29 octobre 2019
2
29
/10
/octobre
/2019
02:02
Il y a bien longtemps que je n’ai plus revu Hong Kong, la Perle de l’Asie, ex-colonie britannique depuis 1842 et rétrocédée à la Chine en 1997.
.
Mais que se passe-t-il donc dans ce confetti de l’ex-empire britannique, qui, avec Singapour, reste le phare de l’Asie, une vitrine de prospérité et de libéralisme économique ?
.
Le fait est qu’après plus de deux mois de manifestations contre le régime en place et contre Pékin, l’inquiétude gagne l’Occident, qui voit la situation se durcir sans entrevoir de solution.
.
Hong Kong, c’est un minuscule îlot de liberté de 1 100 km2 au sein de l’immense Chine communiste. Mais c’est aussi une ouverture sur le monde occidental d’un intérêt économique majeur pour Pékin. Environ 7,5 millions d’habitants y vivent.
.
Avec Macao, ex-colonie portugaise également rétrocédée à la Chine en 1999, Hong Kong est l’une des deux régions administratives spéciales bénéficiant d’un statut à part jusqu’en 2047, suite aux accords internationaux signés en 1997.
.
« Un pays, deux systèmes »
.
La France n’a jamais eu de colonies en Chine, mais seulement des concessions, à Shanghai, Hankou, Tientsin, Canton, acquises vers 1850 et restituées en 1943.
.
Officiellement, Hong Kong est une région autonome, avec son gouvernement et son parlement. Mais pour les manifestants, Carrie Lam, l’actuelle chef de l’exécutif, n’est qu’une « marionnette de Pékin ».
.
Le cadre juridique est hérité du système britannique, à des années-lumière de la justice chinoise aux ordres du PCC.
.
Hong Kong a sa propre monnaie, le dollar HK, librement convertible.
.
Véritable paradis fiscal, Hong Kong est la 3e place financière du monde après New York et Londres. Le niveau de vie y est deux fois plus élevé qu’en France.
.
Enfin, Hong Kong reste la ville la plus visitée au monde et attire des légions d’investisseurs étrangers ! C’est le premier port d’Asie avec Shanghai.
.
Mais depuis avril, rien ne va plus, suite à la décision de Pékin d’instaurer l’extradition vers la Chine de toute personne pouvant nuire aux intérêts nationaux.
.
« Ce texte prévoit que quiconque directement ou indirectement lié à une activité jugée criminelle par la Chine continentale (ce qui peut inclure des ONG, travailleurs sociaux, journalistes…) résidant ou étant de passage à Hong Kong, pourra être arrêté, extradé et jugé en Chine continentale. »
.
On imagine combien les droits de l’homme y seront respectés !
.
Ce projet de loi a mis le feu aux poudres, les manifestants pro-démocratie accusant le gouvernement local à la solde de Pékin de ne pas respecter les accords de rétrocession signés en 1997.
.
Ils réclament :
.
Le retrait pur et simple du projet de loi, la création d’une commission contre les violences policières, la libération des manifestants incarcérés, le suffrage universel et la démission de Carrie Lam, chef de l’exécutif, valet de Pékin.
.
Si du côté occidental les chancelleries et les médias se font très discrets, du côté de Pékin, c’est le déchaînement de l’artillerie médiatique contre les manifestants :
« Les prémices du terrorisme menacent Hong Kong. »
« Une meute de chacals revêtus de peau de mouton. »
« Le moment est venu de leur régler leur compte. »
« Les émeutiers de Hong Kong sont les eaux sales du courant de l’Histoire qu’il est indispensable d’évacuer. »
.
Il est clair que 1,3 milliard de Chinois soutiennent Xi Jinping dans ce conflit.
.
Chars et transports de troupes s’amassent aux portes de Hong Kong, à Shenzhen.
.
.
Nul ne sait si Pékin a réellement l’intention d’envoyer ses chars dans les rues.
.
Car Hong Kong, ce n’est ni le Tibet, ni le Xinjiang, où l’armée peut tranquillement tabasser les foules à l’abri des caméras indiscrètes des journalistes occidentaux.
.
Des centaines de milliers d’Occidentaux vivent à Hong Kong.
.
Et le souvenir du désastre de Tian’anmen en 1989, où 10 000 étudiants furent massacrés par l’armée, calme les ardeurs des durs du PCC. Pas question, en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, de se mettre à dos la communauté internationale.
.
Pour Chris Patten, le dernier gouverneur de Hong Kong jusqu’en 1997, « Envoyer les chars dans les rues serait dramatique, mais pas impossible, avec un Xi Jinping au pouvoir, qui réprime toute forme de dissidence, partout dans le pays. »
.
En attendant, le tourisme s’est effondré de 74 % et la croissance est tombée de 3,6 % en 2018 à 0,8 % en 2019. La récession n’est plus très loin.
.
Entre les manifestants et Pékin, l’un des deux devra céder. À défaut de dialogue et de compromis, ce sera l’inexorable descente vers l’abîme.
.
Jacques Guillemain
/https%3A%2F%2Fwww.courrierinternational.com%2Fsites%2Fci_master%2Ffiles%2Fstyles%2Fimage_original_765%2Fpublic%2Fassets%2Fimages%2Frts2k903_layout_comp.jpg%3Fitok%3DTHV7o-Yx)
Hong Kong, la Perle de l'Asie dans la tourmente
Il y a bien longtemps que je n'ai plus revu Hong Kong, la Perle de l'Asie, ex-colonie britannique depuis 1842 et rétrocédée à la Chine en 1997. Mais que se passe-t-il donc dans ce confetti de ...
https://ripostelaique.com/hong-kong-la-perle-de-lasie-dans-la-tourmente.html