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10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 08:23
Pour les Centrafricains, les Russes sont une bénédiction

Centrafrique D’abord, association centrafricaine basée en France, organisait déjà en 2019 une manifestation devant l’Ambassade de la Fédération de Russie à Paris. Avec force drapeaux nationaux et russes, les Centrafricains de France manifestaient alors pour soutenir la présence de Wagner dans leur pays.

La situation n’est pas simple pour ce territoire de 4 millions d’habitants pour 622 000 km2, enclavé au cœur de l’Afrique. La RCA revient en effet de très loin. Avec des coups d’État à répétition depuis des années, son peuple vivait un enfer total et le pays se résumait alors à Bangui. Vingt ans de crises dont la principale a été marquée par la prise de pouvoir par la Séléka en 2013 ; ou encore une coalition de rebelles en décembre 2020.

En venant renforcer les forces centrafricaines et secourir la population, les Russes ont apporté un véritable espoir de paix. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que leur présence dans ce pays agace l’Occident.

La France était un grand partenaire de la République centrafricaine depuis 60 ans. Ce qui ne l’a pas empêché, ainsi que l’UE, de lui couper les vivres et d’arrêter toutes les aides. Le but : déstabiliser le gouvernement en place depuis deux ans. Car la politique menée par le président Faustin-Archange Touadéra ne convient pas. Les Centrafricains viennent en effet de comprendre qu’il leur était possible de développer leur pays par eux-mêmes, mais ça, ça ne fait pas l’affaire des grandes puissances.

En 1960, le gouvernement centrafricain signe un accord qui cède à la France la totalité du sous-sol du pays pour… 500 ans ! Cet accord prévoit que les Centrafricains ne peuvent creuser leur propre sol au-delà de 15 m de profondeur. Grâce à cela, il leur est interdit d’exploiter leurs propres richesses : or, uranium, pétrole, diamants… dont ils n’ont pas encore vraiment conscience. Tout appartient à la France. Sur le marché mondial c’est l’Occident qui impose les prix du cacao, de l’uranium, de l’or, du pétrole, du bois… eux, n’ont pas leur mot à dire.

En outre, la Centrafrique n’a pas de monnaie propre puisque c’est la France qui lui fournit le franc CFA. Or, on ne peut pas développer un pays qui ne bat pas monnaie.

Depuis 60 ans ce pays souffre et n’est considéré que comme une vache à lait dont de grandes sociétés étrangères pillent sans vergogne les richesses.

Pour éviter le « réveil » du pays, et à la moindre velléité d’indépendance ou de refus de signer un nouvel accord, les grandes puissances se font complices de coups d’État à répétition. Seulement ça, les Centrafricains en ont assez. Ils ont compris. Ce qu’ils veulent désormais, c’est rediscuter des accords de partenariat d’égal à égal ; et avec la France, ou l’Occident politique en général, ils savent que c’est peine perdue. On leur a trop menti !

Le 3 mars dernier, les habitants de Bangui ont à leur tour participé à un rassemblement en soutien à la Russie. Dans la capitale de la République centrafricaine, des centaines de personnes protestent alors contre l’intervention de l’Occident, qui exige que le pays cesse de coopérer avec Moscou.

« Nous sommes ici avant tout pour résister à l’intervention de la France et des États-Unis, de l’administration Joe Biden, pour dire : Non ! Nous, le peuple de la République centrafricaine, sommes reconnaissants envers les Russes et voulons que les Russes restent et n’aillent nulle part. »

Et ces rassemblements pro-russes ont une raison…

Le 15 octobre 2020 avait déjà lieu l’une des manifestations les plus spectaculaires de la présence russe en République centrafricaine sur l’une des artères les plus fréquentées de Bangui. Des centaines de taxi-motos et une foule nombreuse accompagnent au son des klaxons l’arrivée de six blindés sur lesquels flottent drapeaux russe et centrafricain. Ces BRDM-2, véhicules de transports de troupes conçus sous l’ère soviétique dans les années 1960, allaient équiper désormais une armée centrafricaine toujours soumise à un embargo sur les armes depuis 2014 et dépourvue d’équipement lourd.

