Le moteur de la civilisation n’est pas équipé de la marche arrière. On ne reviendra pas au mythique âge d’or de l’école républicaine avec son tableau noir, son encre violette et ses cartes polychromes de l’empire français. On ne retrouvera pas les maîtres d’antan qui enseignaient le calcul, l’orthographe, la grammaire et l’amour de la Patrie. Il y a Internet. Il faut faire avec.
En attendant l’école coranique obligatoire qui mettra tout le monde d’accord, des penseurs subventionnés, des intellos à la ramasse et des politicards donneurs de leçons veulent enrégimenter Internet. Pour la bonne cause : défendre la jeunesse… Au milieu de tous ces nuisibles, Gabitounette mérite la palme d’or quand il dit « craindre pour l’avenir de ses enfants. »
La santé mentale des petits est un leurre, Macronescu veut un contrôle continu du contenu politique de tous les écrans
Sur le fond, Macrounette qui veut lui aussi « protéger ses enfants », n’a pas tort. S’il n’est pas démontré que l’abus d’écrans dès le plus jeune âge nuit à la santé, à cause des radiations, infiniment plus faibles que celles du soleil… on est bien obligé de constater que cela ne facilite pas développement intellectuel. La rémanence des images à clics, l’emprise des commentaires à claques, et les réponses obtenues sans s’impliquer, réduisent la lecture et la philosophie à des luxes inutiles. Comme les calculettes ont tué le calcul mental et le GPS a érodé le sens de l’orientation.
Mais ces gémissements d’arrière-garde masquent une jubilation intense. Un peuple passif, influençable, inéduqué, inculte, formaté par les slogans des écrans, est l’idéal pour permettre aux élites mondialistes de se reproduire en circuit fermé. Dans leur monde endogamique, où l’on instruit ses moutards dans de coûteux établissement privés, la réplication des hiérarchies analysée par cette vieille canaille marxiste de Bourdieu trouve tout son sens.
Les experts en expertises de Macronescu
Dix bac + 10 aux peaux d’ânes cousues de fil blanc ont rendu au dictateur un rapport de 140 pages intitulé « À la recherche du temps perdu ». Fine allusion à la ragougnasse indigeste de Marcel Proust, un dilettante pédéraste mondain. On reste entre gens du même monde… En faisant comme si l’univers parallèle des enclaves étrangères hostiles n’existait pas.
« Il se dégage un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans sur le sommeil, sur la sédentarité, le manque d’activité physique et les risques de surpoids, voire d’obésité avec en cascade les pathologies qui en découlent, ainsi que sur la vue. »
Ce n’est pas faux. Mais de quels moyens coercitifs dispose-t-on pour veiller à l’application des directives restrictives préconisées, si jamais elles venaient à avoir force de loi ? Et c’est là que les cafards de la cenSSure et leurs pointilleux interdits montrent le bout de leurs antennes.
Lutter contre les services addictifs oui, mais lesquels ?
Bien sûr, dans un premier temps, on énonce doctement qu’on va s’immiscer dans la vie privée des familles uniquement pour leur bien. Comme quand on raflait les enfants dans les écoles pour les vacciner de force. Faire le bonheur du peuple malgré lui a toujours été l’alibi des régimes totalitaires. Adolf, Staline, Pol Pot ou Kim, même rhétorique, mêmes méthodes.
Le rapport des « penseurs officiels », un horrible oxymore car il ne saurait y avoir de pensée pertinente que libre, propose de « s’attaquer avec force aux conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques, pour les interdire.» Dans le viseur, derrière ce jargon de sociologues, « les services prédateurs qui recourent à tous les moyens pour retenir les utilisateurs le plus longtemps possible : défilement infini, lancement automatique de vidéos, notifications intensives, récompenses… »
Nos bons pères de la Sainte Église numérique y ajoutent les jeux en ligne et les micro-transactions. Et appellent à réguler et à plafonner les dépenses pour les jeux. Quels parents pourraient être contre ?
Oui mais… Ils préconisent aussi d’accentuer la pression sur les acteurs économiques, comprendre les fournisseurs d’accès, les hébergeurs de sites, les moteurs de recherche et les réseaux sociaux afin d’aller plus loin que le Digital Service Act européen. Cette monstruosité, antichambre des dictatures en marche, que le gouvernement français a adoptée en catimini. Un cadre idéal pour ensuite interdire d’expression publique tous les opposants.
Réfuter le prétendu réchauffement, refuser les mixtures vaccinales, lier la hausse vertigineuse de la criminalité de sang à une immigration incontrôlée, trouver des qualités à Poutine et douter du génie du Mozart de la finance… autant de délits que seule la mort civile et la ruine du coupable peuvent sanctionner.
