Ces témoignages sont tirés d’un site dédié aux personnels suspendus : https://lesessentiels.org
– Marie-Paule a 50 ans, elle est mère de deux enfants et vit seule. Elle exerce depuis 17 ans au sein de l’hôpital public, d’abord comme aide-soignante, puis comme infirmière au service des urgences. Elle est suspendue depuis le 17 septembre 2021.
La plupart des soignants de mon équipe ont d’abord refusé ce « vaccin », mais le pass sanitaire les a presque tous fait basculer. Au bout d’un moment on ne pouvait même plus aborder le sujet. J’ai été suspendue en 48h, sans même un message. C’est une collègue qui m’a prévenue, le 17 : « Tu n’es plus sur le planning, surtout ne reviens pas, ils vont te mettre dehors ». J’avais attendu le dernier moment, je ne pensais pas qu’ils iraient jusque-là. J’ai eu un entretien préalable et j’ai reçu un courrier 3 jours après. C’est là que j’ai réalisé que j’étais suspendue, sans salaire ni droit au chômage, pour une durée indéterminée. Normalement, une suspension sans salaire est une sanction consécutive à un passage devant un conseil de discipline, qui ne doit pas durer plus de 4 mois. Vivre ça, c’est d’une violence incroyable. Je me suis retrouvée en état de choc, du jour au lendemain j’ai presque tout perdu, tout s’est écroulé autour de moi. J’ai été obligée de déménager, car je ne pouvais plus payer le loyer. Mais du jour au lendemain on n’est plus rien, on n’est même plus un citoyen, on n’a plus aucun droit, même pas celui d’aller travailler, on n’a plus de ressources, on ne peut plus s’acheter à manger. C’est ça qu’on a vécu !
– Alexandre, 53 ans est aide-soignant en milieu hospitalier depuis 30 ans. Il a été vacciné sous la contrainte.
Je ne suis pas anti-vaccin, mais leur expérimentation, là… Je ne suis pas un animal ! Et ça j’en ai gros sur la patate. Je suis tellement en colère. Et maintenant j’ai peur, je suis vacciné et je ne sais pas ce qui va m’arriver, je n’ai pas confiance en ces vaccins…En attendant, depuis 1 mois que j’ai eu ma 2e injection, je suis très fatigué et ça ce n’est pas des mensonges. J’ai des boutons sous les bras, je n’en avais jamais eu avant. J’ai les transaminases qui ont explosé, je ne bois pas une goutte d’alcool. Quand j’en ai parlé à mon médecin, je lui ai demandé si ça ne venait pas du vaccin, il m’a dit « Mais non, mais non… »
– Nicolas a 41 ans, il est masseur kinésithérapeute en hôpital public depuis 17 ans. Il vit en couple et a deux enfants de 14 et 17 ans. Suspendu depuis le 23 septembre.
Je pensais que l’obligation vaccinale n’arriverait jamais. C’est un traitement expérimental, il y a plein de garde-fous, ce n’est pas légal. J’étais super serein par rapport à ça. Arrive le 12 juillet… Et là, je m’effondre. Je ne parle plus, je ne dors plus, je ne mange plus, je ne peux plus rien faire. Cela est arrivé alors que j’entamais 3 semaines de vacances… J’ai perdu 8 kilos. A mon retour dans le service, c’est l’été, je suis tout seul, je donne le change. Je me dis c’est du flan, je pars dans un bras de fer et je ne lâcherai pas. J’ai été convoqué à un entretien le 16 septembre. Recevoir le courrier m’a fait un choc terrible. Incapable de bouger, j’ai été mis en arrêt maladie. C’est pendant cet arrêt que j’ai été avisé de ma suspension. Pour l’administration, nul besoin que je revienne. Le but c’est que ça ne marche pas, c’est que l’on puisse fermer des services parce qu’il n’y a pas assez de soignants. Un médecin de l’établissement, avec qui je travaillais, a communiqué des noms de personnes non vaccinées à l’administration de l’hôpital en vue de leur suspension… Comment va-t-on pouvoir revivre et retravailler tous ensemble ?
