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26 janvier 2025 7 26 /01 /janvier /2025 01:04
A ceux qui prétendent que les Évangiles ne sont pas fiables

Les chrétiens ont reçu du peuple juif ce qu’ils appellent le Premier Testament, des livres contenant une Parole de Dieu s’étant déjà exprimée oralement avant d’être rédigée sur des parchemins ou des tablettes d’argile au fil du temps. Puis les événements du 1er siècle de l’ère courante, survenus autour de la vie et de la mort du rabbi Jésus de Nazareth, ont été formulés grâce ce matériau antérieur par les communautés, dans leur vision de foi fidèle à la Bible.

Les croyants voient dans ce corpus littéraire l’expression d’une Révélation décisive pour l’humanité. Il est d’ailleurs saisissant de constater une unité de message dans ces Ecrits inspirés, formulés sur plus d’un millénaire. Ce qui est habituellement appelé ancien et nouveau testament pour des raisons de traduction de l’hébreu au grec et du grec au latin, peut se résumer à l’Alliance, premier témoignage israélite, et l’Alliance, second témoignage chrétien. Pour les chrétiens, la Bible forme un tout, et le Livre sacré des juifs est également sacré pour les chrétiens.

Mais depuis le XXème siècle, l’ère du soupçon s’est propagée et les populations occidentales sont dans le scepticisme à l’égard de ces textes. Des émissions de vulgarisation non dénuées d’arrière-pensées ont fragilisé les bases du message biblique. Certes, les recherches exégétiques ont eu une grande utilité dans la compréhension des langages de foi, mais deux écueils sont apparus : d’un côté ceux qui en déduisent que ces Ecrits sont très aléatoires et de l’autre, ceux qui ont besoin d’un cadre immuable pour aborder les Textes. Le relativisme d’une part et le littéralisme de l’autre. 

Il vaut donc la peine de se demander si ces textes sont fiables ou non, avant de discuter de leur contenu.

Nous disposons aujourd’hui de multiples ressources pour investiguer. Le pape Jean Paul II disait : « Il y a une connaissance naturelle de Dieu, la possibilité de distinguer la révélation divine d’autres phénomènes. Pensons à l’aptitude du langage humain à exprimer de manière significative et vraie ce qui dépasse toute expérience humaine ».

Les textes du Nouveau Testament

Les manuscrits antiques dont nous disposons, l’intégrité qui se dégage des nombreux textes consultables, tout concourt à offrir une preuve d’historicité hors du commun.

Dans les années 80, on recensait 5364 manuscrits grecs couvrant la période du 1er au 6ème siècle. Il y a aussi les 36000 citations du Nouveau testament que l’on retrouve dans les écrits des Pères de l’Eglise. 53 codex contiennent intégralement le nouveau testament, les plus anciens sont du 4ème siècle : le codex Vaticanus et le codex Sinaïticus. Par ailleurs des papyrus des 2ème et 3ème siècle présentent des fragments concordant avec le contenu des codex.

On peut dire que les témoins manuscrits intégraux du nouveau testament se situent à moins de 300 ans des événements rapportés, sachant qu’ils ont été précédés d’une tradition orale à l’époque fiable.

Si l’on compare avec d’autres textes célèbres de l’antiquité : avec Homère, il faut compter 1800 ans entre la rédaction et le plus ancien manuscrit connu. Pour Eschyle, 1500 ans. Pour Tacite, 1400 ans. Pour Platon, 1300 ans. Pour Jules César, 1000 ans. Pour Virgile, 800 ans.

Les textes du nouveau testament  d’aujourd’hui concordent donc avec les plus anciens manuscrits de la vulgate du 6ème au 8ème siècle, mais aussi avec les manuscrits grecs les plus anciens (vaticanus et sinaïticus).

Y a-t-il pu y avoir une corruption des textes, comme l’affirme l’islam ? Entre le 1er et le 2ème siècle, les églises chrétiennes en cours d’organisation luttent contre les déviances doctrinales dangereuses. Elles se préoccupent logiquement de transmettre le message initial sans l’altérer, alors que les aventuriers de la doctrine les déforment selon leurs errances. C’est pour cette raison que les églises recommandent avec soin de ne pas s’égarer dans des nouveautés hasardeuses, mais de rester fidèles à la tradition apostolique primitive.

Regardons ce que dit St Paul : « Quant à l’homme de parti, après un premier et second avertissement, romps avec lui ! »(Ti 3,10) et encore : « Je m’étonne que si vite vous abandonniez celui qui vous a appelés par la grâce du Christ pour passer à un second évangile – non qu’il y en ait deux, ce sont seulement des gens qui sèment le trouble et veulent bouleverser l’évangile du Christ »(Ga 1, 6-8) Et encore : « Je vous en prie, frères, gardez-vous de ces fauteurs de dissensions et de scandales contre l’enseignement que vous avez reçu… »(Rom 6,17).

Même attitude d’avertissement chez St Jean : « Si quelqu’un vient à vous sans vous apporter cette doctrine, ne le recevez pas… »(2 Jn 10) et St Pierre : « Il y a eu de faux prophètes dans le peuple, il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses… »(2 P 2,1) St Jude : « Afin de vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes…Des impies travestissent la grâce de notre Dieu et ils renient notre seul maître et Seigneur Jésus Christ… »(Jd 3,4)

Les pères de l’Eglise insistent eux aussi sur la nécessité de respecter strictement la tradition apostolique. Ignace d’Antioche, disciple de Polycarpe ayant lui-même connu St Jean : « « J’ai appris que certains venant de là-bas sont passés chez vous porteurs d’une mauvaise doctrine, mais vous ne les avez pas laissés semer chez vous… »

Et Clément de Rome, évêque de Rome d’origine juive : « Laissons les préoccupations vaines et inutiles, et conformons-nous aux normes glorieuses et vénérables de notre tradition ».

