Le Blog de Lazare

Tous les commentateurs non alignés en ont maintenant parfaitement conscience, le conflit qui se déroule actuellement en Ukraine dépasse largement ce pays.

Il s’agissait en effet, en première intention, d’une confrontation ourdie de longue main à l’initiative des Anglo-Américains, dont la finalité maintenant clairement distincte était d’une part la mainmise sur le potentiel industriel et agricole de l’Ukraine (déjà largement avancée grâce à la corruption de ses élites fantoches), mais aussi et surtout le démembrement de la Nation russe afin de s’emparer de ses richesses naturelles et de l’évincer en tant que puissance du continent eurasiatique.

Malheureusement pour ses concepteurs, ce plan initial est en train d’échouer. Non seulement la Russie a résisté aux sanctions économiques qui se sont finalement retournées contre l’Occident global, mais elle est en train de faire la démonstration qu’elle ne peut pas être vaincue par l’Otan.

Il est à noter que, depuis l’origine, les pays alignés d’Europe continentale n’ont strictement aucune volonté propre dans cette affaire. Ils n’auront été que les supplétifs des Anglo-Américains qui les auront poussés en avant, tout en se tenant en recul avec l’intention très claire de les voir se consumer dans la fournaise, libérant ainsi à leur profit leurs parts de marché et leurs positions sur l’échiquier mondial.

Pas de solution diplomatique pour la Russie face à des partenaires sans foi ni loi. De mon point de vue, il ne peut plus y avoir de solution diplomatique pour les Russes à ce stade, face à des partenaires aussi peu fiables ; aussi bien en Europe qu’outre-Atlantique. La rupture par la France du contrat des deux Mistral, pourtant déjà payés, et la double trahison perverse de l’Allemagne et de la France par rapport à leurs engagements de faire respecter les accords de Minsk en font des partenaires auxquels la Russie ne peut plus faire confiance. Pire, la destruction de Nord Stream 2 par les Anglo-Américains au détriment de l’Allemagne démontre que, même entre alliés Occidentaux, il n’existe aucune règle. Enfin, quand on a affaire à des voleurs sans parole, capables, tels les USA, de vous dépouiller de l’argent que vous leur avez confié, il ne sert à rien de négocier. Ils ne sont plus à parité morale ni de crédibilité pour le faire. On n’a plus alors d’autre solution que l’emploi de la force pour sérieusement les réduire et ensuite, si on le veut bien, traiter en position de force aux conditions qu’on voudra bien leur concéder.

C’est donc le rapport de force établi à l’issue de l’épisode ukrainien qui déterminera les suites possibles de ce conflit.

Sur le théâtre ukrainien, les Russes ont atteint le point de non-retour. Comme on vient de le voir, le conflit ne peut plus se purger que par les armes. D’autre part, au point où ils en sont et compte tenu des efforts qu’ils ont fournis, et de la position de force qu’ils ont déjà acquise, il n’y aura pas de solution diplomatique pour les Russes avant leur victoire sur l’Otan en Ukraine ; là où ils voudront bien s’arrêter. Objectivement, il n’y a déjà plus personne pour leur barrer la route et ils auront tout loisir de pousser jusqu’où ils voudront. Vraisemblablement jusqu’à Kiev pour durablement dénazifier ce pays.

À ce stade, il y a donc tout lieu de penser que l’Ukraine sera démantelée, la Novorossia conquise par les Russes, le reste durablement démilitarisé et neutralisé.

Se posera ensuite la question de l’évolution de la stratégie russe en fonction de l’affaiblissement, voire de l’effondrement de l’hégémonie anglo-américaine. Manifestement le bluff militaire US a implosé face à la réalité des faiblesses de ce pays, déjà exposées dans une précédente contribution.

https://ripostelaique.com/des-panzers-contre-les-russes-ineluctable-extension-du-conflit-a-louest.html

Une fois la victoire russe obtenue en Ukraine, tous les pays non alignés leur tourneront définitivement le dos. Battus à travers l’OTAN, ils perdront leur crédibilité militaire et leur hégémonie mondiale. Le monde se détourne déjà du dollar et de la monnaie US. C’en sera fini du soft power et de la puissance financière des États-Unis. Par ailleurs, pour des raisons déjà nées de politique intérieure et de décomposition finale de ce pays, il se fragmentera de lui-même. Ce sera la fin de l’hégémonie mondiale des USA, militaire, financière et politique.

Voir à ce sujet l’intéressante analyse d’Alastair Crooke.

https://reseauinternational.net/les-objectifs-strategiques-de-la-russie-en-consequence-de-leffondrement-de-lempire-americain/

Quid de la France dans de telles circonstances ? D’abord, elle est incapable de changer de régime ou de dirigeants afin d’échapper à l’emprise des USA qui veulent cette guerre. Le système est en effet verrouillé de l’intérieur et, malgré les circonstances, il n’y a définitivement plus de solution électorale pour y changer quoi que ce soit. Par ailleurs, il n’existe aucune force ni doctrine d’action à même de conduire un changement de régime en dehors des voies institutionnelles. Enfin, la France est prise en côtes bloquées entre l’Europe, l’Allemagne, les USA et l’Otan. Elle ne s’appartient plus à elle-même, elle n’est plus maître de son destin. Par conséquent rien ne viendra enrayer l’escalade suicidaire à laquelle nous participons. Et donc, rien ne viendra atténuer le ressentiment des Russes contre un allié historique qui les aura trahis de manière aussi vile. On ne pourra pas compter sur leur mansuétude. Dans le meilleur des cas, après que l’Otan aura été défait, ils nous laisseront nous débrouiller avec nos problèmes intérieurs et avec le chaos qui résultera de cette aventure. Si tel est le cas, dans notre état de faiblesse régalienne, de fracturation sociale, ethnique et religieuse, il y a tout lieu de penser que nous serons intégralement libanisés et en proie à une guerre intérieure entre factions.

Oui, après l’épisode ukrainien, la preuve aura été faite qu’il ne reste plus rien de notre défense.

Alors oui, sans défense, avec un pouvoir affaibli comme jamais, toutes les conditions seront réunies pour que s’ouvre la phase finale de la guerre intérieure dont nous n’avons vu pour le moment que les prémices. La France sera devenue un terrain vague abandonné aux conflits interethniques et interreligieux.

C’est la sanction que pourraient nous administrer les Russes en s’abstenant de venir jusqu’ici.

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La question de la dénazification. Purge indispensable jusqu’à Kiev. Pour ceux qui en ont le temps, je recommande le visionnage de la remarquable interview donnée par Annie Lacroix-Riz, certes historienne marxiste, mais spécialiste incontestée des archives et donc de loin la mieux documentée en France. Elle y explique les origines lointaines du mouvement bandériste, le rôle du Vatican, des puissances coloniales, de l’Allemagne et de la Pologne. Les explications encyclopédiques qu’elle donne nous éclairent sur les enjeux internationaux et sur les raisons profondes qui font que les Russes vont devoir purger le problème du nazisme ukrainien à la racine, c’est-à-dire jusqu’à Kiev.