Cet article n’est qu’un aspect de l’effondrement des services hospitaliers. Depuis des années, il y a une volonté politique, de casser la filière hospitalière gratuite ou comme telle pour en faire un service rentable. Le taux d’occupation d’un lit ne doit plus dépasser 24 heures. Quel que soit le problème de santé du malade. Dans certaines régions, ce sont plus de huit mille lits, qui ont été fermés. Dans d’autres, jusqu’à vingt mille lits.
Pour le patient, il devient difficile de trouver le service compétent pour l’accueillir. Dans certains cas, il devra attendre de longues heures, sur un brancard, dans un couloir. Et même s’il fait preuve de compréhension, il peut ne pas être pris en charge. On lui recommandera alors de rentrer chez lui et de revenir un autre jour.
Nombre de blocs opératoires sont fermés. Le chiffre est « top secret ». Ceci a comme répercussion de faire attendre les malades qui doivent subir une intervention. Le personnel administratif reporte la date sine die.
La destruction du service hospitalier en France est une honte supplémentaire qui vient s’ajouter à toutes les autres. Qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Qu’avons-nous pour subir de tels fonctionnaires arrogants et destructeurs ? Qu’avons-nous fait pour mériter un personnel politique aussi inconséquent ?
Voici le texte d’alerte du collectif des mille deux cents aide-soignants.
« Vous avez maintes fois entendu parler de nos conditions difficiles dans lesquelles nous faisons notre travail. Vous nous avez applaudis pendant la crise Covid. Et nous vous remercions pour votre soutien.
Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous avertir du danger auquel vous êtes maintenant exposé. Dorénavant, nous soignants, nous sommes contraints en toutes circonstances, de trier les patients, de vous trier. Pire, parfois, nous arrivons même plus à nous occuper des malades prioritaires, quelle que soit la gravité. Nous vous trions même quand vous faites le 15. Terminé les prises en charge rapides comme l’arrêt cardiaque ou l’accident cérébral. Maintenant, vous devrez attendre… attendre, car le 15 est maintenant devenu un outil de triage. Sachez que le temps d’attente du 15 a dramatiquement augmenté. Sans aucune considération pour celles et ceux qui ont besoin d’une prise en charge urgente. En province parfois c’est pire. En Vendée certaines nuits, il n’y a qu’un seul service d’urgence ouvert sur site, et deux équipages de Samu sur sept. Vous arrivez à l’hôpital avec une ou deux heures de retard. Ce qui est aujourd’hui acceptable pour une urgence cardiaque. Il est probable que bientôt nombre d’entre vous ne seront même plus pris en charge. Même si vous arrivez à un service d’urgence. Il peut être fermé. Cela arrive de plus en plus fréquemment sans que les patients en soient avertis. Cet été, les urgences ne fonctionnaient pas dans cent soixante-trois villes.
Nous ne sommes plus assez nombreux pour prendre en charge votre problème médical dans un délai d’urgence respectable.
Dans un grand hôpital dont nous tairons le nom. Aux urgences encore ouvertes, il manque encore de nos jours, plus de trente infirmières, sur un effectif de soixante-cinq.
Nous ne sommes pas démobilisés, nous restons attentifs. Car pour vous le pire est en marche. »
Raphaël Delpard
Source Ciel Voilé