Lazare : Ce n'était qu'un début........................
Depuis 3 jours, la France ne bruisse plus que de « l’affaire Griveaux ».
Qu’un petit baron de la Macronie ait été pris la main dans le sac (si j’ose dire) est presque devenu une affaire d’Etat. Et, chose curieuse, pratiquement TOUS les médias tiennent désormais le même discours pour venir au secours de l’Humilié déchu. Ce sont les autres, voyeurs et pères-la-morale confondus, qui sont chargés d’un même forfait, pointés du doigt, accusés d’une atteinte injuste et inacceptable à la vie privée. Ce sont les autres, russe subversif fraîchement accueilli dans l’Hexagone et attaquant l’Etat français pour le compte d’on ne sait quel tsar étranger, sa compagne, Mata Hari des temps modernes, inspiratrice et destinataire initiale de l’objet du litige, qui sont tous deux embastillés vite fait « pour d’autres motifs » que la diffusion de la vidéo X, et l’avocat pressenti interdit de rencontrer son client. Ce sont les autres, franchouillards rigolards et puritains anachroniques réunis dans un même opprobre, qui sont jetés en pâture à l’opinion publique, désormais sommée de « bien penser »…
Dans ce concert unanime des jésuites du système, de Mélenchon à Le Pen, ratissant au passage tout ce que les médias comptent de journalistes serviles, accourus en hâte pour porter secours au baron déchu, je cherchais désespérément un plaidoyer intelligent pour défendre le contraire. Un seul…
Je l’ai trouvé hier soir.
HEC, IEP, Sébastien Laye a développé des sociétés dans le secteur financier aux États-Unis au cours des cinq dernières années, après une carrière en fonds d’investissement et en banque.
Il est franco-américain et écrit régulièrement pour L’Expansion ou FigaroVox. Ainsi que sur le site contrepoints.org. Il est chercheur associé à l’Institut Thomas More.
Lisez, appréciez et commentez si l’envie vous en chante !
Marc Le Stahler
17 février 2020
A ceux qui sont choqués parce que, je ne sais pas quoi, « La République est tombée bien bas », etc…
A ceux qui trouvent que c’est choquant d’avoir diffusé cette petite vidéo…
Il faut voir le film en entier. Le film en question ne commence pas avec la quéquette à Griveaux sortie de sa braguette.
Le film en question commence bien avant cela.
Ce film, c’est l’histoire de la Macronie, qui se veut « disruptive.com » en franglais de la start-up nation : « la culture française est morte », « nous on est branchés », « nous on sait tout », « on va vous faire de la com wanagain à coup de petits clips vidéos, vous allez voir ce que vous allez voir » !
Donc, tout a commencé il y a un peu plus de deux ans. Petites vidéos souvent sur le mode « vidéos volées » (c’est plus disruptif) pour nous dire que les Français ne sont rien, que ce sont des réfractaires et des fainéants, et que le Nouveau Monde qui parle franglais et qui vit à l’international va nous expliquer ce que c’est que la vraie vie.
Et puis il y a eu aussi les vidéos où le Monarque se déguise en pilote, en marin, où il fait la teuf avec des mecs en string : casser les codes, disruptif…
Disruptive, aussi, la séquence d’embrassades avec le tyran saoudien qui dessoude ses opposants ou leur fait jeter des pierres après les avoir enfouis dans le sol avec la tête qui dépasse, ou leur enlève la peau par petits morceaux à coup de mille coups de fouets. Il faut être disruptif !
Mais tout, ça, ce n’était que le prologue. Ce n’étaient que les douze premiers mois du régime. De la gnognotte. La préhistoire de la Macronie.
Ceux qui disent que « La République est tombée bien bas », ne se rendent tout simplement pas compte qu’elle est déjà tombée bien bas il y a deux ans, et que tout ce qui arrive maintenant est un maelstrom, un paroxysme. Et peut-être un révélateur de l’état de notre classe politique pour ceux qui n’en étaient pas encore convaincus.
Donc, après ce gentil petit prologue, il y a eu l’affaire Benalla. Là encore, une vidéo « volée », une vidéo que l’on cachait, que certains se refilaient sous le manteau, et qui est ressortie. Et à l’époque toujours les mêmes cris d’orfraies : « Cette vidéo n’aurait pas dû sortir, poursuivons les malotrus qui l’ont fait », etc.
Et puis il y a eu la réponse du Monarque, toujours sur le mode de la « vidéo volée », celle du « Qu’ils viennent donc me chercher ! ». Mais celle-là avait été publiée expressément par les organes du pouvoir : « On ne voulait pas que ça circule, mais tant pis ça circule quand même ».
