Lors de son intervention, l’auteur de plus de 600 publications et coauteur de nombreux rapports d’expertise n’a pas mâché ses mots pour accuser le président Macron d’avoir abandonné le programme Astrid : « L’électricité générée par le nucléaire est essentiellement décarbonée dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique. Il est absurde de dépenser des milliards pour décarboner une électricité déjà décarbonée. […] cette filière à neutrons rapides où la France a été pionnière, vient d’être abandonnée en 2018 par une décision à courte vue qui restera dans l’histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme.
« L’État français peine à assumer ce qui est un atout, qui lui donne une électricité à 90 % décarbonée. Il vient de prendre en 2020, une décision lourde de conséquences en abandonnant la filière à neutrons rapides. Au moment même où de grands États impliqués dans le nucléaire comme la Russie ou la Chine, et maintenant les États-Unis, accélèrent leur développement, cette décision, faisant suite à une série de renoncements concernant le parc électronucléaire, est emblématique de la disparition de l’État stratège en matière énergétique et de la transition d’un État stratège vers un État bavard. Elle est aussi révélatrice d’une désinformation continue concernant cette filière. Désinformation acceptée par l’État quand elle n’est pas organisée par lui. Plusieurs points demandent à être fermement réaffirmés concernant l’énergie nucléaire. L’électricité générée par le nucléaire est essentiellement décarbonée dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique. Il est absurde de dépenser des milliards pour décarboner une électricité déjà décarbonée. Le démantèlement des centrales est une technologie maîtrisée, mais elle ne créera pas des emplois à la mesure de ceux que la fermeture des centrales a supprimés. Le fonctionnement des centrales est sûr et la létalité de l’énergie nucléaire est faible devant celle des autres sources d’électricité, en particulier de toutes les sources fossiles. La gestion des déchets est garantie par la technologie de vitrification couplée au coût de stockage géologique profond. Deux technologies sur lesquelles la France a une avance reconnue. La question des ressources en uranium est résolue par la technologie des neutrons rapides et de la fermeture du cycle, qui permettent à la fois d’utiliser de l’uranium appauvri et de maintenir le bilan au plutonium. Et enfin, cette filière à neutrons rapides où la France a été pionnière, vient d’être abandonnée en 2018 par une décision à courte vue qui restera dans l’histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme. »
Le Média en 4-4-2.
Christine Tasin