L’ambassadeur français en Russie a été convoqué vendredi 19 janvier au ministère russe des Affaires étrangères pour répondre aux accusations du Kremlin concernant la présence de mercenaires français en Ukraine. La Russie avait en effet justifié le bombardement d’un hôtel à Kharkov, mardi, par la présence dans le bâtiment de mercenaires français.
« La France n’a pas de “mercenaires”, ni en Ukraine, ni ailleurs, contrairement à d’autres », a affirmé jeudi 18 janvier le ministère français des Affaires étrangères, qui poursuit : « Il s’agit d’une nouvelle manipulation grossière russe. Il ne faut pas lui donner plus d’importance qu’aux précédentes et qu’aux suivantes qui ne manqueront pas d’arriver ».
Un démenti qui ne résiste pas à ce témoignage sur place, diffusé le 21 janvier par la chaîne française LCI, pourtant connue pour être la voix de son maître otanien :
Le mercenaire français interviewé par LCI dément que la frappe russe sur Kharkov ait causé des victimes. La formulation ambigüe : « Personne n’a jamais entendu parler de Français qui auraient été tués » laisse néanmoins planer le doute sur le bienfondé de l’affirmation…
En revanche, il ne saurait démentir la présence de mercenaires français dans l’armée kiévienne puisqu’il se présente comme l’un d’eux…
Témoignage d’un général de plateau : « Dès que la guerre a commencé, il y a presque deux ans, je me souviens d’avoir été appelé par un certain nombre de Français qui partaient [en Ukraine], qui cherchaient de l’équipement, etc. Ça a été un mouvement assez rapide. Je ne sais pas, au bout de deux ans, combien il en reste – j’espère que pas trop n’ont été tués (sic) – Il y en a qui sont repartis, certains sont encore présents : on en entend un là [à l’antenne]. Oui, c’est un peu le mouvement des brigades internationales, c’est-à-dire aller défendre une cause – à titre individuel, on le rappelle [c’est le principe du mercenariat…] »
Le mercenaire français précise : « Les combattants étrangers sont dans différentes unités. Il y a la légion internationale et ses différentes unités (…) qui combattent au sein de brigades ukrainiennes, de plus en plus (…) Dans mon unité, on est de petites équipes à apporter nos compétences particulières en appui aux unités ukrainiennes : observation, renseignement, tir longue distance, capacité d’assaut sur certains objectifs particuliers, capacité d’observation par drone, etc. »
Si le Quai d’Orsay est capable de mentir en affirmant qu’aucun mercenaire français ne combat au sein des unités ukrainiennes, il est tout à fait capable de mentir en affirmant que la frappe russe sur Kharkov n’a occasionné aucune victime – morts ou blessés – parmi ces mercenaires. Le mercenaire français interrogé est dans son rôle en abondant dans le sens du Quai d’Orsay.
Le mardi qui a précédé la frappe russe sur Kharkov, le président Emmanuel Macron affirmait lors de sa conférence de presse que la France allait livrer à Kiev 40 missiles à longue portée Scalp supplémentaires ainsi que « des centaines de bombes », et signer un accord de sécurité avec l’Ukraine. Les alliés de l’Ukraine ont par ailleurs lancé jeudi à Paris une coalition “artillerie” pour répondre aux besoins criants en armement de Kiev.
D’autant plus criants que l’aide américaine est à l’arrêt jusqu’aux élections présidentielles – et après en cas de victoire très probable de Donald Trump –. Avec la défection américaine, Macron revêt l’uniforme de chef de la coalition occidentale contre la Russie. Un uniforme manifestement trop grand pour le personnage qui ne réalise pas que la Russie possède une puissance de destruction largement supérieure à ce que l’Europe est capable de lui opposer. L’aide européenne ne saurait par ailleurs inverser le cours d’une guerre déjà largement perdue par une Ukraine exsangue.
D’autant plus que, selon le Pentagone, jusqu’à un milliard de dollars de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, s’évanouit dans la nature :
Gageons que l’aide militaire européenne doit subir le même taux d’évaporation. Une Ukraine percluse par la corruption mendie de l’armement auprès de l’occident, tout en en revendant une part substantielle sur les marchés noirs internationaux où il finit très vraisemblablement entre les mains de groupes djihadistes, voire dans les caves de nos quartiers narco-islamistes pour ce qui y est logeable…
Une Europe dont l’industrie est la première victime des sanctions qu’elle a cru bon infliger à la Russie, et dont l’agriculture est également en berne, à la suite de traités de libre échange passés avec les quatre coins du monde – Nouvelle Zélande et Mercosur en en attendant d’autres
Lors de sa conférence de presse, Macron révélait que la France était passée en économie de guerre. La politique aventuriste du chef de l’Etat place la France en position de cobelligérance et donc en première ligne de front dans le conflit russo-ukrainien. A aucun moment la représentation nationale n’a été consultée, alors que les conséquences de ces décisions solitaires sont gravissimes pour notre pays.
Henri Dubost