En tentant d’imposer à Israël une solution à deux Etats, Washington « pousse Israël au suicide depuis des années » a déclaré mardi 12 décembre Bezalel Smotrich, ministre des finances du gouvernement Netanyahu, dans une interview à la chaîne israélienne Now 14 (Channel 14). « Une solution à deux États revient à prendre Gaza, à la multiplier par 20 et à la placer dans une zone qui contrôle les trois quarts d’Israël » a dénoncé le ministre.
La solution à deux Etats, soutenue par Biden, Trump https://www.france24.com/fr/20180927-israel-palestine-donald-trump-solution-deux-etats-paix-equilibre-proche-orient et Obama https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/251082/proche-orient-obama-prone-la-solution-des-deux-etats fait son apparition dans l’arsenal diplomatique américain avec George W. Bush https://www.voltairenet.org/article143942.html qui, lors d’une conférence de presse donnée à la Maison Blanche le 24 mai 2002, évoque cette perspective comme garante de la paix dans la région. Dans une lettre qu’il adresse au Premier ministre israélien de l’époque en avril 2004, George W Bush écrit : « Les États-Unis espèrent toujours et sont déterminés à régler le conflit israélo-palestinien. Je reste encore fidèle à la vision que j’ai présentée le 24 juin 2002, de deux pays qui vivraient côte à côte dans la paix et la sécurité, comme clé de la paix et à la feuille de route comme moyen permettant de parvenir à cette solution. » George W. Bush rompait ainsi avec plus d’un demi-siècle de soutien inconditionnel des Etats-Unis envers leur allié privilégié.
Lors d’une collecte de fonds organisée à Washington pour la campagne israélienne contre le Hamas, Biden a estimé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devait envisager un « changement dans sa position gouvernementale dure ».
Pour le Président américain, l’actuel gouvernement israélien qui « ne veut pas d’une solution à deux États » était « le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël ».
Biden s’est attiré cette réponse de la part de Smotrich : « Je vois cela comme un compliment »
Smotrich n’est pas le seul responsable israélien à critiquer les suggestions de Biden sur ce que devrait faire Israël :
« Il n’y aura pas d’État palestinien ici. Nous ne permettrons jamais la création d’un autre État entre le Jourdain et la mer », a écrit mardi le ministre israélien des Communications, Shlomo Karai, sur X. « Nous ne reviendrons jamais à Oslo. »
Malgré ses prises de position à l’opposé de la politique intérieure de Netanyahu, Biden a exprimé son ferme soutien à l’opération militaire israélienne contre Gaza. Lors de la célébration à la Maison Blanche de la fête juive de Hanoukka, le Président américain a déclaré : « Je suis sioniste » et a réitéré « l’engagement inébranlable » de Washington au sujet de la sécurité d’Israël.
De plus, Biden continue d’exhorter le Congrès à approuver un programme de dépenses comprenant 14,3 milliards de dollars d’aide militaire à Israël et a récemment contourné un examen du Congrès visant à accélérer la vente de 106,5 millions de dollars d’obus de char à l’armée israélienne.
Biden est écartelé entre l’adhésion inconditionnelle des Américains de sa classe d’âge à l’idéal sioniste, et la real politik qui lui fait considérer que l’électorat démocrate est dorénavant majoritairement pro-palestinien.
Henri Dubost