Le Blog de Lazare

La Présidente de l’Union européenne renouvelle ses propos sur le soutien indéfectible de l’Europe jusqu’à la victoire de l’Ukraine.

Cette affirmation appelle plusieurs commentaires étayés et réalistes.

Premièrement, où en est concrètement l’État ukrainien ? En affirmant un soutien de 3 à 4 milliards par mois, pris sur les deniers européens, la Présidente acte d’une détournement majeur des fonds européens (nos impôts) à destination d’un pays en guerre qui n’est pas membre de l’U.E. Ceci montre bien que l’Ukraine est en faillite. Elle précise même qu’il s’agit de payer les fonctionnaires ukrainiens. L’économie ukrainienne est à l’agonie.

Deuxièmement, où en sont les populations ? On parle de plus de 10 millions d’Ukrainiens arrachés à leur pays, fuyant les bombardements, des villes entières étant abandonnées. Cela signifie que la population encore présente sur le sol ukrainien est de 30 à 35 millions, une saignée démographique qui réduit la capacité de travail, les ressources et l’impôt. 

Troisièmement, où en sont les territoires et les infrastructures ? Les images parlent et des villes entières ont été rasées sous le feu de l’artillerie des Russes. Des usines, des infrastructures énergétiques, des nœuds ferroviaires, etc. Le pays est en ruine.

Quatrièmement, sur le plan militaire, l’armée ukrainienne a évidemment souffert et, après un an de guerre bientôt, il est évident que les décès, les blessés et les destructions d’équipement ont passablement affaibli l’Ukraine. Son armée est incapable de s’opposer.

Bref, nous sommes plus près du désastre que d’une victoire triomphale. A cette heure, la ligne de front ne bouge plus depuis des semaines, les Russes reprennent l’ascendant en plusieurs points et, pour le reste, l’Ukraine semble très loin de pouvoir enfoncer les lignes russes.

Alors, que signifie l’engagement de l’U.E. d’agir jusqu’à la victoire ukrainienne ?

J’ai à ce stade plusieurs hypothèses.

Celle de l’aveuglement, du déni et du côté profondément hors-sol de nos élites qui communiquent et obéissent à des injonctions de faire comme si la victoire était possible, dans l’intérêt d’autres : les Américains, les marchands de canons, les trafiquants et les mafias. 

Celle de l’entêtement, comme les Anglais, qui promettent du matériel, avec une haine du Slave et une rapacité évidente pour tenter de mettre à genoux la Russie et de s’en partager les ressources. Le pari est audacieux, onéreux et très incertain, mais peut-être certains le croit-il encore.

Celle du conditionnement progressif de nos populations pour les mener à la guerre. L’U.E. ne manque pas une occasion de diaboliser la Russie. Jour après jour, il s’agit de la rendre plus détestable, plus haïssable, jusqu’à motiver l’armement, le sacrifice économique et les risques de pénuries énergétiques. On entre dans une stratégie de manipulation où nos propres conditions de vie vont devenir détestables, où certains vont devenir volontaires pour aller au  combat. Je crains pour ma part ce conditionnement progressif. En effet, la guerre est le dernier recours d’un capitalisme à l’agonie qui cherche un solde de tout compte de sa faillite par la liquidation des affaires : la guerre.

Pourtant, les informations les plus factuelles démontrent quotidiennement que l’effort de guerre à consentir pour s’opposer à l’armée russe nécessiterait d’aligner plusieurs centaines de milliers d’hommes ? Avons-nous cette capacité militaire chez nos professionnels des armées en Europe ? Non. Alors comment imaginer triompher des russes en vertu des critères stratégiques et tactiques ? Avons-nous la réserve en matériel ? Avons-nous les hommes volontaires ? Je crois que non.

Par conséquent, cette fuite en avant est irresponsable. Il semble qu’une folie germanique s’empare de nos élites ; celle d’une revanche de la Seconde Guerre mondiale, celle pour les élites germaniques qui hantent aussi l’Amérique d’une reprise des débats avec cette Russie qui obligea à Yalta et qui aujourd’hui veut se faire respecter dans son aire d’influence (nous faisons bien de même). Cette folie germanique, c’est cet appel à la haine du Slave et de la culture russe, c’est cet appel à la guerre, cet appel au sacrifice des innocents, sans mesure, sans humanité, sans sens de la diplomatie et du compromis pour gagner la paix et la dignité des nations.

Cette présidente me paraît habitée par cette folie germanique que je croyais disparue. L’Europe a un problème majeur, c’est qu’elle se laisse glisser dans un nouveau Reich, silencieusement, par la domination sans partage de l’Allemagne et de ses choix sur le reste de l’Europe, avec ses réflexes agressifs et ses complicités inavouables vers ces nations qui, elles-mêmes, n’ont pas purgé leurs crimes de la Seconde Guerre mondiale. En étendant l’Europe à l’Est, les vieilles nations latines n’ont pas bien vu que nous pactisions avec des vieux démons, des pays Baltes à la Pologne revancharde elle aussi (pas très chrétienne en la circonstance).

Il faut que s’élève de France, d’Italie, d’Espagne ou de Grèce des voix nombreuses pour dire que l’Europe est pacifique, bienfaitrice, diplomate, respectueuse des civilisations et volontaire pour faire de la coopération le ciment des ententes intelligentes avec nos voisins. Vraiment : halte au feu, halte au massacre, halte à la folie germanique.

Pierre-Antoine Pontoizeau