Il est assez sidérant d’entendre certains fins stratèges étoilés nous dire que Poutine s’est enlisé en Ukraine, que la logistique ne suit pas, que le moral des soldats est au plus bas, que les généraux russes sont incompétents. Je lis que l’aviation est inefficace, que l’infanterie est dépassée et que les pertes sont plus lourdes que prévu. Bref, en 18 jours, Poutine aurait presque perdu la guerre.
Et le maître du Kremlin serait fou furieux contre ses généraux et les chefs du renseignement, tous jugés incapables. C’est du moins la version que nous vendent les analystes occidentaux.
Ce que les Occidentaux refusent d’admettre, c’est que Poutine a préparé son affaire depuis des mois et qu’il est loin d’être pris au dépourvu ou d’improviser. Il obtiendra ce qu’il veut.
Rappelons à nos donneurs de leçons qu’en 9 ans de guerre au Mali, nous avons été incapables d’obtenir le moindre résultat ni d’assurer la logistique élémentaire pour nos 5 000 soldats engagés.
Nous avons dû louer des avions cargos étrangers, faute de pièces détachées nous avons cannibalisé des appareils en panne pour en faire voler d’autres, nous avons manqué de drones, de munitions, de véhicules blindés modernes, nous avons fait appel au renseignement américain pour mener nos missions. Tout cela se trouve expliqué dans le livre « Servir » du général Pierre de Villiers.
L’opération Barkhane au Sahel, bien modeste avec un engagement limité à 5 000 soldats, se solde par un fiasco. Nous sommes incapables de mener une guerre comme celle qui se déroule en Ukraine. Nous manquons de tout.
La belle armée du 14 juillet n’est qu’une grande illusion.
Dans les années 60 de Gaulle consacrait l’équivalent de 150 milliards d’euros à la défense. Nous en sommes à 40 milliards. Mais proportionnellement, notre budget social a doublé. Un social distribué sans contrôle qui génère une fraude de 50 à 70 milliards, bien davantage que le budget défense.
Quant aux Américains, malgré leur écrasante supériorité technologique face à des va-nu-pieds sous-équipés, ils ont pris raclée sur raclée depuis la guerre du Vietnam.
Poutine quant à lui, a déployé 150 000 soldats en territoire ennemi et il poursuit ses objectifs parfaitement planifiés. Il suffit de regarder la carte des opérations pour s’en convaincre.
L’encerclement de Kiev se termine. Les Russes vont-ils en faire le siège ou mener l’assaut ? Difficile à dire. Mais le coût humain d’un assaut serait très lourd.
La jonction entre les armées du front nord et les troupes séparatistes de Lougansk est en cours.
La chute de Marioupol va permettre aux unités du front sud de rejoindre celles de Donetsk.
Viendra ensuite le tour d’Odessa, dont la prise permettra la jonction des troupes russes avec celles de la Transnistrie, petite enclave russe de Moldavie.
Il faudra également s’emparer de Dnipro afin d’encercler le gros de l’armée ukrainienne positionné au Donbass face aux combattants séparatistes.
C’est donc un front en demi-cercle de 2500 kilomètres, qui s’étend depuis Odessa jusqu’à Kiev. Et nos stratèges osent nous dire que l’armée russe est enlisée !
Déployer 150 000 hommes sur un front de 2500 kilomètres, ce n’est pas un simple engagement de 5 000 soldats répartis sur 5 ou 6 bases au milieu du désert sahélien. Soyons objectifs.
Les Russes ont le contrôle des airs, de la mer Noire et de la mer d’Azov. Le reste prendra du temps si Zelensky s’acharne à sacrifier son peuple, sachant que Poutine ne reculera pas, sanctions ou pas.
Poutine sera intraitable sur trois points qu’il juge essentiels pour la sécurité de la Russie :
1 La reconnaissance de la Crimée comme terre russe
2 L’indépendance des républiques de Lougansk et Donetsk
3 La non-intégration de l’Ukraine à l’Otan
Quant à ceux qui s’imaginent que les sanctions vont faire plier Poutine sur des objectifs existentiels pour son pays, ils se trompent lourdement.
Les Occidentaux peuvent se gargariser avec un 4e train de mesures, puis un 5e et un 6e en préparation, cela ne changera rien. La Russie est mieux armée que l’Europe pour encaisser le choc économique.
Que Poutine coupe les livraisons de pétrole et de gaz et l’Allemagne s’arrête de fonctionner, ainsi que d’autres pays tributaires à 100 % des sources d’énergie venues de Russie.
La hausse du pétrole, du gaz, des céréales, des matières premières va casser la croissance et faire exploser l’inflation. Les taux d’emprunt vont grimper, ruinant un peu plus la France qui croule sous 3000 milliards de dettes et emprunte déjà 330 millions par jour, grâce à la bonne gestion du banquier Macron et du ministre de la faillite Bruno Le Maire.
Il faut s’attendre à des émeutes de la faim au Maghreb puisque l’Ukraine et la Russie sont des greniers à blé. Des secteurs entiers de l’économie vont manquer de métaux venus de Russie.
La stagflation va avoir un effet dévastateur sur le niveau de vie. La belle croissance à 7 % de 2021 et les emprunts à taux zéro, c’est fini pour longtemps.
On connaît déjà les solutions de Macron pour encaisser le choc : emprunter encore et toujours plus. Les générations futures paieront.
Et que dire des sociétés largement impliquées en Russie ?
Si Poutine les nationalise en guise de représailles, ce sera un cataclysme économique et boursier.
Continuons la fuite en avant dans les sanctions. La France sera à genoux bien avant la Russie.
Mais Macron ne voit pas plus loin que le bout de son nez. C’est un illuminé dépassé par la situation. Son premier exploit militaire, à peine élu, a été d’écarter le chef d’état-major des armées en 2017.
Dans ce bras de fer Otan/Russie, le gros dindon de la farce, c’est la France, déjà ruinée et sans ressources.
Il est donc temps d’œuvrer pour la paix et de faire plier Zelensky qui croit encore à un engagement de l’Otan aux côtés de l’Ukraine. Kiev ne gagnera pas la partie, tout acharnement à résister ne fait qu’allonger la liste des victimes.
Qu’on arrête d’armer l’Ukraine, ce qui ne fait que prolonger les souffrances et précipiter militaires et civils dans la tombe.
L’Europe va sortir ruinée de cette aventure, qui ne touche aucunement les Etats-Unis. Quant à la Russie, elle formera un grand bloc anti-occidental, avec la Chine, l’Inde, l’Iran, le Brésil, avec une autre monnaie d’échanges que le dollar et son propre système bancaire.
Cette guerre va sceller la fin de la suprématie américaine. Ne pas arrimer la Russie à l’Europe en 1990 fut une gigantesque erreur, qui aura des répercussions tragiques pour les Européens.
Nous avons voulu récolter les dividendes de la paix mais sans jamais faire la paix avec Moscou.
Beau bilan !
Jacques Guillemain
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Non, contrairement à Barkhane l'armée russe ne s'est pas enlisée
Il est assez sidérant d'entendre certains fins stratèges étoilés nous dire que Poutine s'est enlisé en Ukraine, que la logistique ne suit pas, que le moral des soldats est au plus bas, que les...
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