avec n’importe quel autre abonné de la Terre. Un récepteur bon marché, pas plus grand qu’une montre, lui permettra d’écouter, sur terre comme sur mer, la diffusion d’un discours ou d’une musique transmis ailleurs, quelle que soit la distance. Ces exemples sont cités pour donner surtout une idée des possibilités qu’offre cette grande avancée scientifique, qui annule les distances et qui fait que ce conducteur parfaitement naturel, la Terre, peut servir à atteindre les innombrables objectifs que l’ingéniosité humaine avait trouvés pour ses lignes de transmission. Il y a un résultat de grande portée qui est que tout appareil à un ou plusieurs fils (à une distance manifestement limitée) pourra fonctionner de la même manière, sans conducteurs artificiels et avec les mêmes facilité et précision, à des distances dont les seules limites sont celles imposées par les dimensions physiques de notre planète. Donc, s’ouvrent d’une part de nouveaux champs d’exploitation commerciale avec cette méthode de transmission idéale, et d’autre part les anciens gagnent beaucoup de terrain.

»Le »Système Mondial » est basé sur la mise en application des inventions et découvertes importantes suivantes :

1. Le Transformateur Tesla. Cet appareil est aussi révolutionnaire dans sa production de vibrations électriques que le fut la poudre à canon pour la guerre. Avec un appareil de ce type, l’inventeur a produit des courants de nombreuses fois supérieurs à tout ce qui avait été généré jusque là par d’autres moyens, et des étincelles de plus de 30 m.

2. Le Transmetteur Amplificateur. C’est la plus belle invention de Tesla ; c’est un transformateur particulier spécialement adapté pour exciter la Terre qui, pour la transmission de l’énergie électrique est aussi précieux que le télescope pour l’observation astronomique. En utilisant ce merveilleux appareil, il a déjà créé des manifestations électriques d’une intensité plus grande que celle d’un éclair, et transmis un courant autour du globe, suffisant pour allumer plus de deux cents lampes à incandescence.

3. Le Système sans fil Tesla. Ce système comprend un certain nombre de perfectionnements et est le seul moyen connu capable de transmettre de manière économique de l’énergie électrique à distance, sans fil. Des tests et des mesures méticuleux en connexion avec une station expérimentale très puissante, construite par l’inventeur dans le Colorado, ont démontré qu’il était possible d’envoyer n’importe quelle quantité d’énergie à travers tout le Globe si nécessaire, avec une perte n’excédant pas un très faible pourcentage.

4. La Technique de l’Individualisation. Cette invention de Tesla est par rapport au « réglage » grossier, ce que le langage distingué est par rapport au langage non articulé. Il permet de transmettre, dans le secret absolu et exclusif, des signaux ou des messages de manière active ou passive, c’est-à-dire sans interférences et sans pouvoir être interférés. Chaque signal est comme un individu à l’identité différenciée et il n’y a pratiquement pas de limites quant au nombre de stations ou d’appareils pouvant fonctionner simultanément et sans le moindre signe d’interférence.

5. Les Ondes Stationnaires Terrestres. Cette merveilleuse découverte veut dire, en langage populaire, que la Terre est sensible à des vibrations électriques d’une certaine fréquence, comme un diapason l’est à certains sons. Ces vibrations électriques spécifiques, susceptibles d’exciter violemment la Terre, se prêtent à d’innombrables utilisations de grande importance d’un point de vue commercial, et à bien d’autres égards.

La première centrale électrique de ce « système mondial » peut entrer en service dans neuf mois. Il deviendra alors possible de générer jusqu’à près de 10 millions de CV et elle a été conçue pour réaliser autant d’exploits techniques que possible, sans plus de dépenses. En voici quelques-uns uns :

(1) L’interconnexion des échanges ou des bureaux télégraphiques existants partout dans le monde.

(2) L’instauration d’un service télégraphique gouvernemental secret et ne pouvant pas être interféré.

(3) L’interconnexion de tous les échanges ou centrales téléphoniques dans le monde.

(4) La diffusion universelle de l’information par télégraphe ou téléphone, en connexion avec la presse.

(5) L’instauration d’un tel « Système mondial » de transmission de renseignements à usage exclusivement privé.

(6) L’interconnexion et le travail de tous les téléimprimeurs boursiers dans le monde.

(7) L’instauration d’un « système mondial » de diffusion de musique, etc…

(8) L’enregistrement universel de l’heure avec des pendules bon marché indiquant l’heure avec une précision astronomique et ne demandant aucune maintenance.

(9) La transmission mondiale de caractères, de lettres, de chèques, etc… écrits à la main ou tapés à la machine.

(10) L’instauration d’un service universel pour la marine, permettant aux navigateurs de tous les bateaux de s’orienter parfaitement sans boussole, de déterminer leur position exacte, l’heure et la vitesse, de prévenir les collisions et les naufrages, etc…

(11) L’inauguration d’un système d’impression mondiale sur terre et sur mer.

(12) La reproduction mondiale de photos et toutes sortes de dessins ou de dossiers.

J’ai proposé en outre de faire des démonstrations de transmission d’énergie sans fil sur une petite échelle, suffisante toutefois pour pouvoir convaincre.

Par ailleurs, j’ai fait référence à d’autres applications de mes découvertes autrement plus importantes, qui seront révélées à une date ultérieure.

Une centrale fut construite sur Long Island, dont la tour mesurait 57 m de haut, et dont le terminal sphérique avait un diamètre de près de 21 m. Ces dimensions étaient appropriées pour transmettre pratiquement n’importe quelle quantité d’énergie. Au départ, il ne fut produit qu’entre 200 et 300 KW, mais j’avais l’intention d’utiliser ultérieurement plusieurs milliers de CV. Le transmetteur devait émettre un complexe d’ondes aux caractéristiques spéciales, et j’avais imaginé un système unique pour régler par téléphone la production de n’importe quelle quantité d’énergie.

10. La gigantesque tour de transmission d’énergie radio de Tesla, érigée entre 1901 et 1903 à Shoreham, Long Island, faisant partie de son « Système Mondial Sans Fil », qui n’a cependant jamais été terminée. La centrale électrique à deux étages à l’arrière-plan, donne une idée de l’échelle gigantesque de cette tour de 57 m (qui fut démolie en 1917).

La tour fut détruite il y a deux ans ; cependant mes projets font l’objet de nouveaux développements et une autre tour sera construite qui sera même perfectionnée dans certains domaines. À cette occasion, je voudrais démentir une rumeur largement répandue, selon laquelle la tour aurait été démolie par le Gouvernement ; à cause de la guerre, des préjugés sont nés dans l’esprit de ceux qui ne savaient pas que les papiers qui, il y a trente ans, m’accordèrent l’honneur de la nationalité américaine, sont toujours dans un coffre, tandis que mes diplômes, mes licences, médailles en or et autres distinctions honorifiques sont rangées dans de vieilles malles. Si cette rumeur était fondée, j’aurais obtenu le remboursement de la grosse somme que j’ai versée pour la construction de la tour. Bien au contraire, c’était dans l’intérêt du Gouvernement de conserver cette tour, notamment parce que – entre autres applications de valeur – elle permettait de localiser les sous-marins en plongée, où que ce fut sur le globe. Ma centrale, mes services et mes perfectionnements ont toujours été à disposition des officiels et depuis le commencement des conflits en Europe, j’ai travaillé à perte sur plusieurs de mes inventions qui ont affaire avec la navigation aérienne, la propulsion des bateaux et la transmission sans fil, qui sont de la plus haute importance pour le pays. Ceux qui sont bien informés savent que mes idées ont révolutionné les industries aux États-Unis, et je ne connais aucun inventeur qui, à cet égard, ait eu la chance comme moi de voir ses inventions utilisées durant la guerre. Je me suis abstenu de m’exprimer en public sur ce sujet jusqu’à ce jour, parce qu’il me semblait déplacé de m’étendre sur des problèmes personnels, alors que le monde connaissait de graves problèmes. Par ailleurs, j’aimerais ajouter, au regard de rumeurs variées qui me sont parvenues, que mes relations avec M. J. Pierpont Morgan n’avaient pas un caractère commercial et qu’il avait avec moi la même ouverture d’esprit que celle avec laquelle il a aidé bien d’autres pionniers. Il a toujours tenu ses promesses à la lettre et il aurait été très déraisonnable d’attendre quelque chose de plus de lui. Il avait la plus haute estime pour mes réalisations et me donna toutes les preuves de sa totale confiance dans mes capacités à réaliser ce que j’avais décidé. Je ne veux pas que quelques individus, étroits d’esprit et jaloux, puissent s’imaginer avoir contrecarré mes travaux. Pour moi, ces hommes ne sont rien de plus que des microbes de quelque vilaine maladie. En réalité, ce sont les lois de la nature qui ont retardé mon projet. Le monde n’était pas prêt pour lui ; il était trop en avance sur son temps. Toutefois, ces mêmes lois l’emporteront et, finalement, il aura un succès triomphal.

11. Nikola Tesla, à l’âge de 60 ans, sur une photo prise l’année où l’Institut américain des ingénieurs en électrotechnique lui accorda la médaille Edison.

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( À Suivre )

MES INVENTIONS de Nikola Tesla.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 11:40
Nikola Tesla : Mes inventions (5)

 

MES INVENTIONS

Chapitre IV
La découverte de la Bobine
et du Transformateur-Tesla

J’allai me consacrer entièrement, et avec un immense plaisir, à imaginer des moteurs et à développer de nouveaux types. J’étais mentalement dans une félicité que je n’avais jamais connue auparavant. Les idées affluaient de manière ininterrompue, et mon seul problème était de les retenir.
 
Les pièces des appareils que je concevais étaient pour moi parfaitement réelles et tangibles, jusque dans leurs moindres détails et je pouvais même relever leurs tout premiers signes d’usure. J’aimais imaginer les moteurs en fonctionnement perpétuel, car c’était un spectacle plus fascinant. Lorsqu’un penchant naturel se transforme en désir passionné, on avance vers son but chaussé de bottes de sept lieues. J’ai conçu, en l’espace de deux mois, pratiquement tous les types de moteurs et toutes les modifications des systèmes qui portent aujourd’hui mon nom. Les contingences de la vie ordonnèrent que j’arrête temporairement mes activités mentales stressantes, et je me demande si ce ne fut pas, tout compte fait, une providence. Une nouvelle prématurée, concernant l’administration des téléphones, m’a poussé à venir à Budapest et l’ironie du sort a voulu que j’accepte un poste de designer au Bureau Central des Télégraphes du gouvernement hongrois, pour un salaire dont je tairai le montant, car il serait inconvenant de le dévoiler ! Je sus, par bonheur, gagner la confiance de l’inspecteur en chef, qui me demanda d’effectuer les calculs, les plans et les estimations de nouvelles installations, jusqu’à ce que le réseau téléphonique soit opérationnel ; j’allai alors en prendre la direction. Les connaissances et les expériences pratiques que j’acquis durant cette fonction me furent très précieuses et j’eus beaucoup d’opportunités pour exercer mes talents d’inventeur. J’ai procédé à plusieurs améliorations des dispositifs du système central et j’ai mis au point un amplificateur téléphonique qui n’a jamais été déposé aux brevets et qui ne fut jamais décrit publiquement, mais qui aujourd’hui encore, me reviendrait. En reconnaissance de mes bons services, M. Puskas, l’administrateur de l’entreprise, lorsqu’il céda son affaire à Budapest, m’offrit un poste à Paris que j’acceptai avec joie.

Je n’oublierai jamais la profonde impression que cette ville magique a gravée dans mon esprit. Après mon arrivée, je passai plusieurs jours à errer dans les rues complètement bouleversé par ce nouveau spectacle. Les tentations étaient nombreuses et irrésistibles et, hélas, toute ma paie fut dépensée sitôt que je l’eus empochée. Lorsque M. Puskas vint prendre de mes nouvelles, je lui décrivis la situation très nettement en disant que « ce sont les 29 derniers jours du mois qui sont les plus difficiles ! » Je menai alors une vie très active qui ressemblait à ce qu’on appelle aujourd’hui « la mode Roosevelt ». Quel que fût le temps, j’allais tous les matins de mon lieu de résidence, boulevard St Marcel à une piscine en bordure de la Seine ; je plongeais dans l’eau, en faisais vingt-sept fois le tour, puis je marchais pendant une heure jusqu’à Ivry, où se trouvait l’usine de la société. C’est là que je prenais un petit-déjeuner frugal à sept heures et demie puis, j’attendais impatiemment l’heure du déjeuner ; entre temps, je devais casser des cailloux pour le directeur de l’usine, M. Charles Batchellor, qui était aussi un ami intime et l’assistant d’Edison. Par ailleurs, c’est ici que je fus mis en contact avec quelques Américains qui ont failli tomber amoureux de moi, à cause de mon adresse au… billard ! J’ai expliqué mes inventions à ces hommes, et l’un d’eux, M. D. Cunningham, chef du département mécanique, m’a proposé de fonder une société anonyme. Cette proposition me parut des plus bizarres. Je n’avais pas la moindre idée de ce que cela voulait dire, sauf que c’était une manière de régler les choses à l’américaine. Je n’eus toutefois pas y donner suite, car durant les mois qui ont suivi, je fus souvent en déplacement en France comme en Allemagne, afin de réparer les pannes dans les centrales électriques. De retour à Paris, je soumis à l’un des administrateurs de la société, M. Rau, un projet pour perfectionner leurs dynamos qui fut accepté. Mon succès fut total et les directeurs réjouis m’accordèrent le privilège de développer des régulateurs automatiques qui étaient très attendus. Peu de temps après, il y eut quelques problèmes avec l’installation électrique de la nouvelle gare à Strasbourg, en Alsace. Les câbles étaient défectueux et lors de la cérémonie d’inauguration, en présence du vieil empereur Guillaume Ier, il y eut une explosion suite à un court-circuit, qui arracha une grande partie du mur. Le gouvernement allemand ne voulut rien savoir, et pour la société française c’était une grosse perte. En raison de ma connaissance de l’allemand et de mes expériences passées, on me confia la tâche difficile d’arranger les choses, et c’est dans cette optique que je partis pour Strasbourg, au début de 1883.

