Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 juin 2024 4 06 /06 /juin /2024 18:30
Déclin de production industrielle et des milliards d’argent public gaspillés

L’industrie, c’est le secteur d’activité qui avec le secteur des services non marchands, recrute le moins depuis 2017. Macron n’a en rien renversé la tendance de la tertiarisation de l’économie au détriment de l’industrie, bien au contraire.
Quand on pense industrie, la plupart du temps, on pense industrie manufacturière, c’est à dire fabrication d’objets, des pièces de voitures, des pièces électroniques, des médicaments. Pourtant, cette industrie manufacturière n’est qu’une portion de l’industrie, certes la plus importante en termes de valeur ajoutée produite, autour de 65% du total, mais pas la seule néanmoins. L’industrie, ce sont aussi trois autres sous-secteurs d’activité.

Premièrement, les mines, l’énergie, la gestion de l’eau, et celle des déchets. Deuxièmement, le pétrole et le raffinage. Troisièmement, l’industrie alimentaire qui produit environ 16% de la valeur ajoutée de l’industrie et emploie un peu moins de 20% du total des salariés du secteur.
Or, la grande majorité des 89 800 emplois industriels créés depuis 2017 se concentre dans cette seule industrie agroalimentaire : 58 400 emplois, soit 65% de l’emploi concentré sur ce seul sous-secteur. Ensuite, le sous-secteur de l’énergie, de l’eau et des déchets recrute le plus avec 25% des créations d’emplois. L’industrie manufacturière ne concentre que 14 800 créations d’emplois, 16% du total de l’industrie, une évolution représentant une croissance assez dérisoire de 0,68% sur chaque année.
Or, la fabrication d’objets est aujourd’hui l’activité qui fait le plus défaut à la France. La fabrication, ce sont 2 715 800 emplois détruits depuis le deuxième trimestre 1974. Avec les 14 800 emplois recréés depuis 2017, et au rythme où vont les choses, il faudrait 366 ans à Macron pour recréer un million d’emplois dans le secteur.
Macron : « Alors pour accélérer, on va concentrer notre effort d’abord en accélérant ce qui a marché en tenant la ligne de la compétitivité et je le dis ici avec beaucoup de clarté j’entends les gens qui disent il faudrait un tournant associé à cela. Ce qui marche le mieux, faut pas le casser ».

Notre industrie agroalimentaire est en plein boom, avec une croissance de plus de 10% du nombre d’emplois depuis 2017. Le problème, c’est que ce n’est absolument pas le cas. Oui, l’industrie agroalimentaire française embauche, mais ses résultats chutent.
La valeur ajoutée créée par notre industrie agroalimentaire a diminué entre 2017 et 2022 : – 0,66%. Les emplois créés dans ce secteur, emplois largement subventionnés par l’Etat, contribuent à sa décarbonation et accroissent son usage du numérique, et en aucun cas à augmenter sa production ou sa compétitivité en vue de mieux répondre aux besoins des consommateurs.
Si Macron peut toujours se targuer que ses politiques ont créé des emplois, elles ne semblent pas avoir endigué le déclin de la production industrielle.

Supercherie ultime de Macron. Les trois quarts des emplois créés dans l’industrie sont en réalité des contrats d’alternance, apprentissage et professionnalisation mêlés.
Des contrats tripartites passés dans le cadre d’une formation initiale ou non, entre une personne, une entreprise et un institut de formation, CFA dans le cas d’un contrat d’apprentissage, lycée professionnel voire établissement universitaire dans le cas d’un contrat de professionnalisation. L’entreprise prenant l’élève en alternance bénéficie d’un très large soutien financier de la part de l’Etat, déductions fiscales, depuis 2022, une aide supplémentaire de 6000 euros par alternant.

