En réalité, comme nous le verrons aujourd’hui, la biosécurité a été inventée pour donner une illusion de sécurité par une protection sanitaire artificielle, qui n’aboutit qu’à priver graduellement les hommes de leur vie sociale, en misant exclusivement sur la garantie biomédicale de leur survie. Les plus récentes pratiques en matière de protection de la santé publique et individuelle qui ont été adoptées pour combattre le nouveau coronavirus justifient-elles la perspective d’une "biosécurité" universelle ?
Quand la "santé" nous est imposée comme impératif biopolitique !
Depuis le début avril jusqu’à la fin mai, plus de la moitié de la population mondiale a été assignée à résidence pour limiter la propagation du nouveau coronavirus. Bien sûr, ce n’est ni la première ni la dernière fois dans l’histoire de l’humanité que certaines populations sont forcées de se confiner pour se protéger d’une épidémie meurtrière.
En effet, de nombreuses études psychologiques - tant avant que pendant la pandémie – confirment que le confinement prolongé et la solitude forcée sont les problèmes les plus communs de l’homme moderne, se manifestant par des sentiments permanents d’anxiété, d’intense malaise et de dépression qui grèvent sa santé physique et mentale.
Si à ces problèmes psychologiques pré- existants et très répandus dans les sociétés modernes, on ajoute d'une part la menace constante et omniprésente d'infection par le nouveau coronavirus et d'autre part les effets économiques d'une quarantaine prolongée, alors les sentiments d'angoisse intense et l'insécurité persistante s'intensifient et ont un effet dévastateur sur la santé et l'espérance de vie des personnes, en particulier de celles appartenant aux groupes les plus vulnérables (personnes âgées, malades).
C'est un état insupportable d’angoisse chronique qui, malgré la diminution du nombre de cas et de la mortalité due à la pandémie, crée chez les individus hypochondriaques une réaction paranoïaque de répression permanente de leur envie de quitter la maison, de retourner au travail et de rencontrer des amis, qui sont automatiquement classés comme de menaçants "porteurs" responsables de la transmission du coronavirus.
Un exemple typique en sont les nouveaux contacts et rapports dématérialisés – c’est-à-dire exclusivement virtuels sur Internet – qui, lors de la dernière pandémie, ont doublé parce qu'ils offraient un substitut sûr à des relations réelles mais potentiellement infectieuses entre des personnes confinées chez elles.
Il suffit d’être attentif aux déclarations quotidiennes des gouvernements, aux prévisions d’attentats terroristes et aux plans des organisations financières internationales pour les années à venir, pour prendre conscience que l'enjeu n'est pas, aujourd'hui, le salut des gens face au coronavirus, mais la gestion panoptique et totalitaire, à travers des crises sanitaires récurrentes, non seulement de la santé physique mais aussi de la vie socio-économique et psychologique d’une population humaine pléthorique.
Ainsi, pendant la période de la pandémie, mais aussi après celle-ci, les citoyens n'ont plus automatiquement le plein droit à la santé (health safety* [en anglais dans le texte]), mais sont également tenus par la loi de prendre soin de la santé publique et de la "biosécurité" (biosecurity*). Le terme biosécurité décrit une série de nouvelles mesures et pratiques biomédicales censées assurer la protection des sociétés contre tout agent infectieux et contre toute menace biologique.
Un exemple typique de ces stratégies terroristes "biosécuritaires" de masse est la récente quarantaine planétaire, qui a fait du droit de chaque individu à la santé une obligation de se protéger et de protéger les autres contre la menace d'infection (voir également l’encadré).
Il va sans dire que les pratiques sanitaires extrêmes qui ont été pratiquées à ce jour au nom de la biosécurité ne reposent pas sur des connaissances et des recherches scientifiques rigoureuses, mais sur la propagande de "guerre" généralisée contre un ennemi invisible (le nouveau virus), qui se résume très efficacement dans les slogans terroristes "Restons à la maison" de la première phase et "Restons en sécurité" de la deuxième phase de la pandémie, qui sont diffusés quotidiennement dans les médias.
Aux nouvelles pratiques biopolitiques de culpabilisation individuelle et, dans le même temps, de marginalisation massive des groupes humains les plus "à risque", pratiques qui ont été largement acceptées puisqu'elles sont censées garantir la sécurité et la protection des personnes, nous devons opposer notre solidarité active avec les victimes du Covid-19 et résister par tous les moyens à cette tentative manifeste de déshumaniser nos vies au nom d'une biosécurité irréalisable.
Ce problème n'est pas essentiellement scientifique mais surtout biopolitique, dans le sens où il touche concrètement les formes de gestion sociale de la santé et de la vie de l’ensemble de la population actuelle.
L’empressement et la rapidité impressionnantes avec lesquelles la plupart des gens ont accepté de sacrifier leurs besoins sociaux personnels et leurs prédispositions biologiques les plus profondes pour protéger leur santé devraient plutôt être attribuées à la désinformation et à la terreur sanitaire à l'échelle mondiale suscitées autour du danger immédiat mortel et peut-être qu'eux-mêmes et leurs proches courent du fait de la propagation incontrôlée de la nouvelle épidémie.
En ce sens, le problème dominant de ceux qui décident de faire face et de gérer cette pandémie est de parvenir à la plus grande « biosécurité » possible.
La "biosécurité" en tant que terrorisme sanitaire !
La première formulation explicite du concept de "biosécurité" comme option politique centrale visant à gérer la santé des citoyens, afin de garantir arbitrairement l’immunité contre certaines maladies infectieuses dangereuses, se trouve dans le livre de l'historien français Patrick Zylberman intitulé Tempêtes microbiennes (Gallimard, 2013)
Dans ce livre important, malheureusement non traduit en grec, Zylberman, suivant la méthode de l'archéologie des concepts de son professeur Michel Foucault, reconstitue en détail et de manière très convaincante la version la plus récente, historiquement, du concept de "sécurité sanitaire" comme outil dominant, qui s’élabore et s'exerce, en fonction des circonstances historiques, à travers deux scénarios alternatifs mais complémentaires: le meilleur scénario possible et le pire scénario possible pour la mise en exécution et la gestion d'une crise sanitaire.
Comme tout le montre, dans la pandémie actuelle est appliqué exactement ce que Patrick Zylberman décrivait il y a sept ans : c’est le pire scénario possible qui s’applique à la crise sanitaire mondiale.
Traduit par Jacques Boutard
Edité par Fausto Giudice
Merci à Tlaxcala
Source: https://www.efsyn.gr/epistimi/mihanes-toy-noy/248560_ygeionomika-kakoyrgimata
Date de parution de l'article original: 20/06/2020
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=29416
La Dictature "Biosécuritaire" !
Toutes les pratiques sanitaires contre la pandémie jusqu'à ce jour, cette série de mesures et de pratiques biomédicales censées assurer la protection des sociétés humaines contre le nouvel a...
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