Il y eut certains incidents dans cette ville qui m’ont laissé des souvenirs indélébiles. Par une étrange coïncidence, plusieurs hommes qui par la suite allèrent devenir célèbres, vivaient alors dans cette ville. Plus tard je devais dire : » Le virus de la célébrité faisait rage dans cette vieille ville. D’aucuns en ont été infectés, mais je l’ai échappé belle ! » Mes travaux sur les lieux, ma correspondance, et les conférences avec des officiels, occupaient mes jours et mes nuits ; toutefois, sitôt que je le pus, j’entrepris la construction d’un moteur simple dans un atelier de mécanique en face de la gare ; c’est dans ce but que j’avais apporté certains matériaux de Paris. Les expérimentations furent cependant repoussées jusqu’à l’été, et j’eus enfin la satisfaction de voir un effet de rotation obtenu avec des courants alternatifs de différentes phases et sans contacts glissants ou commutateur, exactement comme je l’avais conçu un an auparavant. Ce fut un vif plaisir, qui n’avait cependant rien à voir avec la joie délirante qui avait suivi ma première vision.

Parmi mes nouveaux amis se trouvait l’ancien maire de la ville, M. Bauzin, auquel j’avais déjà, dans une certaine mesure, fait connaître cette invention et quelques autres, et que je me suis efforcé de rallier à ma cause. Il m’était sincèrement dévoué et il présenta mon projet à plusieurs personnalités très riches ; toutefois, à ma grande déception, il ne trouva aucun écho. Il a cherché à m’aider par tous les moyens possibles, et à l’approche de ce 1er juillet 1919, je me souviens avoir reçu une sorte « d’aide » de cet homme charmant, non pas financière mais néanmoins très appréciable. En 1870, lorsque les Allemands envahirent le pays, M. Bauzin avait enterré une grande quantité de vin de Saint-Estèphe de 1801, et il en était arrivé à la conclusion qu’il ne connaissait pas d’autre personne plus méritante que moi, à qui il pourrait offrir ce précieux breuvage. C’est un de ces incidents inoubliables dont je parlais plus haut. Mon ami me pressa de rentrer à Paris au plus vite et d’y chercher des appuis. C’est bien ce qu’il me tardait de faire ; néanmoins, mes travaux et mes négociations prirent plus de temps, à cause de nombreux petits ennuis auxquels je dus faire face et, par moments, la situation semblait désespérée.

Je vais vous raconter une expérience plutôt cocasse, ne serait-ce que pour donner une idée du sens de la perfection et de « l’efficacité » des Allemands. Il fallait placer une lampe à incandescence dans un hall, et après que j’eus choisi le bon endroit, j’appelai un monteur pour qu’il effectue le branchement. Il y travailla pendant un certain temps, lorsqu’il décida qu’il fallait demander son avis à un ingénieur, ce qui fut fait. Ce dernier émit plusieurs objections, et, finalement, admit que la lampe devait être placée à 5 cm de l’endroit que j’avais désigné. Suite à cela, les travaux de branchement reprirent. Mais voilà que l’ingénieur parut préoccupé et il me dit qu’il fallait en avertir l’inspecteur Averdeck. Ce personnage important arriva alors, examina la chose, discuta, et finalement décida que la lampe devait être reculée de 5 cm, soit placée à l’endroit même que j’avais choisi. Toutefois, Averdeck lui-même ne tarda pas à avoir la frousse ; il me signala qu’il en avait informé l’inspecteur en chef Hieronimus et qu’il fallait attendre sa décision. L’inspecteur en chef ne devait pas pouvoir se libérer avant plusieurs jours, ayant d’autres obligations urgentes, et ce fut une chance qu’il ait accepté de se déplacer ; il s’ensuivit un débat de deux heures, au terme duquel il décida de faire déplacer la lampe de 5 cm. J’espérai que nous en étions au dernier acte, quand soudain il se retourna et me dit : « Le haut fonctionnaire Funke est tellement maniaque, que je ne me permettrai pas de donner des ordres pour le placement de cette lampe sans son accord explicite. » Par conséquent on s’attela aux préparatifs de la visite de cet éminent homme. Dès l’aube les travaux de nettoyage et d’astiquage commencèrent. Chacun se donna un coup de brosse, j’enfilai mes gants, et lorsque Funke arriva avec sa suite, il fut reçu en grande pompe. Après deux heures de délibération, il s’exclama soudain : » Il faut que j’y aille », et pointant un endroit au plafond, il m’ordonna de placer la lampe ici même. C’était exactement le point que j’avais choisi initialement.

À quelques variantes près, c’est ce qui se passait chaque jour ; j’étais déterminé toutefois à atteindre coûte que coûte mes objectifs et, finalement, mes efforts furent récompensés. Au printemps 1884, tous les points litigieux étaient réglés, la centrale était agréée, et je retournai à Paris avec une impatience fébrile. Un des administrateurs m’avait promis, en cas de succès, une compensation généreuse ainsi qu’une récompense équitable pour les améliorations que j’avais apportées à leurs dynamos, et j’espérai obtenir une somme importante. Ils étaient trois directeurs que j’appellerai A, B et C, pour des raisons d’ordre pratique. Lorsque j’appelai A, il me dit que B avait le dernier mot. Ce brave homme pensait que seul C pouvait décider, et ce dernier était presque sûr que A seul avait le pouvoir de décision. J’étais tombé dans un cercle vicieux, et je réalisai que ma récompense était un château en Espagne. L’échec total de mes tentatives pour obtenir des capitaux pour le développement de mon invention fut une nouvelle déception, et lorsque M. Batchellor me pressa de retourner en Amérique et de redessiner les plans des machines d’Edison, je décidai de tenter ma chance au pays qui promettait monts et merveilles. Mais j’ai failli rater cette chance. Je liquidai mes modestes biens, me fit prêter quelque argent et me retrouvai sur le quai de la gare lorsque le train avait déjà démarré. C’est alors que j’ai découvert que je n’avais plus ni argent, ni tickets. La question était de savoir comment réagir. Hercule, lui, avait beaucoup de temps pour tergiverser, mais moi, il fallait que je prenne une décision tout en courant à côté du train, la tête envahie par des émotions contraires, ressemblant à des oscillations dans un condensateur. Résolu, et grâce à mon habileté, je gagnai cette course contre la montre, et après avoir subi les expériences classiques, aussi banales que déplaisantes, je réussis à m’embarquer pour New York avec le restant de mes affaires, quelques poèmes et articles que j’avais rédigés, et un certain nombre de calculs se référant à la solution d’une intégrale insoluble et à ma machine volante. Durant le voyage, j’étais assis la plupart du temps à la poupe du bateau, attendant une occasion pour sauver quelqu’un d’une noyade, sans même penser au danger. Plus tard, lorsque j’eus intégré un peu du bon sens des Américains, je frémis à ce souvenir et m’émerveillai de mon ancienne folie. J’aimerais pouvoir décrire mes premières impressions dans ce pays. Dans les contes arabes, j’avais lu que des génies avaient transporté des gens dans un pays de rêves, pour y vivre des aventures heureuses. Mon cas était juste l’inverse. Les génies m’avaient transporté d’un pays de rêves dans celui de la réalité. Je venais de quitter un monde de beauté et d’arts, fascinant à tous points de vue, pour un monde grossier et repoussant, où tout était gouverné par les machines. Un policier bourru agitait son bâton qui, pour moi, ressemblait plus à un rondin. Je l’abordai poliment, le priant de m’indiquer mon chemin. « Six blocs de maisons plus loin et à gauche », me dit-il, en me fusillant du regard. « C’est cela, l’Amérique ? » me demandai-je, désagréablement surpris. « Elle a un retard de cent ans sur l’Europe, pour ce qui est de sa civilisation. » Mais lorsque je partis pour l’étranger en 1889 – cinq ans après mon arrivée ici – je fus convaincu qu’elle avait plus de cent ans D’AVANCE sur l’Europe et rien jusqu’à ce jour n’a pu me faire changer d’avis.

Ma rencontre avec Edison fut un des événements mémorables de ma vie. J’étais stupéfié par cet homme admirable qui avait accompli tant de choses, sans antécédents fortunés et sans formation scientifique. J’avais appris une douzaine de langues, m’étais plongé dans la littérature et les arts, j’avais passé les plus belles années de ma vie dans des bibliothèques pour lire tous les manuels qui me tombaient entre les mains, des Principes de Newton aux romans de Paul de Kock, et j’eus le sentiment que j’avais gaspillé la majeure partie de mon temps. Toutefois, je ne fus pas long à reconnaître que c’était ce que j’avais eu de mieux à faire. J’ai gagné la confiance d’Edison en quelques semaines, et voilà comment cela s’est produit.

Sur le S.S. Oregon, le paquebot à vapeur le plus rapide à l’époque, les deux dispositifs d’éclairage étaient tombés en panne et son départ avait été ajourné. Comme la coque avait été bâtie après leur installation, il était impossible de les démonter. La situation était sérieuse et Edison très ennuyé. Le soir venu, je pris les outils nécessaires et montai à bord du bateau, où je devais rester toute la nuit. Les dynamos étaient en très mauvais état, car elles avaient plusieurs courts-circuits et coupures, mais l’équipage aidant, je réussis à les remettre en bon état. À cinq heures du matin, en passant par la 5e Avenue pour aller à l’atelier, je tombai sur Edison accompagné de Batchellor et de quelques autres qui rentraient se coucher. « Voilà notre Parisien à traîner dehors toute la nuit », dit-il. Lorsque je lui dis que je venais de l’Oregon où j’avais réparé les deux machines, il me regarda sans souffler mot et continua son chemin. Lorsqu’il se fut un peu éloigné, je l’entendis dire cependant : « Batchellor, cet homme est sacrément doué », et à partir de là, j’eus les mains libres dans mon travail. Pendant près d’un an, je travaillais tous les jours sans exception de 10.30 H jusqu’au lendemain matin 5 H. Edison me dit : « J’ai eu beaucoup d’assistants très besogneux, mais vous, vous battez tous les records ! » Durant cette période, j’ai conçu 24 types de machines standards avec des noyaux courts, tous construits d’après le même modèle, pour remplacer les anciennes. Le manager m’avait promis 50 000 dollars à l’achèvement de ce travail, mais il s’avéra que ce n’était qu’une plaisanterie. Le coup fut très rude et je démissionnai. Immédiatement après cela, certaines personnes vinrent me trouver pour me proposer de fonder, à mon nom, une société de lampes à arc. J’acceptai, car j’y voyais une opportunité pour développer mon moteur. Toutefois, lorsque j’abordai ce sujet devant mes nouveaux associés, ils dirent : « Non, nous voulons des lampes à arc ; votre courant alternatif ne nous intéresse pas. » En 1886, mon système à arc était au point et il fut adopté pour l’éclairage des usines et de la ville ; j’étais libre, mais je ne possédais rien d’autre qu’un joli certificat d’investissement en actions de valeur hypothétique. S’ensuivit alors une période de luttes dans un tout autre domaine pour lesquelles je n’étais pas préparé ; je fus finalement récompensé, et en avril 1887 fut fondée la Tesla Electric Company, m’offrant un laboratoire complètement équipé. Les moteurs que j’y ai construits étaient exactement tels que je les avais imaginés. Je ne fis aucune tentative pour améliorer le design, et ne fis que reproduire les images telles qu’elles m’étaient apparues mentalement, et néanmoins le fonctionnement des moteurs répondait toujours à mes attentes.

Au début de 1888, je conclus un arrangement avec la société Westinghouse pour la construction de ces moteurs à grande échelle. Il restait toutefois de nombreux points litigieux à résoudre. Mon système était basé sur l’utilisation de courant de basse fréquence, mais les experts de Westinghouse avaient choisi du courant de 133 Hz en raison de certains avantages lors de la conversion. Ils ne voulaient pas se défaire de leurs appareils de forme standard, et je dus faire le nécessaire pour adapter mon moteur à leurs exigences. Par ailleurs, il devint nécessaire de construire un moteur capable de marcher irréprochablement à cette fréquence avec deux fils, ce qui ne fut pas une mince affaire.

