Le Blog de Lazare

En Russie, le jour de la Victoire, marquant la fin de la « Grande guerre patriotique », est le plus grand jour férié de l’année. Un jour où les Russes se souviennent des 27 millions de vies sacrifiées pour contrer la menace d’anéantissement que représentait l’avancée nazie.

27 millions de vies auxquelles les pays européens alors en guerre doivent leur liberté. Car, soyons lucides, sans les Russes, aujourd’hui nous parlerions sans doute tous allemand, et les Américains n’auraient jamais pu débarquer.

Le sacrifice des Russes restera, quoi qu’en disent les rabat-joie de Washington et les moutons de l’UE, le martyre le plus héroïque, le plus extraordinaire de l’histoire. Un espace-temps particulier où la Russie s’est non seulement sauvée elle-même de la machine de guerre nazie, mais où elle a également sauvé conjointement nos civilisations et sans nul doute une partie de l’humanité.

Les Russes referaient-ils un tel sacrifice en connaissance de cause s’ils avaient pu savoir comment les Occidentaux, loin de leur être reconnaissants, les remercieraient ainsi dans l’avenir ? Gageons que oui. Il n’est pas en effet dans la nature d’un Russe d’abandonner les siens pas plus que ceux qu’il considère comme faisant en quelque sorte partie de sa « famille ». « On n’abandonne jamais les nôtres » m’écrivait récemment l’un d’eux, et c’est tout à leur honneur !

Les Russes vénèrent leurs ancêtres et bénissent leur courage, car ils ont compris une chose que nous, nous avons oubliée depuis trop longtemps… Nous avons tous des parents, des grands-parents, des arrière-grands-parents et de nombreux aïeux. Si nous remontons dans le temps, nous avons tous plus de deux millions d’ancêtres. Depuis l’amibe originelle, nous sommes la résultante de tous ces êtres qui, à travers les millénaires, nous ont engendrés et nous ont donné vie. Nous avons en nous leur génome, leur ADN, leur mémoire. Que nous le voulions ou non, nous sommes EUX et nous leur devons tout. Alors quoi de plus normal que de remercier ceux dont le sacrifice nous a permis de venir au monde.

À Moscou, après le défilé militaire et les commémorations, les Russes remercient à leur façon ceux qui ont sacrifié leur vie, à travers le « Régiment Immortel ». C’est toute la conscience nationale de la Russie qui est ainsi sacralisée. Sa conscience, mais aussi son passé, de l’Union soviétique à la Russie moderne, qui sont “héroïsés” et mobilisés autour de la victoire contre le nazisme. Ses participants se rassemblent pour une marche commémorative, portant les photos des membres de leur famille qui ont combattu pendant la Grande Guerre patriotique. Les moscovites se promènent le long des rues de Leningradsky Prospekt, Tverskaya,Tverskaya-Yamskaya, Okhotny Ryad, Manezhnaya et jusqu’à la place Rouge. Un symbole fort pour le peuple russe.

Si le Régiment Immortel est un véritable événement en Russie, il l’est également dans de nombreux autres pays pour célébrer le Jour de la Victoire.

Cette année, malgré l’opération spéciale et le dénigrement agressif porté par Washington et l’UE contre la Russie, l’action a réuni des habitants de Cologne, Francfort, Madrid, Rome, Vienne ; mais pas que puisque même en République démocratique du Congo, une marche du Régiment Immortel a été organisé par les citoyens. Ainsi, des centaines de personnes y ont participé hier à Madrid en commémoration de la victoire de l’URSS dans la Seconde Guerre mondiale. Et ce malgré que quelque 38 entités ukrainiennes aient demandé aux autorités de la capitale espagnole de l’interdire. Mais il est vrai que l’Ukraine est une “démocratie”, un peu comme la nôtre, dans le camp du bien !

Mais le plus “prestigieux” est sans nul doute le “Régiment Immortel” de la capitale nicaraguayenne auquel plusieurs ministres ont participé, dont celui des Affaires étrangères, Denis Moncada. Au total, environ 400 personnes étaient présentes. En plus de la procession, les participants à l’action à Managua ont regardé les archives des années de guerre et visité une exposition de photos sur la victoire à la bataille de Stalingrad.

Même à Berlin, un tribunal administratif a levé l’interdiction d’arborer le drapeau russe et les symboles de la marche du Régiment Immortel lors des célébrations consacrées au Jour de la Victoire. Et ce même si la police avait déposé un recours contre la décision de l’instance devant la Cour administrative suprême puisqu’elle avait préalablement restreint l’utilisation des symboles de la Fédération de Russie, de l’Ukraine et de l’URSS sur les monuments commémoratifs soviétiques. Mais que voulez-vous… un Allemand reste un Allemand, quelle que soit l’époque !

En France aussi le « Régiment Immortel » a entamé sa marche à l’initiative du Conseil du Forum des Russes de France. Ce défilé, dédié à la mémoire de ceux qui sont tombés et qui ont vaincu l’hydre nazie en mettant fin à la Seconde Guerre mondiale en mai 1945, a eu lieu à Paris le 8 mai dernier de la place de la République au monument du soldat soviétique, au cimetière du Père Lachaise. Un défilé dans le calme, malgré les provocations inévitables de banderistes menaçant le cortège, protégé par les services de police qui ont tout mis en œuvre pour éviter des confrontations.

En ce lundi 8 mai, 500 personnes, Français et Russes, unis dans la même communion du souvenir, se sont retrouvées à Paris pour fêter la victoire sur le nazisme, rendant ainsi un hommage vibrant aux combattants tombés pour nos libertés. Car les alliances d’alors contre un mal commun nous associent encore aujourd’hui dans la mémoire en un même attachement, et dans la prévention des résurgences bien trop présentes de la “peste brune”.

Comme pour les Russes nous sommes nés avec une dette, celle d’être à la hauteur de nos anciens et de leur prouver que nous sommes dignes de la liberté qu’ils ont sauvegardée pour nous. Si les Russes descendent dans la rue et participent à des événements commémoratifs autour du 9 mai, c’est avant tout pour se souvenir de leurs ancêtres, mais aussi pour tenter par la mémoire de se rapprocher d’eux. Alors faisons nôtre cette maxime et comme ils le disent si bien : “spasibo dedu za pobedu” , « Merci pour la victoire, grand-père ! ».

Valérie Bérenger