Donc, le Monarque invitait ses détracteurs à « venir le chercher ». Parce qu’il était sûr de sa popularité et de sa légitimité, parce que son entourage lui avait fait croire qu’il était populaire, et que sa morgue et son arrogance étaient perçues comme « légitimes » par le petit peuple.
Manque de bol, le petit peuple l’a pris au mot, et il est venu le chercher. Lui et ses spadassins.
Et Griveaux faisait partie des spadassins en question.
Peut-être que certains ont oublié les éructations dudit Griveaux et ses appels à la haine et à casser du petit peuple, mais à l’époque il le faisait en se drapant dans la morale et la vertu.
Et lorsque des gens du petit peuple sont venus le chercher, lui, Griveaux, avec des transpalettes, il est sorti de son palais par la porte de derrière en faisant dans son froc, en chialant devant les caméras, en promettant les pires supplices à ses poursuivants, et toujours en se drapant dans la morale et dans la vertu.
Donc, après, il y a eu plein d’autres vidéos qui sont sortis, où les macronistes se sont ridiculisés. Et souvent ces vidéos sont sorties avec leur consentement.
Lorsque Son-Forgert publie des vidéos où il est ivre avec sa collection de peluches, il est consentant.
Lorsque Buzyn dit des conneries à la télé, elle est consentante, ces vidéos ne sont pas faites « à l’insu de son plein gré ».
Idem pour Le Gendre, Schiappa, Bergé, Sibeth, etc.
Les macronistes adorent les petites vidéos où on balance des conneries : c’est disruptif.
Vie privée / vie publique ? Ils n’en ont rien à foutre. Ce sont eux qui nous ont expliqué pourquoi ils avaient le droit de fouiner dans la vie privée des autres. Pas pour lutter contre le terrorisme ! Même pas cet argument ! Puisque eux-mêmes en n’ont rien, mais vraiment rien à battre de la lutte contre le terrorisme. Mais sous le prétexte que de s’attaquer à eux, c’est s’attaquer à la République, rien que ça.
Tous les opposants politiques sont surveillés, le fonctionnaire qui énonce la moindre critique citoyenne vis-à-vis du gouvernement est inquiété par sa hiérarchie. Il y a quelques jours seulement, on ressortait des commentaires postés sur Instagram pour sanctionner des élèves.
Depuis quelques semaines, les macronistes accumulent les faux pas à un rythme effréné. Ils accumulent aussi les petites vidéos cinglantes. Tantôt contre leur ennemi premier, à savoir le peuple français (qui est con, inculte, réfractaire, etc). Tantôt entre eux, ce qui est nouveau.
Donc on a vu Griveaux cracher son mépris sur Villani, se draper à nouveau dans la morale. Puis on a vu Son-Forget relayer la désormais fameuse vidéo de Griveaux.
Cette vidéo n’est donc qu’une petite partie du spectacle qui s’offre à nous.
Alors oui, c’est en-dessous de la ceinture. Mais, dans ce film, tout est en-dessous de la ceinture depuis plus de deux ans (et même depuis trois ans si on inclut la séquence des présidentielles).
Et oui, ce qui est grave c’est que ce n’est pas qu’un film : c’est de la gouvernance de la France dont on parle. Et pendant que les macronistes s’amusent à filmer leurs opposants en vidéo-surveillance, ou s’amusent à se faire filmer matin, midi et soir pour monopoliser la parole à la télé, ou s’amusent à se filmer dans leurs moments d’intimité, les vrais problèmes ne sont pas réglés : la compétitivité de la France dans le monde, la montée de la délinquance, la menace terroriste, et j’en passe.
Mais, en même temps, cette séquence est drôle. Parce que, comme l’a dit Beaumarchais : il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Et plus besoin de s’abonner à OCS ou à Netflix. Les méchants très méchants qui à la fin se prennent des gamelles parce que leur ego et leur hubris leur a fait perdre tout le sens des réalités ; oui, désolé, c’est drôle.
Parce que c’est ce que le petit peuple appelle la Justice. La justice ce n’est pas cette institution faite de personnages en robes du XVIIIe siècle qui libère les Balkany, les Cahuzac et les djihadistes, et qui met en garde-à-vue celui qui a eu un mot de trop. La justice c’est quand le salaud paye un jour ses crimes, quand il en prend plein la gueule après avoir tapé sur tout le monde.
Sebastien Laye
17 février 2020