La bien-pensance s’émeut des mesures anti-racailles adoptées pas le président Nayib Bukélé au Salvador, imité par Daniel Noboa en Équateur. Leurs ripostes musclées ont l’avantage de l’efficacité et sont approuvées par la quasi-totalité des honnêtes gens. Peu importe qu’on les appelle « état d’urgence », rafles anti-gangs ou actions anti-guérilla urbaine, elles ont permis de faire descendre le taux de criminalité de façon spectaculaire. De l’indice 100 à l’indice 2 ou 3.
Ces pays ont été précédés par les Philippines où le président Rodrigo Duterte et son successeur Ferdinand Marcos Junior se sont montrés impitoyables contre les nuisibles. Ramenant la paix civile par l’élimination physique des criminels. Avec quelques dégâts collatéraux inévitables. Car aux Philippines, à la délinquance crapuleuse s’ajoutait le terrorisme islamiste. Avec des passerelles de l’une à l’autre.
On est chez nous et on fait ce qu’on veut !
Les gauchistes des ONG qui donnent toujours raison aux assassins et aux trafiquants contre leurs victimes se permettent d’exiger du gouvernement philippin qu’il arrête la guerre contre la drogue, les tueurs à gages et les terroristes, les avocats marron et les juges corrompus. Et qu’il traduise en justice les policiers, les services spéciaux et les milices patriotiques autorisées à faire le ménage. La CPI a même été saisie ! Réponse adéquate : des avancements et des primes pour les nettoyeurs.
La plupart des éliminations ont eu lieu à Davao, qui est de fait la capitale de la grande île de Mindanao au Sud de l’archipel. La seule qui soit en partie islamisée et abrite des gangs islamo-mafieux en rébellion permanente. Mais sans doute ceci n’est qu’une coïncidence. En toute hypothèse, c’est l’aboutissement d’une très longue histoire.
Un mal bénin au début, puis un cancer qui métastase
Ils sont arrivés il y a environ 800 ans. Si leurs « frères » avaient ruiné et dévasté les Indes et l’Insulinde, les premiers colons étaient des pêcheurs, des commerçants, des artisans. Devenus agriculteurs après avoir acheté quelques terres. Sur lesquelles ils érigeaient des mosquées.
En 1380, l’Arabe Sheik Karim Makhdum, originaire de la Mecque, fraîchement débarqué, enrôla ses coreligionnaires dans la guerre sainte. Ses successeurs annexèrent les îles de Jolo, dans le détroit malais, avant que Shariff Mohammed aille fonder au XVe siècle un sultanat à Mindanao. Depuis, cette île est une source permanente de conflits avec les autres insulaires.
On doit une fière chandelle aux Espagnols qui, en colonisant les Philippines au XVIe siècle, entravèrent la progression des mahométans. Il avaient appris chez eux, en Europe, comment neutraliser les Maures. Même s’il leur fallut 60 ans, de 1578 à 1638, pour calmer ces fanatiques.
Aujourd’hui 90 % de la population est chrétienne, avec 80 % de catholiques et 10 % de protestants. Les 10 % restants se partagent entre hindouistes, bouddhistes, animistes et mahométans… Toutes les religions cohabitent pacifiquement, sauf les 5 ou 6 % de coraniques qui refusent une entente paisible avec les autres croyances.
Les guerres d’indépendance ont ravivé celles de religions
Après les mahométans, les Étasuniens viennent comme d’habitude semer la pagaille. Dans un premier temps, ils encouragent les visées autonomistes des musulmans, entravées depuis des siècles par les hispaniques. Permettant une floraison de micro-États régis par la charia. Et d’innombrables foyers de rébellion toujours actifs.
Les USA finissent pas intervenir militairement et le 10 décembre 1898, le traité de Paris met fin au conflit, contraignant l’Espagne à céder les Philippines aux USA pour 20 millions de dollars… Mais dès le 4 février 1899, une guerre oppose les Philippins chrétiens aux Yankees.
On estime qu’un million de civils furent tués pendant cette guerre. Comme les Philippins opposent une forte résistance, les Ricains les font trucider par leurs supplétifs mahométans dont le savoir-faire est apprécié. Ainsi, lors du massacre de Balangiga sur l’île de Samar, le général Jacob Hurd Smith ordonne de tuer tous les Philippins de plus de 10 ans.
Mais la Résistance aux Yankees ne rend pas les armes, et en 1935 les États-Unis accordent aux Philippines un statut de semi-autonomie, prélude d’une future indépendance qui adviendra en 1946.
