Message du Professeur Zolmirel
Me voici de nouveau pour un nouveau message. Je suis votre ami, le professeur Zolmirel.
En ce jour radieux, je vais vous parler des mondes libres.
Dans l’espace, lorsqu’une planète ou un système atteint un certain degré d’évolution, de joie, d’amour, de satisfaction, ils franchissent le stade évolutionnel supérieur.
Les grandes intelligences subtiles qui gouvernent les univers, en parfaite harmonie avec la vie, décident alors de se manifester.
Elles décident de nous montrer, de nous apprendre, ce que sera la nouvelle étape. Elles décident d’apparaître pour nous enseigner. Elles veulent nous instruire sur le pourquoi de notre présence, de notre rôle.
Cela s’est produit sur mon monde, parce que nous avions franchi le cap de la non-domination d’autrui, du pacifisme et de la douceur, de la bonté sous toutes ses formes, envers toute créature vivante.
Il existe des millions et des millions de planètes ayant d’ores et déjà franchi ce stade.
Songer que l’humanité est sur ce chemin de la paix absolue, n’est pas une utopie. Votre planète est citée en exemple par nombre d’éminents confrères.
Il existe certes encore de la barbarie, mais le plus souvent, les loups se mangent entre eux. Ces scènes d’atrocités que vos médias vous montrent, sont un nettoyage. Il existe un très grand nombre de fort belles choses que l’on ne vous montre pas, ou que vous ne prenez pas la peine de regarder.
Notamment le spectacle de la nature, parce que, trop occupés à envoyer des messages téléphoniques, ou autres.
C’est votre Terre qui vous parle. Prenez-vous le temps d’aller marcher seuls en pleine nature, en laissant aller vos pensées ?
Faites-le un jour de soleil, et comme vous en serez enchantés !
Oui, la Terre, votre Terre vous parle, et si vous prenez le temps de contempler les papillons, les fleurs, les rais de lumière filtrant du haut des arbres, vous vous sentirez comblés.
Cette beauté, ce spectacle vous renforce. Nous sommes là, nous aussi, de nombreux petits biologistes et botanistes, derrière le voile. Nous épurons l’eau que vous buvez, nous soignons vos couches atmosphériques, nous restaurons la circulation interne du magma, puis, plus bas, nous réharmonisons le champ magnétique terrestre.
Il est bien des villes que nous surveillons, bien des endroits de votre globe, disposés sur des zones de pression tellurique. Nos agents sont là pour apaiser ces tensions, apaiser le souffle vital de votre planète, qui réagit aussitôt aux vagues de peur, de peine des vôtres.
Voilà pourquoi il vous faut cultiver l’harmonie, la joie de vivre en vos pensées. Cela stabilise, apaise, tout autour de vous.
Sur mon monde nous étions parvenus à un grand degré de paix, de clairvoyance et de prescience pour les plus sages.
Notre première alliance se fit avec les Kolals, de grands aliens fort paisibles, très versés dans la métaphysique, le calcul abstrait, la méditation. Ces êtres sont parvenus à un niveau de spiritualité, de science, admirable.
Mon peuple, plutôt proche de ce qui pousse, de l’étude des milieux forestiers, des sols, est aussi très à l’aise avec l’artisanat, la construction de demeures, de palais et de vaisseaux.
Nos maisons sont souvent perchées sur les plus grands arbres, ou au ras du sol. Ces maisons sont déplacées lorsque vient la saison humide. Nous habitons autrement de grands dômes de pierre, ou les palais anciens de nos ancêtres au sommet des collines. Ces palais ressemblent, pour certains, à ceux que l’on trouve en Asie, comme le palais des Vents au Rajasthan, si vous voulez une idée.
C’est ce qui se fait de mieux en matière d’ornementation de la pierre, de frises.
Nos autres voisins, les minuscules Ilstirr, sont d’adorables petits compagnons. Ils sont d’un naturel amusant, aérien. Ils ont gardé cet esprit espiègle. Les Ilstirr excellent dans l’art de conter des histoires, dans l’art en général, la musique et la danse. Ils sont également très habiles de leurs mains, et aiment à soigner les animaux, à mettre au point des inventions très complexes, pour épurer l’eau, retraiter des déchets ou voyager aisément sur terre, sur l’eau et dans l’espace.
Nos trois peuples sont ainsi parfaitement complémentaires. Les Ilstirr et les Kolals éprouvent une attirance très forte, une fascination réciproque. Nous sommes également en symbiose parfaite avec nos compagnons.
