C’est pourquoi nul média francophone n’ignore qu’environ 532 civils appartenant à la minorité alaouite ont été tués par les nouveaux maîtres djihadistes, pas plus tendres que l’ex-boucher qu’ils remplacent.
Le total des morts se monte à 742, mais 532 civils, dont des femmes et des enfants, pris entre les feux des milices du nouveau pouvoir, renforcées de groupes djihadistes d’une part, et des fidèles de l’ex-Président, de l’autre.
On le croit trop bête pour admettre que tout n’est pas noir et blanc et que les méchants ne deviennent pas des gentils dès qu’ils sont attaqués par d’autres méchants, mieux armés qu’eux.
On l’a vu quand la Russie a envahi leur pays. Les Ukrainiens, fiers de leurs nombreuses rues qui portent le nom de « héros nazis », ont été aussitôt décrits comme des saints pacifistes et démocrates.
Eh oui, il existe des salauds parmi les victimes. Cela n’empêche pas les démocraties de les aider, car ils sont attaqués, mais cela n’oblige pas à oublier qu’ils ont largement dépassé les nazis en brutalité contre les Juifs lors de la Première Guerre mondiale.
De la même façon, à peine le dictateur sanguinaire syrien avait-il été fui, après treize ans d’une guerre civile au cours de laquelle il avait, notamment, gazé sa propre population, que ses remplaçants, issus d’al-Qaïda, s’étaient retrouvés emmitouflés dans un cocon de bénéfice du doute en velours kaki doublé de soie rose.
Eh non, tous les révolutionnaires n’ont pas tous le béret charmeur de Che Guevarra (qui a inauguré les camps de « travail et de rééducation » à Cuba) et ils ne sont pas tous des Robin des Bois.
Ceux qui ont pris le pouvoir le 8 décembre 2024 en Syrie étaient coalisés sous la direction du groupe terroriste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, nouveau nom de la branche syrienne d’al-Qaida. Ils s’en sont pris à la minorité alaouite autour de Lattaquié, où étaient réfugiés les coreligionnaires de Bashar el-Assad. L’OSDH dénonce des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales et des pillages de maisons et de biens. » Il a aussi publié des photos de cadavres en civil entassés sur le sol d’un bâtiment.
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a démontré l’impuissance de son organisation. Sous Bashar, la Syrie n’avait quasiment jamais été condamnée, car Moscou la protégeait systématiquement de son véto. Après Bashar, même combat contre le moulin à vent : Pedersen en a été réduit à se déclarer « profondément alarmé ». Mais Poutine, qui a invité son allié Bashar à passer chez lui un exil doré, a invité Ahmed al-Sharaa, le nouvel homme fort, à « stopper le bain de sang ».
Les cons osent tout, les dictateurs aussi.
À propos, pourquoi n’y a-t-il aucune manifestation de soutien pour les civils alaouites dans les rues parisiennes ? C’est précisément au moment où les femmes et les enfants syriens tombaient sous les balles des djihadistes al-Qaidiens que démarrait une « marche féministe radicale de nuit » en soutien aux Palestiniens, au cours de laquelle des petits bourgeois en keffieh ont pu chanter le dernier tube à la mode : « Nous sommes tous des enfants de Gaza ».
De Gaza, mais pas de Lattaquié aujourd’hui. Ni de Yarmouk hier.
Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens (160 000 habitants en 2011) fut bombardé par l’armée syrienne en 2012, ses habitants furent affamés par un blocus impitoyable, puis décimés par les milices du FPLP, le Front populaire pour la libération de la Palestine, qui soutenait le dictateur : qui se ressemble s’assemble !
Le jour où les 532 civils ont été tués, les fiers enfants de Gaza par procuration étaient en Écosse, occupés à jouer sur un golf (« sur », pas « au ») appartenant à Donald Trump, afin de montrer au Président américain de quel bois ils se chauffaient (bois de parcours 3 et 5, bois d’allées…)
Le 8 mars 2025, la France a « condamné avec la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers » en Syrie. Un communiqué de notre étrange ministre des Affaires étrangères « appelle les autorités syriennes intérimaires à s’assurer que des enquêtes indépendantes puissent faire toute la lumière sur ces crimes et que leurs perpétrateurs soient condamnés ».
Sinon quoi ? Sinon la condamnation passera à l’échelle « encore plus grande fermeté ». Ça va faire mal !
Macron n’a jamais été capable de remettre l’église au milieu du village France, mais les patriarches des Églises chrétiennes orthodoxes, melkite catholique et syriaques orthodoxes se sont associés dans un communiqué qui diagnostiquait « une dangereuse escalade de violence, de brutalité et de meurtres, entraînant des attaques contre des civils innocents, y compris des femmes et des enfants ».
BDS et les palestinolâtres français envisagent-ils de traîner Ahmed al-Sharaa et ses sbires devant la CPI pour les accuser de génocide ?
Amjad Taha, expert en stratégie et politique du Moyen-Orient, n’y croit pas. En tout cas, il ne parle pas d’eux.
Pire : il les nargue en publiant sur X ce que ses yeux ont vu et que les leurs ne croiront jamais :
« à l’instar du Hamas, l’organisation terroriste des Frères musulmans palestiniens, qui a attaqué Israël le 7 octobre, le régime islamiste syrien traîne à présent les corps des minorités, notamment des alaouites, des chrétiens et des Druzes, dans les rues de Lattaquié. Les médias se taisent. »
Les enfants de Gaza-Rive Gauche se taisent aussi, mais c’est juste parce qu’il ne reste aucun juif en Syrie et qu’ils n’ont pas encore trouvé comment les accuser…
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