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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 06:33
L’accumulation des crises est le signe d’un changement d’époque

Les crises sont en train de s’enchaîner à un rythme tout à fait inédit dans la société occidentale. La très récente faillite d’une banque américaine vient nous rappeler que tout l’Occident est dans une crise économique tout à fait majeure du fait de ses dérèglements structurels, dont tout particulièrement un taux d’endettement inédit dans l’histoire économique. L’Occident est en faillite.

Cette crise économique dénote aussi celle de l’appareil d’État. Partout en Occident, les États sont devenus des fromages dont la prédation des fonds par les oligarchies a conduit à un niveau de consanguinité et de corruption inédit dans nos sociétés. Aux États-Unis, l’État fédéral concentre des pouvoirs économiques et politiques en quelques mains. Toutes nos sociétés ont abandonné les principes de l’authentique concurrence qui passe par la loi antitrust et l’empêchement radical de la constitution de groupes privés de nature à nuire au bien commun. Aujourd’hui, ces groupes mondiaux ont un appétit d’ogre. Le lobby de l’armement aux USA en est un triste exemple absorbant des centaines de milliards chaque année, pour diriger la politique extérieure américaine et exiger un financement qui grève la nation dans des proportions sidérantes.

Ceci conduit à une seconde crise de rationalité du fait du mélange des genres entre des intérêts capitalistes particuliers et l’orientation de l’action publique. Celle-ci se voit sans cesse contaminée par des actions de lobbying qui la détournent de ses objectifs, en dénaturent la recherche, produisant une irrationalité d’État pour des raisons tout à la fois économiques et idéologiques, sacrifiant le principe de réalité sur l’autel des intérêts particuliers. L’abandon du nucléaire en France sert bien les intérêts de Siemens, principal fabricant d’éoliennes, dont le marché dépend de la seule décision publique. Peu importe la rationalité effective du choix. Chaque secteur y va de son lobbying pour parasiter la décision collective à son avantage. C’est le désastre du lobbying de toutes les transitions : écologique et numérique en particulier.

Cette double crise économique et politique a déjà fait émerger depuis plusieurs décennies une troisième crise de légitimation dont les signes sont très visibles dans la plupart des nations occidentales. On constate l’affaissement des classes politiques, sous forme de gérontocratie pour certains ou sous forme de réseaux de camaraderie de gens globalement incompétents et inappropriés à l’action publique chez d’autres, ce que tout le monde perçoit. Cette crise de légitimation se constate aussi dans les dysfonctionnements des institutions politiques, la très faible participation au débat public et aux élections. La démocratie représentative est devenue illégitime, du fait des trahisons et du divorce entre les électeurs et leurs élus plus au service des lobbys que de leurs électeurs. Elle l’est aussi du fait du caractère passéiste de ces élections ponctuelles, en des temps où les nouvelles technologies ont créé les conditions d’une démocratie de projets plus dynamique dans ses proximités, à inventer d’urgence en cette première moitié de 21e siècle.

Les progressistes sont en fait très attachés aux privilèges d’une économie capitaliste vieillissante corrompue et corruptrice d’une administration d’État. Cela conduit à des relations politiques déloyales, sous l’emprise toxique de réseaux d’influence et de minorité. Ceci fait émerger la 4e crise. Elle est sans doute la plus dangereuse, car elle signe le désengagement et la démotivation de tous. Elle se constate déjà par une très grande érosion de l’engagement au travail, dans les associations ou dans la vie publique. Elle se manifeste aussi dans l’anarchie du système des valeurs occidentales, tiraillé jusqu’à se déchirer sous la pression de toutes les folies exprimées par les minorités. Rien de tout cela ne peut constituer un socle commun à l’engagement de tous par reconnaissance de quelques valeurs. Le règne de l’Ego narcissique ne fait pas une société commune, mais son délitement, sa dislocation.

La superposition de ces quatre crises devient de plus en plus manifeste. C’est le fruit d’un désordre croissant de l’économique, du politique, de l’administratif et des valeurs qui guident les populations. C’est le fruit d’une totale confusion entre ces domaines où l’État prétend régner sur les valeurs et la culture, où les entreprises font la politique à la place de l’État et où l’État prétend orienter l’avenir des industries et des dynamiques de progrès économiques. Ce monde global est totalitaire et les populations sont prises en otage, subissant les plus folles injonctions de faire ce que ces différentes « élites » économiques, politiques et culturelles imaginent au nom de leurs intérêt et idéaux.

Au fond, ces quatre crises simultanées sont aussi très visibles dans la manière de se comporter des médias. Ces derniers sont à la fois l’acteur et le lieu de cette confusion totale des genres où se joue une médiation malsaine et toxique qui détourne chacun de la perception des réalités.

L’Occident est très malade, tout à la fois schizophrène dans son déni du réel, souvent atteint de dédoublement de personnalité, faisant ce qu’il ne dit pas, disant ce qu’il ne fait jamais. Il en devient paranoïaque du fait des relations dégradées qu’il engendre. Il en est même un pervers narcissique manipulateur malsain qui cherche à se disculper de ses responsabilités. Bref, la thérapie de choc n’existe pas. Il y a un long et lent travail de reconstruction. C’est la raison pour laquelle, nous devons sans doute être les acteurs d’une contre-culture inédite, celle de la subsidiarité, celle d’une désobéissance joyeuse, celle de l’invention d’autre vie quotidienne, parce que l’alternative viendra de la puissance créatrice qui a fait le génie de cet Occident, aujourd’hui dominé par des logiques stériles et des simulacres de progrès ; car jamais les pensées et les modes de vie n’ont été aussi tristes et monotones. Soyons les promoteurs de nouvelles institutions, de nouvelles formes de gouvernement, de nouveaux modes de production, etc. Vive les libertés, soit le contraire de la devise républicaine ! Changeons d’époque, changeons peut-être même de régime. Rien n’est éternel.

Pierre-Antoine Pontoizeau  

 

 

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