Selon une note méthodologique de l’INSEE, jusqu’en 2021, les contrats d’alternance n’étaient pas comptabilisés dans les estimations d’emplois annuels et trimestriels. Mais en 2022, Les alternants sont désormais comptabilisés dans le calcul de l’emploi. Les calculs des années précédentes sont modifiés afin d’intégrer ce changement de manière rétroactive.
Jusqu’en 2019, le nombre d’alternants était plus ou moins constant. A partir de 2020, il grimpe en flèche. Depuis 2018, Macron a fait de l’alternance un de ses chevaux de bataille, multipliant les dispositifs financiers incitant les entreprises à y recourir.
Résultat. En 2017, la France comptait 635 230 personnes sous contrat d’alternance. En 2022, elle en comptait 1100 536. Une hausse de plus de 73%. Au lieu de 1 320 000 créations d’emplois, Macron peut en revendiquer 1 780 000.
Sur les 89 800 emplois industriels que Macron prétend avoir créés, 66 900 sont en réalité des contrats d’alternance, soit des formations financées en grande partie par l’Etat.
66 900 sur 89 800, soit 74,5%, en d’autres termes les trois quarts.

Le but de la réindustrialisation est la relance de la production afin de répondre aux besoins de la population sans dépendre des circonstances hors de notre contrôle. Les créations d’emplois ne sont qu’un moyen d’y parvenir. Il faut regarder la valeur ajoutée de l’industrie et son évolution. En cinq ans, et toujours en volume, nous sommes passés de 276,2 milliards d’euros de valeur ajoutée brute pour l’ensemble de l’industrie à 268,2 milliards en 2022, soit une baisse de 2,9%. La valeur ajoutée de fabrication des biens a baissé de 3,37%.

Depuis que Macron est aux affaires, la production industrielle française en volume a diminué. La France produit moins de biens qu’auparavant, elle est donc toujours en train de se désindustrialiser. En 2017, la valeur ajoutée de l’industrie représentait 13,77% de la valeur ajoutée brute totale. En 2022, ce n’était plus que 12,77%. Macron n’est pas le sauveur de notre industrie, mais l’un de ses fossoyeurs.
Le commerce international compense la faiblesse de notre secteur industriel. D’où un déficit record de 163,6 milliards d’euros de notre balance commerciale des biens en 2022, déficit qui a quasi doublé, et qui place la France en bon dernier dans le classement des balances commerciales des 27 pays de l’Union européenne.

La question du coût de l’énergie explique en grande partie cet effondrement de 2022, mais sur le seul marché des produits manufacturés, nous enregistrons un déficit record de 78,5 milliards d’euros, en hausse de près de 20% par rapport à l’année précédente. Là encore, une conséquence directe de la désindustrialisation : jusqu’au début des années 2000, la balance commerciale de la France était régulièrement excédentaire, avant de couler à pic année après année. Entre 2017 et 2022, notre déficit commercial sur les biens manufacturés se creuse de plus de 93%.
Macron détourne quelques chiffres, transformant ainsi les pires fiascos en victoire éclatante. La situation se dégrade et il suffit de dire qu’elle s’améliore. Il déroule son discours à quelques autoproclamés combattants de la vérité, tourne en dérision le ressenti populaire, humilie ceux qui le partagent et les traite de complotistes, et le tour est joué.

Des milliards et des milliards d’euros d’argent public sont transférés, via une multitude de projets de loi, avec pour effet de rendre leur montant précis difficilement quantifiable, vers les détenteurs de capital financier. Un transfert direct lorsqu’on distribue l’argent aux investisseurs, par le biais de subventions sans exiger en retour la moindre contrepartie. Un transfert indirect par des baisses d’impôts sur les hauts revenus, contribuant à faire davantage supporter le poids des politiques publiques à la majorité sociale, à dégrader la qualité des services de l’Etat, ou à accroître son niveau d’endettement. Un transfert plus pervers encore par la dégradation des conditions de travail des salariés, se traduisant pour les détenteurs de capitaux par un accroissement de leur plus-value.

