1 267 000 km2, une population dont 63 % vivent sous le seuil de pauvreté, 16 % de son PNB provenant de l’aide internationale. Le Niger, un pays aux richesses et aux ressources minières infinies, dont les terres regorgent d’or, de diamants, et surtout d’uranium. L’uranium dont, n’en déplaise aux médias officiels qui essaient par tous les moyens d’occulter ce fait, la France est le principal bénéficiaire. Car il faut bien comprendre que la Russie et le Niger représentent près de la moitié (42 %) des approvisionnements de l’hexagone.
En effet, jusqu’au coup d’État qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum il y a quelques jours, le Niger était l’un des partenaires principaux de la France au Sahel, du fait que ses importantes réserves d’uranium sont exploitées depuis cinquante ans par le groupe Orano (ex-AREVA), détenu à hauteur de 45 % par l’État français. Selon les informations en provenance des douanes, en 2022 la France a importé environ 21 000 tonnes d’uranium, alors que notre parc de 56 réacteurs n’en demande que 7 à 9000 tonnes. Ajoutons à cela quelques miettes pour les réserves stratégiques et la question à se poser est : où passe le reste ? Au profit de qui ?
Orano exploite déjà deux mines d’uranium dans le nord nigérien et mène des études en vue d’exploiter le site d’Imouraren, l’un des plus grands gisements d’uranium au monde dont les réserves sont estimées à 200 000 tonnes. Jusque-là tout allait bien. L’État français se gobergeait sur le dos des Nigériens et puis patatras, le 31 août c’est la journée noire de Macron : les nouvelles autorités nigériennes annoncent l’arrêt immédiat des livraisons d’uranium et d’or à la France.
Pourtant vendredi, Emmanuel Macron avait condamné « avec la plus grande fermeté le coup d’Etat militaire » qui a pris de vitesse les partenaires occidentaux du président déchu, réduits à l’impuissance. « Un coup d’Etat parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger et pour toute la région », a péroré notre « petit Emmanuel Macron » comme le nomment si bien les putchistes. Parce qu’un coup d’État peut être légitime ? Mais dans quelle bande dessinée a-t-il vu ça le Petit Macron qui s’est encore ridiculisé aux yeux du monde en déclarant « qu’il répliquerait de façon immédiate et intraitable si l’on s’en prenait aux ressortissants ou aux intérêts français ».
Menacer c’est bien, mais encore faut-il en avoir sous le pied pour impressionner l’adversaire et, de ce côté-là, soyons lucides, ce n’est pas avec 1500 soldats français déjà sur place, dépendant en plus de l’armée nigérienne donc sous l’autorité d’un pouvoir putschiste, que nous allons faire face. En effet, après s’être fait virer du Mali et du Burkina Faso, la France a réorganisé sa présence au Sahel au Niger. En dehors de ça nous avons quoi ? 1000 soldats au Tchad, 1350 à Djibouti. Soyons généreux, nous pouvons aligner au mieux 4500 soldats qui devront faire face à… 57 000 hommes rien que dans le clan des putchistes, 21 000 en provenance du Mali, 6000 au Burkina Faso, et… Wagner ! Et là c’est un très, très gros poisson à avaler.
Parce que ce qui inquiète surtout le clan otanien, et la serpillière de Washington c’est avant tout la possible orientation des nouvelles autorités du Niger vers la coopération avec la Russie. Il est vrai qu’après les coups d’État au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et en République centrafricaine, ces pays se sont éloignés de l’Occident – ou plutôt du clan otanien formé par Washington et son servile valet – et ont construit des relations solides avec la Russie. Des relations qui sont devenues “une tragédie pour les États-Unis et l’UE”.
En effet, le président du Parti Panafricain du Niger, Oumarou Abdourahamane, dans une interview à l’agence russe Spunik, a déclaré qu’il espérait que son pays puisse travailler avec la Russie pour la réalisation de projets communs mutuellement bénéfiques.
« Nous avons de l’uranium, du pétrole et beaucoup d’autres choses dans le pays, mais nous devons voir comment travailler et comment les développer et les partager parce que nous avions d’anciens partenaires avant et les échanges n’étaient pas très bons, donc l’Afrique doit maintenant travailler avec la Russie parce qu’elle est sérieuse et nous aidera à partager tout ce que nous faisons ensemble ». Oumarou Abdurahamane a également déclaré que le renforcement des relations entre la Russie et l’Afrique serait profitable mutuellement aux peuples africain et russe.