Le plus ancien écrit non canonique, la Didachè, dit ceci : « Tu n’abandonneras jamais les commandements du Seigneur, mais tu garderas ceux que tu as reçus, sans rien ajouter ni rien ôter ! »

On sent une méfiance générale envers les déviances et les apocryphes, ce qui rend impossible l’accueil de récits non autorisés.

La fiabilité des premiers écrits apparaît à travers les témoignages qui en garantissent l’authenticité.

St Paul :

Les lettres de l’apôtre des Gentils nous apportent des éléments déterminants. Ecrites entre 20 et 30 ans après la mort de Jésus, ces épîtres dévoilent les lignes directrices essentielles de la vie de Jésus. Jésus a eu une mère juive et vivait selon la Loi (Ga 4,4). Il venait d’une lignée juive (1Co,9). Il était fils de David et d’Abraham (Rom 1,3) Il a vécu dans la pauvreté (2 Co8,9). Il s’est constitué une équipe de 12 apôtres (1 Co 9,5) Il a institué son rituel eucharistique (1 Co 11, 23). Il a été crucifié (11 Co 1, 17). Il est mort et a été enseveli (Rom 5,6)  Il est ressuscité (1 Co 15,4) Il a été vu vivant par ses disciples (1 Co 15,5). Tous ces éléments pauliniens recoupent ce que disent les évangiles.

Les Pères de l’Eglise :

Les citations des Pères de l’Eglise sont innombrables et nous renseignent sur les prises de position initiales de l’Eglise et la cohérence de l’ensemble. Regardons ce que disent les Pères des 2ème et 3ème siècle.

Ignace d’Antioche dans sa lettre aux Philadelphiens en 102 : « Je vous exhorte donc à ne rien faire par esprit de querelle mais selon l’enseignement du Christ. J’en ai entendu qui disaient : je ne croirai pas si je ne le trouve pas dans les écritures et archives anciennes ! Quand je leur disais : c’est écrit ! Ils répondaient : c’est là précisément la question. Je leur ajoutais : pour moi, mes écrits et mes archives, c’est Jésus Christ ! mes archives inviolables, c’est sa croix et sa mort, et sa résurrection. Et la foi qui vient de lui. »

Papias, évêque d’Hiérapolis, écrit en 130 : « Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant ce dont il se souvenait. Il n’a eu en effet qu’un seul but, c’est de ne rien laisser de côté de ce qu’il avait entendu, et de ne tromper en rien dans ce qu’il rapportait »

Au XVIIIème siècle, un historien italien du nom de Muratori découvre à Milan un manuscrit latin du 7ème siècle, traduction d’un original grec datant de l’an 170. Le texte mentionne Luc et Jean désignés comme 3ème et 4ème évangiles.

Diverses attestations notables d’authenticité des textes sont également repérables chez des auteurs comme St Irénée, Tertullien, Origène, Clément d’Alexandrie.

Il existe aussi d’autres témoins en dehors du monde chrétien, comme Flavius Josèphe qui écrit en 93 en mentionnant Jean Baptiste. Dans un autre passage, il est question de Jésus, mais cet élément est contesté par les exégètes comme étant un ajout plus tardif. Toutefois, Shlomo Pinès, professeur à l’Université hébraïque a découvert une version arabe de l’histoire universelle d’Agapius évêque syriaque du 10ème siècle :
« En ce temps-là vivait un sage nommé Jésus. Il se conduisait bien et était estimé pour sa vertu. Nombreux furent ceux, tant juifs que gens d’autres nations, qui devinrent ses disciples. Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples ne cessèrent de suivre  son enseignement. Ils racontèrent qu’il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu’il était vivant. Sans doute était-il le Messie sur qui les prophètes ont raconté tant de merveilles »

Dans la Mishna (2ème siècle) les deux Talmud (Jérusalem et Babylone) évoquent la vie de Jésus dans un climat de controverses et déforment volontairement des aspects fondamentaux de sa vie. Mais comme le remarque Joseph Klausner, par-delà ces polémiques, il est clair que ces textes – s’ils critiquent l’homme Jésus – affirment par là même son historicité.

Il existe encore des témoignages sur Jésus et sa communauté qui émanent de sources païennes. Ainsi, Tacite disciple de Pline l’Ancien qui parle en 69 des chrétiens sous Néron.

Pline le Jeune évoque ces gens qui chantent des hymnes à Chrestos comme à un dieu et s’engagent à ne pas commettre de mauvaises actions.

Suétone vers 120 désigne ces juifs qui s’agitent au nom d’un certain Chrestos ce qui provoque leur expulsion de Rome, par ailleurs mentionnée dans les Actes des Apôtres.

Une fois ces éléments de fiabilité historique établis, il reste le plus important : la démarche de foi ou de doute envers le contenu de ces événements qui ont changé la face du monde. Cela appartient à chacun mais il n’est pas anodin de savoir prendre en compte les leçons de l’histoire sur des bases vérifiables pour ensuite formuler personnellement des convictions et se donner une éthique de vie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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