Un texte d’Alain Labelle
Le simple fait de tenir la main d’une personne qui souffre vous permet non seulement de synchroniser votre respiration et votre fréquence cardiaque avec la sienne, mais aussi vos ondes cérébrales.
L’étude réalisée par des chercheurs américains et israéliens montre surtout que plus une personne est réconfortante et ressent de l’empathie pour une autre qui souffre et dont elle tient la main, moins la douleur est intense.
Dans le monde d’aujourd’hui, nous avons recours à de moins en moins d’interactions physiques dans nos communications. Notre étude montre le pouvoir et l’importance du toucher humain.
Synchronisation interpersonnelle
Ces travaux s’ajoutent à un nombre croissant de recherches qui s’intéressent au phénomène de synchronisation interpersonnelle, selon lequel des individus entrent en quelque sorte en symbiose physique entre elles. Ils sont toutefois les premiers à s’intéresser à la synchronisation des ondes cérébrales dans le contexte de la douleur. Ces nouvelles connaissances offrent un éclairage sur le rôle « analgésique » que le couplage cerveau-cerveau peut jouer par le toucher.
Pavel Goldstein a lui-même expérimenté une synchronisation interpersonnelle au moment de l’accouchement de sa femme. Il a observé que lorsqu’il lui tenait la main, sa douleur s’atténuait.
J’ai voulu le vérifier en laboratoire. Peut-on vraiment diminuer la douleur au toucher, et si oui, comment?
Avec des collègues israéliens de l’Université de Haïfa, il a recruté 22 couples hétérosexuels âgés de 23 à 32 ans, qui étaient ensemble depuis au moins un an. Ces couples ont été soumis à plusieurs scénarios de deux minutes, alors que les chercheurs mesuraient leur activité cérébrale.
Les scénarios comprenaient une situation dans laquelle les membres de chaque couple étaient assis ensemble sans se toucher, une autre dans laquelle ils étaient ensemble et se tenaient les mains et une autre où ils se trouvaient dans des pièces séparées. Les chercheurs ont ensuite répété les scénarios en faisant subir une légère douleur de chaleur à la femme.
Le simple fait d’être en présence l’un de l’autre, avec ou sans contact, était associé à une certaine synchronicité des ondes cérébrales dans une longueur d’onde liée à l’attention focalisée. Par contre, lorsqu’ils se tenaient les mains pendant qu’elle souffrait, la concordance cérébrale augmentait davantage.
Autre donnée intéressante : lorsque la femme souffrait et que l’homme ne pouvait pas la toucher, le couplage de leurs ondes cérébrales diminuait.
Ces résultats corroborent d’autres recherches selon lesquelles la fréquence cardiaque et la synchronisation respiratoire disparaissent lorsque l’homme ne peut pas tenir la main de sa femme pour soulager sa douleur.
De plus, des tests subséquents du niveau d’empathie du partenaire masculin ont révélé que plus il était empathique à la douleur de sa conjointe, plus leur activité cérébrale était synchronisée et plus la souffrance diminuait.
Il reste maintenant à comprendre comment exactement la synchronisation cérébrale avec un partenaire empathique permet de diminuer la douleur.
« D’autres études seront nécessaires pour le déterminer », précise M. Goldstein qui explique que le toucher empathique pourrait permettre à un partenaire de se sentir compris, ce qui activerait des mécanismes associés à la récompense dans le cerveau et entraînerait ainsi le soulagement de la douleur.
Le détail de ces travaux est publié dans les annales de l’Académie américaine des sciences (PNAS).
Source: http://ici.radio-canada.ca