On sait aujourd’hui que l’Hydroxychloroquine administrée contre le COVID a tué.
La synthèse que vient de publier ‘Biomedicine & Pharmacotherapy’ n’est que la confirmation d’études antérieures, dont celle que publiait Nature dès 2021 : ‘We found that treatment with hydroxychloroquine is associated with increased mortality in COVID-19 patients, and there is no benefit of chloroquine.’ Les personnalités qui, souvent sur un ton péremptoire, s’étaient prononcées en faveur de l’HCQ en sont d’autant plus marries que le Web a la mémoire longue (exemple, exemple, exemple, exemple).
Quelles leçons tirer de cet épisode
1. Dans ses impérissables Méditations métaphysiques, à l’époque où la philosophie parlait français, René Descartes nous enjoignait à ‘ne juger jamais d’aucune chose sans la concevoir clairement et distinctement’ (Paris, Édition Adam et Tannery, tome IX-a, p. 49.) ou, pour le dire autrement, de ne pas donner ‘témérairement mon jugement, sur des choses que je ne conçois qu’avec obscurité et confusion’. Même si les réseaux sociaux privilégient l’immédiateté, nous devons nous abstenir de juger ce que nous n’avons pas examiné en faits ;
2. La science et la médecine fonctionnent en Occident (au sens large) selon des canons et standards éprouvés, qui ont été validés de façon empirique, c’est-à-dire par leurs résultats. La science occidentale est un processus décentralisé dont le principe premier — de la physique à la pharmacie — réside dans la publication de tests et résultats vérifiables donc réfutables et reproductibles (Karl Popper, Paul Feyerabend). La science est probablement le plus durable legs de la civilisation occidentale à l’humanité (avec l’état de droit, si l’on en croit Margaret Thatcher et Friedrich Hayek). Ce qui ne signifie pas que la médecine est parfaite, qu’elle ne se trompe jamais, que des médications n’ont pas été commercialisées à mauvais escient, qu’il n’existe pas d’erreur médicale, de corruption, etc.
Toutefois, ces imperfections ne légitiment nullement de balayer les standards scientifiques pour leur substituer des opinions sourcées dans les déclarations de telle ou telle personnalité. Si l’on veut se construire une opinion informée sur un sujet médical, une médication, une pratique médicale, alors il faut commencer par mettre les mains dans le cambouis des résultats publiés ;
3. Que l’hydroxychloroquine ait été évoquée et mise en œuvre face au virus de Wuhan, quand aucun remède ni vaccin n’était disponible, n’est en rien pendable. De nombreux pays en ont fait le choix. Après tout, l’HCQ avait fait la preuve de son efficacité face à d’autres maladies (lupus, polyarthrite, et le parasite de la malaria). Ce que firent la France, les Etats-Unis et d’autres pays. Toutefois, quand ces mêmes pays ont commencé à récolter des résultats statistiques (mortalité), il s’est avéré que l’hydroxychloroquine était, au mieux, inefficace (à dose normale), probablement nuisible (à forte dose) face au COVID. (Qu’une médication soit efficace face à une maladie n’implique en rien qu’elle ne soit pas nuisible face à une autre maladie.) Motif par lequel l’hydroxychloroquine fut mise hors-jeu, aussi bien en France, Belgique, Etats-Unis, Inde, Japon, Israël, etc. il n’existe à ma connaissance aucun pays doté d’un système de santé opérationnel qui n’ait mis l’hydroxychloroquine hors-jeu après la parution de ces résultats vérifiables et reproductibles.
4. Face à cette mise hors-jeu, il existait une théorie concurrente. Cette théorie consistait à soutenir que si l’hydroxychloroquine était mise hors-jeu face au COVID, ce n’était pas en raison des résultats publiés et de sa nuisance, mais d’un complot mondial au profit des vaccins. Cette théorie, généralement centrée sur Pfizer, supposait que cette compagnie avait stipendié tous les gouvernements de la planète. L’hypothèse d’un complot entre l’Occident et le régime Xi + la Russie et tous les pays du monde, généralement via Davos (!), est si enfantine que le seul énoncé suffit à la réduire à néant. Cette théorie n’en reste pas moins populaire.
En conclusion, un jugement qui manque en fait, n’est jamais valide. Descartes avait raison !
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