Personnellement, je ne crois pas à une guerre sans fin, une nouvelle guerre de Cent Ans à l’échelle planétaire.
Dans un intéressant article analysant le conflit ukrainien, Andrea Marcigliano envisage un enlisement durable de la guerre, consécutif à la “stratégie de l’anaconda” appliquée par les États-Unis et consistant à encercler et étouffer la Russie, tout en déclenchant de multiples conflits à ses frontières, après l’Ukraine, la Transnistrie, la Géorgie, etc.
https://reseauinternational.net/la-guerre-sans-fin/
Certes, les Russes n’avaient pas prévu une guerre longue et ils ont largement sous-estimé la réaction de l’Otan. Mais on les comprend. Car après l’annexion en douceur de la Crimée et la passivité de l’Occident, personne ne pensait que les États-Unis et leurs valets européens feraient front commun contre Moscou, en poussant le soutien à l’Ukraine jusqu’à saborder leur économie et affaiblir leurs propres armées.
Nous en sommes à 15 mois de guerre, 10 trains de sanctions, et au bas mot 100 milliards de matériels et aides financières accordés à Kiev. Pour un bien maigre résultat, puisque l’Ours russe occupe toujours 20 % du territoire ukrainien et qu’il n’envisage aucunement de changer ses objectifs : démilitarisation et dénazification de l’Ukraine, annexion du Donbass et peut-être davantage, refus de l’adhésion de Kiev à l’Otan.
On pourrait dire que l’Occident est assez riche et puissant pour tenir une guerre de long terme, d’autant plus que ce ne sont pas ses propres légions qui se font hacher menu sur le front. Mais bon nombre d’éléments s’opposent à une guerre longue.
- Les pays européens sont lourdement impactés sur le plan économique par la crise énergétique
- Au sein de l’Otan, les membres seront de plus en plus divisés si le conflit s’éternise
- Beaucoup de pays frisent la récession et ont épuisé leurs stocks d’armements et de munitions
- Les intérêts stratégiques de Washington ne sont pas ceux de l’Europe, qui ne vise pas le leadership mondial
- L’armée ukrainienne est déjà exsangue, on parle de plus de 300 000 tués, elle ne tiendra plus très longtemps
- L’ensemble du monde non-occidental se place ouvertement du côté russe et n’acceptera pas un conflit sans fin
- Pour la Xi Jinping, seule la paix permettra le retour à la croissance, indispensable au niveau de vie en Chine
- Côté russe, ils savent que leur supériorité technologique est écrasante et que l’Occident n’ira pas à l’affrontement, sauf coup de folie
- L’option nucléaire reste peu crédible, chaque camp connaissant le risque d’escalade incontrôlable
- Biden et ses valets commencent à comprendre que Poutine ne cédera jamais les terrains conquis et que les aides sont à fonds perdus
- En cas de recul, les populations russophones du Donbass ne comprendraient pas et le peuple russe ne lui pardonnerait pas
- Plus de 85 % des Russes soutiennent le tsar. Ce n’est pas pour perdre cette guerre.
- Par ailleurs, si Kiev a utilisé 80 % de ses forces, Moscou n’en a engagé que 20 %.
- L’essentiel du potentiel russe est gardé en réserve pour un éventuel affrontement direct Russie/Otan, toujours possible
- Option peu probable, mais que Poutine prend en compte puisqu’il mène un combat existentiel
- Sur le plan économique, la Russie possède 20 % des ressources minières mondiales
- Son industrie tourne à plein, son agriculture bat des records, ses ventes d’hydrocarbures aussi
- Ce pays peut tenir trois ans en complète autarcie. De toutes façons, il peut compter sur la Chine et l’Inde
- Enfin, rappelons que Poutine n’a pas besoin de ses 6 200 têtes nucléaires pour vaincre l’Otan
- Ses multiples missiles hypersoniques et ses drones sous-marins sont une force de dissuasion suffisante
- Enfin, n’oublions pas que les 3/4 de la planète sont demandeurs d’un monde multipolaire et que cette guerre devrait signer la fin programmée du monde bipolaire et du règne sans partage du roi dollar
Pour ces multiples raisons, je ne vois pas cette guerre s’éterniser.
Il va bien falloir négocier faute de combattants côté ukrainien. Les éventuelles livraisons d’avions de combat, si elles ont lieu, ne feront que retarder l’échéance des négociations, en saignant un peu plus le peuple ukrainien. De toutes façons les avions livrés ne feront pas le poids face aux Sukhoi 57 et aux Mig 35.
Non seulement l’aviation de Poutine est quasi intacte, mais la défense antiaérienne ukrainienne vient de montrer ses faiblesses face au Kinzhal, qui fond sur sa cible à la vitesse de 3 km/seconde.
Aux États-Unis, les divisions apparaissent. Le problème de Biden est de ne pas perdre la face avant les élections de 2024. Mais c’est encore loin et je ne vois pas Poutine continuer cette guerre de position sans finir par lancer une grande offensive générale qui mette un terme à la guerre et renverse le régime kiévien mafieux et corrompu.
À moins qu’une initiative de paix n’aboutisse avant. On parle d’une mission de paix africaine dont le principe aurait été accepté par Poutine et Zelensky. Reste à en définir les modalités, sachant que si Poutine réduit ses ambitions, je suppose qu’il conservera les quatre régions annexées il y a quelques mois. Elles sont russes.
A suivrehttps://www.rfi.fr/fr/afrique/20230517-derri%C3%A8re-la-mission-de-paix-africaine-entre-kiev-et-moscou-la-fondation-brazzaville
Jacques Guillemain
Non, je ne crois pas à une guerre de Cent Ans à l'échelle planétaire
Dans un intéressant article analysant le conflit ukrainien, Andrea Marcigliano envisage un enlisement durable de la guerre, consécutif à la "stratégie de l'anaconda" appliquée par les États-U...
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