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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 11:38
Trois chiffres truqués pour faire croire à la réindustrialisation

À l’en croire, Macron serait en train de redresser le pays, de le sortir du marasme économique. Il aurait réussi par des mesures audacieuses et impopulaires le tour de force d’arrêter puis d’inverser le processus de désindustrialisation frappant la France depuis une cinquantaine d’années.

Non Macron n’a absolument pas relancé l’industrie nationale comme il le prétend. Bien au contraire même, depuis qu’il est président de la République, notre production industrielle a continué sa chute, et ce malgré des milliards d’euros d’argent public dépensés dans des plans de relance totalement inefficaces. Macron ment purement et simplement, tordant une poignée de chiffres pour leur faire dire l’inverse de ce qu’ils disent réellement de l’état de la France.

Macron : « Nous recréons de l’emploi industriel et nous sommes devenus le pays le plus attractif en Europe pour les investissements ».

Depuis 1970, le pays s’est engagé sur une voie de la désindustrialisation, a abandonné progressivement les activités productives. Pendant des décennies, les besoins de la population en biens matériels étaient comblés par la magie des importations. La mondialisation battait son plein, la nouvelle division internationale du travail s’imposait comme aboutissement d’un processus historique. Rapidement, les contradictions générées par ce modèle s’exacerbèrent, notamment la concentration des forces productives dans les pays dits en développement fit naître de nouvelles aspirations entrant en concurrence avec celles des pays occidentaux. D’où un regain brutal des tensions géopolitiques, un brusque coup de frein des échanges internationaux, et l’entrée dans une phase dite de démondialisation.

Parmi les nations en déclin, la France, faible, privée d’usines, au déficit extérieur battant tous les records est incapable de produire les richesses suffisantes pour répondre aux besoins de sa population et empêcher la dégradation de son niveau de vie.
Toute la communication tourne désormais autour de la réindustrialisation. Un jour, Macron est dans le Nord de la France pour y annoncer l’implantation prochaine d’une usine. Le mois suivant, en Ardèche pour relancer la production de médicaments. Tweets sur l’attractivité de la France, sur ses succès industriels, rencontre des investisseurs prêts à faire les emplois de production de demain. Le 15 mai, sur TF1, il réitère, réindustrialiser le pays a toujours été pour lui une priorité absolue. Il annonce :
« Nous avons créé 1 700 000 emplois, plus que nos voisins, et nous avons créé des emplois industriels pour la première fois depuis quinze ans, plus de 90 000 ».

Rien, absolument rien n’est vrai dans cette belle histoire dont Macron est à la fois le narrateur et le héros. Dans les faits, non seulement Macron n’a rien industrialisé depuis son élection en 2017, mais encore a-t-il au contraire contribué à son tour à affaiblir notre appareil productif. Sous couvert de réindustrialisation, Macron a distribué au secteur de la finance des milliards d’euros d’argent public, d’argent pris dans les poches des contribuables sans la moindre contrepartie.

En réalité, le vrai discours a été joué quatre jours plus tôt à l’Élysée devant un parterre resserré de journalistes, commissaires européens, hauts fonctionnaires, dirigeants d’entreprises et autres représentants de la société civile. Dans ce cadre, Macron a prononcé un discours entièrement centré sur la réindustrialisation.
« On a conjuré des décennies de désindustrialisme, on a mis fin à cette période. Maintenant, on doit accélérer et aller beaucoup plus loin ».

Macron prétend avoir engagé la réindustrialisation du pays en usant de trois leviers. Premier levier, la baisse de la fiscalité sur le capital. Deuxième levier, la simplification du droit du travail. Troisième levier, un soutien financier direct aux entreprises par le biais de subventions. Tout ceci afin d’attirer les investisseurs internationaux, de les inciter à venir ouvrir des usines sur notre territoire en leur faisant miroiter des profits importants.
Et à écouter le Président, tous ces efforts payent. Il a dû mettre les moyens, mais les résultats sont là. Depuis 2017 et son arrivée au pouvoir, la France a enrayé la spirale de la désindustrialisation et commencé un lent mais irrésistible redressement. Trois chiffres prouvent ses performances et le bien-fondé de sa politique. Premier chiffre, 1725 investissements réalisés en France en 2022 par des entreprises étrangères. Un record européen faisant de la France le pays le plus attractif de l’Union européenne pour la quatrième année consécutive.

Deuxième chiffre, 200 créations d’usines en France sur les deux dernières années. En partant de 2017, on arrive même à 300. Troisième chiffre, 1,7 millions d’emplois créés entre 2017 et 2022, dont 90 000 dans l’industrie.

« Mais quand on regarde Chalampé dans le Haut Rhin, Le Havre, ou même Denain, on a des vraies transformations industrielles qui sont en train d’arriver. Dunkerque où je me rendrai demain, c’est simple, nous avions perdu 6000 emplois industriels en vingt ans. Grâce à ce qui est déjà signé et sûr, il y aura 6000 emplois industriels d’ici à 2030 ».

Malheureusement aucun de ces chiffres ne permet en réalité de conclure à un quelconque rebond de notre industrie, d’autant plus que la plupart d’entre eux ont été tordus, manipulés. À l’inverse, les chiffres réellement significatifs, montrant que la France continue de décliner sur le plan de la production industrielle depuis l’arrivée de Macron, ont été soigneusement mis sous le tapis par notre Président.

