De mieux en mieux : “Poutine va prendre Bakhmut mais perdre la guerre”
Une encyclopédie en 10 volumes ne suffirait pas à énumérer les niaiseries que j’ai pu lire depuis le 24 février 2022 sur l’Opération spéciale que mène l’armée russe en Ukraine. Je regrette vraiment de ne pas avoir tenu un journal quotidien sur le déluge d’âneries entendues pendant un an.
Généraux et officiers supérieurs, mais aussi journalistes n’ayant jamais tiré un seul coup de fusil, se surpassent pour donner des leçons de stratégie à l’état-major russe, qui visiblement n’a rien compris à l’art de la guerre, contrairement aux brillants stratèges étoilés de l’Otan. Alliance de troisième niveau qui a perdu toutes ses guerres depuis 1949 et qui aujourd’hui, se retrouve à court de munitions.
À 30 pays contre la Russie, voilà qui fait désordre. D’ailleurs, côté anglo-saxon, certaines voix commencent à dénoncer cette aventure otanienne plus qu’hasardeuse, en train de tourner au vinaigre pour Washington.
Car nul ne peut contester qu’au bout d’un an de guerre, c’est toujours l’armée russe qui occupe 20 % du territoire ukrainien et non l’inverse. Par conséquent, l’heure n’est pas à pavoiser côté ukrainien.
Dans un article du JDD je lis :
Bakhmut ne serait qu’une toute petite ville sans la moindre valeur stratégique, où les milices de Wagner avancent de quelques mètres en consommant des milliers de vie… En un mois d’une “offensive de grande ampleur”, l’armée russe a conquis 0,01 % du territoire ukrainien au prix de pertes colossales, en vies humaines comme en matériels militaires.
Voilà un discours ironique pour le moins déplacé. Comme le dit Sylvain Ferreira, quand les verrous Bakhmut, Seversk seront tombés comme Soledar, la voie sera libre vers Kramatorsk et Slaviansk, nouvelles cibles fortifiées. Quant aux pertes colossales, ce sont avant tout celles du camp ukrainien. Car dans cette guerre de position, quand les Russes tirent 50 000 obus par jour, les Ukrainiens en tirent péniblement 5 000. Il y a donc 1 Russe tué pour 8 Ukrainiens hors de combat. Rappelons que 80 % des tués le sont par l’artillerie.
https://reseauinternational.net/regis-de-castelnau-sylvain-ferreira-guerre-en-ukraine-video-n30/
Voici les pertes ukrainiennes données par CNN, dont la source est au sein de l’état-major de Kiev.
Au 28 février 2023, donc en 12 mois de guerre les pertes sont :
▪️ 259 085 personnes tuées, mortes de blessures, de maladies ;
▪️blessés, estropiés 246 904 ;
▪️ déserteurs et portés disparus – 83 952 ;
▪️ capturés – 28 393.
Cela donne 600 000 soldats hors de combat, ce qui explique pourquoi Zelensky en est à sa dixième mobilisation.
Et pour ce qui est des pertes matérielles, ce sont les Ukrainiens qui abandonnent les armements lourds, impossibles à évacuer avec le terrain boueux sous les tirs de l’artillerie russe. La désinformation a ses limites. Soyons sérieux. Voici les chiffres des pertes selon le Mossad, au bout d’un an de guerre. La dernière colonne donne le ratio :
Russie | Ukraine | ||
Avions | 23 | 302 | 13 |
Hélicoptères | 56 | 212 | 4 |
Drones | 200 | 2 750 | 14 |
Chars et véhicules blindés | 889 | 6 320 | 5 |
Systèmes d’artillerie | 427 | 7 360 | 17 |
Systèmes de défense aérienne | 12 | 497 | 41 |
“L’évacuation de Bakhmut est actée par Zelensky, afin de préserver les forces pour des batailles ultérieures. Poutine va gagner Bakhmut mais son opération s’enlise et il aura perdu toute capacité de s’emparer de l’Ukraine.”
Kiev a bien évidemment intérêt à évacuer les 10 000 soldats encore à Bakhmut. Mais sous le feu de l’artillerie russe, ce ne sera pas une promenade de santé. Les drones russes ne vont pas chômer…
Quant à s’emparer de l’Ukraine, ce n’est certainement pas un objectif de Poutine, qui n’a que faire de la partie occidentale antirusse et sans intérêt économique. La question est plutôt de savoir s’il prendra Odessa jusqu’à la Transnistrie pour contrôler la Mer Noire.
“Les forces ukrainiennes sont en train de constituer une force blindée considérable qui assemble des matériels pris aux Russes et ceux – beaucoup plus modernes et puissants – que livrent actuellement les 50 pays alliés qui soutiennent la résistance ukrainienne.”
Il suffit de lire les chiffres ci-dessus pour comprendre que ce discours est une fable. Les Ukrainiens ont perdu cinq fois plus de chars et de blindés que les Russes. Ils n’en ont plus et en demandent 350.
Sur ces 350, une cinquantaine seront livrés en avril si tout va bien. Des Léopard 2 qui n’ont rien de moderne face aux chars russes de dernière génération.
“Il s’agit de préserver cette force qui formera d’ici quelques semaines un “fer de lance” capable de mener une à deux attaques redoutables contre des armées russes disséminées sur 1000 km de front et que leurs pertes ont rendues exsangues. Cette force blindée redoutable apportera aux Ukrainiens la capacité de défaire les armées russes sur leur propre sol… À la clé, il y a la perspective et le potentiel de l’Ukraine de gagner cette guerre et sans doute de faire chuter son auteur, Vladimir Poutine.”
L’auteur de ce conte de fée n’a sans doute jamais entendu parler des T-90 ou des T-14 Armata. Comment peut-on croire que les Russes vont céder à une alliance otanienne dont les armées sont incapables de mener une guerre de haute intensité au delà de huit jours ?
Mais il est vrai que sur nos chaînes TV ou dans la presse écrite, plus c’est gros plus ça passe, dans la mesure où le narratif russe n’a pas droit de cité.
Je mise personnellement sur une fin de partie dès cette année, l’armée ukrainienne étant exsangue, sans matériels ni munitions suffisants pour mener des contre-offensives de grande ampleur. N’oublions pas que Moscou n’a que très peu utilisé son aviation, qui sera redoutable contre une offensive blindée.
Mais nul n’est devin et seul Poutine a toutes les cartes en mains pour en finir avec une guerre qu’il a tout fait pour éviter, mais que les Américains avaient décidé de lui imposer depuis 2014. Les vrais historiens rétabliront la vérité.
Jacques Guillemain
De mieux en mieux : Poutine va prendre Bakhmut mais perdre la guerre !
Une encyclopédie en 10 volumes ne suffirait pas à énumérer les niaiseries que j'ai pu lire depuis le 24 février 2022 sur l'Opération spéciale que mène l'armée russe en Ukraine. Je regrette...
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