– Francine, 54 ans, vit avec son compagnon. Elle travaillait au sein d’un foyer pour adultes en situation de handicap. Elle est actuellement au chômage après avoir négocié une rupture conventionnelle de contrat.
Petit à petit je me suis retrouvée toute seule. Je ne porte pas de jugement, chacun a fait comme il a pu, mais maintenant j’ai le sentiment d’être… Comment dire… C’est comme si je n’existais plus. Là, aujourd’hui, je me dis que je me suis tiré une balle dans le pied, mais je ne changerai pas d’avis. Je ne sais pas ce que va devenir ma vie. La première chose pour moi est d’essayer de garder la santé et le moral, mais ce n’est pas facile…
– Véronique est mariée, elle a 1 enfant, elle exerce dans une structure de soins du secteur médico-social depuis 26 ans. Elle est suspendue depuis le 17 septembre 2021.
Le jour de la suspension est horrible, je repars laissant mes affaires au Service. Je ne peux pas dire au revoir aux enfants, entre la coupure des vacances et la décision de l’établissement, et je ne voudrais pas qu’ils soient pris en otage dans ces conflits qui opposent, qui scindent tout le monde, de partout ; je leur écrirai. Mais quelle violence on leur fait vivre, à eux ! J’ai mis beaucoup de temps parfois à tisser du lien, à établir une relation de confiance, à comprendre leurs fonctionnements, et là, je vais disparaître, du jour au lendemain… Ça me fait mal au cœur, ça m’écrase. Ignoble jour que ce jour ! Et les suivants… Je ne sais pas de quoi sera fait demain, ce que je peux devenir, mais dans cette traversée si éprouvante, dans cette épreuve vraiment rude, ce « décapage à l’os », cette violence injuste, j’ai rencontré des personnes exceptionnelles, d’une générosité venant du cœur, des personnes pour qui humanité, solidarité, soutien ont du sens. J’ai rencontré des soignants, suspendus tout comme moi, tellement beaux, vrais et courageux. J’en suis touchée.
– Corinne a 59 ans, elle est séparée et mère de 3 enfants. Médecin généraliste en libéral depuis 30 ans, elle a été interdite d’exercer au 15 septembre 2021. J’ai peur qu’on me demande de faire des choses que je ne veux pas faire. J’ai peur qu’on m’oblige à vacciner des gens et que ça tue des personnes, puisqu’il y a des morts de ce vaccin. Je ne peux pas travailler dans ces conditions, c’est trop anxiogène pour moi. J’ai dû vacciner des personnes, j’ai mis des semaines à m’en remettre parce que j’avais peur qu’ils meurent. Je ne vois pas comment on peut travailler dans des conditions comme ça. Moi je n’accepte pas. Je ne sais pas comment font mes confrères, je me pose beaucoup de questions. Je suis très, très, très choquée de la tournure des choses. Je trouve que c’est trop facile de manipuler une population et surtout de la rendre haineuse, violente. Voilà, je ne vais plus pouvoir être médecin, ça fait un peu bizarre de le dire comme ça, et je ne vais plus du tout avoir le même train de vie. Moi je suis capable d’accepter un boulot avec un petit revenu pour garder mes valeurs, mais c’est vrai que j’ai dû vendre ma maison. J’ai signé hier pour la vente de ma maison, ça fait mal au cœur, ça faisait 17 ans que j’étais dans cette maison… mais c’est pas grave, c’est pas grave…
Je ne cesse de penser à ces personnes plutôt que « personnels », pendues plutôt que « suspendus »…
Nous devons les aider, d’une façon ou d’une autre.
Pianoter sur nos claviers ne suffit plus.
Christophe Sévérac