Le Blog de Lazare

Véritable détective de l’info, Seymour Hersch avait révélé les opérations illégales de la CIA sur le sol des USA. À présent, il récidive en démontrant que la Maison Blanche et la CIA ont piloté les attentats en mer Baltique.

Ancien attaché de presse du sénateur MC Carthy, Hersch a passé à la moulinette Kissinger, Nixon, les Bush, les Clinton et Obama, révélant leurs combines, leurs turpitudes et leurs travers. Au tour de Biden ! Viré de nombreux quotidiens, banni de la plupart des médias, Hersch travaille désormais en free lance.

Récipiendaire de plusieurs prix, dont le Pulitzer, ses ennemis n’ont rien de mieux à lui reprocher que son âge. Il a 86 ans. Mais certains vieillissent mieux que d’autres. Son enquête fouillée sur le sabotage des gazoducs Nordstream, publiée le 8 février 2023, et complétée depuis, prouve qu’il est toujours aussi pugnace.

Le crime était prémédité

Le 27 janvier 2022, Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, avait menacé Poutine de façon véhémente en le prévenant que, s’il attaquait l’Ukraine comme on l’y poussait en massacrant les Russes du Donbass, « d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 1 et 2 n’iront pas plus loin ». Vladimir ne s’est pas assez méfié de cette furie.

Cette menace n’était pas un excès de langage, car la transcription officielle du Département d’État montre qu’elle a précédé ses propos d’une précision qui n’est pas anodine. « Nous avons des contacts très forts et très étroits avec le gouvernement ukrainien, et nous le défendrons par tous les moyens ». Sans être misogyne, force est de reconnaître que, parfois, les femmes parlent trop. Mais les hommes aussi.

Ainsi deux semaines après la déclaration de madame Nuland, le 7 février 2022, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, Sleepy Joe apparemment chargé au Modafinil ou à quelque autre psychostimulant, a indiqué que « si des chars et des troupes russes franchissent la frontière de l’Ukraine, il n’y aura plus de Nord Stream. Nous y mettrons fin ».

Interrogé sur la manière dont il pourrait détruire ces gazoducs, le vieux gâteux revigoré a répondu :          « Nous le ferons, je vous le promets, nous pouvons le faire ».

Aussi personne n’a été véritablement surpris quand, le 26 septembre 2022, des explosions sous-marines en mer Baltique endommageaient les gazoducs Nordstream qui avaient acheminé, jusqu’en août, du gaz russe vers l’Allemagne, toujours cliente malgré la comédie des « sanctions ».

Des enquêtes façon panthère rose

Trois enquêtes séparées sont diligentées par l’Allemagne, la Suède et le Danemark, pays en guerre de facto contre la Russie. Leurs conclusions : les Russes ont été assez fous pour détruire des infrastructures valant plusieurs milliards de dollars. Dont une, Nord Stream 2, n’avait pas encore été mise en service. C’est la « vérité » officielle. Aussi vraie qu’il n’y a jamais eu de nazis en Ukraine.

Les missions de sabotage ne doivent pas laisser de traces pour que les États qui les ont commanditées puissent opposer un démenti outré. Or les agents secrets US ne sont pas restés invisibles. Hôtels, billets d’avion, location de voitures, bornage des portables… Mais la Norvège, membre de l’OTAN, n’a rien vu, rien entendu, et a coopéré avec la CIA.

La planification du sabotage a duré plusieurs mois pendant lesquels des hommes et des femmes de nationalité US se sont déplacés, sous couverture, à l’intérieur et à l’extérieur de la Norvège. Laissant de nombreux indices. Y compris aux USA… Ainsi pourquoi les services du conseiller à la sécurité de la Maison Blanche ont-ils acheté une machine à écrire mécanique Smith Corona, véritable pièce de musée, et ont-ils cherché partout des feuilles de papier carbone ? Jusque dans les archives. Comme si les machines à traitement de texte, puis les PC n’avaient pas encore été inventés.

Pourquoi le directeur de la CIA, Bill Burns, s’est-il procuré une archaïque machine à écrire Royal dont les frappes et copies carbone « for your eyes only » ne devaient pas sortir d’un cadre restreint d’initiés, avant d’être passées au broyeur… Mais tout finit par se savoir. Surtout dans les organisations tentaculaires où abondent des gens brimés, humiliés ou oubliés, qui ne demandent qu’à se venger de ceux qui ont détruit leurs carrières. En informant discrètement les journalistes d’investigation.

Objection, Votre Honneur ! Il eût suffi d’avoir recours à des instructions verbales. Après avoir fait passer au détecteur électronique les participants pour éviter toute possibilité d’enregistrement… Ce n’est pas si simple ! À la différence des sémillants espions de cinéma, ces agents secrets sont d’abord des bureaucrates frileux qui tiennent à se couvrir en cas de pépins. Ainsi, des doubles des documents qui auraient dû être détruits ont été classés dans des coffres. Après que « certaines personnes » en avaient fait des photocopies. Au cas où…

Des révélations qui sont autant d’accusations

Les rapports cryptés provenant d’Oslo étaient transmis directement au directeur de la CIA. Celui-ci était le seul lien entre les planificateurs des attentats et Robinette. Ou plutôt ses conseillers à la sécurité car ce vieillard sénile n’y comprenait pas grand chose. Quand il a signé (quelle imprudence !) l’ordre de mission pour le sabotage du 26 septembre 2022, il a cru autoriser une nouvelle livraison d’armes au Zygomyr !

