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16 mai 2025 5 16 /05 /mai /2025 00:41
L’Amérique ne représente pas le camp du Bien (1)

« L’Amérique a une plus grande capacité que n’importe quel autre pays sur Terre à mobiliser les autres pour le bien commun. »

Antony Blinken, Secrétaire d’État du Président Joe Biden (discours en mars 2021)

L’Amérique n’a vécu qu’une vingtaine d’années en paix depuis sa naissance en 1776, ce qui signifie que ce pays est pratiquement toujours en guerre. Les États-Unis ne conçoivent pas leur armée comme un outil de défense destiné à les protéger, une sorte d’assurance-vie, mais comme un outil de combat permanent pour assurer leur domination et écraser ceux qui ambitionneraient de les détrôner, ou tout simplement pour éradiquer ceux qui nuisent à leurs intérêts. Depuis leur création, les États-Unis n’apportent pas la démocratie et la défense des droits de l’homme, mais la guerre, l’impérialisme mercantile et militaire. Nous nous limiterons à quelques exemples historiques, avant de faire le point sur la situation contemporaine.

La conquête en 1898 de Cuba et des Philippines par les États-Unis, sous le prétexte du sabotage du cuirassé Maine par l’Espagne à la Havane.

Dès 1858, le sénateur américain A.Douglas avait déclaré : « Notre destin est de posséder Cuba, et c’est une folie de discuter cette question. L’île appartient naturellement au continent américain. Elle garde l’embouchure du Mississippi, qui est le cœur du continent américain et le corps de la nation américaine. »[1] Le 15 février 1898, une explosion eut lieu à bord du navire de guerre de l’US Navy USS Maine qui était ancré dans le port de La Havane et coula rapidement, entraînant la mort de 266 marins américains. Les preuves quant à la cause exacte et accidentelle de l’explosion étaient peu concluantes et contradictoires, mais la presse américaine, menée par deux journaux new-yorkais, proclama que c’était un ignoble acte de sabotage commis par les Espagnols. La presse réclama la guerre avec comme slogan : « Rappelez-vous le Maine ! L’Espagne en enfer ! »[2] Le journaliste Hearst est connu pour sa célèbre réponse à son illustrateur Frederic Remington, qui estimait que les évènements à La Havane ne justifiaient pas une guerre : « Vous fournissez les images, et je fournirai la guerre. »

Suite à des débarquements américains à Cuba et aux Philippines, et à de brèves batailles navales, l’Espagne céda le 10 décembre 1898 à Washington non seulement Cuba avec la construction d’une base à Guantánamo, mais également Guam, Porto-Rico et les Philippines. Pour le journaliste Patrick J. Buchanan, « c’est sous McKinley, le Président de l’époque, que la nation américaine est devenue un Empire ».[3] Cette attaque contre Cuba et cette guerre avec l’Espagne peut être considérée comme un cas d’école, un premier modèle des interventions états-uniennes à l’étranger : conditionnement du peuple par les médias, mensonges et bobards médiatiques, intervention militaire, construction d’une base militaire, mise en place d’un gouvernement docile dans le pays vaincu qui ouvre ses portes aux hommes d’affaires américains.[4]

La création de la République de Panama par les États-Unis pour contrôler le canal de Panama

Le 3 novembre 1903, des séparatistes panaméens se déclarent indépendants de la Colombie, avec le soutien des troupes américaines. Des navires de guerre de l’US Navy ancrés à l’abord des côtes interdisent toute intervention de l’armée colombienne. Le 18 novembre, à New York, est signé le Traité Hay-Bunau-Varilla, faisant du Panama un protectorat. Les États-Unis reçoivent une frange de 10 miles (16,09 km) de large des deux côtés du canal, pour sa construction et son exploitation à perpétuité. La souveraineté dans la zone du canal leur revient, le Panama étant « exclu des droits souverains, pouvoir et autorité ». Il leur est aussi concédé un droit d’ingérence permanent dans les affaires intérieures panaméennes., et la possibilité d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public.

Les États-Unis installent un complexe militaire constitué de quatorze bases. Dans l’école des Amériques, ils forment à la contre-insurrection et à l’anticommunisme des officiers latino-américains dont un grand nombre seront impliqués dans de coups d’État ou prendront la tête de dictatures. Environ douze mille soldats et cinquante mille civils y vivent. En janvier 1964, un groupe d’étudiants panaméens tente de hisser leur drapeau dans ce qu’ils considèrent « un territoire occupé » avec une très dure répression et des émeutes, d’où 22 morts et 500 blessés.

