Aujourd’hui la situation intérieure de la Russie après l’élection présidentielle, sa quasi alliance avec la Chine, son audience internationale auprès des BRICS, sa réussite économique et financière et surtout sa domination militaire actuelle en Ukraine placent la Fédération russe et son président : Poutine, dans une position nettement favorable dans le conflit actuel qui l’oppose à l’OTAN. Ils donnent l’impression de jouer gagnant.
Cependant la Russie n’a pas encore gagné la guerre et d’ailleurs, il faudrait savoir ce que pourrait ou devrait représenter sa victoire . Qu’on le veuille ou non, si les objectifs de Poutine, pour autant qu’on les connaisse au fond, semblent avoir été atteints pour une part importante, ils sont loin de l’être complètement pour ce qui concerne la militarisation d’Ukraine, l’emprise des extrémistes ouest ukrainiens et sa volonté d’adhérer à l’OTAN.
A la surprise générale le président Poutine vient, comme s’il était en position de relative faiblesse justifiant un désir de paix, de proposer des négociations pour un cessez-le-feu. Certes ces propositions tiendront probablement compte des avancées territoriales de l’armée russe dans le sud-ouest de l’Ukraine. Mais globalement, sans rentrer dans les détails, elles revêtent un caractère modéré qui ne reflète pas le véritable rapport des forces en Ukraine. Nulle mention de Novorussia, de Karkhov, Kiev, Odessa pourtant considérée comme une ville russe dont le contrôle apparait crucial.
Au fond cette démarche pourrait donner l’impression d’un manque de confiance de Poutine dans ses moyens militaires face à un OTAN et à un camp atlantiste de plus en plus agressif à son égard et faire croire à ceux-ci une sorte de recul de sa part. Or l’historique des deux dernières années montre que ce n’est pas le genre de la maison d’autant plus que depuis quelques semaines les déclarations russes en réponse aux fanfaronnades stupides et criminelles du préposé otanien installé à l’Elysée, ont été d’une grande vigueur, ouvrant ainsi la porte à la perspective d’un éventuel conflit atomique.
Alors pourquoi cette offre qui semble bien être faite pour la galerie sauf si elle était l’expression d’une faiblesse subite, ce qui ne semble pas vraisemblable ? Comme une bonne partie de la planète, le président russe juge à sa juste valeur le niveau intellectuel et moral des dirigeants atlantistes et de leurs vassaux, leur certitude de l’infériorité de la nation russe dans tous les domaines et leur infinie arrogance. Cette proposition a été faite pour être refusée et le calcul de la gouvernance russe était qu’elle le serait. Le clan atlantiste apparaît comme ayant cru que Poutine mettait les pouces et qu’ une victoire au moins diplomatique pouvait être envisagée. Son acceptation aurait constitué un échec pour Poutine.
En fait le clan otanien a été ferré. Aux yeux du monde entier, désormais, Poutine se présente comme un homme de paix et de conciliation face aux provocations et aux agressions. Ce sont Washington, l’OTAN et l’atlantisme qui apparaissent ouvertement comme des bellicistes déraisonnables et insupportables.
À partir de cette fin de printemps, l’armée russe peut en toute bonne conscience lancer une opération militaire en Ukraine russophone qui ne soit plus un grignotage mais une offensive puissante qui pourrait être décisive. Le président russe est désormais en mesure d’en faire porter la responsabilité aux décideurs politiques ineptes et criminels de l’Ouest et de refermer ainsi le piège qu’il leur aura tendu.
Simple citoyen français, j’ai la prétention de croire, contrairement à d’autres très respectables points de vue, que le géant de l’Histoire russe qu’est Poutine a, sauf facteurs inconnus, intérêt à le faire le plus vite possible en vue d’une grande victoire de son pays et du sauvetage du véritable monde occidental, c’est-à-dire les peuples d’origine européenne, de race blanche, de culture grecque et latine et de religion judéo- chrétienne.
Il y a d’autant plus intérêt que le monde otano- atlantiste donne l’impression de reprendre du poil de la bête en dépit de faiblesses graves aux plans diplomatiques, militaires et de l’armement. Ne tombons pas dans le travers de la sous-estimation de l’adversaire dénoncé naguère par Jacques Baud lorsque la force russe était tellement méprisée.
N’oublions pas qu’en 1916 les États-Unis disposaient d’une armée juste suffisante pour combattre Pancho Villa au Mexique et que deux ans après des divisions nombreuses, bien équipées et organisées débarquaient en France par dizaines pour monter au front.
En 1940, l’armée américaine comptait environ 200 000 hommes. En 1943- 44 c’était le même nombre d’officiers qui avaient été formés pour encadrer les troupes des États-Unis qui combattaient sur deux fronts : l’Europe occidentale et le Pacifique.
Même si la population américaine compte un nombre effrayant d’obèses et si l’industrie américaine de l’armement présente des faiblesses significatives, il serait étonnant que l’énergie américaine se soit complètement évanouie. Les États-Unis n’ont pas encore disparu de la liste des grandes puissances et ils pourraient retrouver à terme une vraie force militaire. Quant à Trump son élection dans un semestre n’est rien moins que certaine et, de toutes manières, c’est le prince de l’imprévu qui aura contre lui l’Etat profond de Washington et l’AIPAC.
Enfin s’il y avait , au terme de ces négociations un accord même signé par toutes les parties, ce ne serait probablement qu’une trêve. Sauf une défaite nette et définitive, jamais le camp atlantiste ne renoncera à éparpiller la Russie façon puzzle comme c’est leur visée actuelle et à s’accaparer ses richesses. La capacité de mensonge, la duplicité et de viol de leur parole et de leur propre signature des Anglo-Saxons est sans limites. Nous en avons terriblement souffert lorsque les Américains et les Britanniques ont renié en 1919 leur garantie de notre sécurité. Les Russes en savent quelque chose avec l’extension de l’OTAN vers les pays de l’Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin malgré la promesse de Bush père et la mascarade des accords de Minsk.
Il est possible et peut-être même souhaitable que le piège tendu par Poutine fasse son office et que la bonne fenêtre de tir soit cet été, c’est-à-dire dans trois jours.
André Posokhow
17 juin 2024