Cette livraison d’armes russes, présentée comme un don, n’est pas vraiment une primeur. La première livraison d’armes en provenance directe de Moscou a atterri sur le tarmac de l’aéroport de Bangui en janvier 2018 après des discussions entamées dès novembre 2017. Et ce n’était que le début… la Russie est en effet de plus en plus présente dans le pays. De l’instruction militaire à la protection des mines et de la présidence, les Russes sont partout et ils sont efficaces. Et une chose est certaine, avec Wagner les mines d’or sont entre de bonnes mains ! Car l’aide militaire russe ne se résume pas seulement à une simple vente d’armes. En quelques mois, ils ont débarqué en force au sein du pouvoir de Bangui, en proposant une sorte de package sécuritaire au gouvernement centrafricain.

Ce qui explique aussi que, depuis des mois, cette entité qu’on appelle la communauté internationale réclame à cor et à cri le départ des forces russes de la République centrafricaine. Or, s’il n’y avait pas eu la présence des militaires russes, la RCA ne se serait jamais remise sur ses pieds. Heureusement pour les habitants, bien que largement redéployé en Ukraine, Wagner est et reste encore sur place.

Pour les manifestants parisiens tout comme pour les Centrafricains de Bangui, le but est de défendre la présence des instructeurs russes.

« Ceux qui étaient là sont venus juste pour témoigner de leur soutien à ces forces, raconte Edbrice présent parmi les manifestants. Ainsi que pour soutenir la présence de l’armée patriotique rwandaise, car en 2916, lorsque le président Faustin-Archange Touadéra a pris le pouvoir l’Etat centrafricain n’existe quasiment plus. Nous voulons juste que la paix revienne définitivement en RCA. »

En effet, à l’époque 85 % du territoire est sous contrôle des forces rebelles essentiellement constituées d’éléments étrangers parmi lesquels des Tchadiens, des Soudanais, des Nigérians, des Nigériens et des Camerounais. Une situation inimaginable. Alors, Faustin-Archange Touadéra va tout jouer sur un coup de poker pour ramener les Russes et un semblant de paix en Centrafrique.

Étrangement, si la communauté internationale à l’époque est parfaitement au courant des événements, elle ferme les yeux.

Exactement comme au Donbass. On sait qu’il y a des morts chaque jour. On sait que la situation est intenable pour les autochtones mais, pour des raisons purement financières et politiques, on laisse faire… Parce que la communauté internationale n’est en aucun cas une force de paix. C’est juste la puissance de l’argent ! D’ailleurs, si l’on en croit certaines indiscrétions, il semblerait que les Nations unies voulaient créer une espèce de no man’s land dans le centre de la RCA, regroupant une bonne partie des Peuls du Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria. Or, la présence des instructeurs russes a mis à bas tout ce beau projet. Une fois encore l’ours russe a mis une gifle à l’Occident, et quelle gifle…

Pour comprendre la situation locale, il faut savoir qu’en RCA, l’embargo sur les armes a été imposé en 2013, après qu’une coalition de groupes armés a renversé le régime de l’ancien président François Bozizé, plongeant le pays dans une sanglante guerre civile. Cet embargo a depuis été renouvelé malgré les demandes incessantes de sa levée par le gouvernement actuel.

Les sanctions onusiennes sur la Centrafrique interdisent en effet l’achat d’armement. Les groupes armés, eux, sont capables de s’approvisionner en armes via le marché du Darfour ou du Tchad. Or, le gouvernement légal n’a pas la possibilité de s’armer pour combattre les rebelles. Pour se procurer des armes pour ses forces légales, le gouvernement centrafricain doit obtenir l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU qui impose une traçabilité des armes. La bêtise américano-occidentale poussée au paroxysme ! Une « bêtise » de plus qui va à terme jeter la République centrafricaine dans les bras de Vladimir Poutine. Une « première » en Afrique depuis l’effondrement de l’Union soviétique.