À la fin de 1889, ma présence à Pittsburg n’était plus vraiment nécessaire, et je retournai à New York où je repris mes expérimentations dans un laboratoire dans Grand Street ; je commençai immédiatement à planifier des machines de hautes fréquences. Les problèmes de construction dans ce domaine jusque là inexploré furent nouveaux et plutôt singuliers, et je rencontrai de nombreuses difficultés. J’écartai celles à induction, craignant de ne pas pouvoir produire des ondes sinusoïdales parfaites, qui étaient d’une grande importance pour la résonance. Si cela n’avait pas été nécessaire, j’aurais pu m’épargner beaucoup de travail. Une autre caractéristique décourageante avec cet alternateur de hautes fréquences, semblait être l’inconstance de sa vitesse qui menaçait d’imposer de sérieuses limitations à son utilisation pratique. J’avais déjà remarqué, lors de mes démonstrations devant l’Institut américain des ingénieurs en électrotechnique, qu’il se déréglait, qu’il fallait le réajuster, et je ne pensais pas à cette époque que j’allais trouver le moyen, des années plus tard, de faire fonctionner un tel moteur à vitesse constante, au point que les variations se limiteraient à une petite fraction d’un tour entre les charges extrêmes.

Il devint souhaitable, pour bien d’autres raisons, d’inventer un appareil plus simple pour la production d’oscillations électriques. En 1856, Lord Kelvin avait publié la théorie de la décharge du condensateur, mais personne ne mit jamais cette connaissance importante en application pratique. J’y ai vu des possibilités et ai entrepris le développement d’un appareil à induction basé sur ce principe. Mes progrès furent tellement rapides que je fus en mesure de montrer, lors de ma conférence en 1891, une bobine donnant des étincelles de près de 13 cm. C’est à cette occasion que j’ai franchement avoué aux ingénieurs qu’il y avait un défaut dans la transformation avec ce nouveau procédé, à savoir une perte dans la distance d’éclatement. Des recherches ultérieures ont montré que, quel que fut le milieu utilisé, l’air, l’hydrogène, la vapeur de mercure, l’huile ou un courant d’électrons, le rendement était le même. C’est une loi qui ressemble beaucoup à celle de la conversion de l’énergie mécanique. On peut faire tomber un poids à la verticale depuis une certaine hauteur, ou le transporter à un niveau inférieur par un moyen quelconque, cela ne joue pas sur le travail fourni. Toutefois et heureusement, ce problème n’est pas catastrophique, car si on détermine correctement les mesures des circuits de résonance, on peut obtenir un rendement de 85%. Depuis que j’ai publié sa découverte, cet appareil est entré dans l’usage courant et a révolutionné bien des secteurs d’activité. Cet appareil a encore un grand avenir devant lui. Lorsque j’obtins, en 1900, des décharges puissantes de plus de 30 m, et que je lançai un courant tout autour du globe, je me souvins de la toute petite étincelle qui fusa dans mon laboratoire dans Grand Street, et je frémis de plaisir, comme lorsque je découvris le champ magnétique en rotation.

6. Le transformateur oscillant de Tesla (Bobine Tesla) présenté par Lord Kelvin devant la British Association, en août 1897. Ce petit dispositif compact de 20 cm de haut, donnait des serpentins lumineux de 0,2 m2, en utilisant une puissance de 25 watts du circuit d’alimentation de 110 Volts continu. Il était constitué d’un Tesla primaire et secondaire, d’un condensateur et d’une commande du circuit.

<7. Schéma des connexions en circuit dans le transformateur oscillant (Bobine Tesla, fig. 6) Le circuit secondaire qui se glisse dans le primaire est absent.

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( À Suivre )

MES INVENTIONS de Nikola Tesla.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 07:33
Nikola Tesla : Mes inventions (4)
 

MES INVENTIONS

Chapitre III
Mes travaux ultérieurs

La découverte du champ magnétique en rotation.

À l’âge de dix ans, j’entrai au lycée, un bâtiment tout neuf et relativement bien équipé. Dans la salle de physique, il y avait plusieurs modèles d’appareils scientifiques classiques, des appareils électriques et mécaniques. Les enseignants nous faisaient de temps en temps des démonstrations et des expériences qui me fascinaient et qui furent un puissant aiguillon pour mes inventions. Par ailleurs, j’adorais les mathématiques et le professeur me félicitait souvent pour mes résultats en calcul mental.  Je les devais à mon aptitude à visualiser facilement les nombres et à faire les opérations, non de la manière automatique classique, mais comme si les nombres existaient vraiment. Jusqu’à un certain degré de complexité, il importait peu que j’écrivisse les symboles sur le tableau ou que je les visualisasse mentalement. Néanmoins, mon emploi du temps comprenait plusieurs heures de dessin libre, une discipline qui m’ennuyait et que j’avais du mal à supporter. C’était d’autant plus étonnant que la majeure partie de ma famille excellait dans ce type d’activité. Peut-être mon aversion venait-elle tout simplement du fait que je ne voulais pas me perturber l’esprit. S’il n’y avait pas eu quelques garçons particulièrement stupides qui étaient incapables de quoi que ce soit, j’aurais eu les plus mauvaises notes de la classe. Toutefois, c’était un handicap sérieux car, dans le système éducatif d’alors, le dessin était obligatoire ; mon inaptitude représentait une menace pour toute ma carrière et mon père avait tout le mal du monde à me faire passer d’une classe à l’autre. Lors de ma seconde année de formation dans ce lycée, je devins obsédé par l’idée de produire un mouvement continu en maintenant la pression de l’air. L’incident de la pompe, dont j’ai parlé plus haut, avait enflammé mon imagination d’enfant et j’étais impressionné par les multiples possibilités qu’offrait le vide. Mon désir d’exploiter cette énergie inépuisable grandit avec moi ; j’avançai cependant dans l’obscurité pendant plusieurs années. Finalement, mes efforts prirent forme dans une invention qui allait me permettre de réaliser ce qu’aucun autre mortel n’avait osé faire jusque là. Imaginez un cylindre capable de tourner librement sur deux paliers et partiellement entouré d’une cuve rectangulaire parfaitement ajustée. Le côté ouvert de la cuve est fermé par une cloison, de manière que le segment cylindrique à l’intérieur de la cuve divise le cylindre en deux compartiments, séparés par des joints coulissants hermétiques. Si un de ces compartiments est scellé et vidé de son air et si l’autre reste ouvert, il en résulte une rotation perpétuelle du cylindre. C’est du moins ce que je pensais.

Je me mis à construire un modèle en bois et l’assemblai avec d’infinies précautions ; je branchai la pompe sur un des côtés et je remarquai qu’effectivement le cylindre avait tendance à se mettre à tourner : j’étais fou de joie ! Je voulais arriver à faire des vols mécaniques, malgré un douloureux souvenir d’une chute que j’avais faite en sautant d’un toit avec un parapluie. Je voyageais mentalement tous les jours dans les airs et j’allais dans des régions très éloignées, mais je ne savais pas comment m’y prendre pour que ces rêves deviennent réalité. Et voilà que j’avais obtenu quelque chose de concret, une machine volante constituée d’un simple arbre rotatif, d’ailes battantes, … et d’un vide de puissance illimitée ! À partir de ce jour, je fis mes excursions journalières dans les airs, à bord d’un véhicule confortable et luxueux, digne du Roi Salomon. J’ai mis des années pour comprendre que la pression atmosphérique s’exerçait à angle droit sur la surface du cylindre et que le léger effet de rotation que j’avais remarqué était dû à une fuite ! Bien que j’en aie pris conscience étape par étape, j’allais éprouver un choc pénible. Je venais à peine de finir ma formation au lycée, lorsque je fus atteint d’une maladie très grave, ou plutôt de toute une flopée de maladies, et mon état physique devint tellement désespérant que tout le corps médical déclara forfait. À cette époque, j’avais le droit de lire des livres non répertoriés par la Bibliothèque Municipale ; elle me les confiait pour que je classe ces ouvrages, afin de les intégrer dans ses catalogues. Un jour, on me remit quelques volumes d’un genre littéraire tout à fait nouveau qui m’était totalement étranger ; ils furent tellement captivants que j’en oubliais complètement mon état désespéré. C’étaient les premiers ouvrages de Mark Twain, et je crois que je leur dois mon rétablissement miraculeux qui s’ensuivit. Vingt-cinq ans plus tard, je racontai cette expérience à M. Clemens avec lequel je m’étais lié d’amitié, et je fus très surpris de voir ce grand auteur de satires amusantes se mettre à pleurer.

Je continuai mes études au lycée supérieur de Carlstadt en Croatie, où habitait une de mes tantes. C’était une femme distinguée, l’épouse d’un Colonel, un vétéran qui avait participé à plusieurs batailles. Je n’oublierai jamais les trois années que j’ai passées chez eux. La discipline qui y régnait était plus sévère que celle d’une forteresse en état de siège. J’étais nourri comme un canari. Tous les repas étaient d’excellente qualité et délicieux, mais la quantité aurait pu être multipliée par dix. Ma tante découpait le jambon en tranches pas plus épaisses que du papier de soie. Et lorsque le Colonel voulait me servir de manière plus substantielle, elle l’en empêchait en disant d’un ton énervé : « Fais donc attention, Niko est très fragile ! » J’avais un appétit d’ogre et je souffrais comme Tantale. Toutefois, je vivais dans une atmosphère de raffinement et de bon goût, ce qui était plutôt exceptionnel vu l’époque et les circonstances. Les terres étaient basses et marécageuses, et je fus victime du paludisme pendant toute la durée de mon séjour, malgré les nombreux médicaments que je prenais. À certaines périodes, le niveau du fleuve montait et déversait toute une armée de rats qui se précipitaient dans les maisons pour tout dévorer, jusqu’aux bottes de piments. Ce fléau fut pour moi un divertissement bienvenu. Je décimai les rats par toutes sortes de moyens, ce qui m’a valu la distinction peu enviable de meilleur chasseur de rats de toute la commune. Finalement, ma formation toucha à sa fin, la misère cessa, et j’obtins mon baccalauréat qui me conduisit à la croisée des chemins.

Durant toutes ces années, mes parents n’ont jamais faibli dans leur décision de me voir embrasser une carrière dans le clergé ; cette seule idée me remplissait de terreur. J’étais devenu très intéressé par l’électricité sous l’influence stimulante de mon professeur de physique qui était un vrai génie, et qui nous démontrait les principes avec des dispositifs qu’il avait lui-même inventés. Je me souviens de l’un d’eux : c’était un appareil qui ressemblait à une ampoule susceptible de tourner librement, recouverte d’une feuille d’étain, qui commençait à tourner rapidement quand il le connectait avec une machine statique. Il m’est impossible de vous donner une idée précise de l’intensité de mes émotions lorsque je le vis obtenir ces phénomènes mystérieux. Chaque observation résonnait des milliers de fois dans ma tête. Je voulais en savoir plus sur cette force merveilleuse. Je n’avais qu’une envie, c’était faire moi-même des expériences et des recherches, et c’est le coeur gros que je me pliai à l’inévitable.

Alors que je me préparais au long voyage du retour à la maison, on me dit que mon père voulait que je participe à une expédition de chasse. Cette demande m’a paru bien étrange, parce que jusque là, mon père s’était toujours violemment opposé à ce type de sport. Mais quelques jours plus tard, j’appris que le choléra faisait rage dans son district, et profitant d’une opportunité, je rentrai à Gospic sans tenir compte du voeu de mes parents. Il est inouï à quel point les gens étaient ignorants des véritables causes de cette terreur qui frappait le pays tous les 15 à 20 ans. Ils pensaient que les agents mortels étaient véhiculés par l’air et ils vaporisaient des parfums irritants dans les pièces et les enfumaient. Pendant ce temps, ils buvaient de l’eau infectée et mouraient en masse. J’ai attrapé cette maladie le jour même de mon arrivée, et bien qu’ayant surmonté la crise, je dus garder le lit pendant neuf mois durant lesquels je pus à peine bouger. Mon énergie était totalement épuisée, et je me retrouvais, pour la seconde fois, à l’article de la mort. Lors d’une de ces crises, dont tout le monde pensait qu’elle allait m’emporter, mon père fit irruption dans la pièce. Je me souviens encore de son visage blême alors qu’il tentait de me réconforter, mais le ton de sa voix trahissait son manque d’assurance. Je lui dis : « Peut-être que je vais me rétablir si tu me laisses faire mes études d’ingénieur. » Il me répondit d’un ton solennel : « Tu iras dans le meilleur institut technologique du monde », et je savais qu’il était sincère. Il venait d’enlever un poids énorme de mes épaules ; toutefois, le soulagement serait arrivé trop tard pour permettre que je me rétablisse, si je n’avais pas déjà suivi une cure fabuleuse d’une décoction amère d’un type particulier de graine. Je me relevai, tel Lazare d’entre les morts, au grand étonnement de tous. Mon père insista pour que je passe une année à faire des exercices physiques au grand air, ce que j’acceptai à contrecoeur. Je passai la plupart de ce temps à me promener en montagne, vêtu d’une tenue de chasse et quelques livres en poche ; ce contact avec la nature me revigora physiquement et mentalement. J’inventai beaucoup de choses et je fis des plans, mais en règle générale, ils étaient loin de la réalité. Mon imagination était assez bonne mais ma connaissance des principes très limitée. Avec l’une de mes inventions, je voulais faire des envois transocéaniques de lettres et de colis à travers un tuyau sous-marin, dans des conteneurs sphériques capables de résister à la pression hydraulique. J’avais soigneusement conçu et dessiné la station de pompage qui devait envoyer l’eau dans le tuyau, et tous les autres détails étaient très bien étudiés. Il n’y eut qu’un détail insignifiant que j’ai traité à la légère. J’avais supposé une vitesse arbitraire de l’eau et, qui plus est, je m’amusais à l’augmenter encore, ce qui me permettait d’arriver à des résultats stupéfiants corroborés par mes calculs sans fautes. Toutefois, mes études ultérieures sur la résistance des tuyaux aux fluides, me décidèrent de laisser à d’autres le soin de perfectionner cette invention.

