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3 mars 2025 1 03 /03 /mars /2025 09:14
Ce qu’écrivait Jean Kieffer en 1977 est plus actuel que jamais

Tous les jours nos hommes politiques, intellectuels, spécialistes en tout genre, journalistes, semblent en permanence découvrir l’eau chaude ou que la pluie mouille. À chaque problème le gouvernement lance de nouvelles consultations, études et enquêtes, forme de nouveaux groupes de travail et demande de nouveaux rapports. D’ailleurs, le Premier ministre M. Attal ne vient-il pas lancer un nouveau Grenelle… pour redécouvrir ce que d’autres avaient déjà découvert depuis très longtemps. Peut-être aussi pour diluer les responsabilités et tenter de cacher l’éléphant qui bouche le couloir en regardant les murs…

« Cacher la vérité n’est pas la même chose que dire un mensonge. Tous ceux qui mentent veulent cacher la vérité, mais tous ceux qui cachent la vérité ne sont pas des menteurs ; et nous occultons souvent la vérité non seulement en mentant, mais en nous taisant ».(Saint Augustin)

 

Dans une brocante je suis tombé sur un livre de M. Jean Kiffer [1] dont le titre est assez intriguant : La dernière chance de la liberté. Ce livre de 212 pages a été publié en 1977 par les éditions Albatros, et a reçu le prix Renaissance des lettres en 1978.

Il me semble tellement d’actualité que j’ai décidé de le faire connaître aux lecteurs de Riposte Laïque. Les quelques extraits ci-dessous montrent que depuis presque 50 ans rien n’a changé ou si peu. À l’époque M. Kiffer parlait du péril du communisme, mais le texte reste totalement valable pour les dangers de l’islamisme…


« Patience et longueur de temps auront porté leurs fruits empoisonnés.

« A qui profite ce pourrissement de notre société ? Qui divise sans cesse pour tirer son épingle du jeu ? Qui dresse les Français les uns contre les autres ? Qui entretient ce climat de haine et de violence ? Comment en sommes-nous arrivés à ce stade de pure déconfiture ? La confusion la plus totale règne dans nos esprits.

« Notre civilisation est maintenant condamnée à court terme. Les ressorts du mécanisme sont cassés. Le goût de l’effort, l’amour du sacrifice, la générosité ont été remplacés par la facilité et l’avachissement. On a réussi à donner aux gens l’impression qu’ils n’ont plus que des droits ; on leur a fait oublier la signification même du mot devoir. L’esprit d’initiative des élites qui veulent réagir, progresser, entreprendre est étouffé sous une avalanche d’injures, de critiques systématiques et de tracasseries bureaucratiques. La phase de nivellement et d’égalitarisme est atteinte. Comment notre civilisation, aujourd’hui pourrie de l’intérieur, pourra-t-elle réagir demain face aux dangers qui s’affirmeront à l’extérieur ?

« Pourtant, la majorité silencieuse de nos populations manifeste suffisamment de bon sens pour sentir le danger qui nous menace. Nombreux sont les écrivains et les hommes politiques qui nous mettent tous les jours en garde. Des millions de Français éprouvent la même angoisse que moi face à l’avertissement solennel de Soljénitsine, que je considère comme le dernier grand prophète pour l’Occident. Hélas, tous ces cris d’alarme sont noyés dans une contre-propagande dirigée de main de maître. Les « mass-media » – presse écrite de tous bords, audiovisuelle, cinéma, littérature, théâtre – provoquent une telle intoxication que les messages et les avertissements venant de tous les horizons restent sans effet. Souvenez-vous du soir où Soljénitsine, en s’adressant à des millions de téléspectateurs français [2], a donné une leçon magistrale à l’Occident. Vous étiez, sur le coup, ébranlés et prêts à réagir. Mais, le lendemain, les bulldozers de l’information dirigée ont eu vite fait de détruire cette remarquable émission et de tourner en ridicule l’écrivain russe.

« À force de jouer à cache-cache, de dissimuler sous des termes diplomatiques des comportements qui ne sont, en réalité, que l’expression d’un manque flagrant de courage, certains dirigeants politiques français et occidentaux ont créé un profond désarroi dans l’esprit de leurs concitoyens. Actuellement, ce désarroi fait place à l’écœurement et même à la résignation. Prenons garde, le réveil sera terrible et d’autant plus effrayant que l’on se retrouvera désarmé devant un fait accompli. Le moment des lamentations, des regrets, aura sonné brusquement, mais hélas trop tard !
Un des signes de notre déclin est que des valeurs fondamentales comme le sérieux, l’ordre, la méthode, l’efficacité sont systématiquement battues en brèche et tournées en dérision. L’intoxication et le matraquage permanent poussent le peuple à la résignation. De jour en jour, l’opinion plie l’échine. Ce qui, hier, paraissait impossible semble de plus en plus acceptable.

« On ne peut détruire une société qu’en commençant par ses fondements. Il faut d’abord persuader les citoyens que tout ce qui a été réalisé dans le passé n’est bon qu’à jeter aux orties. C’est une action de longue haleine. Ainsi, pour saper nos institutions, il fallait commencer par faire table rase de tout ce qui avait existé dans la tradition française. On n’invente rien. Déjà avec la révolution d’octobre 1917, on considéra que l’histoire de la Russie prenait un nouveau départ. Mais dans un pays comme la France, on ne peut pas, du jour au lendemain, balayer le passé. Alors, on a contourné la difficulté. Plutôt que de détruire notre acquis, on l’a falsifié. En effet, pour rendre la population réceptive à l’action de destruction de cette société, il a fallu couper le peuple de ses racines, son histoire et ses traditions. Notre société est donc non seulement coupée de son passé, mais elle est progressivement détachée de son avenir.

