Bel alignement des planètes pour Poutine en 2024
Je lis toujours autant de niaiseries sur le conflit ukrainien, présentant l’Opération spéciale comme un désastre pour le Tsar. “Humiliants revers à Kharkov et Kherson, quelques succès chèrement payés à Marioupol ou Bakhmut, isolement international du pays, basculement en économie de guerre, perte de 300 000 hommes au front…”
Lire cela dans un grand quotidien laisse pantois. Le staff ukrainien étant littéralement aux abois avec une armée saignée à blanc et un manque total de munitions, on nous présente encore les replis tactiques de Kharkov et de Kherson, sans pertes russes, comme de grandes victoires ukrainiennes. Grotesque.
Rappelons que c’est Poutine qui occupe 20 % du territoire ukrainien et non l’inverse. Et comme le rapport entre les artilleries des deux belligérants est de 1 à 10 en faveur des Russes, si ces derniers ont perdu 300 000 soldats, cela signifie que Kiev en a perdu dix fois plus. Un peu de sérieux.
Nous sommes certainement plus proches du million de morts et blessés côté ukrainien contre 100 000 côté russe.
Quant à l’isolement international de la Russie, c’est encore une fable otanienne des plus farfelues. Les candidats à l’adhésion aux BRICS se bousculent, toute l’Afrique fait les yeux doux à Moscou et l’Amérique latine prend ses distances avec les États-Unis, devenus les éternels losers.
Poutine a toutes les bonnes raisons de se réjouir.
Il sera réélu pour un 5e mandat avec un score de roi nègre, et cela sans besoin de falsifier le scrutin comme l’a fait Biden en 2020. 80 % des Russes soutiennent leur chef de guerre, qui résiste à une coalition de 58 nations qui ont aidé l’Ukraine. Il pourra régner jusqu’en 2034.
Quant à l’économie russe, elle a résisté elle aussi aux 12 ou 13 trains de sanctions occidentaux. Si l’Europe est en récession et a perdu toute compétitivité avec la crise énergétique, la Russie engrange les dividendes que lui procurent ses immenses ressources minières, indispensables à la prospérité du Sud global. Sa croissance fait pâlir l’Europe. Bruno Le Maire en a avalé son chapeau.
Sur le plan militaire, Kiev n’a plus d’armée et aurait besoin d’enrôler 500 000 soldats. Où les trouver ? Les meilleures troupes ont été décimées en 2022. Les nouvelles recrues, très mal formées par l’Occident, alimentent la boucherie et ne parviennent plus à combler les pertes. La nouvelle mobilisation en Ukraine, devient très coercitive.
Tout homme qui ne se présente pas de lui-même à un bureau de recrutement, perd tous ses droits sociaux, son permis de conduire, le droit d’emprunter etc. Bref, il devient un paria de la société.
Quand Kiev perd 20 000 soldats par mois, ce sont 20 000 à 30 000 volontaires qui se présentent dans les bureaux de recrutement russes pour défendre la patrie. Poutine n’a nul besoin de mobiliser à nouveau et ceux qui affirment que les Russes perdent plus de 1 000 soldats par jour sont des charlatans.
L’armée russe est plus puissante que jamais, avec une industrie qui a multiplié sa production d’armements par 7 ou 8, voire 17 pour les munitions. Et que dire de l’écrasante supériorité technologique de l’armée russe ? Pas besoin de désosser des machines à laver pour produire des missiles. Avec ses missiles hypersoniques, Poutine pourrait envoyer par le fond les 11 porte-avions américains en quelques minutes. Biden le sait et se garde bien de faire le mariole. Saigner le peuple ukrainien jusqu’aux élections est plus prudent.
L’Otan est à bout de souffle, les armées européennes ayant vidé leurs arsenaux en pure perte. Il fallait vraiment être bien naïfs pour croire que l’Ours russe capitulerait en trois mois.
La seule erreur de Poutine a été de faire confiance à ses services de renseignement. Il pensait que l’Occident ne bougerait pas et que l’Opération spéciale se passerait comme l’annexion de l’Ukraine, sans trop de pertes.
Mauvaise pioche. Il a fallu s’adapter et reconnaissons qu’après les premières semaines difficiles, le repli de l’armée russe sur le Donbass et la construction de la ligne de défense Sourovikine ont été les clés de la victoire.
Cela dit, si Poutine est en position de force et que plus personne n’envisage un retournement de situation, il est difficile de savoir quelle portion de l’Ukraine sera avalée par l’Ours russe. Faudra-t-il annexer toute l’Ukraine ou bien Poutine va-t-il se contenter de la Novorossia, après avoir balayé le régime bandériste en place à Kiev ? Ce qui est certain c’est qu’il ne négociera pas avec Zelensky.
Boris Karpov pense que toute l’Ukraine va y passer, tout comme Medvedev. Je n’en sais rien, l’ouest ukrainien n’est pas très russophile… Poutine pourrait se contenter d’une Ukraine neutre avec un régime pro-russe en place à Kiev. Retour à la case départ d’avant 2014 en quelque sorte.
Autre certitude, Moscou doit impérativement prendre le contrôle de toute la côte nord de la mer Noire pour assurer la sécurité de la Crimée. La destruction du navire russe Novocherkassk par des missiles Storm Shadow vient de rappeler cette nécessité. Odessa sera russe.
Le Churchill ukrainien fanfaronne beaucoup moins et a déjà préparé son repli sur la Floride. Quant à son entourage, il voit la manne des aides occidentales se tarir et se demande où il pourra bien se réfugier pour profiter des centaines de millions de dollars détournés. Car la fin de la guerre pour ces prédateurs qui ont menti et trahi leur peuple pour s’enrichir, signifie une retraite à très haut risque. Certains auront une très petite santé quand l’heure des comptes sonnera.
Le conflit à Gaza a évidemment calmé l’hystérie antirusse de ces deux dernières années. Nul ne sait ce que donnera l’après guerre à Gaza. Personne n’a intérêt à embraser la région, mais il faudra bien trouver une solution de paix garantissant la sécurité d’Israël et acceptée par les Palestiniens.
Pas simple, vu que je ne crois ni à la solution de deux Etats, ni à celle d’un Etat unique partagé entre Juifs et Palestiniens. Une absence de solution crédible, avec une guerre de 100 ans au menu, parait probable.
Enfin, les élections américaines seront déterminantes pour le conflit ukrainien. En admettant que l’Ukraine tienne jusqu’aux élections, une victoire de Trump mettrait fin à la guerre. Trump est un homme d’affaires, pas une tête brûlée va-t-en-guerre comme les crétins du Pentagone.
Et j’avoue que si l’Otan pouvait se désintégrer après la victoire de Poutine, nous n’aurions pas tout perdu.
La France a choisi le camp des perdants, avec un Macron immature et totalement ignare de la géopolitique, mais si l’Alliance pouvait exploser avant de nous entraîner dans d’autres expéditions coloniales américaines, perdues d’avance, ce serait une très belle avancée.
Enfin, puisque les Américains veulent voler les 300 milliards de dollars de la Banque de Russie placés en Europe, afin de financer la guerre, il pourrait y avoir de dangereuses répercussions sur le système monétaire mondial qui perdrait toute la confiance des investisseurs. Et ne croyons pas que Moscou restera les bras croisés. Ce sera une nouvelle catastrophe pour l’UE et son système bancaire, pire que la chute de Lehman Brothers. Sans la confiance, il n’y a plus de banques.
Jacques Guillemain