Un autre de mes projets était la construction d’un anneau autour de l’équateur, capable de flotter librement et qui pouvait être arrêté dans son mouvement de rotation par des forces contraires, ce qui permettrait de voyager à raison de 1600 kilomètres par heure, une vitesse impensable en train. Le lecteur doit sourire. Je veux bien admettre que le plan était difficilement réalisable, mais moins que celui de ce professeur new-yorkais qui voulait pomper l’air des régions chaudes vers les régions plus froides, ignorant complètement que le Seigneur avait déjà créé un mécanisme géant dans ce même but.

Un autre plan encore, beaucoup plus important et passionnant, était de puiser l’énergie du mouvement rotatif des corps terrestres. J’avais découvert que les objets, à la surface de la Terre, grâce à la rotation journalière du globe, sont emportés par lui alternativement vers et contre la direction du mouvement de translation. Cela entraîne un grand changement dans le moment, qui pourrait être utilisé de la manière la plus simple pour fournir une force motrice dans toute région habitée du globe. Je ne peux pas trouver les mots pour dire combien j’ai été déçu, lorsque je découvris plus tard que j’étais dans la même situation fâcheuse qu’Archimède qui avait vainement cherché un point fixe dans l’univers.

À la fin de mes vacances, je fus envoyé à l’École Polytechnique de Graz, en Styrie, que mon père considérait comme une des plus anciennes et des meilleures institutions. Ce fut un moment très attendu et j’entamai mes études sous de bons auspices, fermement décidé à réussir. Ma formation antérieure était au-dessus de la moyenne grâce à l’enseignement de mon père et à des opportunités qui m’avaient été offertes. J’avais appris un certain nombre de langues et potassé les livres de plusieurs bibliothèques, glanant des informations plus ou moins utiles. C’est alors que, pour la première fois, je pus choisir les disciplines que j’aimais, et le dessin à main levée ne devait plus m’ennuyer. J’avais décidé de faire une surprise à mes parents, et durant la première année, je commençais à étudier régulièrement à trois heures du matin pour finir vers onze heures le soir, les dimanches et les vacances inclus. Comme la plupart de mes camarades étudiants prenaient les choses à la légère, j’ai toujours obtenu facilement les meilleurs résultats. Au cours de cette année, je réussis neuf examens, et mes professeurs estimaient que je méritais plus que les meilleures notes. Armé de mes certificats très flatteurs, je rentrai à la maison pour un bref repos ; je m’attendais à un accueil triomphal et je fus vexé à mort lorsque mon père dévalua ces honneurs que j’avais eu tant de mal à obtenir. Toute mon ambition en fut presque anéantie. Toutefois, quelque temps après sa mort, j’ai été peiné de trouver toute une pile de lettres que mes professeurs lui avaient écrites pour le prévenir que s’il ne me retirait pas de l’Institut, j’allais mourir de surmenage. Je me suis alors consacré entièrement aux études de la physique, de la mécanique et des mathématiques, en passant tout mon temps libre dans les bibliothèques. Finir ce que j’avais commencé tournait à la manie, et m’a souvent créé bien des problèmes. Un jour, j’avais commencé à lire les oeuvres de Voltaire, lorsque j’appris, à ma grande consternation, que ce monstre avait rédigé pas moins de cent gros volumes imprimés en petits caractères, en buvant journellement 72 tasses de café noir. Il fallait que je les lise tous, mais lorsque je reposai le dernier livre, je fus très heureux et me dis : « Plus jamais ça ! »

Mes performances de la première année m’avaient valu l’estime et l’amitié de plusieurs professeurs. Parmi eux, il y avait le professeur Rogner qui enseignait l’arithmétique et la géométrie, le professeur Poeschl, qui tenait la chaire en physique théorique et expérimentale, et le Docteur Allé qui enseignait le calcul intégral et qui était spécialisé dans les équations différentielles. Ce scientifique fut le conférencier le plus brillant que j’aie jamais entendu. Il s’intéressa particulièrement à mes progrès et resta souvent une heure ou deux avec moi dans la salle de conférences pour me soumettre des problèmes que je résolvais à la perfection. C’est à lui que j’expliquai une de mes inventions de machine volante ; ce n’était pas une invention illusoire, mais basée sur des principes scientifiques intelligents ; elle est devenue réalisable grâce à ma turbine et fera bientôt son entrée dans le monde. Les professeurs Rogner et Poeschl étaient bizarres tous les deux. Le premier avait un tic dans sa façon de s’exprimer, dont les élèves se moquaient bruyamment à chaque fois ; suivait alors un silence long et embarrassant. Prof. Poeschl était un homme méthodique et typiquement allemand. Il avait des mains et des pieds énormes, comme les pattes d’un ours ; néanmoins, il menait ses expériences avec beaucoup d’adresse et une précision d’horloger, sans jamais faire la moindre erreur.

C’est au cours de ma deuxième année à l’Institut que nous reçûmes une dynamo Gramme de Paris, qui avait un aimant inducteur laminé en forme de fer à cheval, et une armature entourée de fils avec un commutateur. Elle fut branchée et le Prof. Poeschl nous montra des effets variés du courant. Tandis qu’il faisait les démonstrations, la machine fonctionnant comme un moteur, les balais posèrent problème en lançant des étincelles ; je fis alors remarquer que l’on pouvait faire fonctionner un moteur sans ces dispositifs. Là-dessus, il déclara que j’avais tort, et il nous gratifia d’un cours particulier sur le sujet, à la fin duquel il observa : « M. Tesla est peut-être capable de faire de grandes choses, mais il lui est impossible de réussir sur ce point. Cela reviendrait à convertir une force d’attraction constante, comme celle de la gravité, en mouvement de rotation, en d’autres termes en mouvement perpétuel, ce qui est inconcevable. » Toutefois, l’intuition est quelque chose qui transcende la connaissance. Nous possédons sans doute certains nerfs plus fins qui nous permettent de percevoir la vérité lorsque la déduction logique, ou tout autre effort volontaire du cerveau, est infructueuse. J’en fus troublé pendant quelque temps, impressionné par l’autorité du professeur, mais je fus bientôt convaincu que j’avais raison, et je me mis au travail avec toute l’ardeur et la confiance sans bornes de la jeunesse.

4. Un des premiers moteurs à induction polyphasé de Tesla, présenté pour la première fois en 1888 devant l’Institut américain des ingénieurs en électrotechnique. Le champ magnétique en rotation obtenu dans ce moteur par des courants alternatifs « déphasés » dans les bobines stationnaires, fait tourner le rotor en induisant des courants secondaires dans le rotor : le champ magnétique secondaire créé par ces courants amène le rotor à rattraper le champ magnétique primaire en rotation ; bien que s’en approchant, il ne le rattrape jamais. Ce moteur est celui des moteurs existants qui a le moins de problèmes : son rotor, dépourvu de collecteurs créateurs d’étincelles, de bagues et autres connexions électriques, est la seule partie du moteur en mouvement, et de ce fait, seuls les roulements du rotor sont susceptibles de s’user.

Je commençai à imaginer une machine à courant continu, à visualiser son fonctionnement et je suivis le flux changeant du courant électrique dans l’armature. Ensuite, j’imaginai une machine à courant alternatif (un alternateur) et je suivis son processus de fonctionnement de la même manière. Pour finir, je visualisai des systèmes comprenant des moteurs et des générateurs qui fonctionneraient de différentes manières. Les images que je voyais étaient parfaitement claires et tangibles. Tout le temps que je devais encore passer à Graz fut consacré à des efforts intenses mais stériles dans ce sens, et je commençais à baisser les bras, pensant que le problème était insoluble. En 1880, je me rendis à Prague, en Bohême, pour répondre au voeu de mon père de compléter mon éducation dans cette université. C’est dans cette ville que je fis une avancée certaine : je détachai le commutateur de la machine et étudiai le phénomène sous ce nouvel angle ; toutefois, les résultats n’étaient toujours pas concluants. L’année suivante, ma philosophie de la vie se modifia brusquement. Je réalisai que mes parents faisaient trop de sacrifices pour moi, et je décidai de les décharger de ce fardeau. La vague du téléphone américain venait de déferler en Europe et le système devait être installé à Budapest, en Hongrie. Cela me parut une opportunité idéale, d’autant plus qu’un ami de la famille se trouvait à la tête de l’entreprise. Ce fut alors que je fis ma plus grave dépression nerveuse, dont j’ai déjà parlé plus haut. Ce que j’ai dû endurer durant ma maladie dépasse toute imagination. Ma vue et mon ouïe ont toujours été exceptionnelles. Je pouvais clairement discerner des objets à une distance où les autres ne voyaient rien du tout. Dans mon enfance, j’ai souvent empêché que les maisons de nos voisins prennent feu, en appelant les secours dès que j’entendais les légers craquements et grésillements annonciateurs d’un incendie ; ces signes leur étaient inaudibles et ne perturbaient pas leur sommeil.

En 1899, lorsque, à plus de 40 ans, je menais mes expériences au Colorado, je pouvais entendre très nettement des coups de tonnerre à près de 900 km de là. Mes assistants plus jeunes avaient une ouïe qui ne dépassait guère les 250 km. Mon oreille avait donc une sensibilité treize fois supérieure. Pourtant, à cette époque, j’étais, pour ainsi dire, sourd comme un pot, en comparaison avec l’acuité auditive durant ma dépression nerveuse. À Budapest, je pouvais entendre le tic-tac d’une pendule qui se trouvait trois pièces plus loin. Une mouche venant se poser sur la table dans la pièce créait un bruit sourd dans mon oreille. Une voiture roulant à plusieurs kilomètres de moi faisait trembler tout mon corps. Le sifflement d’une locomotive, passant entre 30 et 50 km plus loin, faisait vibrer le banc ou la chaise sur lequel j’étais assis à un point tel que la douleur devenait insoutenable. Le sol sous mes pieds n’arrêtait pas de trembler. Si je voulais dormir tant soit peu, il fallait que je pose des coussinets en caoutchouc sous les pieds de mon lit. J’avais souvent l’impression que des grondements proches ou lointains devenaient des paroles qui auraient pu m’effrayer si je n’avais pas été en mesure d’en analyser les composants insignifiants. Lorsque j’interceptais périodiquement les rayons du soleil, je ressentais dans ma tête des coups d’une telle violence qu’ils m’étourdissaient. Il me fallait rassembler tout mon courage pour passer sous un pont ou toute autre structure, car j’avais alors l’impression qu’on enfonçait mon crâne. Dans l’obscurité, j’avais la sensibilité d’une chauve-souris, et un fourmillement bien spécifique sur mon front me permettait de détecter la présence d’objets à une distance de plus de 3,5 m. Mon coeur pouvait monter à plus de 260 pulsations par minute, mais le plus difficile à supporter, c’était les tremblements et les contractions nerveuses très douloureuses de tous les tissus de mon corps. Un médecin très réputé qui m’administrait journellement de fortes doses de bromure de potassium, déclara que j’étais atteint d’une maladie unique et incurable. Je regretterai toujours de ne pas avoir été, à cette époque, examiné par des spécialistes en physiologie et en psychologie. Je m’accrochais désespérément à la vie, mais je ne m’attendais pas à guérir. Peut-on imaginer qu’une telle épave physique se transformerait en un homme d’une ténacité et d’une force étonnantes, capable de travailler pendant trente huit ans sans pratiquement s’arrêter un seul jour, et toujours se sentir jeune et fort dans son corps comme dans son esprit ? Tel est mon cas. Un puissant désir de vivre et de continuer de travailler, associé à l’aide d’un ami et athlète dévoué, permirent ce miracle. Ma santé revint et avec elle la force mentale. Lorsque je ré-attaquai le problème, je regrettai presque que la bataille fût sur le point de se terminer. Il me restait tellement d’énergie. Lorsque je m’attelai à la tâche, ce n’était pas avec le type de résolution que les hommes prennent généralement ; pour moi, il s’agissait d’un voeu sacré, c’était une question de vie ou de mort. Si je devais échouer, je savais que je périrais. Maintenant, j’avais l’impression que j’avais gagné la bataille. La solution se trouvait dans les recoins les plus profonds de mon esprit, mais je ne pouvais pas encore lui permettre de s’exprimer librement. Je me souviendrai toujours de cet après-midi où je me promenai avec un ami dans les jardins publics en récitant de la poésie. À cet âge-là, je connaissais plusieurs livres par coeur et étais capable de les réciter mot pour mot. L’un d’eux était le Faust de Goethe. Le soleil était en train de se coucher quand je me remémorai ce passage grandiose :

»Sie rückt und weicht,der Tag ist überlebt

Dort eilt sie hin und fördert neues Leben,

Oh, dass kein Flügel mich vom Boden hebt.

Ihr nach und immer nach zu streben !

Ein schöner Traum indessen sie entweicht,

Ach zu des Geistes Flügeln wird so leicht

Kein körperlicher Flügel sich gesellen ! »

 

»Et le soleil descend dans le jour accompli ;

Il fuit pour engendrer mille formes nouvelles.

Ah ! pour l’accompagner que n’ai-je donc des ailes

Qui m’enlèvent bien loin de ce sol avili !

Beau rêve dont déjà s’éteignent les accords.

