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13 septembre 2017 3 13 /09 /septembre /2017 15:59
Monsieur Macron, c’est quoi ce petit relent fascisant ?

Monsieur le président de la République, Chef des armées.

C’est un vieux soldat fatigué et malade, quasi-inconnu, retraité sans gloire, peu gradé au demeurant, qui s’adresse à vous. Un de ceux qui ne revendiquent que de ne plus compter. J’ai néanmoins deux mots à vous dire.
Vous avez viré notre chef, le général de Villiers, Chef d’Etat-major des armées, en le poussant ignominieusement à la démission.

Vous l’avez poussé dehors non pas en lui donnant des ordres inapplicables. Les militaires français ont toujours, de tous temps et sous toutes les latitudes, reçu des ordres idiots et s’en sont toujours accommodés. Cela n’a jamais été une raison, dans leur longue histoire, pour poser leur fusil et déguerpir. Surtout dans l’adversité.
Vous l’avez poussé dehors non pas, non plus, parce qu’il devenait franchement insupportable de ne plus avoir de moyens matériels décents pour effectuer leurs missions : armes (mitrailleuses de 12,7 récupérées sur les stocks américains en 1945…), munitions, véhicules (quarante ans bien souvent), tenues, eau pour boire et se laver (quatre litres par jour par homme sous le cagnard africain), nourriture…, non pas parce qu’au Mali il y a des soldats qui dorment sur les cailloux à même le sol quand les « migrants » qui viennent de ces pays susciteraient l’indignation des bonnes consciences en France si on les faisait dormir chez nous dans de telles conditions. Non pas à cause de cette indécence dans les moyens qui leur sont accordés alors qu’il y a tant de gaspillages dans notre pays. Les soldats français ont connu bien pire par le passé, et Dieu seul sait ce que l’avenir leur réserve. Ce n’est pas cela non plus qui a fait partir Pierre de Villiers.

Vous l’avez poussé dehors, notre général de Villiers, parce que vous l’avez insulté. L’insulte du chef à son subordonné, Monsieur le Président, Chef des armées, ce n’est pas seulement un manque de loyauté, c’est une forfaiture. Le soldat français, Monsieur le Président, Chef des armées, sait faire face à tout : les conditions matérielles et de terrain difficiles, le mauvais temps en mer pour les marins, la disette en tout, l’Ennemi, qu’il respecte, même quand celui-ci s’apprête à le tuer à moins que ce ne soit l’inverse. Mais faire face à la forfaiture de ses chefs, ses insultes en particulier, ça, il ne sait pas faire. Vous le saviez très bien, Monsieur Macron, qu’il ne le supporterait pas, et qu’il ne saurait pas faire face. Vous saviez très bien que tout débat objectif et sincère avec lui sur les moyens dont l’armée française dispose ne pouvait tourner qu’à votre désavantage et c’est bien pour cela, que, délibérément, vous avez coupé net à tout débat et préféré, comme on dit, « botter en touche » en recourant à l’insulte, à l’humiliation.

Vous n’avez pas le droit, Monsieur Macron, président de la République, Chef des armées, d’insulter le soldat français. Quel qu’il soit.

Vous êtes le « chef des armées ». Les militaires vous obéissent. Mais l’organe démocratique qui dans notre pays décide du volume des moyens à accorder à nos armées, c’est le Parlement. Et à ce titre le Chef d’Etat-Major des armées s’exprime devant le Parlement, pour faire part de ses besoins, de ses difficultés, pour rendre compte du juste emploi des moyens qui lui sont octroyés, au même titre et aussi légitimement qu’il vous rend compte à vous des ordres qu’il a reçus de vous.

Après que le général de Villiers, chef d’Etat-major des Armées, s’est ainsi exprimé il y a quelques jours devant la Représentation nationale, de façon parfaitement respectueuse du rôle et des responsabilités que la Constitution et la loi attribuent à chacun, vous avez publiquement déclaré, avec une indicible légèreté : « il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique ».

Je passerai sur le caractère injurieux des expressions « pas digne », « étaler », « place publique ».
Je retiens surtout qu’ en vous exprimant ainsi vous avez contesté au général le droit, et le devoir, de s’adresser à la Représentation nationale dans le strict respect de la loi, et de ses responsabilités. Mais qui êtes-vous Monsieur Macron, pour vous permettre une telle arrogance ? Une telle outrecuidance ?

Mais il y a pire. En ne disant pas à la Représentation nationale ce qu’il avait à lui dire, vous auriez voulu sans doute qu’il ne lui dise pas la vérité. Vous lui reprochez, de fait, de ne pas lui avoir menti, au moins par omission. Mais c’est extrêmement grave, Monsieur le Président, Chef des armées. Le vieux soldat que je suis se permet de vous dire une chose, Monsieur le Président, Chef des armées, que je vous demande de retenir. Ne demandez jamais à un soldat de mentir, de mentir sur ordre ! Jamais ! Jamais ! Jamais ! D’abord il ne vous obéira pas. Ce serait contraire à sa conscience, son éthique, sa dignité. Mais aussi vous encourrez illico, et définitivement, de ne plus jamais être leur chef. Constitution ou pas Constitution.

Un dernier mot, et non des moindres. Ce n’est plus l’ancien soldat qui parle mais le citoyen qui vote encore, et vous a élu.
Vous contestez la capacité, le droit, le devoir du CEMA de s’adresser à la Représentation nationale. Mais ce faisant, vous contestez AUSSI le pouvoir du Parlement de prendre ses décisions en s’éclairant de son mieux sur les conséquences de ses décisions démocratiques, d’entendre qui il veut sur les sujets qu’il veut. Y compris l’état réel de nos forces armées.

Mais dites-moi, Monsieur Macron, c’est quoi ce petit relent fascisant ? Vous vous prenez pour qui ? On ne vous a pas élu pour ça. Prenez garde à bien rester, à strictement rester, dans votre rôle et vos fonctions. Dites-vous qu’il y a plus de veilleurs que vous ne le pensez sans doute en état de veille, et pas seulement dans les canyons du massif de Tigharghar au Mali ou sur la passerelle de nos bateaux au grand large.

Je vous rappelle que les derniers vrais fascistes sur le sol de notre pays, ce sont nous, les soldats républicains et citoyens, les soldats de France et d’ailleurs, qui les avons combattus, et chassés.

Sergent Robert Guillemard

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