Pour tenter de ramener la paix dans son pays, Faustin-Archange Touadéra fait d’abord appel à la France. Un choix logique puisque le territoire de la République centrafricaine est celui de l’ancienne colonie française d’Oubangui-Chari, qui a fait partie de l’Afrique équatoriale française de 1910 à 1960.

Les forces de maintien et de contrôle de la Marine française arraisonnent alors un navire au large du golfe de Guinée, transportant des armes pour les combattants shebab de Somalie. Des armes dont Touadéra a besoin pour repousser l’avancée des rebelles. Seulement voilà, la RC est sous sanctions et il lui est interdit de recevoir ces armes.

Contre toute logique, après lui avoir conseillé de se tourner vers la Russie, partant du principe que Vladimir Poutine n’accepterait pas que des armes puissent être données au président Touadéra pour défendre son pays, la France veut faire monter les enchères. Mais Faustin-Archange Touadéra est malin et il va jouer sur l’orgueil – ou la stupidité ! – des politiques français.

Le Quai d’Orsay est en effet persuadé que ce dernier finira par signer des traitées ou des contrats qui le mettront une fois encore à la botte de la France. Seulement voilà, ce que Macron et sa clique n’avaient pas prévu c’est que Vladimir Poutine va voir là l’opportunité de créer un partenariat gagnant-gagnant avec ce pays abandonné à son triste sort. Car les Russes savent piloter trois choses importantes pour les Africains : ils savent exploiter des mines et gérer les ressources énergétiques ; vendre du nucléaire civil comme militaire ; et fournir des armes, tout en proposant une véritable expertise sécuritaire dont ces pays ont un besoin crucial.

Pour le Centrafricain lambda, Wagner ou pas Wagner, le résultat est là : ce sont les seuls qui ont réussi à ramener un semblant de paix dans un pays déchiré par les conflits.

Et le constat fait par ceux qui vivent et travaillent en France est sans appel…

Ainsi, Edbrice vient du 8e arrondissement de Bangui et comme nombre de ses compatriotes il pense « français » et pourtant…
« Je suis venu en France car pour les centrafricains la France c’est une seconde patrie. Le centrafricain réfléchie en français. Chaque centrafricain a pratiquement un membre de sa famille en France et quand je venais en France je n’avais rien à justifier je venais simplement en France c’est tout.
« Mais c’est en m’installant en France il y a dix ans que j’ai constaté que les politiques français eux n’avaient rien compris des centrafricains. Ces politiques sont tous des mafieux. Ils ne voient que leurs intérêts et celui des États-Unis. Même le peuple français ne compte pas pour les politiques français.
« Un pays comme la RCA n’aurait jamais du pouvoir tourner le dos à la France. Mais je le répète encore les hommes politiques français ont un niveau de QI comme celui de la famille Simpson, Ils me font pitié. Que des hypocrites, aucun amour pour leur patrie, et aucune vision future pour la France.
« C’est vraiment dommage et si les français ne le réalisent pas très bientôt la France sera un pays du tiers monde. Ils n’ont pas non plus une réelle politique pour les pays francophones.
« La France par la politique du franc CFA pouvait très bien installer de grosses industries en Afrique et en faire bénéficier et les Africains et les Français, car c’est elle qui imprime le franc CFA. Qu’est-ce qui empêchait la France d’innover vu que tous les présidents Africains étaient contrôlés par elle ?
« La France n’a plus de dirigeant. C’est tous des vassaux des américains. Ils veulent être bien vu par les américains. Pour moi sortir de cette situation va être difficile du moment où tous les médias sont contrôlés par les américains. Il faut un vrai saut direct dans les bras des Russes et sortir de L’UE pour que la France regagne tout ce qu’elle est en train de perdre en Afrique sinon il n’y aura plus d’espoir. »