Une fois la mission accomplie, les feuillets dactylographiés et les carbones auraient été dû être détruits, ne laissant aucune preuve. Mais le crime parfait n’existe pas quand des francs-tireurs s’en mêlent. D’après un témoin qui tient à rester anonyme (on le comprend) si le Président assoupi n’a pas réalisé qu’il avait ordonné la destruction des pipelines, Kamala était présente et décidait à sa place.

Naturellement les médias russophobes ont mis en cause ce témoignage. Dans le passé, le Washington Post et le New York Times furent moins sceptiques lorsque « deep throat » cadre à la Maison Blanche, jamais identifié, accablait Nixon…

Néanmoins, pour allumer un contre-feu, on abandonna les allégations invraisemblables accusant les Russes d’avoir délibérément détruit cette importante source de revenus pour eux, alors qu’il aurait suffi de laisser le robinet fermé pour ne plus livrer de gaz aux Boches… La nouvelle version politico-médiatique attribua le sabotage à un groupe de plongeurs ukrainiens opérant à partir d’un voilier de 15 mètres, l’Andromeda, loué dans un port germanique. Un écran de fumée de plus.

Pour qui travaille la CIA ?

La question a été maintes fois posée. Officiellement, il s’agit d’une agence gouvernementale surveillant les menaces extérieures pour les USA. Or, lors des enquêtes sénatoriales sur les tentatives d’assassinat de Fidel Castro, les bombardements de populations civiles à l’étranger, ou les facilités offertes aux                   « plombiers » du Watergate, les directeurs ont reconnu cyniquement qu’ils faisaient passer les ordres du Président avant la Constitution. Sans risque. Leur statut spécial les couvre.

Pour en revenir aux gazoducs Nord Stream, il faut rappeler que Poutine avait suspendu en août la fourniture de gaz vers la Germanie, un mois avant l’attentat. Mais des négociations discrètes étaient en cours avec l’inconsistant Olaf Scholz, en vue de reprendre les livraisons, via un pays neutre d’Asie centrale ou du Maghreb… Il s’agissait donc moins de nuire à la Russie qui continue d’exporter son gaz via des pipelines d’Asie centrale et des méthaniers sous pavillon panaméen ou libérien, affrétés par l’Inde et la Chine, que de maintenir la pression sur les Boches perçus à juste titre comme les vrais patrons de l’UE.

Seymour Hersch a questionné, sous le sceau du secret, des hauts fonctionnaires de l’administration Biden. Leurs explications donnent une idée du niveau minable de la réflexion géopolitique aux USA. Si les services secrets ont visé Nord Stream, alors que la Russie fournissait du gaz et du pétrole au monde entier via une douzaine de pipelines, c’est parce que Nord Stream 1 et 2 étaient les plus vulnérables. Partant de la Russie vers des pays de la coalition, ça écartait les risques de protestations diplomatiques et de véritables enquêtes. En outre, la Baltique n’est pas profonde à cet endroit, le travail des saboteurs était plus facile.

Complicités nordiques avérées

La Norvège, pays donneur de leçons de droit international, pratique depuis longtemps des missions de repérage et de couverture pour la CIA. Cette fois sous le patronage de BALTOPS 22, un exercice militaire annuel de l’OTAN qui s’est déroulé en juin 2022. En marge des manœuvres maritimes et sous-marines, une équipe de plongeurs a installé des dispositifs explosifs de type C4 directement sur les gazoducs. L’équipe américaine de plongeurs et les personnels de soutien à bord du navire-mère de la mission —un dragueur de mines norvégien— auraient été difficiles à cacher pendant que les « experts » faisaient leur travail.

Le 26 septembre 2022, trois mois plus tard afin d’éviter les soupçons, un avion Boeing P-8 Poseidon de la marine norvégienne a largué sur zone des bouées sonars à immersion, transformées en détonateurs à pression hydrique, déclenchant les explosions destructrices des gazoducs. Les autorités suédoises et danoises ont continué d’affirmer qu’elles n’avaient aucune idée de ce qui s’était passé dans leurs eaux territoriales.

La destruction des gazoducs n’a eu aucun impact sur le déroulement de la guerre en Ukraine. C’était juste une garantie que les Boches ne redeviendraient pas clients de la Russie, pour des raisons économiques. Au besoin en passant par des intermédiaires. Désormais, ils n’ont pas d’autre choix que d’acheter aux USA leur onéreux gaz de schiste.

L’hiver dernier, les Boches ont alloué 286 milliards de dollars de subventions aux entreprises et aux familles qui ont dû faire face à des factures d’énergie très élevées pour faire fonctionner les machines et chauffer les maisons. Que va-t-il se passer alors qu’un hiver encore plus froid est attendu en Europe ? Malgré le réchauffement climatique…

Christian Navis

https://climatorealist.blogspot.com/