Premier point, la prétendue attractivité de la France en matière d’investissements étrangers. C’est vrai. La France est le pays de l’Union européenne qui a attiré le plus grand nombre d’investissements extérieurs : 1725 en 2022, un chiffre en hausse de 7% par rapport à l’année précédente. Mais ces investissements ne sont pas cantonnés au domaine de l’industrie, ils concernent aussi les services, le marketing ou la logistique. Ce chiffre de 1725 investissements ne dit rien du tout du niveau des investissements en question. En réalité, personne ne mesure l’importance des investissements réalisés par leur nombre. Ce qui importe, ce sont les sommes investies.
Si dix personnes investissent chacune 5 euros dans un projet A, et si une unique personne investit un million d’euros dans un projet B, il serait ridicule d’affirmer que le projet A bat des records d’investissement. Si l’on se focalise sur les sommes investies et non sur le nombre d’investissements, on se rend compte que, en fait, la France est très loin d’être un leader européen. En 2021, la France a tiré plus de projets d’investissements que ses voisins, 1222 contre seulement 993 pour le Royaume Uni ou 841 pour l’Allemagne, mais pour des sommes nettement inférieures, environ 14 milliards de dollars d’investissements directs étrangers contre 27 pour le Royaume Uni ou 31 pour l’Allemagne, soit donc plus du double.

Chaque investissement sur le sol français se traduisait par nettement moins de création d’emplois que chez nos voisins : 38 emplois créés en moyenne par investissement contre 45 en Allemagne ou 68 au Royaume-Uni.
Depuis l’arrivée de Macron à la tête de l’État, la France a reculé dans le classement des pays de l’Union européenne. En 2017, quatrième place, derrière l’Irlande, l’Allemagne et l’Espagne. En 2021, sixième place, derrière l’Allemagne, l’Irlande, la Suède, la Belgique et la Pologne. En volumes, là aussi, le niveau des investissements directs étrangers s’est effondré depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. En 2017, 24,8 milliards de dollars contre 14,2 milliards en 2021, soit une chute libre de près de 43% en quatre ans.

Macron : « Et je pense qu’on dépassera lundi les records d’investissement. 75% de ces investissements et de leurs conséquences en termes d’emplois, ce sont dans les villes moyennes de province et dans tous les territoires ».
Quand l’économie d’un pays est en bonne santé, en général, c’est que les entreprises nationales enregistrent de bons résultats. Faire dépendre son dynamisme des investissements étrangers, c’est en réalité subordonner l’emploi, la production, la croissance à des décideurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle en tant que nation.
Pire. Des investissements étrangers au plus haut peuvent même signifier un affaiblissement de l’économie nationale, à partir du moment où les investissements en question entraînent une diminution des parts de marché des entreprises françaises, voire s’incarnent dans des acquisitions par des capitaux étrangers d’unités de production nationale.

En 2022, le ministère de l’Économie de Bruno Le Maire a autorisé le rachat par des investisseurs étrangers de 131 entreprises stratégiques, les deux tiers de ces entreprises passant sous pavillon extra européen. Dans ces conditions, une hausse des investissements étrangers signifie en réalité de nouvelles pertes de souveraineté et une dépendance accrue à la finance internationale.

Si tel est le bilan réel de la réindustrialisation de Macron, peut-être celui-ci serait-il avisé de ne pas trop s’en vanter.
Macron : « Le cap était clair et simple, c’est celui de l’indépendance du pays pour pouvoir consolider un modèle plus juste. L’indépendance de la France, c’est son indépendance économique, industrielle, énergétique, militaire, géopolitique. Il n’y a pas de politique qui tienne si nous ne sommes pas indépendants ».

Deuxième grand succès de la politique présidentielle, les 200 créations nettes d’usines en deux ans, les créations nettes étant la différence entre les usines ouvertes et les usines fermées. Le chiffre en lui-même est exact, 123 créations nettes en 2021, 80 en 2022, soit au total exactement 203. Un chiffre qui concerne uniquement l’industrie, qui n’a en lui-même pas la moindre signification, car sans poser la question des types d’industries concernées. Si vous fermez un site industriel employant 10 000 ouvriers et en contre-partie, vous en ouvrez 10 employant chacun 5 ouvriers, vous allez y perdre au change, même si dans l’opération, vous avez une création nette de 9 usines.
Certes, ce chiffre fait bien à la télévision. Certes, il peut faire illusion s’il est avancé avec suffisamment d’assurance. Mais pris isolément, à la manière dont il nous est présenté par le Président, il n’a aucun sens.

Le troisième chiffre avancé par Macron est celui des 90 000 emplois créés dans l’industrie depuis son arrivée au pouvoir. Effectivement, depuis approximativement cinq années et demie, l’Institut national de la statistique et des études économiques, l’INSEE nous le confirme, 89 800 emplois ont été créés dans l’industrie. Depuis le 2e trimestre 1974, l’emploi industriel a connu une érosion quasi continue. De là à conclure que Macron a enrayé un mouvement vieux de plus de 40 ans et commencé à inverser le processus, il n’y a qu’un pas qu’il n’hésite pas à franchir.

La désindustrialisation entre 1974 et 2017, ce sont 2 531 000 emplois directs détruits. Alors, au rythme où la politique de Macron crée des emplois, et selon ce rythme constant, pour reconstituer le tissu d’emplois industriels qui était le nôtre à la fin des trente glorieuses, il faudrait environ 155 ans. Pour arriver au chiffre symbolique d’un million d’emplois créés dans l’industrie, en prenant en compte ceux déjà créés depuis 2017, il faudrait 56 années de hausses consécutives.

En réalité, la structure globale de l’emploi salarié s’est encore un peu plus tertiarisée depuis son élection. En effet, 89 800 emplois créés dans l’industrie sur 1 784 000 en tout, cela signifie que l’industrie n’a drainé depuis 2017 que 5% de l’ensemble des emplois créés. La part de l’industrie dans l’emploi salarié a baissé d’un demi-point en cinq ans et demi. L’emploi industriel augmente de 2,85%. L’emploi des salariés total augmente de 7%.

D’après une vidéo de Fil d’actu.

Jean Saunier

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