Les efforts de la normalisation entre les Saoudiens et les Israéliens vont reprendre. Selon Lindsey Graham, la campagne militaire visant à détruire le Hamas n’est pas incompatible avec la normalisation.
Après avoir rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ce jeudi 4 janvier 2024, dans la capitale Jérusalem, le sénateur républicain Lindsey Graham a déclaré qu’Israël disposait d’une fenêtre jusqu’en juin pour parvenir à conclure un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite. L’accord serait ainsi signé avant que la campagne électorale présidentielle américaine n’entre à plein régime.
«La campagne militaire visant à détruire le Hamas n’est pas incompatible avec la normalisation», a déclaré le républicain de Caroline du Sud.
«La pire chose pour le prince héritier, le Conseil de coopération du Golfe et tous les autres habitants de la région, ce serait que le Hamas survive.
MBS ou qui que ce soit d’autre ne peut en aucun cas espérer un avenir meilleur pour les Palestiniens si le Hamas est toujours là», a-t-il ajouté.
Il a également affirmé qu’il s’opposerait à ce que les fonds américains soient versés à l’Autorité palestinienne afin de reconstruire Gaza.
«Je ne fais pas confiance à l’Autorité palestinienne. Je ne donnerais pas 15 centimes à un groupe qui ne peut pas tenir ses promesses.»
Après sa visite en Israël, Graham va se rendre en Arabie saoudite pour y rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Il a affirmé qu’il dira à MBS qu’un accord de normalisation avec Israël est un développement qui convaincrait les investisseurs et les touristes américains sur le fait que l’Arabie saoudite est un pays sûr.
«Pour le moment en Caroline du Sud je ne peux pas convaincre de l’idée d’un voyage en Arabie Saoudite», a-t-il dit. «Mais s’ils reconnaissaient Israël, cela changerait tout.»
Le Premier ministre Netanyahu a déclaré à Fox News, le 9 novembre 2023, que les conditions d’un accord de normalisation avec Ryad «seront encore plus favorables» après la réalisation par Israël de son objectif de guerre, à savoir la destruction du Hamas.
«Je pense que les forces de la civilisation et du progrès sont mises à l’épreuve contre les forces médiévales qui veulent nous ramener à l’âge des ténèbres», a-t-il déclaré, ajoutant qu’Israël était déterminé à remporter la victoire et que celle-ci serait également une victoire pour les États-Unis et les «États arabes modérés».
«Une fois que nous y serons parvenus, la promesse de paix que nous avons vue pour la première fois dans les accords d’Abraham et que nous étions sur le point d’élargir avec la paix entre Israël et l’Arabie saoudite – je pense que cette promesse se concrétisera», a déclaré le Premier ministre. «Les conditions seront favorables. En fait, après notre victoire, je pense que les conditions seront encore plus favorables».
De leur côté, les responsables saoudiens n’ont pas non plus renoncé aux pourparlers de normalisation. Même si des progrès avaient été réalisés dans les négociations, de nombreux facteurs compliquent la conclusion d’un accord aussi historique.
Un document confidentiel mis au point par un think tank de Ryad et esquissant un plan de sortie de guerre à Gaza a été présenté au ministère des Affaires étrangères français, a rapporté Le Monde mercredi 20 décembre 2023.
«Il semble que la recherche d’un consensus saoudo-français puisse contribuer à l’élaboration d’une vision commune acceptable par toutes les parties et avoir une influence sur la décision de mettre fin à la guerre», indique le document.
Le texte propose l’exfiltration «des dirigeants militaires et sécuritaires du Hamas», possiblement vers l’Algérie. Cela rappelle l’exfiltration du chef terroriste Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, vers Athènes puis la Tunisie depuis le Liban, alors assiégé par Israël, en 1982.
Il suggère aussi de déployer une force de maintien de la paix arabe dans l’enclave palestinienne, sous mandat de l’ONU, et la formation d’un «conseil de transition conjoint». Celui-ci réunirait les principaux partis et groupes terroristes de Gaza (Hamas, Jihad islamique et Fatah) et serait chargé de gérer l’enclave pendant quatre ans avant d’organiser des scrutins présidentiel et parlementaire.
Le texte a été élaboré dans la foulée d’une rencontre, le 19 novembre 2023 à Ryad, entre Abdelaziz Al-Sager, directeur du Gulf Research Center, centre de réflexion saoudien à l’origine du texte, et Anne Grillo, directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay. Il a été présenté dans la foulée au ministère des Affaires étrangères français.
Abdelaziz Al-Sager a réagi à la publication de l’article du Monde en indiquant que son plan pour Gaza reflétait «uniquement ses vues et non celles du pouvoir saoudien». Cependant, alors que le texte a été soumis directement à la France, il se pourrait qu’il ait reçu l’aval de Ryad avant d’être présenté.
Ce plan saoudien d’éloigner les islamistes du Hamas vers l’Algérie est très intéressant sur deux points :
- Premièrement, parce qu’avec le Hamas comme mouvement idéologique il n’y aura aucune possibilité d’entente contrairement au cas de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui a accepté de renoncer au terrorisme avec une reconnaisse mutuelle avec Israël dans le cadre des accords d’Oslo signés à Washington.
- Secundo, l’expulsion du Hamas vers l’Algérie permettra l’installation d’une Administration civile palestinienne pacifiste dans l’enclave palestinienne. Cette Administration rationnelle rapportera les prémices de la prospérité pour les Palestiniens – notamment avec des fonds saoudiens et émiratis – et elle sera dotée des moyens pour contribuer à la sécurité nécessaire de la population israélienne dans la zone frontalière.
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