Le Blog de Lazare

Je viens de passer deux mois en Israël en guerre. Là-bas, depuis le 7 octobre 2023, tout tourne en quelque sorte autour du conflit avec le Hamas et avec le Hezbollah.
Il ne faut pas oublier que la France est aussi en guerre, même si cette guerre ne prend pas les mêmes formes et n’a pas la même intensité. Mais la France, comme Israël, est en guerre avec l’ennemi islamiste qui ne cache même pas son intention de s’assurer une domination mondiale.

L’on peut se poser la question de savoir pourquoi cette guerre n’a pas la même intensité, ne prend pas les mêmes formes, en Israël et en France. Un Israélien aurait sans doute la tendance à répondre : “Parce que nous sommes la Terre promise ! Nous sommes la Terre sainte, ayant une vocation spécifique, une terre que l’Éternel a confiée à Abraham, à Isaac et à Yaacov (qui a changé son nom à Israël, après avoir lutté toute la nuit avec l’ange, comme l’illustre la magnifique fresque d’Eugène Delacroix à l’église Saint-Sulpice à Paris).
Mais puisque notre server s’intitule “Riposte laïque”, commençons par des arguments rationnels, avant de prendre en considération ce qui relève de la foi.

L’histoire nous apprend que la Terre d’Israël se trouve au cœur de la région qui a vu apparaître les premières civilisations : celle de l’Égypte des pharaons, de la Babylonie, de l’Assyrie, de la Perse. C’est dans cette partie du monde qu’apparurent les premiers monothéismes. Notre Père Abraham naquit à Our, en Chaldée (aujourd’hui en Irak). Mais l’Éternel lui ordonna de partir de son pays natal, loin de sa famille, dans le pays qu’Il lui désigna. C’était en tous cas ainsi, suivant le récit auquel croient aussi bien les juifs que les chrétiens et les musulmans.
L’on peut me répliquer que ces trois frères ennemis ne représentent pas toute l’humanité. Mais sans vouloir nier la valeurs d’autres grandes civilisations, comme celle de l’Inde ou de Chine, ainsi que de tous les autres peuples, l’on doit reconnaître que l’essentiel du cheminement de l’humanité a été accompli par ceux qui ont été formés par ce qu’on a l’habitude d’appeler “les trois religions monothéistes”.

Il faut aussi se poser la question de savoir pourquoi ces trois religions se comportaient si longtemps comme les “frères ennemis”. Lorsque, il y a vingt- cinq ou vingt-six siècles, commençait la pensée rationnelle, le philosophe grec Socrate aurait dit : “Je sais que je ne sais rien. Je suis seulement plus sage que les autres, parce que les autres s’imaginent qu’ils savent quelque chose.”
Nous vivons dans un monde que nous ne comprenons pas, que nous ne pouvons pas comprendre. Mais cette absence de toute certitude a quelque chose d’insupportable. Et puis, l’homme ne pouvant pas vivre en solitaire, il doit nécessairement adopter certaines règles, certaines lois, régissant la vie en commun.
Peut-être que l’intolérance des uns et des autres vient du fait qu’au fond d’eux-mêmes, ils ne sont pas vraiment sûrs de ce qu’ils proclament. Alors, ils veulent répandre autour d’eux leurs valeurs et croyances, le cas échéant, par la force. Si tout le monde dit ce qu’eux-mêmes disent, alors ça doit être vrai.
Le problème majeur est dans ce membre de la phrase “le cas échéant, par la force”. Notre père Abraham ne forçait personne. Il cherchait seulement à persuader les gens autour de lui. D’après la tradition, il cherchait à convertir les hommes. Son épouse Sarah cherchait à convertir les femmes. Les Juifs, leurs descendants, ne forçaient personne à accepter leurs croyances. Ils ont seulement conquis par la force la Terre promise. Il fallait bien que le premier noyau de monothéistes disposât au moins d’un petit pays pour ne pas être englouti par la masse des polythéistes qui les entouraient.

Nos amis chrétiens peuvent être intéressés par le fait que la différence entre le monothéisme et le polythéisme a été définie presque de la même manière par Abraham Isaac Kook (1865-1935), le grand rabbin de la terre d’Israël à l’époque du mandat britannique et par le pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 1927-2022). D’après eux, le polythéisme, l’idolâtrie, s’est érigé en absolu une valeur relative, partielle. Benoît XVI précisait même que les totalitarismes du 20e siècle sont des formes modernes de l’idolâtrie. Les nazis érigeaient la nation allemande en valeur absolue. Ils pouvaient donc se croire tout permis pour assurer sa puissance.

Pour ce qui concerne les musulmans, ils se présentent comme des monothéistes. Mais ils ne le sont pas réellement, puisqu’ils cherchent à se répandre par la force. Eux aussi se croient tout permis pour assurer la puissance de leur “oumma”, de leur communauté transnationale. D’ailleurs, ils exigent la soumission des mécréants davantage encore que leur conversion.
En Inde, à l’époque de l’Empire britannique, s’est développé parmi les musulmans un mouvement appelé Ahmadinians. Ses partisans disaient qu’il fallait faire le djihad par la parole, mais pas par l’épée. La Constitution pakistanaise proclame que les Ahmadinians ne doivent pas être considérés comme musulmans.
Tous les actuels penseurs musulmans importants insistent au contraire beaucoup sur le devoir de répandre l’islam par la force armée.

Il importe de savoir au nom de quoi l’on doit s’opposer à eux. Les croyant juifs ou chrétiens peuvent s’opposer à eux au nom de leur héritage biblique. Les fidèles d’autres confessions, au nom de leur patrimoine. En Grande-Bretagne, par exemple, il existe une forte hostilité des musulmans à l’égard des hindouistes.
Ceux qui ne sont pas croyants, mais pour qui une liberté de conscience est une valeur fondamentale, ne peuvent également que s’opposer à la prétention de l’islam de dominer l’humanité. Et enfin, l’on peut aussi s’opposer à cette prétention par patriotisme, par l’amour de la France.

L’on a tort de penser que le patriotisme se confond avec le conservatisme social et que le souci des exploités va de pair avec l’antipatriotisme. En France, c’est la révolution de 1789 qui a vraiment engendré le patriotisme, tel qu’il a ensuite été vécu, surtout sous la Troisième République. En Union soviétique, la guerre contre l’Allemagne nazie était appelée la Grande Guerre patriotique. Plus tard, les dirigeants russes en conflit avec les islamistes tchétchènes parlaient des islamo-fascistes.
Pour les Israéliens, l’hostilité du monde musulman à leur égard se confond avec celle qu’ils subissaient de la part des nazis.

En France, et partout dans le monde occidental, nous devons surtout nous opposer à cette idéologie perverse suivant laquelle nous devrions expier notre faute d’avoir été des principaux auteurs du progrès scientifique, technique, spirituel et moral de l’humanité, en nous soumettant à des envahisseurs voulant nous imposer un totalitarisme, par rapport auquel celui de Hitler et celui de Staline pourraient encore paraître bénins.

Dr Martin Janecek