Revenons sur le violent coup de gueule d’Emmanuel Macron à Beyrouth, à l’encontre du journaliste du Figaro, Georges Malbrunot, qui a révélé la rencontre du chef de l’État avec un haut responsable du Hezbollah.
https://www.jforum.fr/macron-engueule-malbrunot-davoir-revele-sa-rencontre-avec-le-hezbollah.html
Rappelons que ce mouvement chiite estclassé terroriste par Israël, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Australie, le Canada et plusieurs pays arabes sunnites.
La France n’a pas cette audace…
Mais il est clair qu’en se posant d’emblée en artisan de la réforme de l’État libanais, suite à la terrible explosion du port de Beyrouth, Macron entend imposer sa volonté sans la moindre contestation.
On sait déjà que la France, c’est Macron. Dorénavant, le Liban, c’est lui aussi ! D’où la véhémence de ses propos :
https://twitter.com/i/status/1301116854191165440
“Ce que vous avez fait là, compte tenu de la sensibilité du sujet, compte tenu de ce que vous savez de l’histoire de ce pays, est irresponsable”, a fulminé Emmanuel Macron.
“Irresponsable pour la France, irresponsable pour les intéressés ici, et grave d’un point de vue déontologique. Vous m’avez toujours entendu défendre les journalistes. Je le ferai toujours. Mais je vous parle avec franchise. Ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin.”
On notera que le Président n’a pas démenti la rencontre.
Bref, Emmanuel Macron, habitué à une presse servile systématiquement à sa botte, voit rouge parce qu’un journaliste spécialiste du Moyen-Orient fait son travail d’information ! Un comble !
En fait, le chef de l’État s’est entretenu en aparté avec Mohammed Raad, chef du groupe parlementaire du Hezbollah.
Il n’en fallait pas plus pour que les leaders du mouvement terroriste jubilent :
“Cette rencontre équivaut à une reconnaissance internationale”, s’est félicité l’un d’eux.
Voici ce que Macron aurait dit à Mohammed Raad, selon un article du Figaro du 31 août, qui cite une source française à Beyrouth :
« Je veux travailler avec vous pour changer le Liban. Mais prouvez que vous êtes libanais. Tout le monde sait que vous avez un agenda iranien. On connaît très bien votre histoire, on sait votre identité particulière, mais vous êtes libanais, oui ou non ? Vous voulez aider les Libanais, oui ou non ? Vous parlez du peuple libanais, oui ou non ? Donc rentrez à la maison, quittez la Syrie et le Yémen, et faites le boulot ici pour construire un État parce que ce nouvel État va aussi bénéficier à vos familles ».
Le chef de l’État français aurait également dit au chef du groupe parlementaire du Hezbollah, toujours selon la source française précitée :
“On ne vous ennuie pas sur la question de vos armes et sur deux ou trois points qui vous importent ; mais en contrepartie, vous mettez de l’oxygène dans le système. Acceptez de jouer le jeu, car on ne peut plus continuer comme cela, et vos partisans couleront avec le système. »
On comprend donc la colère de Macron, dont les propos étonnamment complaisants s’apparentent à une forme de complicité avec un groupe terroriste qui veut la peau d’Israël.
Jusqu’à quel point notre Président est-il prêt à se compromettre avec des assassins pour “aider” le Liban ? Telle est la vraie question. Ce partenariat sent le soufre.
“Le Hezbollah a des députés élus par les Libanais, il fait partie de la scène politique», se défend Macron.
Et Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, de saluer “la visite positive” d’Emmanuel Macron !!
De leur côté, les responsables du Hezbollah se sont empressés de démentir le contenu de l’article du Figaro, alors que ces informations ont été relayées par la télévision saoudienne…
Emmanuel Macron fulmine, après de telles révélations compromettantes.
Mais quand on prétend être le maître d’œuvre de la reconstruction d’une république confessionnelle, où le Hezbollah, fort de sa suprématie militaire, fait la loi, on assume en totalité les conséquences de son engagement.