Pourquoi faut-il que ne réponde

À l’aile de l’esprit aucune aile du corps ! »*

Lorsque je prononçai ces mots évocateurs, une idée me vint comme le flash d’un éclair et la vérité me fut instantanément révélée. Avec un bâton, je dessinai dans le sable les diagrammes que mon compagnon comprit sur-le-champ ; je devais les présenter six ans plus tard à l’Institut américain des ingénieurs en électrotechnique. Les images que je voyais étaient claires et nettes et avaient la solidité du métal et de la pierre, si bien que je lui dis : « Vois ce moteur, et regarde comment je vais l’inverser. » Je ne peux pas vous décrire mes émotions. Pygmalion, lorsqu’il vit sa statue se mettre à bouger ne pouvait pas avoir été plus ému que moi. J’aurais donné mille secrets de la nature que j’avais découverts accidentellement pour celui que je venais de lui extorquer contre toute attente, et au péril de ma vie.

*Extrait de FAUST de Goethe, Flammarion, Paris, 1984. Traduction de Jean Malaplate

5. Nikola Tesla, âgé de 39 ans, à l’apogée de sa renommée.

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( À Suivre )

MES INVENTIONS de Nikola Tesla.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 17:11
Nikola Tesla : Mes inventions (3)

 

MES INVENTIONS

Chapitre II
Mes premières découvertes

J’aimerais revenir brièvement sur ces expériences extraordinaires, en raison de l’intérêt qu’elles pourraient avoir pour des étudiants en psychologie et physiologie, et aussi parce que cette période de souffrance fut d’une importance majeure pour mon développement mental et mes travaux ultérieurs. Il me faut tout d’abord préciser les circonstances et les conditions qui les ont précédées, car elles pourraient en fournir une explication, ne serait-ce que partiellement.  

Je fus obligé, dès mon enfance, à concentrer toute mon attention sur moi-même et j’en ai beaucoup souffert. Toutefois, je pense aujourd’hui que ce fut une sorte de bénédiction, car cela m’a appris à estimer la valeur inestimable de l’introspection dans la préservation de la vie et la réalisation de mes objectifs. Le stress permanent qu’engendre cette introspection et le flot incessant des impressions qui arrivent à notre conscience à travers toutes nos expériences, font que l’existence moderne devient périlleuse à plusieurs égards. La plupart des personnes sont tellement absorbées par le monde extérieur qu’elles sont complètement inconscientes de ce qui se passe en leur for intérieur. La mort prématurée de millions de gens a sa cause première dans ce fait. Même ceux qui sont plus respectueux d’eux-mêmes font souvent l’erreur de fuir leur imagination et ignorent les vrais dangers. Ce qui est vrai pour un individu l’est aussi, plus ou moins, pour l’humanité en tant que tout. Prenons, par exemple, le mouvement actuel de la prohibition. On est en train de prendre, dans ce pays, des mesures drastiques, voire anticonstitutionnelles, pour interdire la consommation d’alcool, alors que d’un autre côté, il est un fait prouvé que le café, le thé, le tabac, le chewing-gum et autres excitants que consomment souvent même les très jeunes, sont beaucoup plus dangereux, à en juger par le nombre des dépendants à ces produits. Par exemple, lorsque j’étais étudiant, j’ai constaté en consultant chaque année la nécrologie de Vienne, capitale des buveurs de café, que les décès dus à des problèmes cardiaques pouvaient atteindre 67% du chiffre global. On observera probablement la même chose dans des villes où la consommation de thé est excessive. Ces délicieux breuvages conduisent à un état de surexcitation et épuisent graduellement les vaisseaux ténus du cerveau. Ils interfèrent par ailleurs sérieusement sur la circulation artérielle et devraient donc être consommés avec d’autant plus de modération que leurs effets délétères sont lents et imperceptibles. Le tabac, quant à lui, incite à penser librement et sans stress et diminue la force de concentration nécessaire à tout effort intellectuel soutenu. Le chewing-gum n’est que d’un piètre secours, car il épuise très vite le système glandulaire et inflige des dégâts irréversibles, sans parler du phénomène de révulsion qu’il entraîne. L’alcool consommé avec modération est un excellent tonique, mais il devient toxique à plus grande dose, qu’il soit ingéré sous forme de whisky ou qu’il soit produit à partir du sucre dans l’estomac. Néanmoins, il ne faudrait pas oublier que tous ces produits sont de puissants facteurs de sélection de la Nature, obéissant à sa loi sévère mais juste, en vertu de laquelle seuls les plus forts survivent. Par ailleurs, les réformateurs zélés devraient tenir compte de l’éternelle perversité de l’homme, qui préfère de loin le laissez faire dans l’indifférence aux restrictions forcées. En d’autres termes, nous avons besoin de stimulants pour réussir au mieux dans les conditions de vie actuelles et nous devons agir avec modération et maîtriser nos appétits et penchants quels qu’ils soient. C’est ce que j’ai fait des années durant, et c’est pourquoi j’ai pu rester jeune de corps et d’esprit. Vivre dans l’abstinence n’était pas ce qui me plaisait le plus ; toutefois, je suis largement récompensé par la satisfaction que m’apportent mes expériences actuelles. Je vais citer quelques unes d’entre elles, dans l’espoir que certains adopteront mes préceptes et ma philosophie.

Il y a quelque temps, par une nuit d’un froid glacial, je retournai à mon hôtel. Le sol était glissant et aucun taxi en vue. Un homme me suivait à une vingtaine de mètres et il était tout aussi pressé que moi de rentrer au chaud. Tout d’un coup, mes jambes partirent en l’air, et au même moment, j’eus un flash dans ma tête. Mes nerfs réagirent et mes muscles se tendirent ; je virevoltai et atterris sur mes mains. Je repris ma marche comme si de rien n’était. L’autre homme m’avait alors rattrapé et me dit : « Quel âge avez-vous ? », en m’observant d’un oeil critique. « Pas loin de 59 ans », lui répondis-je, « pourquoi? » Il dit, « Eh bien, j’ai déjà vu des chats se comporter comme cela, mais un homme, jamais ! » Il y a environ un mois, je voulais m’acheter de nouvelles lunettes, et me rendis donc chez l’oculiste, pour passer les tests d’usage. Il me regarda d’un air incrédule pendant que je lisais facilement les caractères même les plus petits à une distance considérable. Lorsque je lui annonçai que j’avais plus de 60 ans, il resta bouche bée. Mes amis me font souvent remarquer que mes costumes me vont comme un gant, mais ce qu’ils ignorent, c’est que je les fais tailler sur mesures ; elles ont été prises il y a 35 ans et n’ont pas changé depuis ; mon poids non plus du reste.

À ce sujet, j’ai une histoire plutôt amusante à vous raconter. Un soir de l’hiver 1885, M. Edison, Edward H. Johnson, président de l’Edison Illuminating Company, M. Bachellor, directeur des usines et moi-même entrâmes dans un lieu en face du numéro 65 de la 5e Avenue, où se trouvaient les bureaux de la société. Quelqu’un proposa de deviner le poids de l’autre, et on me demanda de monter sur une balance. Edison m’inspecta à tâtons et dit : « Tesla pèse 152 lbs à 30 grammes près. » C’était tout à fait exact. Tout nu, je pesai 142 livres et depuis mon poids n’a pas bougé. Je chuchotai à M. Johnson, » Comment se fait-il qu’Edison ait pu deviner mon poids de manière aussi précise ? » Il me dit à voix basse » Eh bien, ce que je vais vous dire est confidentiel et il ne faudra pas le répéter : il a travaillé pendant longtemps dans les abattoirs de Chicago où il pesait des milliers de porcs tous les jours. Voilà pourquoi. » Mon ami, l’honorable Chauncey M. Depew, raconte qu’un Anglais, surpris par une des ses anecdotes, resta perplexe, et que c’est seulement un an plus tard qu’il en éclata de rire. Moi, il faut que je le confesse, j’ai mis plus d’un an pour comprendre la blague de Johnson.

Mon bien-être vient tout simplement du fait que je fais preuve de modération et de prudence dans ma vie et le plus surprenant de tout cela, c’est que trois fois durant ma jeunesse la maladie avait fait de moi une épave devant laquelle tous les médecins avaient baissé les bras. En outre, mon ignorance et mon insouciance m’ont fait courir toutes sortes de risques, de dangers et tomber dans des pièges dont je me suis sorti comme par enchantement. J’ai failli me noyer une dizaine de fois, me faire ébouillanté et être brûlé vif. J’ai été enfermé, oublié et j’ai manqué mourir de froid. Il s’en est fallu d’un cheveu que je me fasse attraper par des chiens enragés, des cochons et d’autres animaux sauvages. J’ai survécu à des maladies horribles et dû faire face à bien des mésaventures ; le fait que je sois aujourd’hui entier et en vie me paraît relever du miracle. Toutefois, en me rappelant tous ces incidents, je suis convaincu que si j’en ai été protégé, ce n’est pas du tout par hasard.

Le but d’un inventeur est de trouver des solutions pour préserver la vie. Que ce soit en mettant certaines énergies au service de l’humanité, en perfectionnant les appareils, ou en inventant des dispositifs qui rendent la vie plus confortable, il contribue à améliorer la sécurité de notre existence. Par ailleurs, il est plus à même de se protéger en cas de danger que l’homme moyen, parce qu’il est vigilant et prévoyant. S’il n’existait aucune autre preuve que je possédais ces qualités-là, mes expériences personnelles suffiraient à le démontrer. Le lecteur pourra en juger à la lecture de ces quelques exemples.

Alors que j’avais environ 14 ans, je voulus un jour effrayer quelques amis qui se baignaient avec moi. J’avais l’intention de plonger sous une longue structure flottante et de refaire tranquillement surface à l’autre bout. Je savais nager et plonger aussi naturellement qu’un canard et j’étais confiant dans mon succès. Je plongeai donc dans l’eau et lorsque je fus hors de vue, je me retournai et nageai très vite en direction opposée. Je pensai que j’avais largement dépassé la structure et je remontai à la surface, lorsqu’à ma grande consternation, ma tête heurta une poutre. Je replongeai très vite et me remis à nager très vite jusqu’à ce que l’air commençât à me manquer. Je remontai alors pour la deuxième fois, et ma tête toucha une nouvelle fois une poutre. Je commençai à désespérer. Toutefois, je rassemblai toute mon énergie et entrepris frénétiquement une troisième tentative, mais le résultat fut le même. Je ne pouvais plus respirer et la douleur devint insupportable ; la tête me tournait et je commençais à sombrer. C’est à ce moment-là, alors que la situation semblait désespérée, que j’ai eu un de ces flashes de lumière dans lequel la structure m’apparut en vision au-dessus de moi. Ai-je vu ou deviné qu’il y avait un petit espace entre la surface de l’eau et les planches qui reposaient sur les poutres, toujours est-il que, bien qu’au bord de l’évanouissement, je remontai et vins presser ma bouche près des planches ; je réussis à inhaler un peu d’air, mais malheureusement il était mélangé avec des gouttes d’eau qui ont failli me faire étouffer. J’ai répété cette procédure plusieurs fois comme en transe, jusqu’à ce que mon coeur, qui battait la chamade, revint à la normale et que je retrouvai mes esprits. Ensuite, je fis un certain nombre d’autres tentatives pour remonter à l’air libre, mais j’avais complètement perdu le sens de l’orientation, et j’échouai toujours. Finalement, je réussis malgré tout à sortir de mon piège, tandis que mes amis me croyaient déjà mort et s’étaient mis à la recherche de mon corps. Cette imprudence mit fin aux baignades cet été à ; toutefois, j’oubliai bientôt la leçon, et ce n’est que deux ans plus tard que je devais retomber dans une situation encore plus fâcheuse. Près de la ville où je faisais mes études à l’époque, il y avait une grande minoterie et un barrage qui traversait le fleuve. En règle générale, l’eau ne montait pas à plus de 5 à 8 cm au-dessus du barrage, et nager jusqu’à lui était un sport pas très dangereux auquel je m’adonnais souvent. Un jour, je me rendis seul au fleuve pour m’amuser comme d’habitude. Toutefois, lorsque je fus à une courte distance du mur, je réalisai avec effroi que l’eau avait monté et qu’elle m’emportait rapidement. J’essayai de revenir en arrière, mais il était trop tard. Heureusement, je réussis à m’agripper au mur avec les deux mains et donc à éviter d’être emporté par-dessus. La pression sur ma poitrine était très forte, et j’avais du mal à garder la tête hors de l’eau. Il n’y avait âme qui vive tout alentour et mes cris furent étouffés par le grondement de la cascade. Je m’épuisai petit à petit et eus de plus en plus de mal à résister à la pression. J’étais sur le point de lâcher prise et d’être précipité sur les rochers au bas de la cascade, lorsque je vis dans un éclair de lumière le diagramme familier illustrant le principe hydraulique qui veut que la pression d’un liquide en mouvement soit proportionnelle à la surface exposée, et automatiquement je me tournai sur mon flanc gauche. La pression fut réduite comme par magie et il me fut relativement plus facile de résister à la force du courant dans cette position. Cependant le danger était toujours là. Je savais que tôt ou tard je serais emporté dans les chutes d’eau, car il était impossible que des secours arrivent à temps, même si j’avais dû attirer l’attention de quelqu’un. Je suis ambidextre aujourd’hui, mais à l’époque j’étais gaucher et j’avais relativement peu de force dans mon bras droit. C’est pourquoi je n’osai pas me retourner pour me reposer sur l’autre côté, et il ne me restait donc plus rien d’autre à faire que de pousser mon corps le long du barrage. Il fallait que je m’éloigne du moulin auquel je faisais face, car le courant y était plus rapide et plus profond. Ce fut une entreprise longue et douloureuse et je fus près d’échouer à la fin, car je sentis une dépression dans le mur. Le peu de force qu’il me restait m’a quand même permis de la franchir, et je m’évanouis en atteignant la rive ; c’est là que l’on m’a trouvé. Ma chair était à vif sur tout mon côté gauche, et il a fallu des semaines avant que la fièvre ne tombe et que je sois guéri. Ce ne sont que deux de mes nombreux accidents, mais ils suffisent à révéler que si je n’avais pas eu cet instinct d’inventeur, je ne serais pas là aujourd’hui pour en parler.