« Ainsi donc, les fondements de notre société, sapés et gangrenés, s’écroulent lentement, mais sûrement. Tout craque, « tout fout le camp ». Cette réflexion un peu simpliste résume bien ce qu’éprouve la majorité silencieuse. Miné de l’intérieur, notre pays manifeste incontestablement tous les signes de décadence. Les communistes [islamistes] ont toutes les raisons de se réjouir, car tel était leur objectif. Une société décadente devient plus accessible. Notre société actuelle ressemble à un édifice dont les piliers sont livrés aux termites. Une société en déclin est une société sans ressort qui tombera comme un fruit mûr lorsque Moscou [l’Oumma] l’aura décidé.

« Il est grand temps de jouer cartes sur table. Que tous agissent ensemble à visage découvert. La cohésion et le courage nous permettront dès lors de voir un peu plus clair et d’assainir l’échiquier politique. Il faut mettre un terme à la grande mascarade, qui ne se terminera pas par un hymne vainqueur, mais par une danse macabre. Le carnaval doit cesser, le moment est venu de faire tomber les masques. Un danger mortel guette la France et l’Europe occidentale.

« Le temps n’est plus à la tolérance. Les astuces électorales et les promesses démagogiques sont dépassées. L’autorité de l’État doit s’affirmer avec fermeté. Le Pouvoir politique doit reprendre en main la situation. Il doit assumer ses responsabilités et afficher un courage sans faille. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que l’on pourra empêcher notre société de se disloquer totalement. Il faut comprendre que plus le gouvernement et le Président de la République céderont au chantage, plus ils répondront à la démagogie par la démagogie, et plus on les traînera dans la boue. Le processus est implacable et irréversible. Il entraînera fatalement l’effondrement du système. Nous vivons sur une poudrière, la situation est explosive. Si le gouvernement ne réagit pas avec autorité, tout craquera, tout s’écroulera, tout s’effondrera. Mais aussi faudrait-il avoir le courage de bannir tous les mensonges voulus et entretenus dans le seul but de couvrir l’action néfaste de certaines castes ou de certaines mafias politico-économiques.

« En France, tous les problèmes sont mal posés et ne s’intègrent à aucun moment dans un système cohérent. Nous évoluons dans l’ambiguïté ; les malentendus sont devenus quotidiens. Le président de la République est isolé, coupé de la réalité quotidienne, des aspirations et des préoccupations réelles de la majorité silencieuse qu’il a toujours méconnues ou méprisées. De son côté, le parlement devient, dans ce système, la simple justification de la démocratie.
Face à une opposition arrogante, le gouvernement vacille et donne l’impression à l’opinion de sombrer dans l’incertitude et le doute. Il agit au coup par coup comme si soufflait un vent de panique. L’autorité de l’État ne s’affirme plus. L’incohérence est devenue la règle d’or de nos responsables politiques, obsédés par leur cote de popularité.
Pendant ce temps, nous, nous pataugeons dans un marécage de paradoxes, de compromissions et de situations rendues volontairement inextricables.
Le gouvernement est pris en défaut et pratique la politique de la fuite en avant. Face à une situation aussi confuse, le peuple est désappointé, désorienté, aigri, voire blasé. La masse silencieuse, hier encore pleine de bon sens, de réalisme, pleine de générosité et de solidarité, s’est laissée emporter par cette vague de morosité.

« En fait, la politique actuelle de réformes repose sur un malentendu. On applique trop d’innovations en se basant sur des fondements qui n’existent qu’en théorie. On ne peut enjoliver et améliorer une maison dont les fondations sont pourries ou minées. C’est, malheureusement, le cas de notre politique actuelle qui consiste à sauver les apparences sans tenir compte de la situation réelle de notre société.
La politique actuelle de réformes est mal acceptée parce qu’elle correspond à un médicament appliqué à un organisme dont la maladie repose sur un faux diagnostic. Il faut rétablir la vérité sur la situation actuelle de notre pays. Pour cela, il convient de formuler un diagnostic correct des maladies dont souffre notre système et d’appliquer, avec réalisme, les remèdes adéquats. C’est alors que l’on pourra envisager de vraies réformes d’adaptation sur un corps social sain.

« Une société qui ne s’adapte pas aux conditions du moment, aux impératifs de l’instant, est une société qui se meurt.


Nota : les extraits ne sont pas dans l’ordre chronologique, mais ont été placés pour donner une cohérence à l’ensemble du texte.

« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez ». (Hannah Arendt)

Johan Zweitakter


[1] Jean Kiffer, né le 30 juin 1936 à Merten (Moselle) et mort le 11 août 2011 à Amnéville, est un homme politique (député, maire d’Amnéville, conseiller général de la Moselle) et médecin.
[2] Alexandre Soljenitsyne répond aux téléspectateurs (Antenne 2 — Les dossiers de l’écran — 1976 – 88 min). Émission rare et exceptionnelle. Alexandre Soljenitsyne, exilé d’URSS depuis deux ans, répond aux questions des téléspectateurs. Le prix Nobel de littérature a dénoncé la tyrannie du système concentrationnaire soviétique dans L’Archipel du Goulag… L’ambassade de l’URSS a tout essayé pour empêcher sa participation à la télévision française.

 

 

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commentaires

A
Quelle lucidité ... je vais essayer de trouver ce livre, il résume exactement ce qui se passe actuellement et l'état de dégradation, de décomposition de nos sociétés dans l'inconscience totale car on n'apprend plus à réfléchir et à anticiper.
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