Le Liban est une poudrière depuis que les Palestiniens, chassés de Jordanie en 1971, l’ont totalement déstabilisé en venant s’y réfugier.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Septembre_noir_(1970-1971)
Mais aujourd’hui, c’est le journal Présent qui met du vinaigre sur la plaie, en soulignant un aspect encore plus sordide de cette affaire.
https://present.fr/2020/09/04/affaire-malbrunot-la-vraie-raison-de-la-colere-de-macron/
https://libnanews.com/hariri-berri-et-bassil-sur-les-bancs-des-accuses-le-figaro/
Selon Présent, la véritable raison de la colère du chef de l’État à l’encontre de Georges Malbrunot, serait le déballage au grand jour de la corruption des dirigeants libanais, avec lesquels Macron espère réformer les institutions.
En effet, selon un expert anonyme, lors de la conférence CEDRE de 2018 à Paris, les leaders libanais voulaient détourner à leur profit 20 % des 11 milliards prévus pour la reconstruction du pays !
Voilà qui ne manque pas de sel quand on sait que le peuple libanais crève de faim et manque de tout. On comprend que ce dernier veuille se débarrasser de cette mafia avec un grand coup de balai.
“Dans un article publié par le Journal le Figaro, un expert anonyme interrogé par Georges Malbrunot accuse plusieurs dirigeants libanais d’avoir souhaité détourner 20 % de l’aide économique prévue dans le cadre de la Conférence CEDRE d’avril 2018.”
Il est évident que pour Macron, qui se drape dans le manteau de la vertu du bon samaritain au chevet du Liban, pactiser avec le Hezbollah, ennemi juré d’Israël, et copiner avec une classe dirigeante archi-corrompue, cela dévalorise son image de premier de la classe qu’il voudrait s’attribuer.
Dans ce pays totalement ruiné, déjà largement aidé par la communauté internationale, la corruption et les dissensions communautaires sont telles que Macron risque fort de s’y embourber sans le moindre résultat.
Pas moins de 18 confessions, majoritairement musulmanes et chrétiennes, sont reconnues par l’État et représentées au Parlement.
Et Macron voudrait que tout le monde s’attelle aux réformes !
Comme si on pouvait liquider un système mafieux, en dialoguant avec ceux qui l’ont mis en place !
Comme si le Hezbollah, véritable État dans l’État, avec sa milice armée plus puissante que l’armée nationale, allait accepter de perdre sa toute-puissance et sa confortable part du gâteau !
En se fourvoyant avec un mouvement terroriste chiite, qui a la haine d’Israël, ainsi qu’avec des dirigeants largement corrompus, Macron ne fait que donner un label de virginité aux responsables du chaos libanais, que le peuple veut chasser à n’importe quel prix.
Ce n’est certainement pas cette aide que le peuple libanais attend de la France. Certains Libanais rêvent même d’un retour au mandat français, effectif de 1920 à 1943. C’est dire combien la détresse et le désarroi du peuple sont au plus haut.
Il faut dire que dans ce pays longtemps considéré comme la Suisse du Moyen-Orient, le taux de pauvreté atteint 50 % et celui d’extrême pauvreté 23 % !
Une pétition circule, qui en dit long sur la confiance du peuple en l’avenir.
« Les autorités libanaises ont clairement montré une incapacité totale à sécuriser et gérer le pays. Avec un système défaillant, la corruption, le terrorisme et les milices, le pays vient de tirer son dernier souffle. Nous estimons que le Liban devrait être remis sous un mandat français afin de rétablir une gouvernance saine et durable ».
En conclusion, Macron se montre prêt à fermer les yeux sur les turpitudes des uns et des autres pour parvenir à ses fins et s’attribuer le sauvetage du Liban.
Mais ces dangereuses compromissions se feront nécessairement sur le dos du peuple libanais, qui a compris que Macron veut garder la même clique au pouvoir, en passant un simple coup de Ripolin sur les institutions.
Et c’est cette vérité qui dérange au plus haut point l’Élysée, que Georges Malbrunot a eu le tort de dévoiler.
Jacques Guillemain