Les gens me demandent souvent comment et quand j’ai commencé mes inventions. Pour autant qu’il me souvienne, la première tentative fut assez ambitieuse, car elle impliquait à la fois l’invention d’un appareil et d’une méthode. Pour la première j’avais déjà un prédécesseur, mais je fus le fondateur de la deuxième. Voici comment cela s’est passé. Un de mes camarades de jeu avait reçu une ligne et tout le matériel de pêche, ce qui fut un événement dans le village ; le lendemain, ils allèrent tous pêcher des grenouilles. J’étais resté seul parce que je m’étais justement disputé avec ce copain-là. Je n’avais jamais vu un vrai hameçon ; je pensais qu’il s’agissait de quelque chose d’extraordinaire, doté de qualités particulières, et je regrettais vraiment de ne pas être de la partie. Poussé par cette frustration, je me procurai un morceau de fil de fer, martelai un bout en pointe acérée entre deux pierres, le recourbai et l’attachai à une ficelle solide. Ensuite, je coupai une baguette, réunis quelques appâts et descendis jusqu’au ruisseau où il y avait des grenouilles en abondance. Toutefois, je n’ai pas pu en pêcher une seule, et je commençai à perdre courage lorsque j’eus l’idée de lancer l’hameçon tout nu devant une grenouille assise sur une souche. Au début elle se tassa, puis, petit à petit, ses yeux sortirent de l’orbite et furent injectés de sang ; elle enfla jusqu’à doubler de volume et happa rageusement l’hameçon. J’ai immédiatement tiré sur la ficelle. Je répétai inlassablement cette manoeuvre, et elle se montra infaillible. Lorsque mes camarades me rejoignirent, ils devinrent verts de jalousie parce qu’ils n’avaient rien attrapé du tout, malgré leur attirail sophistiqué. J’ai gardé le secret pendant très longtemps et je savourais mon monopole ; toutefois, dans l’ambiance des fêtes de Noël, je leur ai vendu la mèche. Chacun alors fut capable de faire comme moi, et l’été suivant il y eut une hécatombe parmi les grenouilles.

Dans mon expérience suivante, il semblerait que ce fut la première fois que j’aie agi sous une impulsion instinctive ; ces impulsions allaient me dominer ultérieurement et me pousser à mettre les énergies de la nature au service de l’humanité. En l’occurrence, j’ai utilisé des hannetons qui sont une véritable calamité dans ce pays, car parfois ils sont capables de casser les branches des arbres par le seul poids de leurs corps. Les buissons étaient noirs de hannetons. J’ai attaché quatre de ces bestioles sur des copeaux disposés en croix qui tournaient sur un pivot très mince et qui transmettaient leur mouvement à un disque plus grand, ce qui m’a permis d’obtenir une « puissance » considérable. Ces créatures étaient très performantes ; une fois qu’elles avaient commencé à tournoyer, rien ne pouvait plus les arrêter ; cela durait des heures, et plus il faisait chaud, plus elles travaillaient. Tout allait pour le mieux, lorsqu’un gamin bizarre entra en scène. C’était le fils d’un officier de l’armée autrichienne à la retraite. Ce galopin mangeait les hannetons vivants et en jouissait comme s’il dégustait les meilleures huîtres. Ce spectacle dégoûtant mit un terme à mes efforts dans ce domaine très prometteur et depuis, il m’est devenu impossible de toucher un hanneton ou un autre insecte.

Il me semble que c’est alors que j’ai commencé à démonter et à remonter les pendules de mon grand-père. J’ai toujours réussi la première opération, mais j’ai souvent échoué dans la deuxième. C’est pourquoi il mit un terme à mes activités d’une manière un peu brutale, et j’ai mis trente ans avant de reprendre une montre en mains. Peu de temps après cela, je me mis à fabriquer une espèce de fusil à bouchon, constitué d’un tuyau, d’un piston et de deux bouchons de chanvre. Pour tirer, il fallait presser le piston contre son ventre et pousser très vite le tube en arrière avec les deux mains. L’air entre les bouchons était alors comprimé et montait à une température élevée, jusqu’à ce que l’un des bouchons soit expulsé à grand bruit. L’astuce consistait à savoir sélectionner, parmi toutes les tiges creuses qui traînaient dans le jardin, celle qui avait un creux conique adapté,. Mon arme fonctionnait à merveille, mais mes activités entrèrent malheureusement en conflit avec les carreaux des fenêtres de notre maison, et je subis un découragement douloureux.

Si mes souvenirs sont exacts, j’ai ensuite commencé à tailler des épées dans des meubles mis à ma disposition. À cette époque, j’étais sous le charme de la poésie nationale serbe et plein d’admiration pour les actes de ses héros. Je passais des heures à abattre mes ennemis, représentés par les tiges de maïs, ce qui abîmait évidemment les récoltes, et me valut quelques fessées de ma mère, qu’elle ne me donna pas pour la forme mais avec le plus grand sérieux.

Tout cela, et bien d’autres choses encore, s’est passé avant que j’aie six ans et que je ne fréquente le cours préparatoire à l’école du village de Smiljan où je suis né. À la fin de cette année scolaire, nous déménageâmes à Gospic, une petite ville tout proche. Ce changement de résidence fut catastrophique pour moi. Cela m’a presque fendu le coeur de devoir me séparer de nos pigeons, de nos poules et de nos moutons, et de notre merveilleux troupeau d’oies qui s’envolaient dans les nuages le matin et qui revenaient gavées au crépuscule dans une formation de combat à faire pâlir de honte un escadron de nos meilleurs aviateurs actuels. Dans notre nouvelle maison, je me sentais comme un prisonnier regardant passer des étrangers dans la rue derrière ses stores. Ma timidité était telle que j’aurais préféré faire face à un lion rugissant qu’à un de ces types de la ville qui déambulaient sous les fenêtres. Toutefois, l’épreuve la plus dure fut celle du dimanche, lorsque je devais m’habiller et aller à la messe. Là il se passa un incident dont la seule pensée allait continuer de glacer mon sang comme du lait caillé pendant des années. C’était ma deuxième aventure dans une église, car peu de temps auparavant, j’avais été enfermé dans une vieille chapelle sur une montagne difficile d’accès, qui n’était fréquentée qu’une fois par an. Ce fut une expérience horrible, mais celle-ci était pire. Il y avait une dame très riche en ville, une femme gentille mais emplie de suffisance, qui venait toujours à la messe maquillée à outrance, vêtue d’une robe avec une énorme traîne, et accompagnée de sa suite. Un dimanche, je venais de faire sonner les cloches dans le beffroi et je me précipitais au bas des escaliers ; tandis que cette grande dame sortait d’un air majestueux, je sautai sur sa traîne. Elle se déchira dans un bruit formidable comme si une recrue inexpérimentée venait de tirer un feu de salve. Mon père était blanc de rage. Il me donna un léger soufflet sur la joue – le seul châtiment corporel que mon père m’ait jamais donné, mais je le ressens encore comme s’il datait d’hier. L’embarras de cette situation et la confusion qui a suivi sont inénarrables. Je fus quasiment mis au ban de la société jusqu’à ce quelque chose se passât qui me racheta dans l’estime de la communauté.

3. La maison familiale des Tesla à Gospic. Le lycée où il fit ses études est partiellement visible sur la droite. L’homme en soutane, à droite, est l’oncle de Tesla, Petar, évêque orthodoxe serbe en Bosnie.

Un jeune marchand très entreprenant avait fondé une caserne de pompiers. On avait acheté une nouvelle voiture de pompiers et des uniformes, et les hommes furent entraînés à des exercices de sauvetage, et à défiler. La voiture était en fait une pompe à incendie peinte en rouge et noir, que devaient faire marcher 16 hommes. Un après-midi, tout était fin prêt pour l’inauguration officielle, et le camion fut descendu à la rivière. Toute la population était là pour assister à ce grand spectacle. À la fin des discours et des cérémonies, l’ordre fut donné de pomper, mais il ne sortit pas une goutte d’eau du tuyau. Les professeurs et les experts essayèrent vainement de localiser la panne. C’était le fiasco total lorsque j’arrivai sur les lieux. Mes connaissances du mécanisme étaient nulles et je ne savais pratiquement rien en pneumatique, mais j’allai instinctivement inspecter le tuyau d’aspiration de l’eau dans la rivière, et je constatai qu’il était replié. Je m’avançai alors dans l’eau pour le déplier ; l’eau s’engouffra dans le tuyau et beaucoup d’habits du dimanche furent souillés. Lorsqu’Archimède courut tout nu dans la ville de Syracuse en hurlant « Eurêka ! », il n’a pas pu faire une plus grosse impression que moi ce jour-là. On me porta sur les épaules et j’étais le héros du jour.

Après notre installation dans cette ville, je commençai une formation de quatre ans à ce qu’on appelait l’école élémentaire secondaire, en préparation de mes études au lycée ou Real-Gymnasium. Durant toute cette période, mes efforts, mes exploits et mes ennuis allaient continuer. Je fus désigné, entre autres, champion national des pièges à corneilles. Ma manière de procéder était extrêmement simple. J’allais dans la forêt, je me cachais dans les fourrés et j’imitais le cri des oiseaux. D’habitude plusieurs me répondaient et un peu plus tard, une corneille descendait dans les buissons à côté de moi. Après quoi, il ne me restait plus qu’à lancer un bout de carton pour déjouer son attention, et de courir l’attraper avant qu’elle ait le temps de se dépatouiller des broussailles. C’est comme cela que j’en attrapais autant que je voulais. Toutefois, un jour, il se passa quelque chose qui me força à les respecter. J’avais attrapé un joli couple d’oiseaux et m’apprêtais à rentrer à la maison avec un ami. Lorsque nous quittâmes la forêt, des milliers de corneilles s’étaient rassemblées et faisaient un boucan effrayant. Elles nous prirent en chasse en quelques minutes et nous fûmes encerclés par les oiseaux. Soudain, je reçus un coup à l’arrière de ma tête qui m’a envoyé par terre. Les oiseaux alors m’attaquèrent de tous côtés ; je fus obligé de lâcher les deux oiseaux, et c’est avec soulagement que je pus rejoindre mon ami qui s’était réfugié dans une grotte.

Dans la salle de classe, il y avait quelques modèles mécaniques qui piquèrent ma curiosité et qui sont à l’origine de mon intérêt pour les turbines à eau. J’en construisis toute une série et je m’amusai beaucoup à les faire fonctionner. Je vais vous raconter un incident pour illustrer combien ma vie était extraordinaire. Mon oncle n’avait aucune estime pour ce genre de passe-temps et il me réprimandait souvent. J’avais pris connaissance d’une description fascinante des chutes du Niagara et j’avais imaginé qu’une énorme roue tournait grâce à ces chutes. Je dis à mon oncle qu’un jour, j’irai en Amérique pour réaliser ce rêve. Trente ans plus tard, mon projet sur les chutes du Niagara devint réalité, et je m’émerveillais du mystère insondable de l’esprit humain. J’ai construit toutes sortes d’autres d’appareils et d’engins, mais les meilleurs que j’aie jamais réalisés étaient mes arbalètes. Quand je tirais mes flèches, elles disparaissaient de la vue et, à courte distance, elles pouvaient traverser une planche de pin de 2,5 cm d’épaisseur. Comme je me suis énormément exercé à tendre mes arcs, j’ai fini par avoir de la corne sur mon ventre, qui ressemble à une peau de crocodile, et je me demande souvent si c’est à cause de ces exercices que je suis, encore aujourd’hui, capable de digérer des petits cailloux ! Il faut que je vous dise aussi mes performances avec ma fronde qui m’auraient certainement permis d’obtenir un succès fou à l’Hippodrome. Laissez-moi vous raconter un de mes exploits que j’ai réalisé avec cet ancien dispositif de guerre, qui va mettre à l’épreuve la crédulité des lecteurs. Je jouais avec ma fronde pendant que je marchais avec mon oncle le long de la rivière. Les truites s’amusaient à la nuit tombante et, de temps en temps, il y en avait une qui sautait hors de l’eau ; son corps brillant se reflétait nettement sur un rocher émergé à l’arrière-plan. Évidemment, n’importe quel garçon aurait pu toucher un poisson dans des conditions aussi favorables, mais j’élaborai un plan beaucoup plus difficile ; je décrivis à mon oncle ce que je voulais faire, dans les moindres détails. Je comptais tirer une pierre qui devait toucher le poisson, l’envoyer contre le rocher et le couper en deux. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mon oncle me regarda et cria, en proie à une peur bleue Vade retro Satanas ! Il a fallu que j’attende quelques jours avant qu’il ne m’adressât de nouveau la parole. Je ne parlerai pas des autres exploits, quoique superbes ; j’ai le sentiment, cependant, que je pourrais tranquillement me reposer sur mes lauriers pendant mille ans.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 11:08
Nikola Tesla : Mes inventions (2)
 

MES INVENTIONS

Chapitre I
Mon enfance

Le développement progressif de l’humanité dépend largement de ses inventions qui sont les produits par excellence de son esprit créateur. Son but ultime est la maîtrise totale du monde matériel, l’exploitation des forces de la nature pour les besoins de l’homme. C’est en cela que réside la tâche difficile de l’inventeur qui est souvent incompris et mal récompensé. Toutefois, il trouve d’amples compensations dans le plaisir d’exercer ses pouvoirs et dans le fait de savoir qu’il appartient à une classe exceptionnellement privilégiée, sans laquelle la race aurait péri depuis longtemps dans une lutte pénible contre les éléments impitoyables.

