Le Blog de Lazare

Draghi, Macron, Scholtz, ce jeudi à Kiev

NB : cet article devait paraître hier, jeudi 16 juin. A la suite d’une regrettable « erreur », il ne paraît que ce vendredi 17. Je n’en ai changé aucun mot. Merci donc de lire « hier » à la place d' »aujourd’hui »…

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En visite officielle à Kiev ce jeudi 16 juin, Emmanuel Macron, Président de la République française – mais aussi Président « tournant » de l’Union européenne jusqu’au 30 juin prochain –, le chancelier allemand Olaf Scholz, le chef du gouvernement italien Mario Draghi et le Président roumain Klaus Iohannis ont assuré le Président ukrainien Zelinsky de leur soutien à une candidature de son pays à l’Union européenne. C’est clairement une déclaration de guerre à la Russie.

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À  l’issue d’entretiens avec le Président Zelensky, le chef de l’État français a déclaré :

« Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion. Ce statut sera assorti d’une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans et du voisinage, en particulier de la Moldavie. »

Ajoutant à l’adresse de son homologue ukrainien : « L’Europe est à vos côtés, elle le restera autant qu’il le faudra. »

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Macron se rend-il compte qu’en prononçant ces derniers mots, il plaçait la France et l’Europe en état de conflit majeur avec la Russie, qui s’est fixée pour objectif stratégique de gagner cette guerre, la lilliputienne Europe n’étant pas vraiment un obstacle pour la principale puissance nucléaire de la planète ? Les Européens, qui risquent leur peau dans l’aventure, seront-ils consultés ?

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« Au-delà des douze Caesar déjà livrés, j’ai pris la décision de livrer six Caesar », a précisé le Président Macron. « Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter [face à l’armée russe]. La France est aux côtés de l’Ukraine depuis le premier jour […], nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté. » Ce dernier point pour tempérer les propos tenus récemment par le chef de l’État sur le fait qu’il ne « fallait pas humilier la Russie », propos qui ont provoqué l’ire de Zelinsky qui a soupçonné la France de lui marchander son aide…

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L’Italie « veut l’Ukraine dans l’Union européenne », a renchéri Mario Draghi, « elle veut que l’Ukraine ait le statut de candidat et soutiendra cette position lors du prochain Conseil européen », ajoutant de manière un tantinet énigmatique : « Le chemin de candidat à membre est un chemin, et non un point. » On ne savait pas Mario poète à ses heures.

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De son côté, Olaf Scholz a assuré que le soutien de son pays à la défense ukrainienne serait sans faille. Les livraisons d’armes lourdes promises à l’Ukraine par l’Allemagne seront accélérées. Entre autres, les 50 chars Leopard promis par Berlin à Kiev, partiellement livrés, seront mis en totalité à la disposition de l’armée ukrainienne avant la fin de l’année. « Nous aidons l’Ukraine avec des livraisons d’armes, nous continuerons à le faire aussi longtemps que l’Ukraine en aura besoin. L’Ukraine fait partie de la famille européenne », a assuré le Chancelier allemand. Moins romantique que Macron et Draghi – et se souvenant que l’Allemagne n’était qu’un tas de ruines en 1945, ce qui pourrait de nouveau arriver à son pays, en pire –, Scholz s’est prudemment réfugié derrière le principe de l’unanimité des membres de l’UE : « L’adhésion à l’Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous », a tenu à rappeler le Chancelier allemand…

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Lors d’un sommet qui se tiendra les 23 et 24 juin, les dirigeants européens décideront de l’octroi de ce statut de candidat à l’adhésion, première étape d’un processus de négociations. La Commission doit faire connaître sa recommandation ce vendredi.

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Gesticulations européennes ? C’est en tout cas ainsi que la Russie a interprété la visite des quatre chefs d’État et de gouvernement ce jeudi à Kiev. Le Kremlin a jugé «futiles» les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine.

«On aimerait espérer que les dirigeants de ces pays […] ne vont pas se concentrer uniquement sur le soutien de l’Ukraine et les projets de continuer à l’inonder en armes. C’est tout à fait futile et ne fera qu’infliger davantage de préjudices à ce pays», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il est vrai qu’il ne suffira à Moscou que de quelques Sarmat pour tempérer définitivement les velléités existentielles de l’Union européenne dans l’affaire ukrainienne…

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Henri Dubost

In girum imus nocte ecce et consumimur igni