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L’affaire Hunka (photo), qui fait pas mal de vagues au Canada, ne devrait pas trop défrayer la chronique de ce côté-ci de l’Atlantique, tant elle sert sur un plateau d’argent la thèse russe « Ukraine = nid de nazis »…
Rappelons que le 22 septembre dernier, Volodymyr Zelensky s’est exprimé devant le Parlement canadien. En introduction à l’allocution du président ukrainien, le président du Parlement, Anthony Rota demande à l’assistance – parmi laquelle se trouvent donc Volodymyr Zelensky mais aussi le Premier ministre canadien Justin Trudeau – d’ovationner Yaroslav Hunka, présent à la tribune d’honneur, « un vétéran [de la Seconde Guerre mondiale] qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes, et qui encourage toujours les troupes aujourd’hui, malgré ses 98 ans ».
Ce qu’oublie de préciser le président du Parlement canadien est que Yaroslav Hunka fut membre de la 14e Waffen SS, plus connue sous le nom de « Division Galicie ». Créée le 28 avril 1943, la Division Galicie compta jusqu’à 27 000 hommes, essentiellement des Ukrainiens de Galicie. En avril 1945, elle est intégrée dans l’Armée nationale ukrainienne qui sera dissoute le 7 mai 1945 à la capitulation de l’Allemagne nazie.
Durant ses deux ans d’existence, la Division Galicie s’est fait connaître par de nombreux massacres de masse à l’encontre des populations juive et polonaise.
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Bronca générale des associations juives qui demandent des explications et des excuses au Premier ministre Justin Trudeau. Le groupe de défense de la communauté juive Les Amis du Centre Simon-Wiesenthal (Friends of Simon Wiesenthal Center) se dit « consterné ». Sur X-Twitter, Le président du B’nai Brith Canada, Michael Mostyn, qualifie la situation de « scandaleuse et honteuse ».
Sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur de la Pologne au Canada, Witold Dzielski, exige des excuses du gouvernement canadien, soulignant que cette unité a été responsable de la mort de milliers de Polonais.
Dans un X-Tweet, Pierre Poilievre, chef de l’opposition conservatrice canadienne tance le Premier ministre canadien : « M. Trudeau doit s’excuser personnellement et ne pas rejeter la faute sur les autres, comme il le fait toujours. »
Dans ce même message, M. Poilievre affirme que Justin Trudeau a « rencontré et honoré M. Hunka », ce que dément l’attaché de presse du bureau du Premier ministre.
Pierre Poilievre continue : « Il s’agit d’une grave erreur de jugement de la part de Justin Trudeau, dont son bureau du protocole est chargé d’organiser et d’approuver tous les invités et programmes des visites d’État de ce type. »
Le bureau de Justin Trudeau réplique que « le Parlement et le bureau du président de la Chambre sont indépendants du Premier ministre et du Cabinet du Premier ministre ».
Bref, chaude ambiance à Ottawa…
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Justin Trudeau vient d’avouer que le malencontreux événement est « extrêmement choquant », tout en faisant porter le chapeau au président Rota, qui a présenté sa démission : « Le Président de la Chambre a reconnu son erreur et présenter ses excuses. Mais c’est profondément embarrassant pour le Parlement du Canada et pour tous les Canadiens. Je pense en particulier aux députés juifs et à tous les membres de la communauté juive du pays qui célèbre aujourd’hui le Yom Kippour. » Un appel de Justin Trudeau au Grand Pardon de ses fautes ?
Mais qui sont finalement les vrais responsables de ce pataquès ? Vous l’aurez deviné : ce sont les Russes ! Trudeau ajoute : « Je pense qu’il sera extrêmement important que nous résistions tous à la propagande russe, à la désinformation russe, et que nous continuions à soutenir fermement et sans équivoque l’Ukraine (…) avec l’annonce de nouvelles mesures pour soutenir l’Ukraine dans la guerre illégale que lui mène la Russie. »
Un nazi notoire ovationné “par erreur” au Parlement d’Ottawa ? Le Journal de Montréal a une autre explication :
Extraits :
« Yaroslav Hunka, cet ex-combattant nazi ovationné au Parlement vendredi durant la visite du président Volodymyr Zelensky, n’est pas le seul ex-collaborateur du Troisième Reich à avoir refait sa vie au Canada en héros, sans même cacher leur passé, au point même d’avoir des monuments en leur honneur. »
« Le gouvernement canadien a admis en 1997 avoir accueilli plus de 2 000 membres de la division de Yaroslav Hunka après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950. »
« Tous avaient volontairement intégré la division “Galicie” de la Waffen-SS, composée majoritairement d’Ukrainiens, et désignée en 1946 comme une organisation criminelle par le Tribunal militaire international lors du procès de Nuremberg. »
« Sur un blogue de vétérans ukrainiens, Yaroslav Hunka décrit fièrement son intégration volontaire à la division SS Galicie au service de Hitler, le “libérateur de l’Ukraine”, écrit-il. Mais loin d’être inquiétés après la guerre, Hunka et ses camarades sont accueillis à bras ouverts au Canada. »
« Des vétérans comme Yaroslav Hunka ont même droit à deux monuments en sol canadien. [Ces monuments] honorent les combattants de la division “Galicie” de la Waffen-SS comme des “héros” ukrainiens, des “combattants pour la liberté”, qui ont lutté contre le communisme soviétique. »
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Si l’on en croit le quotidien francophone, Yaroslav Hunka n’est donc pas tout à fait inconnu du grand public canadien. Difficile d’admettre que le président du Parlement Anthony Rota – qui souligne que Hunka habite sa circonscription de Nipissing-Timiskaming – ignorait le passé nazi de ce dernier lorsqu’il l’a invité pour la venue du président Zelensky. Difficile d’admettre qu’Anthony Rota n’en ait soufflé mot à ses hôtes le président Zelensky et le Premier ministre Justin Trudeau…
Zelensky savait donc parfaitement que derrière ce « vétéran [de la Seconde Guerre mondiale] qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes, et qui encourage toujours les troupes aujourd’hui, malgré ses 98 ans » se cachait (à peine…) un ancien de la Waffen SS
Mais Zelensky aime apparemment faire feu de tout bois : Hunka a été membre de la Waffen SS ? Aucun problème puisqu’il s’est battu contre les Russes pour l’indépendance de l’Ukraine…
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Les Américains n’ont par ailleurs aucune leçon à donner aux Canadiens sur ce chapitre, eux qui ont recyclé quelque 1 500 savants allemands après la guerre :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Paperclip
Le plus célèbre d’être eux étant sans doute le père du projet Apollo, par ailleurs concepteurs des V1 et V2…
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/wernher-von-braun-des-nazis-a-la-nasa
Henri Dubost
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