Pour ma part, j’ai déjà pu jouir plus que je ne le demandais de ce plaisir exquis, tant et si bien que pendant plusieurs années, je vécus de manière quasi permanente dans l’extase. J’ai la réputation d’être un travailleur acharné ; cela peut être juste, à condition que l’activité mentale soit synonyme de travail, car c’est à elle que j’ai pratiquement consacré toutes mes heures de veille. Par contre, si on définit le travail comme étant une performance définie, à réaliser en un temps donné et selon des règles strictes, alors, je dois être le pire des paresseux. Chaque effort entrepris sous la contrainte demande le sacrifice d’un peu d’énergie vitale. Je n’ai jamais payé ce prix-là ; au contraire, je me suis toujours épanoui dans mes pensées. Afin de rendre compte de mes activités de manière honnête et cohérente, dans cet ensemble d’articles publiés en collaboration avec les éditeurs de l’Electrical Experimenter, qui sont surtout destinés à nos jeunes lecteurs, il me faut revenir sur les impressions de ma jeunesse, bien que ce soit à contrecoeur, et de rappeler les circonstances et les événements qui ont joué un rôle décisif et déterminant dans ma carrière.

2. Maison natale de Nikola Tesla, à Smiljan en Licko, un comté de Croatie. (À droite, les ruines de l’église de son père). À sa naissance, cette région était un district militaire de l’Austro-Hongrie. (Institut Smithsonian)

Nos premières tentatives sont purement instinctives ; elles nous sont suggérées par une imagination vive et indisciplinée. À mesure que nous grandissons, la raison s’impose et nous devenons de plus en plus ordonnés et méthodiques. Toutefois, ces impulsions de la prime enfance, bien que n’ayant aucune productivité immédiate, sont de la plus haute importance, et peuvent modeler notre destin. En effet, je pense aujourd’hui que si je les avais comprises et entretenues au lieu de chercher à m’en défaire, mon legs à l’humanité en aurait été considérablement enrichi. Car c’est seulement lorsque j’atteignis l’âge adulte, que je pris conscience d’être un inventeur. Cela était dû à un certain nombre de causes. Premièrement, j’avais un frère extraordinairement doué ; il était un esprit rare, un de ces phénomènes de l’intelligence que toutes les investigations biologiques n’ont pas su expliquer. Sa mort prématurée laissa mes parents inconsolables. Nous avions un cheval qui nous avait été offert par un ami de la famille. C’était un animal magnifique, de race arabe, qui avait une intelligence presque humaine ; toute la famille en prenait grand soin et le chouchoutait car il avait, un jour, sauvé la vie de mon père en des circonstances étonnantes. C’était l’hiver, et une nuit, mon père fut appelé pour une urgence ; alors qu’il traversait une montagne envahie par les loups, le cheval prit peur et s’enfuit, après avoir jeté mon père violemment à terre. Il revint à la maison épuisé et ensanglanté, mais lorsque la cloche se mit à sonner l’alarme, le cheval repartit en flèche à l’endroit de l’accident ; l’équipe de recherche n’eût même pas le temps de les rejoindre, mais en route, elle rencontra mon père qui était sorti de son inconscience et était remonté sur son cheval, ne réalisant pas qu’il avait passé plusieurs heures étendu dans la neige. Ce cheval était aussi responsable des blessures de mon frère qui lui furent fatales. Je fus témoin de la scène, et bien que 56 années se soient écoulées depuis, mon impression visuelle n’a rien perdu de sa force. Tous les efforts que je pouvais faire semblaient nuls, en comparaison des résultats que mon frère avait obtenus. Tout ce que je faisais de valable ne faisait qu’intensifier le sentiment de perte de mes parents. C’est pourquoi je grandis avec peu de confiance en moi. Cependant, j’étais loin d’être considéré comme un gamin stupide à en juger par un incident dont je me souviens fort bien. Un jour, les conseillers municipaux passèrent dans la rue où je jouais avec d’autres garçons. Le plus âgé de ces hommes vénérables – un citoyen fortuné – s’arrêta pour nous donner à chacun une pièce en argent. S’approchant de moi, il s’arrêta net et me dit : « Regarde-moi dans les yeux ». Mon regard rencontra le sien, et je tendis ma main pour recevoir la pièce de valeur ; à ma grande consternation, il me dit : « Non ! Toi, tu n’auras rien, tu es trop intelligent ! » Une histoire amusante circulait sur mon compte. J’avais deux vieilles tantes au visage très ridé, et l’une d’elles avait deux dents en saillie, comme les défenses d’un éléphant, qu’elle enfonçait dans mes joues chaque fois qu’elle m’embrassait. Rien ne me faisait plus peur que l’idée d’être enlacé par ces parentes aussi affectueuses que repoussantes. Un jour, alors que ma mère me portait dans ses bras, on m’a demandé laquelle je préférais des deux. Après que j’eus examiné attentivement leurs visages, je dis d’un air dégagé en montrant l’une du doigt : « Celle-ci est moins laide que l’autre. » Par ailleurs, j’étais destiné, depuis ma naissance, à devenir un ecclésiastique et cette idée m’accablait continuellement. J’avais envie de devenir ingénieur, mais mon père était inflexible. Il était le fils d’un officier ayant servi dans l’armée du Grand Napoléon et il avait reçu une éducation militaire, tout comme son frère, qui était professeur de mathématiques dans une institution très importante. Curieusement, il rejoignit plus tard le clergé où il accéda à une position éminente. C’était un homme très instruit, un véritable philosophe naturaliste, un poète et un écrivain et on disait que ses sermons étaient aussi éloquents que ceux d’Abraham à Santa Clara. Il avait une mémoire exceptionnelle, et récitait souvent de longs extraits d’ouvrages en plusieurs langues. Il poussait souvent la plaisanterie en disant que si des textes classiques venaient à disparaître, il saurait les réécrire. Son style était très apprécié, il maniait la satire mieux que personne et ses phrases étaient courtes mais concises. Ses remarques empreintes d’humour étaient toujours originales et caractéristiques. Je peux en donner un ou deux exemples, pour illustrer le sujet. Il y avait, parmi les ouvriers qui aidaient aux travaux de la ferme, un homme qui louchait, appelé Mane. Un jour, alors qu’il fendait du bois, la hache manqua de lui échapper dans son élan et mon père, qui se tenait près de lui ne fut pas très rassuré ; il l’invita à la prudence en ces termes : » Pour l’amour de Dieu, Mane, ne confondez pas ce que vous regardez avec ce que vous voulez cogner ! » Un autre jour, il emmena un ami en promenade qui, négligemment, laissait pendre un pan de son manteau de fourrure contre une roue de la voiture. Mon père le lui fit remarquer en disant : « Relève ton manteau, tu abîmes mon pneu. » Il avait en outre une curieuse manie de se parler à lui-même et il menait souvent des conversations animées, où il donnait libre cours à un raisonnement pétulant, en changeant le ton de sa voix. Un auditeur non averti aurait pu jurer qu’il y avait plusieurs personnes dans la pièce. Bien que je doive toute ma créativité à l’influence de ma mère, l’éducation que mon père m’a donnée m’a certainement été salutaire. Elle comprenait toutes sortes d’exercices, comme celui de deviner les pensées l’un de l’autre, de découvrir les imperfections des locutions, de répéter de très longues phrases et du calcul mental. Ces leçons journalières devaient fortifier ma mémoire et mon raisonnement, et surtout développer mon sens critique ; il ne fait aucun doute qu’elles m’ont été très profitables.

Ma mère descendait d’une des plus anciennes familles du pays et d’une lignée d’inventeurs. Son père et son grand-père inventèrent de nombreux appareils ménagers, ou à usage agricole et autres. C’était véritablement une femme remarquable, dont les dons, le courage et la force morale étaient rares, qui s’était battue contre les aléas de la vie et qui eut affaire à plus d’une expérience éprouvante. Lorsqu’elle avait seize ans, une peste virulente balaya le pays. Son père était sorti pour administrer les derniers sacrements aux mourants, et pendant son absence, elle alla assister une famille voisine touchée par la maladie fatale. Tous les cinq membres de la famille moururent l’un après l’autre. Elle baigna les corps, les habilla et les étendit, les entourant de fleurs selon les coutumes du pays ; au retour de mon père, tout était prêt pour la célébration d’un enterrement chrétien. Ma mère était un inventeur de premier ordre et je pense qu’elle aurait pu faire de grandes choses, si elle n’avait pas été si éloignée de la vie moderne et des nombreuses opportunités qu’elle offrait. Elle inventa et construisit toutes sortes d’instruments et d’appareils, et tissait les plus beaux dessins avec des fils qu’elle avait elle-même préparés. Elle semait même les graines, faisait pousser les plantes et séparait elle-même les fibres. Elle travaillait infatigablement du lever du soleil jusque tard dans la nuit, et la plupart de nos vêtements et de nos tissus d’ameublement étaient le produit de ses mains. À plus de soixante ans, ses doigts étaient toujours suffisamment souples pour pouvoir faire trois noeuds en un clin d’oeil.

Toutefois, il y avait une autre raison très importante, pour laquelle mon pouvoir d’invention se développa si tardivement. Lorsque j’étais un garçonnet, je souffrais d’un handicap très particulier dû à l’apparence d’images, accompagnées souvent de puissants flashes de lumière, qui troublaient ma perception des objets réels et interféraient avec mes pensées et mes actions. C’étaient des images de choses et de scènes que j’avais réellement vues et jamais de celles que j’avais imaginées. Lorsqu’on me disait un mot, l’image de l’objet qu’il désignait se présentait rapidement à ma vue, et parfois je fus incapable de dire si ce que je voyais était réel ou non. Cela me gênait et m’angoissait beaucoup. Aucun des étudiants en psychologie ou en physiologie que j’ai consultés ne pouvait donner une explication satisfaisante à ce phénomène. Il semblerait que mon cas fut unique, bien que je dusse certainement être prédisposé à ce type d’expériences, car je savais que mon frère avait vécu la même chose. Selon ma théorie personnelle, les images étaient le résultat d’une action réflexe du cerveau sur la rétine dans des situations de grande excitation. Ce n’étaient certainement pas des hallucinations comme celles qui apparaissent dans des cerveaux malades et angoissés, car à d’autres égards j’étais tout à fait normal et calme. Pour vous donner une idée de mon malaise, imaginez, par exemple, que j’aie assisté à un enterrement ou à un autre spectacle éprouvant dans la journée ; dans le silence de la nuit suivante, une image très vivante de la scène surgissait immanquablement devant mes yeux sans que je puisse rien faire pour la supprimer. Parfois, elle restait toujours en place, bien que je pusse la traverser avec ma main. Si mon explication est juste, il devrait être possible de projeter sur un écran n’importe quelle visualisation et de la rendre perceptible. Une telle avancée serait une véritable révolution dans les relations humaines. Je suis convaincu que ce prodige peut et va être réalisé dans un futur plus ou moins proche. Je peux même ajouter que j’ai beaucoup réfléchi à ce problème pour essayer de trouver une solution.

Pour me débarrasser de ces images traumatisantes, j’ai tenté de concentrer mon esprit sur l’image d’une perception antérieure, ce qui m’a souvent permis d’obtenir un soulagement temporaire ; mais pour cela, il fallait que je fabrique continuellement de nouvelles images. Cependant, j’eus tôt fait de m’apercevoir que j’étais arrivé à l’épuisement de mon stock d’images, au bout de mon « film », parce que je ne connaissais pas encore grand chose de ce monde – seulement les éléments familiers et mon environnement immédiat. Alors que je pratiquai ce type d’exercice mental pour la seconde ou troisième fois, afin de chasser ces images de mon esprit, je m’aperçus qu’il m’apportait de moins en moins de soulagement. J’ai alors décidé instinctivement de faire des excursions au-delà des limites de mon monde familier mais restreint, et je vis de nouvelles scènes. Au début, elles étaient brouillées et vagues et elles s’évanouissaient lorsque j’essayais de me concentrer sur elles. Toutefois, avec le temps, elles devinrent de plus en plus nettes et distinctes, jusqu’à prendre l’apparence de choses concrètes. Je réalisai bientôt que j’étais au mieux de ma forme lorsque je forçais mon imagination à aller de plus en plus loin, pour obtenir continuellement de nouvelles impressions ; c’est ainsi que je me mis à voyager, mentalement, évidemment. Toutes les nuits, et parfois même pendant le jour, lorsque j’étais seul, j’allais voyager et je découvrais des endroits, des villes et des pays nouveaux. Je vivais là-bas, je rencontrais des gens, je me liais d’amitié avec certaines personnes et aussi incroyable que cela puisse paraître, elles étaient tout aussi aimables et tout aussi expressives que celles dans ma vraie vie.