Autrefois, sur mon monde, les trois peuples vivaient sur des terres distinctes. Il existe la zone marécageuse, la zone côtière, les forêts, les roselières, les steppes et les montagnes, près des pôles. Il existe peu de mers sur mon monde, mais beaucoup de lacs, de marais.
Les miens préféraient les marécages, les Ilstirr les très vastes forêts et les Kolals les montagnes. Cela était bien ainsi, mais faisait que personne ne se parlait.
Nos trois peuples sages respectaient les territoires voisins et chaque être qui y habitait. Puis au fil des siècles, il fut question d’échanges de marchandises, de réunions à caractère scientifique, accompagnées de séances de dégustation de spécialités culinaires. Nous en sommes venus à collaborer, afin d’étudier des contrées que nous ne connaissions absolument pas. De même, les Kolals et les Ilstirr venaient en notre marais, prospecter de nouvelles plantes à fleurs, inconnues des biologistes.
Cet échange chaleureux fut extrêmement enrichissant. Nous avons mis au point d’autres expéditions. De nombreux vestiges archéologiques avaient été trouvés par les Kolals, mais ceux-ci se trouvaient presque complètement enterrés. Il était question d’un palais immense, dont seule une partie du dôme central émergeait de la vase et de la boue. Les archéologues étaient très embarrassés, il n’était point envisageable de faire venir des excavatrices en ce sol instable.
Ce furent nos anciens qui vinrent leur rendre visite. A la vue de ces très vieux aliens à la démarche assez lente, les scientifiques Kolals s’interrogèrent, mais ne firent nul commentaire.
Les anciens s’assemblèrent en un petit cercle, assis sur des coussins et un son, une vibration emplit l’air.
Il y eut une formidable secousse. Aussitôt, le palais complètement enfoui sous la tourbe et la vase, jaillit du sol, en s’élevant lentement. Des lianes et des racines accrochaient l’édifice, mais celui-ci montait toujours plus haut. Il était d’une taille gigantesque. A mesure qu’il sortait du sol, nous avons vu apparaître des détails superbes de la paroi couverte de figures avec de nombreuses inscriptions.
Les Kolals ont reculé lentement sous le prodige. Le palais s’est mis à flotter à environ 20 mètres du sol, puis un ancien s’est levé et a émis des ondes télépathiques d’une très grande puissance. Aussitôt, le sol en désordre s’est modifié, pour prendre l’apparence exacte des fondations de ce palais, comme un moule parfait. On avait l’impression que des ouvriers venaient fraichement de creuser le sol. Celui-ci était parfaitement compact, à présent apte à recevoir le palais. L’ancien s’est reculé pendant que les autres sages abaissaient lentement la gravité. Le palais s’est posé doucement, sans un bruit, les sages ont modifié le sol pour qu’il maintienne solidement les fondations. Puis ils ont émis de petits rires satisfaits après ce prodige.
Un superbe édifice de 300 mètres de long se tenait face à nous. Chaque colonne, chaque voûte était un parfait exemple d’ingénierie, de raffinement. Tout autour de ce palais, des statues admirables d’aliens de races très variées étaient représentées. En caractères anciens on pouvait lire « Tous se réuniront, tous sont faits pour ne faire qu’un, au final. »
Nous étions extrêmement impressionnés de ce prodige, absolument bouleversés. Chacun s’est incliné pour murmurer des bénédictions et des prières. Les plus jeunes, les yeux brillants ont fait silence.
Enfin, le Kolal le plus sage s’est approché de notre délégation. Il a émis de longs remerciements. Il était en état de choc. Jamais n’aurait-il pu croire à un tel miracle.
Le palais, maculé de terre et de glaise, nous faisait face. Le couchant approchait. Le toit de l’édifice menaçait de s’effondrer. Des experts en maçonnerie ont aussitôt posé des dispositifs de consolidation, aidés par les anciens qui maintenaient en place des pierres géantes en même temps. Le palais tenait debout seul à présent.
L’un des anciens s’est excusé.
- Il n’est pas très présentable, a t-il dit. Il y a bien des fissures. Nous reviendrons demain.
- Mais… ce que vous avez fait est déjà prodigieux ! fit le Kolal empli de gratitude
- Certes oui, mon jeune ami, mais il convient que ce lieu soit plus joli. Nous aimons les choses agréables, parfaitement achevées. Nous reviendrons prendre une petite collation demain pour terminer les travaux, a exposé l’ancien avec un petit rire.
Transmis le 8 mai 2018 par Aurélia Ledoux