Le Blog de Lazare

Nous l’avons vue tour à tour tourner le dos à toutes ses luttes : abandon de la lutte pour liberté d’expression – au nom de la lutte contre les « propos de haine » ; abandon du féminisme, pour plaire à son nouvel électorat musulman, en laissant la femme musulmane se soumette aux règles des hommes ; abandon du combat contre la peine de mort pour désormais soutenir les groupes terroristes ; abandon du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en militant contre le droit des habitants de Gaza qui veulent partir, renoncement à dénoncer « l’appropriation culturelle » en portant le keffieh ; négationnisme de la femme, en poussant le genre à devenir la nouvelle norme féminine ; abandon du combat contre le nucléaire en ignorant le nucléaire iranien ; etc.

La direction de la gauche est une mouvance principalement composée de théoriciens et d’intellectuels radicalement détachés de toute réalité.

Ils étaient proches de la classe ouvrière, mais ils ont abandonné la défense de ses droits quand celle-ci s’est élevée socialement. Alors ils ont milité pour que le gouvernement les contrôle et les écrase fiscalement, pour les empêcher de s’élever un peu plus et de devenir bourgeois. Avant cela, la gauche s’est intéressée aux agriculteurs, aux ouvriers des mines, et aux minorités opprimées, cherchant à incarner une authenticité qu’elle ne possède pas elle-même.

• Au 19e siècle, les intellectuels de gauche tentaient de vivre comme des fermiers, souvent sans succès, reprochant ensuite à la société leurs échecs.
• Au 20e siècle, déçus par les agriculteurs, ils se sont tournés vers la classe ouvrière industrielle, plus favorable à l’idéologie socialiste qui les opprime en leur promettant de les libérer, mais ils ne quittaient que rarement leurs quartiers bobos et leurs Solex.
• Finalement, ils ont décidé de porter leur attention vers les « minorités » musulmanes et les mouvements terroristes du tiers-monde. Ils s’habillent comme eux, militent avec eux, mais ils défendent des idées progressistes que ces minorités rejettent.

Leur quête d’authenticité est nourrie par un rejet de la réalité : les musulmans qu’ils soutiennent sont très religieux, ils ne veulent pas de la théorie du genre, ils dénoncent et interdisent l’homosexualité, ils soumettent les femmes et frappent les enfants, refusent la démocratie, mais la gauche feint de l’ignorer.

Pour cela, aucun membre de gauche n’a la capacité de se connecter sincèrement avec les classes qu’ils prétendent représenter.

Les intellectuels de gauche continuent de se distancier physiquement et culturellement de la classe ouvrière après avoir abandonné le monde paysan, et ils aspirent désormais à devenir les leaders d’une société musulmane qu’ils ne comprennent pas (et qui rejette leurs idées du plus profond d’elle-même).

Il ne se passera pas longtemps avant que ces intellectuels et politiciens ne soient contraints de se distancier de cette « minorité », au fur et à mesure que l’islam gagne du terrain et prend plus de pouvoir (au Royaume uni, où les musulmans pakistanais sont plus évolués que ceux d’Algérie qu’a accueillis la France, ils deviennent maires des grandes villes, et briguent des postes politiques de premier plan).

Bientôt, les islamistes n’auront plus besoin de la gauche, et ils commenceront à les critiquer publiquement, ouvertement.

Cela anticipe une nouvelle crise d’identité où la gauche, en cherchant à s’incarner dans ce qu’elle croit être les nouvelles victimes authentiques du colonialisme blanc suprémaciste et oppresseur (incarné pour eux par Israël), tente de combler le vide entre ses théories et la réalité.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.