Le Blog de Lazare

« Les médias occidentaux fonctionnent exactement comme s’ils recevaient leurs instructions d’une direction centrale américaine telle que le Comité Central du PC de l’Union soviétique. »
Alexandre Zinoviev

Le « soft power » américain est le complément indispensable de la puissance militaire et économique. Il est aussi important que les bases américaines et la CIA. C’est la drogue douce mensongère que l’on instille dans les cerveaux européens. Les grands médias en Europe sont sous l’emprise des États-Unis.

Le soft power états-unien

C’est le professeur à Harvard Joseph S.Nye qui a inventé ce terme de « puissance douce ». Elle consiste pour l’Amérique à séduire et à convaincre, afin d’apporter dans le monde entier l’idéologie des droits de l’homme, la démocratie libérale, le capitalisme de marché et l’« American way of life » par tous les moyens possibles : diplomatie, ONG, éducation, économie, médias, cinéma, littérature, musique. Le « hard power » est le pouvoir militaire de frapper, ce dont ne se prive pas l’Amérique. Et ensemble, ces deux pouvoirs doivent donner le pouvoir de vaincre.
La presse occidentale agit en meute et la tête de meute est états-unienne. Le New York Times et le Washington Post fixent le narratif, donnent le La, et le reste de la presse occidentale reprend ce narratif en chœur pour lui donner du poids et une teinture de vérité : si tous les médias occidentaux le disent, c’est que c’est vrai, pensent certains. Les actionnaires, les dirigeants et les journalistes du New York Times ainsi que du Washington Post contrôlent donc les narratifs occidentaux et bien sûr otaniens, sur tous les grands sujets affectant la planète (crises géopolitiques, crise sanitaire, crise climatique, crise économique, guerre en Ukraine, etc.). Aucun journal à grand tirage des pays de L’OTAN ne s’écarte vraiment de ce narratif, sous peine d’être marginalisé.

Selon Noam Chomsky « la propagande est à la société démocratique ce que la matraque est à l’État totalitaire ». Le journaliste allemand Udo Ultkotte du Frankfurter Allgemeine Zeitung a révélé en 2014 dans son livre « Gekaufte Journalisten » (Journalistes corrompus) que la CIA continuait de corrompre des journalistes européens pour obtenir des articles favorables aux intérêts américains. Eric Branca confirme dans l’« ami américain » cette façon de procéder de l’Amérique. L’opération Mockingbird (Oiseau moqueur) montée par Frank G. Wisner de la CIA, consista dans les années 1950 à recruter, contre rémunération, des journalistes en poste dans les médias influents. Ce projet employa, au plus fort de la guerre froide, jusqu’à 4000 personnes. 400 journalistes étaient encore appointés en 1977.
La divulgation du modèle américain de vie, avec son matérialisme jouisseur et son individualisme exacerbé, a pour effet d’américaniser les peuples sans tirer un seul coup de fusil. Matthew Fraser l’a très bien explicité : « Pourquoi maintenir la paix avec des troupes au sol, des porte-avions et des missiles intercontinentaux quand des Big Macs, Coca-Cola et des blockbusters hollywoodiens permettent d’obtenir les mêmes objectifs sur le long terme ».
De plus, les Ambassades américaines, les centres culturels et les fondations privées ne sont pas inactifs : l’ambassadeur américain Charles Bohlen câble le 25 août 1965 au président Johnson une série d’actions ne présentant pas un risque inacceptable : subventions habituelles versées depuis les années 1950 aux syndicats non communistes, aux mouvements favorables au fédéralisme européen, et à d’autres associations pro-américaines à vocation soi-disant culturelles, telles que des sondages achetés à l’IFOP, des aides à des « chercheurs » américains en France, des soutiens financiers à certains journaux.