Des milliards et des milliards d’euros d’argent public, donc pris dans la poche des contribuables, pour aller vers celle d’une minorité oisive. Des conditions de vie dégradées pour des millions de personnes. Un Etat fragilisé, de moins en moins apte à assurer ses missions. Tout cela pour favoriser en retour la réindustrialisation de la nation. Sauf que cette réindustrialisation n’arrive jamais. En réalité, l’industrie continue son déclin. En revanche, les cadeaux aux détenteurs de capital financier sont bien réels. Macron annonce qu’il compte en faire toujours plus.
Nous assistons à la prise en otage d’un sujet extrêmement sérieux, au coeur des préoccupations
des Français, devenu un prétexte pour l’organisation par un Etat voyou d’un détournement massif d’argent public, au seul profit de quelques-uns, le tout de manière parfaitement légale.

D’ailleurs, les secteurs d’activités qui ont connu la plus forte croissance depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, s’avèrent être non pas l’industrie, mais le secteur des activités financières et d’assurances, + 18,56%, le secteur des activités privées juridiques comptables de gestion et de contrôle, +17,24%, et le secteur de l’information et de la communication, +27,82%.
Les décisions politiques de Macron ne pouvaient en aucun cas mener à d’autres résultats que ceux que nous venons de décrire.
La justification théorique de ses décisions a été maintes fois discréditée par le réel. L’idée que l’on crée un environnement favorable à l’investissement privé, alors l’investissement privé viendra naturellement combler les besoins de la population. Au cours de ces dernières décennies, cette idée n’a eu de cesse de servir de justification à des politiques dites de soutien à l’investissement, souvent sous forme de subventions au privé et de cadeaux fiscaux, ainsi qu’à la levée de dispositifs du code du travail préjugé trop protecteur pour les salariés.
Macron peut prétendre être le premier à y avoir pensé. Dans les faits, Hollande l’avait fait avant lui, et Sarkozy avant Hollande, et Chirac avant Sarkozy. En réalité, on peut très facilement trouver des politiques justifiées par cette idée dès les années 1970, et même bien avant jusque dans les siècles précédents, pas seulement en France, mais dans l’ensemble des pays occidentaux.

Pourtant, depuis 1974, aucun des gouvernements ayant revendiqué de telles politiques économiques n’a réussi à inverser le cours de la désindustrialisation. Toujours au prix d’un accroissement de la dette de l’Etat et d’efforts supplémentaires demandés aux Français. Tout ça pour rien. Bien sûr, certains petits malins pourront répliquer que si ça n’a pas marché, c’est que nous ne sommes pas allés assez loin sur cette voie : l’argument typique de tous les idéologues confrontés aux limites pratiques de leur modèle théorique.
Mais il y a bel et bien une explication logique à tout cela. Pour la comprendre, il faut commencer par se demander pourquoi la France s’est désindustrialisée, non pas comment, par quel mécanisme pratique, mais pourquoi, pour quelle raison.

Réponse simple, pour ne pas dire simpliste de Macron. La France s’est désindustrialisée parce que nous Français, nous travaillons moins que nos voisins. Mais nos voisins eux aussi ont subi de plein fouet la désindustrialisation. Dès lors, chercher la cause profonde de désindustrialisation dans ce que nous ferions de moins bien qu’eux est hors de propos. Encore un hors sujet pour notre Mozart de la finance.
A l’opposé, d’autres revendiquent le rejet de toute explication simpliste du phénomène et le décrivent comme particulièrement complexe. Par exemple, Anaïs Voy Gillis, docteur en géographie, explique la désindustrialisation de la France par trois facteurs principaux, la tertiarisation de l’économie, la mécanisation et les délocalisations … et n’explique rien.
La tertiarisation de l’économie est le corollaire de la désindustrialisation.

Les délocalisations sont le dispositif de mise en oeuvre. La mécanisation n’explique en rien l’effondrement de la production nationale. Les pays occidentaux, dont la France se sont désindustrialisés, suite à la mondialisation.
D’après Fil d’actu.

Jean Saunier

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le Blog de Lazare
  • : Etude des Prophéties, Fin des Temps et préparation à l'ère nouvelle.
  • Contact

Recherche Dans Le Blog