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20 août 2025 3 20 /08 /août /2025 07:20
Impérialisme américain : de la Doctrine de Monroe à l’expédition de Suez (1823-1956)

« L’Amérique aux Américains et l’Europe aux Européens »
Comte Richard Coudenhove-Kalengi – Fondateur de l’Union Paneuropéenne

Prenant modèle sur l’empire dont ils se sont libérés, les États-Unis se perçoivent comme un empire dès leur origine. Dans une lettre au marquis de Lafayette, George Washington décrit la nation dont il est le président comme un « mini-empire ». Benjamin Franklin partage ce point de vue. La doctrine de Monroe confirme cette vision que la nation a d’elle-même.

La Doctrine Monroe

Tirée du nom du cinquième président des États-Unis, James Monroe, la politique étrangère états-unienne condamne toute intervention européenne dans les affaires des Amériques, tout comme celle des États-Unis dans les affaires européennes ; elle a caractérisé la politique étrangère des États-Unis du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle.
Lors de son septième message annuel au Congrès des États-Unis, le 8 décembre 1823, James Monroe a défini quelques principes de la nouvelle politique étrangère du pays qui étaient plus particulièrement destinés aux très puissantes nations européennes :
– Les deux Amériques du Nord et du Sud ne sont plus susceptibles d’être colonisées
– Toute intervention européenne dans les deux Amériques sera perçue par les États-Unis comme une menace pour leur sécurité et pour la paix
– De leur côté, les États-Unis n’interviendront pas dans les affaires européennes.
Au début du XXe siècle, Théodore Roosevelt (1901-1909) prononce le « corollaire de la doctrine Monroe ». Dorénavant, les États-Unis ne toléreront plus que l’on s’oppose frontalement à leurs intérêts dans les deux Amériques. Les États-Unis souhaitent donc avoir le monopole de l’expansion coloniale vers l’Amérique latine. Ces prétentions provoquèrent l’indignation des dirigeants européens, et plus particulièrement de l’empereur allemand Guillaume II.

La crise du canal de Suez (1956) et le début de l’impérialisme américain en Europe

La crise du canal de Suez en 1956 marque le début de l’impossibilité pour la France et le Royaume-Uni de mener une politique indépendante de Washington. Elle a permis aux États-Unis d’affirmer leur suprématie historique sur les « vieilles » puissances impériales européennes.
Les gouvernements français et anglais, croyant encore dominer le monde, préparent en secret avec Israël une intervention militaire pour renverser le président égyptien Nasser et mettre fin à la nationalisation du canal de Suez. Le gouvernement français reprochait aussi à Nasser son soutien à la rébellion algérienne du FLN et de lui fournir des armes.
Mais suite à l’intervention des États-Unis, la crise marqua en fait une rupture historique dans la conduite du monde. C’est la fin des guerres « impérialistes » européennes et le début de la domination américaine militaire et monétaire sur l’Occident conduisant très rapidement et inéluctablement à un impérialisme américain en lieu et place de l’impérialisme européen.

Les États-Unis, passifs au tout début du débarquement des Royal Marines britanniques ainsi que du largage des troupes françaises aéroportées à Port Saïd, exigent très rapidement le retrait des forces militaires pour désamorcer la crise. Ils lancent de plus une violente attaque monétaire qui fut décisive contre la livre sterling. Les Britanniques demandèrent immédiatement l’aide du FMI, mais celle-ci fut refusée. Eisenhower ordonna alors de vendre les obligations en livres sterling détenues par le Trésor américain. Privés de pétrole suite à la fermeture du canal et craignant un effondrement de la livre sterling, le gouvernement anglais se voit obligé, sans consulter le gouvernement français, de renoncer à l’expédition.
Entre-temps, les États-Unis avaient envoyé des forces navales et aériennes pour interférer dans le dispositif militaire franco-anglais et interdit l’usage de matériel militaire français financé par des aides américaines. De plus l’URSS menaçait la France, le Royaume-Uni et Israël d’une riposte nucléaire. Sous la pression du monde entier, l’Angleterre et la France sont contraintes, malgré leur victoire militaire foudroyante, d’accepter un cessez-le-feu et de se retirer d’Égypte.

Conséquences géopolitiques et nouvelle ère des relations internationales en Europe

La preuve est faite que la France, l’Angleterre ne sont plus des puissances dominantes en Europe. Les États-Unis et l’URSS ont tenu à montrer que l’ère coloniale est finie, qu’aucune politique au Proche-Orient ne pouvait se faire sans eux. C’est la fin de l’ancestrale politique européenne de la canonnière.
Mais la France et le Royaume-Uni vont tirer paradoxalement des conclusions opposées sur ce conflit : le Royaume-Uni, plus que jamais, décide de s’aligner sur la politique étrangère des États-Unis, devenant pour des raisons linguistiques, son plus proche allié en Europe. La France conclut, au contraire, qu’elle doit se donner plus de moyens pour justifier ses ambitions internationales, d’où les prémisses de la création d’une force de dissuasion nucléaire française par Guy Mollet fin 1956, et Félix Gaillard en avril 1958. Le général de Gaulle mettra au point et développera une force de frappe française, dès son arrivée au pouvoir en 1958, pour s’opposer à toute menace potentielle (« dissuasion tous azimuts ») sans adversaire nommément désigné, ce qui n’en excluait aucun, y compris les États-Unis dans une hypothèse extrême.

Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï – 370 p – Librinova – 2024

 

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