Des troubles internes qui renforcent les mahométans
Après la guerre, le pouvoir échoit entre les mains d’une classe politique qui a collaboré avec les Japonais, à commencer par le président Manuel Roxas. Lequel aura l’indécence d’éjecter du Parlement tous les députés qui s’étaient battus contre les Nippons… Tandis que des insurrections paysannes d’inspiration communiste s’en prennent aux gros propriétaires terriens qui exploitent et affament les campagnes.
En 1972, après des années de troubles, le président Ferdinand Marcos décrète la loi martiale. Ce type est un mafieux qui a détourné des milliards de dollars du trésor philippin, placé sa famille et ses obligés aux plus hauts postes du gouvernement, de l’armée et de l’administration, et mis des contrats sur la tête de ses ennemis politiques.
Mais il faut lui reconnaître un immense mérite : sous son règne, les voyous et les tueurs islamistes balisent. Les militaires et les policiers qui s’étaient rebellés pour ne pas combattre leurs frères musulmans sont fusillés. Et les agitateurs qui avaient profité des troubles pour se livrer aux rackets et aux pillages, organiser des réseaux de narcotiques, instaurer des émirats de pacotille ou prendre le maquis, vont être éliminés les uns après les autres jusqu’en 1989.
La paix ? Oui mais non !
En 1989 on a offert aux mahométans de Mindanao un statut d’autonomie administrative. Le seul de toutes les régions de l’archipel. Dans leurs districts, l’enseignement passe sous la coupe des mosquées, et tout ce qui ne relève pas du régalien sera jugé par des tribunaux islamiques.
Mais ça ne leur suffit pas. Encouragés par Al-Qaïda et Daech qui envoient des combattants et des prêcheurs, ils continuent leurs attentats contre les institutions et les personnes, et exigent encore plus de pouvoir. À commencer par celui de dominer de façon statutaire les 94 % d’« infidèles ». Trente ans de massacres s’ensuivent. Sans calmer les djihadistes qui aspirent à mourir en martyrs.
Un référendum est organisé en 2019 pour créer la « région autonome musulmane » de Bangsamoro où les administrations civiles locales passent sous tutelle islamique. À côté des cinq autres régions de Mindanao relevant du droit commun. Ce qui ne convient pas aux mahométans qui voudraient diriger seuls toute l’île.
L’accord de paix de 2019 est fragile
Le référendum fut une victoire facile pour les autonomistes. Mais les djihadistes voulaient continuer la guerre sainte. Par chance, certains mahométans s’opposaient à leurs alliés athées de la Nouvelle Armée populaire, émanation du Parti communiste des Philippines. Par un renversement d’alliance, les mahométans ont laissé les forces de Manille assurer l’ordre public à Mindanao, dans cette région qui connaît un état de guerre civile permanente depuis des décennies.
Presque la moitié de l’armée philippine était sur le pied de guerre, 44 de ses 98 bataillons basés sur l’île de Mindanao. En 2017, une bataille sanglante opposa les forces gouvernementales aux djihadistes de l’État islamique dans la ville de Marawi où 400 000 personnes furent tuées… Manille a remporté la victoire, mais l’ombre du terrorisme plane toujours sur le pays. Et malgré la paix de 2019, les Philippines restent un important centre de recrutement et d’entraînement pour les assassins de Daech exportés à travers l’Asie du Sud-Est.
Heureusement, il y a les Chinois !
Dès le début de son mandat, le président Rodrigo Duterte applique une politique de tolérance zéro pour les criminels. Et nomme dans son équipe des mahométans. Un pouvoir fort peut les contrôler. À condition de leur rappeler tous les jours qui commande. Et de ne jamais baisser sa garde. Comme Vlad avec ses Tchétchènes.
En politique étrangère, Duterte apaise les relations houleuses avec Pékin sur la question territoriale des îlots en mer de Chine. Ainsi les ressources militaires affectées à la défense maritime sont redéployées pour sécuriser les zones de guérilla. Pour Pékin, c’est gagnant-gagnant puisque les Philippines sont un élément important dans son projet des Routes de la Soie… Marcos Junior élu en 2022 suit la même ligne.
En 2016, trois mois après son investiture, Duterte avait rendu visite à Xi Jinping. Lors de cette rencontre, ils ont annoncé des investissements à hauteur de 24 milliards de dollars. À condition que l’insurrection musulmane sur l’île de Mindanao ne soit plus un problème. Les Chinois ont fait bénéficier de leurs précieux conseils les Philippins sur les opérations à mener pour extirper ce cancer. Ils savent y faire. Ils l’ont prouvé au Xinjiang contre les féroces Ouïghours.
Christian Navis