L’Agence juive est un organisme parapublic du gouvernement israélien. Elle est chargée de l’immigration au sein de la Diaspora, et de l’accueil des nouveaux immigrants juifs en Israël (Aliyah). Depuis 2009, l’Agence juive ne dépend plus de l’Organisation sioniste mondiale.
Dans son édition du 6 juillet dernier, The Jerusalem Post affirmait que “le gouvernement russe a sommé l’Agence juive de cesser toutes ses opérations à l’intérieur du pays”. Une information reprise dans la journée par Pnina Tamano-Shata, la ministre israélienne de l’immigration.
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Quelques heures plus tard, dans un communiqué, l’Agence juive tempérait cette information, expliquant avoir reçu une lettre du ministère de la Justice russe évoquant des “questions administratives” et des “problèmes” pouvant avoir des “conséquences juridiques”.
Revenant le lendemain sur son information du 6 juillet, le Jerusalem Post citait un diplomate israélien de haut rang : “la Russie affirme que l’Agence juive a collecté illégalement des informations sur des citoyens russes”. Une accusation grave dont les “conséquences juridiques” pourraient aller jusqu’au renvoi pur et simple de Russie des personnels de l’Agence.
Selon le Times of Israel, le chef de l’unité des relations internationales de l’Agence juive, Yigal Palmor, a souligné que la Russie n’exigeait pas que l’organisation mette fin à ses activités dans le pays : « Il n’y avait aucune demande de fermeture, pas d’ultimatum et pas de date limite ». Cependant, les menaces sont suffisamment sérieuses pour alimenter les tensions qui gangrènent les relations entre les deux pays depuis quelques mois. La Russie compte 150 000 juifs et plus de 500 000 personnes éligibles à la citoyenneté israélienne. Il est cependant peu probable que le gouvernement russe revienne à instaurer des quotas à l’immigration vers Israël (la politique des « Refuznik » de l’URSS des années 60). Depuis l’information du Jerusalem Post, la presse, l’opinion publique et les autorités gouvernementales israéliennes jouent à se faire peur sur le sujet, alimentant une russophobie de bon aloi, en phase avec celle qu’entretiennent les États-Unis et leurs vassaux – européens pour la plupart.
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Le 2 mars 2022, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait une résolution qui exigeait que « la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Israël a été l’un des 141 pays (sur les 181 ayant pris part au vote) à voter en faveur de cette résolution. L’alignement de Jérusalem sur Washington n’a pas été, on s’en doute, du goût de Moscou. Dès le premier jour, Yair Lapid, à l’époque ministre des Affaires étrangères de l’Etat hébreu, et depuis lors Premier ministre d’Israël, a condamné « l’invasion russe de l’Ukraine » – reprenant en cela les éléments de langage occidentaux – et a demandé au gouvernement israélien de se tenir aux côtés des États-Unis, de se joindre aux sanctions occidentales contre Moscou et, surtout, de fournir à l’Ukraine des armes, avec en particulier des batteries Iron Dome et des drones.
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D’autre part, la volonté d’Israël d’en découdre avec l’Iran et la Syrie va à rebours des intérêts stratégiques de la Russie dans la région. La Syrie de Bachar el Assad est un allié de Moscou. Contrairement aux Occidentaux qui aidaient explicitement l’ensemble des groupes djihadistes opérant en Syrie :
Moscou a apporté une aide décisive à Damas dans sa lutte contre ces groupes.
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Par ailleurs l’actuel rapprochement entre l’Iran et l’Irak est de nature à renforcer l’influence russe au Proche Orient.
Moscou étudie favorablement la candidature iranienne au groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Or Israël considère l’Iran comme un ennemi irréductible. Si la Russie interdit le survol du territoire de son allié syrien par l’aviation militaire israélienne, elle interdit de fait des opérations de type « Osirak » contre l’Iran. La Russie passerait ainsi du rang de partenaire potentiel à celui d’ennemi déclaré de l’Etat hébreu. D’autre part, depuis mars dernier, Moscou conditionne la signature aux côtés des Occidentaux d’un accord sur le programme nucléaire iranien à un allègement des sanctions contre la République islamique, ce qui ne peut que susciter la méfiance de Jérusalem.
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De nombreuses pommes de discorde, donc, dans les relations entre la Russie et Israël. Le partenariat initié au début des années 2000 entre les deux pays concernait les domaines sécuritaires et technologiques : les deux États se sont ainsi engagés dans une lutte commune contre le terrorisme islamiste. Il concernait aussi un accroissement de la fourniture de gaz russe à Israël : +25% jusqu’à l’horizon 2025. La découverte d’abondants champs gaziers au large d’Israël, tels que Tamar, Léviathan et plus récemment, le gisement Sarah et Myra, remet en cause les futures exportations de gaz russe vers Israël, lequel est désormais largement autosuffisant. L’Europe pourrait même se tourner vers Israël pour remplacer le gaz russe, du moins partiellement. Quoi qu’il en soit, le tropisme pro-américain de l’Etat hébreu n’est pas un vain mot. L’AIPAC, le puissant lobby des intérêts juifs aux Etats-Unis a largement contribué à éloigner Israël de toute tentation « moscoutaire »…
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Russie-Israël : rien ne va plus
L'Agence juive est un organisme parapublic du gouvernement israélien. Elle est chargée de l'immigration au sein de la Diaspora, et de l'accueil des nouveaux immigrants juifs en Israël (Aliyah) ...
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