Confession intéressée de la classe politique française à l’ambassade des États-Unis sous la Ve République avec de Gaulle

Wells Stabler, conseiller à l’ambassade des États-Unis, a reconnu que les informations fournies par les hommes politiques rencontrés de 1960 à 1965, Guy Mollet, Antoine Pinay, Maurice Faure, Jean Lecanuet, François Mitterrand, n’étaient pas toujours désintéressées. « Beaucoup de ces gens, comme Guy Mollet et d’autres anciens leaders de la IVe République, avaient ce que vous pourriez appeler une relation fiduciaire avec les États-Unis puisqu’ils avaient reçu un soutien financier effectif du gouvernement américain. »
En juin 1966, la girouette politicienne François Mitterrand, suite à la réélection de De Gaulle en décembre 1965, annonce à l’ambassadeur des États-Unis Charles Bohlen : « Mon seul objectif est de renverser le gaullisme, après quoi je mènerai une politique pro-américaine ».

Le conditionnement de l’opinion publique européenne par l’Amérique

Les compagnies multinationales et le gouvernement américain ont fait main basse depuis 1945 sur la communication globale. Les médias occidentaux dominent le monde. La culture mondiale se résume pour l’essentiel à une américanisation culturelle des peuples de la planète. Lors du débarquement « Restore Hope » en Somalie, il y avait autant de journalistes debout sur la plage que de militaires rampant en tenue camouflée…
Selon Alexandre Zinoviev, les médias occidentaux fonctionnent exactement comme s’ils recevaient leurs instructions d’une direction centrale américaine semblable au Comité Central du PC de l’Union Soviétique. Un cercle restreint de personnes, les conseillers du Président américain et les secrétaires d’État, recueille les recommandations émises par un cercle plus large de politiciens ou hommes d’affaires américains et donne le signal d’une action consensuelle des médias occidentaux sur certaines questions.

Ukraine : la mise en scène et la désinformation mensongère comme méthode de guerre

18 au 23 février 2014, Maïdan : la toute première mise en scène en Ukraine est celle de la répression meurtrière de Maïdan. Elle fut imputée par l’Occident aux forces de sécurité fidèles à Viktor Ianoukovitch, pro-russe et démocratiquement élu à la tête de l’Ukraine, ainsi qu’aux services spéciaux russes. C’était en fait une provocation meurtrière des radicaux fascisants de l’opposition ukrainienne avec l’aide de la CIA et des services spéciaux polonais.
24 février 2022, garnison de l’île aux Serpents : les 13 soldats ukrainiens de la garnison de l’île aux Serpents sont massacrés, après avoir dit aux marins russes du croiseur Moskva « d’aller se faire foutre ». En réalité, les 13 soldats se sont rendus ; ils sont vivants, en bonne santé, en captivité et traités avec humanité.
9 mars 2022, maternité de Marioupol : bombardement de l’hôpital pour enfants et maternité de Marioupol. En réalité, la maternité était vide de tout personnel médical, de bébés et de parturientes. L’hôpital était devenu un poste de combat fortifié aux mains des nationalistes fascisants du régiment Azov.
27 février au 31 mars 2022, massacre de Boutcha : une armée russe barbare en déroute viole et tue des civils sans défense. En réalité, la « tragédie de Boutcha » montrée et décrite dans les médias du monde entier, est une « mise en scène » typiquement anglo-saxonne, avec des cadavres de civils ukrainiens tués dans d’autres circonstances, probablement par les milices ukrainiennes, car soupçonnés de collaboration avec l’ancien occupant russe. Kiev n’a jamais communiqué les noms des morts et les résultats des études post-mortem.
8 avril 2022, un missile Tochka – U sur la gare de Kramatorsk : un Tochka-U tombe sur des civils qui cherchaient à quitter la ville par le train à la gare de Kramatorsk. Il se trouve que le Tochka-U n’est plus en service dans l’armée russe et que le numéro de série du missile, tel que montré par la télévision ukrainienne, est le numéro d’une série appartenant aux forces armées ukrainiennes. (À suivre)

Marc Rousset– Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Alliance avec la Russie » -Préface de Piotr Tolstoï – 370p. – Librinova – 2024