En voici quelques uns parmi nos berbères juifs préférés… Mais tous les Berbères ne sont pas juifs, bien sûr. Eh oui, les exilés d’Israël, lors de la diaspora il y a deux mille ans, se sont dispersés de par le monde, en particulier en Afrique du Nord. Le chef arabe Oqba Ibn Nafî n’a-t-il pas été tué par la Kahena, la reine berbère des Aurès ?
Kahena, Kahn, Kohen, prêtre en hébreu, surnom donné à la cheffe de guerre Dihia par ses ennemis arabes, qui la désignaient ainsi comme « la Juive » – car les Imazighen, ou Berbères, étaient à l’époque juifs, ou tout au moins judaïsés lorsqu’ils adoptèrent pour la première fois de leur histoire une religion monothéiste.
Par la suite les Berbères essayèrent le christianisme, qui régna sur l’Afrique du Nord pendant quatre siècles, du temps de l’occupation romaine ; le plus célèbre Berbère chrétien fut Saint Augustin, parmi un millier d’autres (1) ; il y eut 316 évêchés en Afrique du Nord (2).
On retrouve de nombreuses traces de cette période juive au Maroc, notamment dans la toponymie et l’onomastique. Des villes comme Larache étaient entièrement juives (3), et le Haut Atlas conserve encore des noms de tribus juives (Aït Youb, tribu Jacob, Aït Itschaq tribu Isaac, Aït Daoud tribu David, etc.).
Les mythiques et flamboyants bijoux berbères étaient fabriqués par des juifs. Les Berbères avaient perdu leur écriture tifinagh. Leur Histoire dans les contrées reculées nous est rapportée par les écrits des tribus juives ; les dates portées sur les tombes de leurs cimetières nous renseignent sur les grands événements locaux (4).
Avant l’étoile à cinq branches que Lyautey appliqua au drapeau rouge chérifien, toute la monnaie marocaine était frappée de l’étoile de David. Puis il y eut les juifs expulsés d’Espagne par les rois catholiques en 1492 et 1610, principalement d’Andalousie, le pays des Vandales – des cousins des Wisigoths, qui occupèrent la côte méditerranéenne du Maroc pendant cent cinq ans. Cette seconde vague de juifs, les « Andalous », s’installèrent principalement dans cinq villes du Maroc, Tétouan, Chaouen, Rabat, Salé et Fès, où ils jugèrent plus prudent de se convertir à l’islam – mais certains ont conservé jusqu’à nos jours leurs traditions juives. Ils font aujourd’hui partie de l’élite politique et affairiste du Maroc. On les reconnaît à leur patronyme d’origine latine : Bargach dérivé de Vargués, Karakchou de Carasco, Mouline, Piro, Guessous, Guédira, etc., qui prouvent qu’ils n’étaient ni Arabes ni Berbères. En signature, la porte de leur maison était en arc plein cintre et non de style arabe.
La ville de Fès en particulier fut peuplée de juifs exilés, les uns d’Andalousie, les autres de Kairouan, l’oued Fès séparant les Andalous des Kairouanais. Ce sont les Benjelloun, Benchekroun, Bennani, etc., d’aujourd’hui. Il est assez risqué de faire des affaires avec eux.
Pour tout dire, des Arabes, je crois n’en avoir jamais rencontré au Maroc. Mais chut, ne le répétez pas : les Marocains sont très susceptibles sur la nature de leur origine ethnique, qu’ils prétendaient arabe jusqu’à peu, avant de se réclamer berbère aujourd’hui – chinois demain comme, dit-on, les Chleuhs d’Agadir ? Presque toutes les grandes dynasties qui ont fondé le Maroc étaient des Berbères du Sahara : Almoravides, Almohades, Mérinides, Saadiens… La première, les Idrissides, tient son nom du réfugié Arabe Idriss 1er, dont l’héritier Idriss II a dormi trois ans dans le ventre de sa mère après la mort de son père… un miracle oriental.
Ces dynasties venues du Sahara attestent historiquement que le Maroc s’étendait jusques et y compris en Mauritanie, n’en déplaise à l’Algérie et à son Polisario. Avant que le nom « Maroc » ne fut inventé, sa population était qualifiée de Maures – los Moros par les Espagnols. Les Romains désignaient le Maroc nord sous le nom de Mauretanie tingitane, la Mauritanie de Tanger. Quant aux Algériens, on ne sait pas trop qui ils sont puisque l’Algérie n’existait pas en tant que nation jusqu’à sa création par la France en 1830, chassant les Turcs qui occupaient la côte. Seule la Kabylie, à l’abri de ses montagnes, constitue un peuple berbère apparemment authentique ; les autres semblent très métissés, eux aussi.
Le plus étonnant chez ces Nord-Africains aux origines si diverses, c’est leur racisme profondément ancré vis-à-vis des Noirs du Sud. En langue berbère, noir et esclave est le même mot aberkane, aherdane (5), qui remonte à la période de la traite des esclaves, laquelle a perduré jusqu’à nos jours dont la Dada témoigne, la bonne à tout faire, Noire, dernière femme du foyer qui a laissé une nombreuse progéniture marocaine aux cheveux crépus (gène dominant). Ce racisme ne vient-il pas de resurgir tout récemment dans un discours martial du président tunisien Kaïs Saïd ?
J’arrête là, en attendant l’avalanche des cris horrifiés de mes amis blancs Nord-Africains. Il est toutefois intéressant de constater que le Maroc vient d’ouvrir grands ses bras aux Israéliens, en particulier à ses militaires, et que les touristes juifs déferlent aujourd’hui, toutes kippas et papillotes au vent, dans les rues des villes chérifiennes sous le regard médusé des supporters pro-Palestiniens.
Au même moment, l’écriture tifinagh est appelée à s’imposer dans les relations internationales, enfin !, tandis que les inscriptions en langue française sont supprimées sur les édifices, suite à une obscure prise de bec entre notre président espionné et le Chef des Croyants. Affaire à suivre.
Jean Ducluzeau
1 – Jean Dumaurier, né Wynna Nat-Iraten (1919-2008), a dressé une liste d’un millier de saints chrétiens originaires d’Afrique du Nord, in La mémoire du peuple berbère, 4 tomes, éd. Tirésias, 1995-2001.
2 – Henri de la Bastide d’Hust (1916-1986), ex-président de l’INALCO, in Maghreb, Tunisie, Algérie, Maroc, Horizons de France, 1973.
3 – André Chevrillon, académicien (1864-1957), Crépuscule d’islam au Maroc en 1905, éditions Eddif
Casablanca, 1999 (première parution 1906).
4 – Paul Pascon, sociologue marocain (1932-1985), La Maison d’Iligh et l’histoire sociale du Tazerwalt, SMER Rabat, 1984.
5 – Ahmed Boukous, linguiste et sociologue marocain (né en 1946), actuel recteur de l’Institut Royal
de la Culture Amazighe IRCAM, Rabat.
6 – Je recommande cet article de Messin’Issa, 2014 : http://ripostelaique.com/je-le-confesse-jai- caillasse-des-juifs.html?
utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+ripostelaique%2FznSM+
%28Riposte+Laique%29
Nos Nord-Africains, des Berbères juifs déguisés en Arabes ?
En voici quelques uns parmi nos berbères juifs préférés... Mais tous les Berbères ne sont pas juifs, bien sûr. Eh oui, les exilés d'Israël, lors de la diaspora il y a deux mille ans, se son...
https://ripostelaique.com/nos-nord-africains-des-berberes-juifs-deguises-en-arabes.html