Le Blog de Lazare

Macron a perdu son bras de fer avec les putschistes, mais il fallait en finir car la position de nos soldats et de nos diplomates était intenable.

Comme je l’ai écrit récemment, je ne suis pas de ceux qui font le procès de la politique africaine de Paris.

L’Afrique est un continent perdu, ingouvernable, qui a saccagé l’héritage de la colonisation. On peut incriminer la Françafrique, on peut dénoncer le néo-colonialisme, on peut accuser l’ex-colonisateur de tous les maux, mais tout cela n’exonère en rien les Africains de leurs propres responsabilités dans le naufrage de leur continent, pourtant le plus riche de la planète par ses ressources naturelles.

https://ripostelaique.com/219-coups-detat-en-afrique-la-decolonisation-est-un-naufrage.html

Immaturité politique chez les peuples et absence de sens de l’État chez les élites sont les maux accablants qui plombent les pays africains. Tout le monde veut le pouvoir en Afrique et la rue est prompte à brûler le lendemain ce qu’elle a adoré la veille.

Les mêmes qui ont ovationné François Hollande à Bamako, après l’opération Serval en 2013, crachent aujourd’hui sur la France. Après la Centrafrique, le Mali, le Burkina Faso, nos soldats sont chassés du Niger. Faut-il s’en étonner ? Non.

Dès lors que Paris a condamné les coups d’État de Bamako, de Ouagadougou et de Niamey, il n’y avait rien à attendre des putschistes. Tenir tête à ceux qui détiennent le pouvoir , qu’il soit légitime ou pas, est mission impossible.

Évidemment, Russes, Chinois et Turcs profitent de cette vague anti-française qui submerge le Sahel. Ils défendent leurs intérêts économiques et stratégiques, c’est de bonne guerre. Et les Russes n’ont aucun scrupule à nous savonner la planche, puisque nous faisons tout pour ruiner leur économie et pour qu’ils perdent la guerre contre Kiev. Un choix fatal par soumission à Washington qui se paiera cher…

Au Niger, Macron a fait le choix funeste de tenir tête aux putschistes sans en avoir les moyens. Refuser de quitter le pays en prétextant que la France n’a à recevoir d’ordre que du président Mohamed Bazoum, légitime certes, mais emprisonné, ne pouvait que mener à l’échec. Comment Macron a-t-il pu croire que la junte au pouvoir, ayant l’appui de l’armée, du peuple et des pays voisins, Mali et Burkina Faso, allait plier ?

Il aurait dû savoir que la Cédéao n’a pas d’armée digne de ce nom. À part le Tchad avec ses farouches guerriers Toubous, les pays africains ne possèdent que des armées de papier, incapables de mener une opération d’envergure. Une expédition militaire aurait tourné au fiasco et c’est la France qui aurait porté le chapeau.

D’ailleurs, aucun de nos alliés n’a suivi Macron dans ce choix aventureux.

Cet amateurisme élyséen dans le dossier nigérien sonne le glas de notre politique africaine. Le putsch de Niamey se trouve ainsi validé et la France part de la façon la plus piteuse qui soit.

Les conséquences économiques ne sont pas dramatiques. L’Afrique produit moins de richesses que la France et notre pays ne pèse plus guère dans les échanges commerciaux avec le continent. Cinq fois moins que la Chine.

Sur le plan militaire, nous conserverons sans doute nos bases au Tchad, au Sénégal, à Djibouti, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Environ 5 000 soldats au total, mais en laissant un immense vide au Sahel.

Et tout cela fait le bonheur des djihadistes dont les attaques redoublent d’intensité.

Triste bilan de cette guerre contre le terrorisme

Pendant dix ans, nos soldats ont été désespérément seuls à combattre les islamistes sur un territoire aussi vaste que l’Europe. Nos soi-disant alliés européens, notamment Allemands, ont toujours refusé d’envoyer des troupes de combat pour soutenir nos soldats, lesquels ont été les seuls à payer le prix du sang en laissant 59 des leurs sur le terrain. Mais ces mêmes Allemands ont moins d’états d’âme à soutenir un pays mafieux et corrompu comme l’Ukraine.

L’avenir du Sahel pourrait bien tourner au tragique, car les putschistes n’ont aucune solution crédible pour combattre des groupes armés bien déterminés à propager le djihad. Sans doute en appelleront-ils aux Russes pour les protéger, mais Moscou a d’autres priorités pour le moment.

Le tsunami migratoire ne risque donc pas de se tarir. Au Sahel, chaque femme donne naissance à 6 ou 8 enfants. Entre la démographie galopante, le djihad conquérant et la misère chronique, nous allons bientôt voir ceux qui crachent aujourd’hui sur la France déferler en masse sur nos côtes et frapper à notre porte pour demander l’asile à ces salauds de colonisateurs.

Nous n’avons encore rien vu de la tragédie sahélienne, car c’est sans doute au Sahel que naîtra le prochain califat… avec des répercussions dramatiques pour la France et l’Europe.

Jacques Guillemain