Lâcher Kiev est éminemment moins risqué que de poursuivre une escalade sans fin qui aboutirait à une guerre Otan/Russie que l’Occident désarmé est incapable de mener.
C’est le dilemme actuel des États-Unis, confrontés à une défaite majeure en Ukraine, qui signe la fin du monde unipolaire et consacre le leadership russe au sein des BRICS et même auprès du Sud global. Partout, Washington perd pied, après 80 ans de règne sans partage.
Une pilule dure à avaler pour les arrogants va-t-en-guerre du Pentagone, mais un choc frontal avec la Russie serait bien pire. Un coup à tout perdre, alors qu’il est possible de larguer l’Ukraine en essayant de sauver les meubles et de retarder le naufrage de l’Empire américain, dont les coutures craquent de tous côtés.
Personne ne peut vaincre la Russie et encore moins l’Otan que quiconque. Il aura fallu deux ans pour que les crétins du Pentagone comprennent cette évidence. Mais quelques illuminés, dont Macron, continuent d’évoquer une possible défaite russe. Difficile de reconnaitre qu’on s’est trompé…
De A jusqu’à Z, l’Otan a eu tout faux. Toutes les prédictions occidentales se sont révélées erronées, toutes les décisions se sont soldées par des catastrophes. Le fiasco est total.
L’Otan a encore fait la démonstration de son incapacité à gagner la moindre guerre. Les Occidentaux fanfaronnent encore, mais ils savent très bien que face à l’armée russe ils seraient laminés après trente années de coupes budgétaires irresponsables dans la défense.
Depuis 1949 et jusqu’en 1990, l’Alliance a tenu tête au bloc soviétique et au Pacte de Varsovie, mais de cette Otan victorieuse de la guerre froide, il ne reste aujourd’hui que des ruines fumantes. Passée de 16 membres en 1990 à 32 bientôt, l’Alliance n’est plus qu’une équipe de bras cassés incapables de faire la guerre.
Les Américains roulent encore des mécaniques en lançant les manœuvres Steadfast Défender dirigées contre la Russie, devenue soi-disant l’ennemie du monde occidental, l’ogre insatiable qui voudrait avaler l’Europe. C’est la petite musique diffusée par Zelensky qui panique en voyant se profiler la défaite. Il aura saigné son pays à blanc en pure perte et craint d’en payer le prix fort.
“L’Alliance atlantique a annoncé les plus grands exercices militaires depuis la guerre froide, nommés Steadfast Defender. L’un des principaux scénarios est la simulation d’une attaque conditionnelle de la Russie. 90 000 militaires de 31 pays membres de l’OTAN et de la Suède, qui n’est pas encore son membre, devraient y participer.”
“Dans le cadre de Steadfast Defender 2024, plus de 50 navires participeront également, allant des porte-avions aux destroyers, ainsi que plus de 80 chasseurs, hélicoptères et drones, et au moins 1100 véhicules de combat, dont 133 chars et 533 véhicules de combat d’infanterie.”
OTAN : Les super-armes et les robots n’ont pas été à la hauteur des attentes
Mais tout cela n’est une démonstration de force illusoire qui masque la sinistre réalité. Face à l’Ours russe, l’Occident ne peut qu’aboyer sans impressionner qui que ce soit. L’Otan est synonyme de loser et finira bien par se disloquer.
Faut-il rappeler qu’en Afghanistan, une coalition de 140 000 soldats issus de 49 nations, bénéficiant d’une écrasante supériorité technologique, a été vaincue par 50 000 talibans en babouches et armés de Kalachnikov ? Vingt années de guerre se sont terminées par une pitoyable débandade de l’armée américaine fuyant Kaboul, en abandonnant 7 milliards d’armements aux talibans. Pire que la débâcle du Vietnam en 1975.
Et rappelons que face à l’armée russe, c’est cette dernière qui affiche une écrasante supériorité technologique sur l’Otan, totalement dépassée dans le domaine hypersonique et autres armements du futur.
La Russie s’adapte à une vitesse fulgurante. Elle produit 10 à 15 fois plus d’armements et de munitions qu’en 2022. Quand Kiev perd 20 000 soldats chaque mois, Moscou voit 20 à 30 000 volontaires se présenter pour défendre leur pays. Un Russe de 2023 est animé du même état d’esprit que ses anciens face à Napoléon ou à Hitler. Le patriotisme russe est intact, alors que l’Occident décadent s’est totalement avachi.
C’est pourquoi il y a de quoi sourire quand Macron ose encore déclarer ce mois-ci que “L’Ukraine ne peut pas perdre”. Grotesque de la part du chef des armées qui sait très bien que nous n’avons plus de munitions pour protéger le pays.
Les otaniens intégristes en sont encore à nous dire que sur le terrain, c’est match nul. Le front est stable, l’Ukraine résiste, l’Otan s’est agrandie de deux membres supplémentaires, Finlande et bientôt Suède, la Russie affaiblie a besoin du soutien de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Iran, ce qui constitue une défaite stratégique. Il faut oser, mais il est vrai que le ridicule ne tue pas.
Je crois rêver devant tant de mauvaise foi. Plus de 50 nations soutiennent l’Ukraine. Qu’attend donc Zelensky pour bouter les Russes hors du Donbass et de Crimée pour aller assiéger le Kremlin ?
Assez de boniments. Poutine a d’ores et déjà gagné cette guerre et l’Ukraine est ravagée et saignée à blanc, parce que l’arrogant Occident a cru ne faire qu’une bouchée de l’Ours russe.
Quant à notre armée “bonsaï”, il nous faudrait un budget Défense équivalent à 3% du PIB durant 15 ans pour la reconstruire. En deçà, notre armée restera à l’échelon échantillonnaire.
Jacques Guillemain