Je continuais de pratiquer ces exercices jusqu’à 17 ans, lorsque mon esprit se tourna sérieusement vers les inventions. Je m’aperçus, à ma grande joie, que je possédais un immense pouvoir de visualisation. Je n’avais pas besoin de modèles, de dessins ou de faire des expérimentations. Je les imaginais et ils étaient réels dans mon mental. J’ai donc été conduit inconsciemment à créer ce que j’appelle une nouvelle méthode de matérialisation de concepts et d’idées créateurs, qui est en parfaite opposition avec la méthode purement expérimentale et qui est, à mon avis, beaucoup plus rapide et plus efficace. Lorsque quelqu’un commence à construire un appareil pour concrétiser une idée grossière, il est absorbé par tous les détails et imperfections du dispositif. À mesure qu’il le perfectionne et le reconstruit, sa force de concentration diminue et il perd de vue le principe de base. Il peut bien sûr arriver à des résultats de cette manière, mais c’est toujours au détriment de la qualité.

Ma méthode est différente. Je ne me précipite pas dans les travaux pratiques. Lorsque j’ai une idée, je commence tout de suite à l’élaborer dans mon imagination. Je modifie sa construction, je lui apporte des améliorations et je fais marcher l’appareil dans ma tête. Peu importe que je fasse marcher ma turbine dans mon mental ou que je la teste dans mon laboratoire. Je peux même savoir quand elle ne fonctionne plus correctement. Cela ne fait aucune différence pour moi ; les résultats sont les mêmes. C’est ainsi que je peux développer et perfectionner rapidement un concept sans toucher à la matière. Lorsque je suis arrivé au point où j’ai intégré dans mon invention tous les perfectionnements que je puisse imaginer et que je n’y vois plus rien qui ne soit parfait, je passe à la concrétisation de ce produit final élaboré dans mon cerveau. Invariablement l’appareil fonctionne tel que je l’avais imaginé et les expérimentations se passent exactement comme je les avais prévues. Cela fait vingt ans que je fonctionne comme cela, sans qu’il n’y eut jamais d’erreur. Et pourquoi en serait-il autrement ? La construction mécanique et l’électrotechnique conduisent systématiquement aux résultats voulus. Il n’existe pratiquement rien qui ne puisse être calculé ou étudié à l’avance, à partir des théories existantes et des données pratiques. La mise en application d’une idée originelle grossière, telle qu’elle se fait habituellement n’est, pour moi, rien d’autre qu’une perte d’énergie, de temps et d’argent. Toutefois, les revers de mon enfance m’ont encore apporté une autre compensation. Mes exercices mentaux ininterrompus ont développé mes capacités d’observation et m’ont permis de découvrir une vérité de première importance. J’avais remarqué que l’apparence des images était toujours précédée de véritables visions de scènes, dans des conditions particulières et généralement exceptionnelles, et j’étais forcé, à chaque fois, de déterminer l’impulsion originelle. Après quelque temps, cela devint presque automatique, et il me fut de plus en plus facile de faire la connexion entre les effets et leurs causes. À ma grande surprise, je pris bientôt conscience que chacune de mes pensées avait été conditionnée par une impression extérieure et qu’en outre toutes mes actions étaient commandées de la même manière. Au fil du temps, il m’était devenu évident que j’étais un simple automate dont les mouvements s’effectuaient en réaction à des stimuli de mes organes sensoriels, et qui pensait et agissait en conséquence. Dans la pratique, cela rejoint la science des téléautomates (nous dirions aujourd’hui la robotique) qui, pour le moment, est encore balbutiante. Mais ses possibilités latentes vont finir par apparaître au grand jour. Cela fait des années que je projette de construire des automates autonomes et je suis sûr que l’on peut concevoir des mécanismes qui vont fonctionner comme s’ils possédaient un certain degré d’intelligence et qui vont révolutionner le commerce et l’industrie.

C’est vers 12 ans que j’ai réussi pour la première fois, après de gros efforts, à effacer volontairement une vision, mais je n’ai jamais réussi à contrôler les flashes de lumière dont je parlais plus haut. C’était peut-être mon expérience la plus étrange et la plus inexplicable. Ils apparaissaient lorsque j’étais dans une situation dangereuse ou pénible ou lorsque j’exultais. À certaines occasions, j’ai vu des langues de feu partout autour de moi. Au lieu de diminuer, leur intensité n’a fait que croître avec le temps, jusqu’à atteindre leur maximum quand j’eus environ 25 ans. En 1883, alors que j’étais à Paris, un grand industriel français m’envoya une invitation à une partie de chasse que j’acceptai. J’avais passé beaucoup de temps à l’usine et le grand air me revigora. Lorsque je retournai en ville ce soir-là, j’eus la vive impression que ma tête était en feu. Je vis une lumière comme si un petit soleil se trouvait dans mon cerveau, et je passai la nuit à appliquer des compresses froides sur ma tête martyrisée. Finalement, les flashes diminuèrent dans leur fréquence et leur intensité, mais il a fallu plus de trois semaines pour qu’ils cessent complètement. Lorsqu’arriva la seconde invitation, j’ai refusé catégoriquement !

Ces phénomènes lumineux continuent de se manifester de temps en temps, comme lorsque j’ai une nouvelle idée pour faire progresser mes travaux, mais ils ne sont plus aussi déchirants car leur intensité est relativement faible. Lorsque je ferme les yeux, je vois toujours d’abord un fond d’un bleu uniformément sombre, comme le ciel par une nuit claire mais sans étoiles. En l’espace de quelques secondes, ce champ s’anime d’innombrables petites étincelles vertes, disposées en plusieurs couches, qui avancent vers moi. Puis apparaissent sur ma droite deux paires de belles lignes parallèles très étroites qui forment un angle droit, et qui ont toutes les couleurs, mais où le jaune, le vert et l’or prédominent. Ensuite les lignes deviennent de plus en plus éclatantes et l’ensemble est parsemé de taches de lumière scintillante très serrées. Cette image traverse lentement tout le champ de ma vision, et au bout de dix secondes, disparaît sur ma gauche, en laissant un fond d’un gris inerte et déplaisant, qui devient très vite une mer de nuages, cherchant manifestement à se transformer en formes vivantes. Il est étrange que je ne puisse projeter aucune image dans cette mer grise avant la seconde phase. Chaque fois avant de m’endormir, je vois passer des images de personnes ou d’objets. Quand elles apparaissent, je sais que je suis sur le point de sombrer dans le sommeil, mais si elles ne viennent pas, je sais que je vais passer une nuit blanche.

Je vais décrire une autre expérience étrange pour montrer que mon imagination joua un très grand rôle dans mon enfance. Comme la plupart des enfants, j’adorais sauter et j’avais de plus en plus envie de flotter dans les airs. Occasionnellement, un vent très violent et richement chargé d’oxygène se mettait à souffler depuis la montagne ; il rendait mon corps aussi léger que le liège, et alors je sautais et flottais dans les airs pendant un bon moment. C’était une sensation délicieuse et ma déception fut grande, lorsque, plus tard, je perdis mes illusions.

C’est durant cette période que je contractai beaucoup de penchants, d’aversions et d’habitudes dont certains sont imputables à des impressions extérieures, alors que d’autres sont inexplicables. J’avais une profonde aversion pour les boucles d’oreilles des femmes ; toutefois, d’autres bijoux, comme les bracelets, me plaisaient plus ou moins selon leur forme. J’étais au bord de la crise à la seule vue d’une perle, mais le scintillement des cristaux ou d’autres objets aux bords acérés et aux surfaces planes me fascinait. J’aurais été incapable de toucher les cheveux d’une autre personne, sauf, peut-être, sous la menace d’une arme. Je faisais une poussée de fièvre à la seule vue d’une pêche et s’il y avait dans la maison le plus petit morceau de camphre, j’éprouvais un profond malaise. Aujourd’hui encore, il m’arrive d’avoir quelques-uns de ces comportements compulsifs bouleversants. Lorsque je fais tomber des petits bouts de papier dans une coupelle remplie d’eau, je ressens dans ma bouche un goût bizarre et détestable. Je comptais le nombre de pas que je faisais en marchant, et je calculais le volume des assiettes à soupe, des tasses de café et des aliments, car si je ne le faisais pas je n’avais aucune envie de manger. Toutes mes opérations, ou tout ce que je faisais de manière répétitive, devaient être divisibles par trois et si ce n’était pas le cas, je me sentais dans l’obligation de tout recommencer à zéro, même si cela me demandait des heures.

Jusqu’à l’âge de huit ans, j’avais un caractère faible et inconstant. Je n’avais ni le courage, ni la force de prendre une décision ferme. Mes émotions arrivaient par impulsions et ne cessaient de passer d’un extrême à l’autre. Mes désirs avaient une force brûlante et ils se multipliaient, comme la tête des hydres. J’étais opprimé par des pensées de souffrance liées à la vie et la mort, et une peur religieuse. J’étais gouverné par des superstitions et angoissé par l’esprit du diable, de fantômes et d’ogres, et autres monstres terribles des ténèbres. Et puis, tout à coup, les choses ont changé du tout au tout et le cours de toute ma vie en fut altéré.

Ce que j’aimais par-dessus tout, c’était les livres. Mon père avait une grande bibliothèque et dès que je le pouvais, j’essayais d’apaiser ma soif de lecture. Toutefois, il me l’interdisait et il rageait lorsqu’il me prenait en flagrant délit. Il cacha les bougies lorsqu’il découvrit que je lisais en cachette. Il ne voulait pas que je m’abîme les yeux. Néanmoins, je réussis à me procurer du suif, et je me suis fabriqué une mèche, j’ai coulé des bougies dans des formes en étain, et chaque nuit, je bouchais le trou de la serrure et les fentes dans la porte ; c’est ainsi que je pouvais lire toute la nuit pendant que les autres dormaient, jusqu’à l’heure où ma mère reprenait ses tâches ménagères pénibles. Un soir, je tombai sur une histoire intitulée « Abafi » (le fils d’Aba), une traduction serbe de l’auteur hongrois bien connu, Josika. Cet ouvrage réussit à réveiller mon pouvoir de volonté latent, et je commençai à pratiquer le self-control. Au début, mes résolutions fondirent comme neige au soleil, mais après quelque temps, je réussis à maîtriser ma faiblesse et ressentis une jouissance inconnue jusque là : celle de pouvoir faire exactement ce que je voulais. Au fil du temps, ces exercices mentaux rigoureux devinrent ma seconde nature. Au début, je dus maîtriser mes désirs, mais progressivement mes aspirations et ma volonté ne firent plus qu’un. Des années de discipline m’ont permis d’atteindre à une parfaite maîtrise de moi-même et je m’adonnais à des passions qui, même pour les hommes les plus forts, auraient pu être mortelles. À une époque donnée, je fus pris par la manie du jeu, ce qui inquiéta beaucoup mes parents. Toutefois, jouer aux cartes était pour moi la quintessence du plaisir. Mon père menait une vie exemplaire, et il ne pouvait pas me pardonner ce gaspillage irraisonné de temps et d’argent. J’étais très fort dans mes résolutions, mais ma philosophie ne valait rien. Je dis à mon père : « Je peux m’arrêter quand je veux, mais faut-il que j’abandonne quelque chose que je ne voudrais échanger contre toutes les joies du paradis ? » Il donnait souvent libre cours à sa colère et son mépris, mais ma mère réagissait différemment. Elle comprenait le caractère des hommes et elle savait que leur propre salut ne pouvait être atteint qu’au prix d’efforts personnels. Je me rappelle qu’un après-midi, alors que j’avais tout perdu au jeu et que je réclamais de l’argent pour un dernier jeu, elle s’avança vers moi avec une liasse de billets et me dit : « Va et amuse-toi. Plus vite tu auras perdu tout ce que nous possédons, mieux ce sera. Je sais que cela te passera. » Elle avait raison. C’est à ce moment précis que je domptai ma passion, et la seule chose que je regrette, c’est qu’elle ne fût pas cent fois plus forte. Je l’ai non seulement vaincue, mais je l’ai arrachée de mon coeur, au point qu’il ne resta pas une seule trace de désir. Depuis ce jour-là, je me moque des jeux comme de ma première chemise.

À une autre époque, je fumais énormément, tant et si bien que ma santé fut menacée. Là encore, ma volonté s’imposa et j’ai non seulement arrêté de fumer, mais j’ai tué tout ce qui entretenait ce mauvais penchant. Il y a longtemps, je souffrais du coeur, jusqu’à ce que je découvrisse que la cause en était la tasse de café innocente que j’avalais tous les matins. Je me suis arrêté net, bien que, je l’avoue, ce ne fut pas chose facile. C’est de cette même manière que j’ai vérifié et mis un frein à d’autres habitudes et passions, et j’ai non seulement sauvé ma vie, mais j’ai aussi éprouvé une énorme satisfaction de ce que la plupart des hommes appelleraient privation et sacrifice.

À la fin de mes études à l’Institut Polytechnique et à l’Université, je tombai dans une grave dépression nerveuse, et pendant tout le temps de ma maladie, je vécus de nombreux phénomènes bizarres et incroyables.

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