Il va être dorénavant difficile pour les médias occidentaux d’opposer le gentil démocrate Zelensky au méchant dictateur Poutine. Alors que les élections législatives qui auraient dû se tenir le 29 octobre ont déjà été reportées sine die, le président ukrainien, qualifiant le processus démocratique de « farce », vient de faire subir le même sort aux élections présidentielles, prévues pour le 31 mars 2024 :
« Ce n’est pas le moment pour des élections. L’heure est à la défense, à la bataille, dont dépend le sort de l’État et du peuple, et non à la farce, que seule la Russie attend de l’Ukraine », a déclaré Zelensky lors de son allocution quotidienne lundi 6 novembre. Le fait de discuter « légèrement et de manière enjouée » de l’organisation d’élections est « complètement irresponsable » a ajouté l’ex-humoriste qui, pour faire bonne mesure, a annoncé une prolongation de la loi martiale.
Lors d’une interview accordée à la chaîne américaine NBC, le président ukrainien a indiqué qu’il n’était « pas prêt » à entamer des discussions avec le président Poutine en vue d’un accord de paix, à moins d’un retrait des troupes russes de son territoire : « [Les États-Unis] savent que je ne suis pas prêt à parler avec les terroristes (sic), car leur parole ne vaut rien ».
Sur le terrain, l’armée ukrainienne doit faire face à une situation de plus en plus délicate. 20% du territoire sont toujours occupés par l’armée russe, des millions d’Ukrainiens se sont réfugiés à l’étrangers, la Pologne et la Slovaquie ont interrompu leur aide au régime de Kiev, et depuis l’attaque du Hamas contre Israël, l’aide militaire américaine a été massivement redirigée vers l’Etat hébreu.
Par ailleurs, démographiquement, les classes mobilisables sont désormais « à l’os » :
La contre-offensive de juin dernier a constitué un véritable carnage dans les rangs de l’armée ukrainienne, avec 90 000 morts et 270 000 blessés. De nombreuses unités ne disposent plus de suffisamment d’hommes.
https://tvl.fr/ukraine-la-defaite-face-a-l-entetement-de-zelensky-jt-du-jeudi-2-novembre-2023
https://tvl.fr/ukraine-l-autre-guerre-a-commence-jt-du-mardi-7-novembre-2023
Le New York Times, fait état de « dissensions » entre Zelensky et certains de ses proches conseillers, entre autres le commandant en chef de l’armée, le général Valery Zajoujny, officieusement favorable à des négociations de paix avec les Russes. Dans The Economist le haut responsable militaire a déclaré que la guerre était dans « une impasse », des propos que Zelensky a immédiatement recadrés, parlant de « situation difficile ». En privé, Zelensky reproche à Zajoujny l’échec de la contre-offensive du printemps.
Avant même les événements du Proche-Orient, le camp occidental s’apprêtait déjà à lâcher l’Ukraine, comme l’a clairement affirmé la Première ministre italienne Giorgia Meloni dans une interview piégée :
https://ripostelaique.com/meloni-piegee-avoue-les-occidentaux-sappretent-a-lacher-lukraine.html
Les alliés occidentaux, en particulier les États-Unis, appellent Kiev à maintenir les élections. Sans doute y voient-ils un moyen de se débarrasser d’un Zelensky devenu encombrant. L’opinion publique ukrainienne est en effet lasse de la guerre, consciente qu’elle constitue une boucherie sans issue. Rappelons que l’attaque russe contre une brigade d’assaut ukrainienne, vendredi 3 novembre dans la région de Zaporijia, a fait une vingtaine de morts. « Une tragédie qui pouvait être éviter » a sobrement commenté Zelensky. Les Ukrainiens pourraient porter au pouvoir un candidat plus « souple ». Le général Zajoujny, bientôt libéré de son poste de chef d’état-major, fait figure de favori.
Les Etats-Unis se sont déclarés favorables au maintien des élections présidentielles, mais à défaut, pour chasser Zelensky, un Maïdan https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_de_la_Dignit%C3%A9 à l’envers pourrait naturellement faire l’affaire…
Henri Dubost
Ukraine : Zelensky suspend le processus démocratique qu'il qualifie de "farce"
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