Alors pour récupérer l’or et l’uranium nigérien, la France via la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pas hésité à lancer un ultimatum aux putchistes qui prendra fin ce dimanche avec la menace d’une invasion militaire du Niger bien réelle. Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères a appelé les rebelles à “prendre au sérieux” les demandes de restitution du pouvoir au président légitimement élu, Mohamed Bazoum. « Ils ont encore un peu de temps pour rendre le pouvoir, écouter ce que leur demandent à l’unanimité les pays de la région et l’ensemble de la communauté internationale », a-t-elle déclaré. Oubliant toutefois ce que veut le peuple nigérien, lui ! Parce que le peuple nigérien, qui soutient visiblement majoritairement le soulèvement, n’a pas l’intention de revenir en arrière. Mais ce que veut le peuple… les élites françaises s’en tamponnent le coquillard et c’est bien là où le bât blesse.
Notre « cheftaine » de choc a également souligné que “plusieurs de ces pays (Cédéao) disposent de forces robustes et ont fait savoir qu’ils étaient prêts à intervenir si c’était nécessaire”.
Des drones, des hélicoptères d’attaque, des avions de combat, des avions de transport de troupes, des VBL, des MRAP et environ 5 000 hommes des Forces Spéciales (en particulier des États membres de la CEDEAO) ainsi que le soutien satellite de partenaires occidentaux… semblent acquis pour mener à bien l’opération militaire en vue de déloger la Junte militaire de Niamey, affaire que certains chefs militaires, dont on se demande s’ils ont bien pesé l’ampleur du problème, estiment pouvoir boucler en 72 h. Ceci dit, ça, c’était avant !
Avant que l’Algérie, pays frontalier du Niger, ne s’oppose à une éventuelle intervention militaire, comme l’a déclaré le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans une interview à la télévision nationale samedi soir : « L’intervention militaire au Niger est une menace directe pour l’Algérie et nous la refusons catégoriquement ». « Les problèmes doivent être résolus par les voies pacifiques.»
Avant que la Russie n’estime qu’une intervention étrangère ne permettrait pas une solution à la crise au Niger, via le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a déclaré « qu’il est peu probable que l’intervention de forces extérieures à la région permette à la situation de s’améliorer ». CQFD !
Avant que les Africains libres ne confirment leur intention de former une coalition militaire pour parer à toute attaque contre le Niger, tandis que Niamey sollicitait l’aide du groupe Wagner (qui a déjà 6000 hommes déployés en Afrique de l’Ouest).
Avant que le parlement du Nigeria ne rejette l’ordre donné par le président Tinubu de lancer une opération militaire sur Niamey et ne demande de privilégier d’abord une solution diplomatique.
Avant que le Bénin, sous la direction de Patrice Talon, ne décide de privilégier une approche basée sur la négociation pacifique. Tournant ainsi le dos au Petit Macron. Une décision qui semble refléter une prise de conscience de la détermination et du soutien populaire envers les nouvelles autorités du Comité National pour le Salut du Peuple en Afrique.
Avant qu’à Niamey, le nouveau gouvernement du Niger ne signe samedi 5 août un contrat avec le groupe Wagner ! Un contrat qui confirme ce que les médias occidentaux rapportaient voici quelques jours, à savoir que l’ancien chef d’état-major Moody Niger se trouvait dans la capitale du Mali, Bamako, “pour demander le déploiement rapide du groupe Wagner dans la capitale du Niger”.
Avant que le Sénat nigérian n’ait adopté une résolution contre l’utilisation des forces armées du Nigeria et de la Cédéao contre les rebelles qui avaient pris le pouvoir au Niger, lâchant à son tour la France et le Petit Emmanuel Macron. “Le Sénat appelle le président nigérian qui préside également la Cédéao, à encourager les autres dirigeants de la Cédéao à renforcer des moyens politiques, économiques et d’autre genre pour trouver une solution politique à l’impasse dans laquelle le Niger s’est retrouvé“, précise la résolution.
Avant que Wagner ne se prépare à un assaut, et que les sanctions reviennent comme un boomerang en pleine figure du Petit Emmanuel Macron.
Et surtout avant qu’un premier gros porteur Illiouchine 76 n’atterrisse avec, semble-t-il, une première unité du groupe Wagner… En effet, si l’on en croit notre ami Boris Karpov, des images sont apparues sur le réseau, dans lesquelles, vraisemblablement, l’atterrissage de cet avion de transport militaire pourrait annoncer la présence de chasseurs Wagner PMC à bord.
Et là c’est un gros, un très gros morceau à avaler… un tellement gros morceau que Paris ne voudrait pas permettre une confrontation avec Moscou au Niger, alors l’Elysée « espère des négociations et une résolution diplomatique de la situation ». Comme par hasard, le Petit Emmanuel Macron se déballonne une fois encore.
Devinez qui va acheter l’uranium ? Alors que de l’or, ils en ont à ne plus savoir qu’en faire…
Valérie Bérenger
Niger : qui a peur du grand méchant Macron ?
1 267 000 km2, une population dont 63 % vivent sous le seuil de pauvreté, 16 % de son PNB provenant de l'aide internationale. Le Niger, un pays aux richesses et aux ressources minières infinies ...
https://ripostelaique.com/niger-qui-a-peur-du-grand-mechant-macron.html