Un constat largement partagé par Marcelin Ndassira, président de l’association Centrafrique d’Abord organisateur de la manifestation de 2019.
« Aujourd’hui, les africains en ont ras-le-bol. Nous cherchons à rediscuter nos accords et à lancer un nouveau partenariat. Depuis 60 ans, la Légion étrangère française occupait le pays. Où est la différence avec Wagner ? C’est la même chose. Par conséquent pourquoi l’Occident s’arrogerait-il le droit de critiquer nos choix ?
« Les centrafricains doivent désormais prendre leurs responsabilités. Ils demandent une nouvelle constitution qui sera le point de départ à la reconstruction du pays et qui prendra en considération la réalité actuelle en sortant de la constitution des années 60 qui ne correspond plus à rien. Actuellement nous ne pouvons que louer les efforts du président ne place. Nous avons constaté que tous les opposants aux intérêts de notre peuple sont binationaux. Alors dans la nouvelle constitution tous les responsables du gouvernement, des entreprises, devront être centrafricain. Un référendum se tiendra bientôt pour voter pour la nouvelle constitution de façon à ce que nous soyons considérés comme un Etat souverain. On ne va plus nous imposer des choses. C’est ça que la France n’a pas encore compris. Les Africains ont pris leur temps pour observer les dégâts faits par les Occidentaux dans leurs différents pays. On ne veut plus de l’ingérence des grandes puissances occidentales et on veut être respectés. »

La crise ukrainienne a mis le feu aux poudres. Mais à toute chose malheur est bon. Les Africains commencent à réfléchir et s’aperçoivent que l’hégémonie, qu’elle soit américaine ou de l’UE, ne vise qu’à une chose : voler leurs richesses territoriales.

« A la fin de la guerre de l’Ukraine, nous aurons des blocs qui réussiront à rééquilibrer le monde, ce qui brisera le tabou de ce système mis en place par les grandes puissances. Nous voulons désormais un vrai partenaire sincère qui peut nous aider à développer la République centrafricaine, un point c’est tout. »

Une vision que la Russie partage visiblement si l’on en croit la récente déclaration du représentant de ce pays à l’Organisation des Nations unies. En effet, lors d’une réunion de l’ONU sur la situation au Mali, Vassili Nebenzia a déclaré que la région n’appartient pas aux Occidentaux. Il a appelé ses collègues occidentaux à « abandonner leurs ambitions néocolonialistes » et laisser les pays de la région résoudre leurs problèmes eux-mêmes, avec les partenaires de leur choix. D’après lui, Moscou n’a reçu aucune plainte de la part de ses partenaires africains concernant ses engagements avec eux.

Sur le terrain, la Russie fournit un appui complet aux armées des pays qui lui demandent assistance et ce, dans le strict respect des règles applicables du droit international. Ce qui change visiblement de l’attitude des USA et de bien d’autres.
En formant les soldats des armées régulières, la Russie lutte contre la menace terroriste et permet, in fine, de stabiliser les régions impactées.

Cette mise au clair peut-elle calmer les ardeurs occidentales et contribuer au développement de l’Afrique et plus particulièrement de la République centrafricaine ?

« Les puissances hégémoniques n’ont aucun intérêt à ce que vous vous émancipiez ! » a déclaré Vassili Nebenzia. Et il a raison. Trop d’intérêts financiers agitent les grandes puissances et les attirent en Afrique comme des vautours autour d’un cadavre, et pourtant…

Les derniers militaires des forces françaises ont quitté Bangui le 15 décembre dernier. Virés comme des malpropres exactement comme ils l’avaient été du Mali quatre mois auparavant. Un divorce consommé par la junte au pouvoir à Bamako qui, elle aussi, a fait appel aux instructeurs russes pour l’aider à lutter contre les rebelles islamistes qui terrorisent le pays.

La Russie souhaite-t-elle s’imposer désormais comme garante de la souveraineté africaine ? Cette mise au clair par son représentant à l’ONU peut-elle calmer les ardeurs occidentales et contribuer au développement de l’Afrique ?

L’avenir seule pourra répondre à cette question. Mais une chose est sur, désormais l’Afrique n’est plus une colonie française et son avenir est entre les mains des Russes. La faute à qui à votre avis ?

Valérie Bérenger

Merci à Boris G. Karpov pour son aide dans la rédaction de cet article

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