Le 11 octobre 1968, des militaires menés par le colonel Omar Torrijos renversent le Président proche de l’oligarchie terrienne et des secteurs liés à Washington. Souverainiste, Torrijos fait expulser quatre cents Peace Corps envoyés par Kennedy en 1961. Il affronte les multinationales, exigeant des hausses de salaires et redistribue 180 000 hectares de terres non cultivées. En 1973, devant l’absence de progrès dans les négociations, il tente de faire intervenir l’ONU : « Nous n’avons jamais été, ne sommes pas et ne serons jamais un Etat associé, une colonie ou un protectorat, et nous n’entendons pas ajouter une étoile au drapeau des États-Unis ». Finalement Washington signe en 1977 le traité Torrijos-Carter, avec Jimmy Carter, permettant à Panama de retrouver la souveraineté sur le canal de Panama. Omar Torrijos meurt en 1981 dans un accident d’avion très probablement orchestré par la CIA.

Renversement du Président Jacobo Arbenz : la sale guerre de 36 ans au Guatemala

La révolution démocratique en 1944 du Président José Arevalo avait introduit un vaste programme de réformes socio-économiques de gauche. Il limitait le pouvoir de la multinationale United Fruit, encourageait la syndicalisation et élargissait le droit de suffrage aux Indiens et aux classes défavorisées, menaçant ainsi les bases de l’élite du pays. Le colonel Arbenz, qui est élu président en 1950 avec 65 % des voix, manifeste la volonté de poursuivre les réformes. Dès 1951, il lance une vaste réforme agraire visant à distribuer des terres à plus de 100 000 familles pauvres. Dans ce processus, il procède aussi à la nationalisation des terres de l’United Fruit, ce qui mécontente les autorités américaines. À une époque où la crainte du communisme, exacerbée par la Guerre froide, atteint des sommets à Washington, les réformes d’Arbenz sont dénoncées comme ayant un caractère communiste.

En 1952, le Président Harry Truman autorise la CIA à entreprendre, avec l’aide du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza, une opération visant à renverser le régime d’Arbenz. L’opération est finalement montée sous l’administration de Dwight Eisenhower en juin 1954. Elle fait des centaines de morts et aboutit au renversement d’Arbenz qui s‘exile. Une junte militaire dirigée par le colonel Carlos Castillo Armas met immédiatement fin aux réformes, retourne les terres nationalisées à United Fruit et abolit le droit à la syndicalisation.

Ce renversement plonge le Guatemala dans le chaos. ll s’ensuivra 36 ans d’un régime de terreur qui fera près de 200 000 morts, les autorités recourant à des escadrons de la mort et à des massacres pour maintenir leur contrôle sur la population indigène.[5]

Manipulation par les États-Unis des incidents du golfe du Tonkin : Début de la guerre du Vietnam

Les incidents du golfe du Tonkin sont survenus les 2 et 4 août 1964. Des torpilleurs nord-vietnamiens et deux destroyers américains, le USS Maddox et le USS Turner Joy ont échangé des tirs de canons le 2 août. Les destroyers ont ouvert le feu, le 4 août, sur des cibles détectées au radar. L’existence de l’affrontement du 4 août a été longtemps controversée. Des éléments ultérieurs dont un rapport rendu public en 2005 par la National Security Agency (NSA) indiquent qu’il n’y a pas eu d’attaque nord-vietnamienne le 4 août.

Les responsables de la NSA ayant caché leurs erreurs auprès de l’administration Johnson, une résolution prévue depuis de longs mois put, malgré tout, être présentée au Congrès, afin de donner au Président des États-Unis les pleins pouvoirs militaires pour déclarer la guerre à la République démocratique du Vietnam et engager résolument son pays dans la guerre du Vietnam.

La résolution du Golfe du Tonkin, votée au Congrès avec une très forte majorité, donne au Président Johnson le pouvoir de « prendre toutes les mesures nécessaires pour repousser toute attaque contre les forces armées des États-Unis et prévenir des agressions futures ». C’était en fait le début de la guerre du Vietnam, avec l’envoi d’un corps expéditionnaire américain qui atteindra 550 000 hommes en 1968. Son but était de stopper l’expansion du communisme en empêchant un « effet domino » dans l’Asie du Sud-Est.

Cette guerre dura jusqu’au 30 avril 1975, avec 58 000 Américains tués et 303 000 blessés. Du côté vietnamien, ce fut un carnage, avec 250 000 soldats sud-vietnamiens, alliés des États-Unis, tués. Du côté du Viêt Cong et de la République démocratique du Vietnam., il y eut un million de tués et 600 000 blessés. (à suivre)

Marc Rousset– Auteur de Notre Faux Ami l’Amérique / Pour une Alliance avec la Russie -Préface de Piotr Tolstoï – 370 p. – Librinova -2024

 

[1] Nikola Mirkovic- L’Amérique Empire-p.46- Editions Temporis – 2022

[2] « Remember the Maine, To Hell with Spain! »

[3] Patrick J.Buchanan  -A Republic, not an Empire – Reclaiming America’s Destiny – Regnery Publishing Inc-1999

[4] Nikola Mirkovic- L’Amérique Empire – pp 46-51- Editions Temporis – 2022

[5] Nikola Mirkovic – L’Amérique Empire– pp 125-129 – Editions Temporis – 2022

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