Le diable se cache dans les détails
La présentation de ces mesures liberticides en vigueur depuis février 2024 alterne promesses et menaces. On pontifie, on tance, on condamne… et on masque les vrais objectifs en se retranchant derrière la protection de la vie privée des adultes et la défense des mineurs. Nobles causes.
Qui pourrait être contre la diffusion de contenus « manifestement illicites » ? Une appellation trompeuse qui cible moins les receleurs et les proxénètes, les vendeurs d’armes et les dealers, les pédophiles et les faussaires que les délits d’opinion sinon d’intention. Infractions dont la teneur est laissée à l’appréciation de quelques juges, trop souvent militants d’extrême gauche.
Comme la plupart des « maisons mère » sont à l’étranger, on cible les filiales locales : coupures de bandes passantes, redressements fiscaux, perquisitions intempestives, piratages numériques par des barbouzes… Jusqu’à ce que les opérateurs du web comprennent qu’il est de leur intérêt d’accompagner sinon de précéder la cenSSure… comme on a délégué à des gangs associatifs subventionnés le pouvoir exorbitant de remplacer les procureurs dans la poursuite pénale des hérétiques.
La commission macronarde révèle le fond de sa pensée quand elle recommande de favoriser l’émergence de « modèles éthiques » définis à l’aune du politiquement correct. Ainsi le rapport envisage la création d’un droit de regard sur les algorithmes de paramétrage, pour les faire modifier le cas échéant, selon les desiderata du Pouvoir. Tout est dit.
La protection des mineurs, définie par des gens qui n’ont pas d’enfants, sert d’alibi
Que savent-ils des relations parents-enfants, du moins dans les familles où l’on s’occupe de sa progéniture ? Ont-ils une idée de la progression des apprentissages de la vie sociale ? Et surtout imaginent-ils un instant le boulot des parents qui doivent remplacer les carences d’enseignants nuls de chez nul, et contrer leur lessivage idéologique et celui des télés ? Demanderait-on à un quidam qui n’a pas le permis de conduire d’écrire un nouveau Code de la route ?
La commission décrète que jusqu’à six ans, l’enfant n’a pas besoin d’écran pour se développer. Comme s’il y avait une norme unique. La nature n’est pas socialiste ! Elle ne dispense pas à tous ses bienfaits de la même manière. Il y a des gosses précoces dans l’ordre de l’intelligence, de la créativité et de la personnalité. Et d’autres à la remorque. Qui rattraperont peut-être plus tard leur retard.
Autre maladie des gauchistes : ils veulent minimiser le plus possible le rôle des parents dans l’éducation et l’ouverture des jeunes esprits à la raison critique. Tous les régimes totalitaires confient ce rôle à des endoctrineurs professionnels. Rien de tel que l’embrigadement, dès le plus jeune âge, pour modeler des futurs zombies bien dociles.
Le rapport privilégie le rôle des assistantes maternelles, du personnel des crèches, des professeurs désagrégés d’écoles enfantines et souligne l’importance des moments clés d’intégration que sont les repas, les soins, les sports, la musique et les jeux. Que du collectif hors du cadre familial. Le mode d’emploi d’une technique éducative égalitariste sans que l’affect intervienne. Comme à Pyongyang.
Une seule personne sur les dix y voit plus clair que les autres
Peut-être parce que c’est une femme ? Elle s’appelle Servane Mouton, mais ne bêle pas avec le troupeau. Devant la presse convoquée au château du tyran, elle a concédé que si les enfants jusqu’à six ans n’ont pas besoin d’écrans pour se développer, il faut réapprendre aux parents à jouer avec eux. « L’enfant a besoin d’interactions, d’être à l’extérieur, de jouer avec ses pairs, de chanter, danser, courir… Il ne faut pas que l’écran écrase ces besoins-là.» Là, je suis d’accord.
Je le suis moins lorsque la commission recommande de ne pas confier de téléphone portable aux moins de 11 ans, puis d’autoriser un appareil sans internet jusqu’à 13 ans. Faudra-t-il placer des caméras 24X24 chez tous les particuliers ? Sauf bien sûr dans les cités interdites… Et donner aux fournisseurs d’accès un droit d’inquisition biométrique ? Quand ce devrait être le rôle des parents d’expliquer et de réguler l’usage de cette technologie.
Tous ces grands penseurs ont-ils oublié qu’ils furent pré-ado puis ado ? Une période cruciale dans la construction de la personnalité où l’on veut être comme les copines et les copains et partager avec eux les mêmes pratiques, un langage commun, des goûts semblables et des postures identiques. Ce n’est pas parce que cette étape de la vie a cruellement manqué à Macronescu qu’il doit en priver les autres !
Christian Navis