Le Blog de Lazare

Le voyage de Macron en Israël est un fiasco. Détruire le Hamas pour construire la paix, est sans doute un préalable incontournable à la création d’un Etat palestinien. Nul ne conteste le fait que les mouvements terroristes doivent être éradiqués. Mais proposer une coalition internationale anti-Hamas, c’est attiser les braises auprès de ceux qui y verront une agression occidentale anti-palestinienne. C’est se mettre le monde arabe à dos, car le Hamas n’est pas Daech.

Mais il fallait s’y attendre. Obsédé par son désir d’attirer les feux des projecteurs, Macron adore faire des coups médiatiques sur la scène internationale. Mais sa dévastatrice politique du “en même temps” a rendu notre diplomatie illisible et fait de la France un acteur inaudible.

Sur tous les grands sujets, la France compte pour du beurre. On a rarement vu Président aussi nul en géopolitique, sortant des projets fumeux de son chapeau sans même les avoir analysés avec sérieux. Ce qui implique le plus souvent un piteux rétropédalage de l’Elysée

Au Liban, il a cru qu’en copinant avec le Hezbollah il sortirait ce pays de l’enlisement politique.

En Ukraine, il a pratiqué avec Poutine un pitoyable double jeu qui a fini par discréditer la France. Quand on veut parler de paix avec le Tsar, on  n’envoie pas des canons Caesar en Ukraine pour tuer des soldats russes !

Et en Afrique, l’arrogance et la condescendance de Macron ont eu raison de notre vieille politique africaine. Nous sommes chassés de partout.

Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant à ce que le voyage en Israël de notre narcissique Président ait terni un peu plus l’image de la France. Au delà du soutien sans faille que nous devons au peuple d’Israël, Macron a brouillé les cartes.

Parti en messager de paix pour œuvrer à une trêve humanitaire, à un cessez-le-feu et à la libération des otages, il n’a rien trouvé de mieux que de se poser en chef de guerre contre le terrorisme, en proposant une coalition internationale anti-Hamas comme celle contre Daech. Et pour faire bonne mesure, il a adressé une mise en garde à Téhéran, au Hezbollah et aux Houthistes du Yémen contre toute extension du conflit ! Rien de tel pour mettre de l’huile sur le feu. Sa proposition est grotesque.

Cette fois, la politique du “en même temps” consiste à faire de la libération des 220 otages un “objectif principal”, tout en déclarant que la destruction du Hamas est une “priorité”, en montant une coalition. Comprenne qui pourra.

Difficile de trouver esprit plus tortueux et pensée plus alambiquée. Et toute la presse, aussi mielleuse que servile, ose le dire intelligent, alors que sa politique depuis six ans est un chapelet d’échecs et de ratages dans tous les domaines. Plus rien ne va en France et à force de dire tout et son contraire, Macron nous a fâchés avec tout le monde.

Vous noterez que notre Président ne veut pas d’escalade régionale du conflit avec l’Iran ou le Hezbollah, mais il préconise son internationalisation avec sa coalition anti Hamas. Là aussi, comprenne qui pourra.

Si Daech et le Hamas sont tous deux des adeptes de la terreur et s’énorgueillissent de leur barbarie, la comparaison s’arrête là.

Daech veut instaurer un califat islamique dans tout le Moyen-Orient et au-delà, en renversant tous les régimes arabes jugés trop mous. C’est pour cette raison que la coalition contre l’État islamique a rassemblé de nombreux pays arabes aux côtés de l’Occident.

Alors que le Hamas, sous couvert de défendre la cause palestinienne, veut la destruction d’Israël et l’extermination du peuple juif. Par conséquent, une coalition anti-Hamas ne rassemblerait que le monde occidental, les pays arabes observant une prudente neutralité ou se montrant pro-Hamas.

Macron dit n’importe quoi. Dans tous les pays arabes et même en Europe, les manifestations pro-palestiniennes sont quotidiennes. Pour de nombreux Arabes, combattre le Hamas, c’est combattre les Palestiniens. Pour eux, le Hamas est un mouvement nationaliste avant d’être une entité terroriste.

De plus, que veut Macron ? Que nos soldats aillent combattre le Hamas à Gaza ? Que nos cités aillent combattre sous la bannière du Hamas comme elles l’ont fait avec Daech ? Tout cela n’est pas sérieux.

Quant à la création d’un État palestinien, elle passe d’abord par un retour à la paix, par une reconnaissance du droit à l’existence d’Israël en tant qu’État juif et par la neutralisation des mouvements terroristes qui veulent exterminer le peuple juif.

Créer un État palestinien qui serait tôt ou tard dirigé par des fanatiques, ce serait mettre la charrue avant les bœufs. On se souvient de la façon dont le Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2006 : en jetant du haut des toits les combattants du Fatah. Est-ce un État palestinien ennemi d’Israël que nous voulons ? Chaque chose en son temps. Rappelons que c’est d’abord la paix qui a permis de bâtir l’UE et non pas l’Europe qui a amené la paix, comme se plaisent à le rabâcher les inconditionnels de Bruxelles.

En conclusion, la politique du “en même temps” a encore été un fiasco. Les pays arabes n’attendent rien de Macron et nos banlieues encore moins. Comme en Ukraine, Macron a parlé de paix en prêchant la guerre. A-t-il toute sa tête ?

Laissons les Israéliens mener leur guerre comme ils l’entendent. La vie des otages rend les choix difficiles.

A mon humble avis, une invasion de Gaza serait une option extrêmement coûteuse en vies humaines. Chars et avions sont inutiles et très vulnérables en combat urbain.  Et nul ne connait les réactions du monde musulman, sunnite et chiite, en cas d’invasion de Gaza par Tsahal.

https://reseauinternational.net/scott-ritter-ex-inspecteur-de-lonu-en-operations-terrestres-israel-va-se-faire-massacrer-par-le-hamas-et-avec-le-hezbollah-il-ne-restera-plus-rien/

Il est certain que toutes les options sont envisagées, possibles ou non, comme gazer les tunnels ou les noyer. Mais avec 220 otages aux mains des islamistes, les options sont limitées.

Car la priorité reste de sauver les otages avant de détruire le Hamas. Les 4 500 prisonniers palestiniens dans les geôles d’Israël sont une monnaie d’échange majeure. Sans parler des 1 000 prisonniers supplémentaires capturés depuis le 7 octobre.

Ensuite, blocus, évacuation des civils et bombardements ciblés constituent l’option la moins périlleuse. Mais faisons confiance au gouvernement et à l’état-major de Tsahal pour mener cette guerre avec sagesse et efficacité, afin d’éviter un embrasement du Moyen-Orient.

Dans cette guerre difficile, Macron n’est d’aucune utilité. Non seulement il ne comprend rien au monde arabe mais il dessert les intérêts d’Israël.

Et pendant qu’il échangeait avec Mahmoud Abbas, le portrait de notre Président brûlait dans les rues de Ramallah ! Ce voyage pour la paix est un désastre.

Jacques Guillemain