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9 juin 2025 1 09 /06 /juin /2025 11:11
La Russie, une démocratie autoritaire, conservatrice et patriote (1)

« Vladimir Poutine a un projet pour l’Europe et pour le monde (…) Le conservateur identitaire doit devenir un phare pour tous les peuples du monde »
Michel Eltchachinoff

Les grandes lignes directrices de la société russe

Les grandes lignes directrices de la gouvernance russe, ses valeurs suprêmes sont définies sans ambiguïté. On y trouve entre autres : la souveraineté, la dimension religieuse, le conservatisme moral et sociétal frontalement opposé au « progressisme » de l’Occident, le patriotisme, la nécessité d’un État fort, la conscience des intérêts supérieurs du pays. Les valeurs démocratiques occidentales, les droits de l’homme, le multiculturalisme et la tolérance vis-à-vis des minorités sexuelles sont des repoussoirs en Russe.
Ivan Blot a analysé l’organisation de la société russe par rapport aux fonctions tripartites des sociétés indo-européennes de Georges Dumézil :
– La fonction sacerdotale (autorité juridique et spirituelle)
– La fonction militaire (armée)
– La fonction économique et marchande

Alors que les sociétés mondialisées et déracinées connaissent une hypertrophie de la fonction économique et marchande, a contrario la société russe de Vladimir Poutine offre une alternative plus équilibrée et organique, avec la primauté du politique sur l’économique, c’est-à-dire d’une économie de marché politiquement dirigée comme en Chine, avec la primauté des valeurs traditionnelles et de la famille. Vladimir Poutine a souhaité réformer la Constitution russe et y introduire deux amendements : l’un fixant le principe qu’un mariage n’est possible qu’entre un homme et une femme, l’autre introduisant la mention de Dieu dans le texte.
Charles Maurras disait que « Tout désespoir en politique est une sottise absolue ». L’hallucinante expérience sociétale russe depuis 1917 confirme ses propos.

Les droits de l’homme et l’éthique traditionnelle : les limites de la démarche droit-de-l’hommiste selon le patriarche de Moscou Cyrille 1er

Edmond Burke, auteur de « Réflexions sur la Révolution de France » n’était pas un réactionnaire, mais un « whig », un libéral anglais. Les droits de l’homme en Angleterre lui semblaient bons, mais les « droits de l’homme » proclamés par la Révolution française lui semblaient dogmatiques, moralement et politiquement faux. Ils préparaient la dictature de Robespierre car les droits sans la morale ne peuvent protéger les libertés. Il y voyait une idéologie hypocrite où les intellectuels et les financiers font une alliance aux dépens du peuple. Les droits de l’homme sont comme un médicament : mal administrés, ils peuvent devenir un poison.

L’application sans discernement des droits de l’homme peut se retourner contre la démocratie et même paradoxalement contre les droits de l’homme. C’est pourquoi le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille 1er dans son livre « l’Évangile et la Liberté » écrit à juste titre : « d’un côté, les droits de l’homme servent le bien (…) Les droits de l’homme sont un appel à résister à tout abus, humiliation ou mal qui peuvent être infligés à une personne humaine (…) Mais d’un autre côté, nous sommes témoins que les droits de l’homme dissimulent quelquefois le mensonge, l’injustice, le dénigrement des valeurs religieuses et nationales (…) La pensée occidentale depuis Jean-Jacques Rousseau est convaincue qu’il suffit de donner à l’homme sa liberté et de lui assurer ses droits pour qu’il choisisse inévitablement le bien »
Tout est donc dans la pratique réelle de droits de l’homme et non dans leur seule proclamation. Le patriarche Cyrille 1er n’a pas tort lorsqu’il affirme que « la philosophie des droits de l’homme a acquis, par dérive, non seulement un caractère antichrétien mais amoral (…) La philosophie des droits de l’homme sert souvent à justifier les violations des normes éthiques : le culte de la violence, du gain et de la consommation, le renoncement à son identité, les avortements, l’homosexualité, l’euthanasie, etc. »

Le patriarche conclut en disant que la Russie peut apporter un message nouveau d’équilibre entre les droits de l’homme et les normes éthiques, donc les devoirs indispensables à la survie d’une société : « Une grande partie des sociétés actuelles, y compris occidentales, se trouvent aujourd’hui dans un état lamentable : les liens sociaux deviennent plus faibles ; les valeurs de la famille sont en décadence ; la démographie est en baisse. La raison en est l’absence d’un soutien systématique des normes éthiques dans la vie sociale par les États démocratiques. Une telle politique aboutit au déchaînement des passions humaines qui détruisent la société. Pour cette raison, en élaborant le système des droits et des libertés individuelles, nous ne devons pas oublier de prendre des mesures pour affermir les principes éthiques et conciliaires sans lesquels la réalisation de la liberté de la personne est impossible ».
L’Occident est affecté par une grave crise morale due à son idéologie de fait, différente de ce qui est proclamé ! C’est la surévaluation de l’ego individuel au mépris des traditions spirituelles ; c’est le culte de l’argent ; c’est le culte des masses et la marginalisation des véritables personnalités de valeur avec du caractère. C’est le culte de la technique et de la rentabilité financière à court terme au détriment de l’art de vivre et de la famille.

La défense du conservatisme, des valeurs traditionnelles et holistes

Vladimir Poutine présente son pays comme la dernière place forte du conservatisme, notamment dans la conception de la famille face à la déchéance morale du monde occidental. Il prône « la défense des valeurs traditionnelles qui constituent depuis des millénaires la base morale et spirituelle de la civilisation de chaque peuple ». Le président russe souhaite que l’éducation des jeunes de son pays se concentre autour de la langue, de la culture et de l’histoire de la Russie. Des cours de sports de combat nationaux sont favorisés dans les écoles.
Poutine incarne donc une sorte de révolution conservatrice face à la subversion politique et morale que veut imposer l’Occident Atlantique. La Russie est devenue un espoir pour les patriotes attachés aux valeurs de la civilisation européenne et pour toutes les nations d’Europe. La philosophe Chantal Delsol voit la prochaine guerre opposer les « partisans de l’émancipation et ceux de l’enracinement dont la Russie prendrait la tête ».
Dans les années 1950, l’Amérique représentait la liberté, les valeurs conservatrices. Aujourd’hui, nonobstant l’élection de Trump, elle représente toujours le droit de l’hommisme, l’impérialisme militaire et politique, le monde de libération des LGBT, le féminisme mal compris, le multi-ethnisme noir, asiatique et latino-américain, l’individualisme, la réussite exclusive par l’argent et le matérialisme, soit l’inverse des valeurs russes traditionnelles, de la famille, du patriotisme, des valeurs religieuses. Selon Éric Zemmour, « Poutine a ressuscité la lutte des sociétés holistes contre les individualistes. Il a redonné une légitimité idéologique et politique à un conservatisme qui n’avait plus droit de cité en Occident (…) C’est pour cela que Poutine rencontre un écho grandissant au sein même des nations occidentales, au-delà de leurs dirigeants inféodés et à Washington et encore plus à l’idéologie droit de l’hommiste ». (À suivre)

Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï – 370p – Librinova – 2024

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